[5,9,3] (3)<362> Οὗτος περιιὼν τὸ τεῖχος καὶ πειρώμενος ἔξω τε βέλους εἶναι καὶ ἐν
ἐπηκόῳ, πολλὰ κατηντιβόλει φείσασθαι μὲν αὑτῶν καὶ τοῦ δήμου, φείσασθαι δὲ
τῆς πατρίδος καὶ τοῦ ἱεροῦ μηδὲ γενέσθαι πρὸς ταῦτα τῶν ἀλλοφύλων
ἀπαθεστέρους. <363> Ῥωμαίους μέν γε τοὺς μὴ μετέχοντας ἐντρέπεσθαι τὰ τῶν
πολεμίων ἅγια καὶ μέχρι νῦν τὰς χεῖρας ἐπέχειν, τοὺς δ' ἐντραφέντας αὐτοῖς
κἂν περισωθῇ μόνους ἕξοντας ὡρμῆσθαι πρὸς ἀπώλειαν αὐτῶν. <364> Ἦ μὴν τὰ
καρτερώτερα μὲν αὐτῶν ὁρᾶν τείχη πεπτωκότα, λειπόμενον δὲ τὸ τῶν ἑαλωκότων
ἀσθενέστερον· γινώσκειν δὲ τὴν Ῥωμαίων ἰσχὺν ἀνυπόστατον καὶ τὸ δουλεύειν
τούτοις οὐκ ἀπείρατον αὐτοῖς. <365> Εἰ γὰρ δὴ καὶ πολεμεῖν ὑπὲρ ἐλευθερίας
καλόν, χρῆναι τὸ πρῶτον· τὸ δ' ἅπαξ ὑποπεσόντας καὶ μακροῖς εἴξαντας
χρόνοις ἔπειτα ἀποσείεσθαι τὸν ζυγὸν δυσθανατούντων, οὐ φιλελευθέρων
εἶναι. <366> Δεῖν μέντοι καὶ δεσπότας ἀδοξεῖν ταπεινοτέρους, οὐχ οἷς
ὑποχείρια τὰ πάντα. Τί γὰρ Ῥωμαίους διαπεφευγέναι, πλὴν εἰ μή τι διὰ
θάλπος ἢ κρύος ἄχρηστον; <367> Μεταβῆναι γὰρ πρὸς αὐτοὺς πάντοθεν τὴν
τύχην, καὶ κατὰ ἔθνος τὸν θεὸν ἐμπεριάγοντα τὴν ἀρχὴν νῦν ἐπὶ τῆς Ἰταλίας
εἶναι. Νόμον γε μὴν ὡρίσθαι καὶ παρὰ θηρσὶν ἰσχυρότατον καὶ παρὰ
ἀνθρώποις, εἴκειν τοῖς δυνατωτέροις καὶ τὸ κρατεῖν παρ' οἷς ἀκμὴ τῶν ὅπλων
εἶναι. <368> Διὰ τοῦτο καὶ τοὺς προγόνους αὐτῶν καὶ ταῖς ψυχαῖς καὶ τοῖς
σώμασιν ἔτι δὲ καὶ ταῖς ἄλλαις ἀφορμαῖς ἀμείνους ὄντας εἶξαι Ῥωμαίοις, οὐκ
ἂν εἰ μὴ τὸν θεὸν ᾔδεσαν σὺν αὐτοῖς τοῦθ' ὑπομείναντας. <369> Αὐτοὺς δὲ
τίνι καὶ πεποιθότας ἀντέχειν, ἑαλωκυίας μὲν ἐκ πλείστου τῆς πόλεως μέρους,
τῶν δ' ἔνδον, εἰ καὶ τὰ τείχη παρέμενεν, ἁλώσεως χεῖρον διακειμένων; <370>
Οὐ γὰρ λανθάνειν Ῥωμαίους τὸν ἐν τῇ πόλει λιμόν, ᾧ νῦν μὲν τὸν δῆμον, μετ'
οὐ πολὺ δὲ διαφθαρήσεσθαι καὶ τοὺς μαχίμους. <371> Εἰ γὰρ δὴ καὶ παύσαιντο
Ῥωμαῖοι τῆς πολιορκίας μηδ' ἐπιπίπτοιεν τῇ πόλει ξιφήρεις, αὐτοῖς γε τὸν
ἄμαχον πόλεμον ἔνδον παρακαθῆσθαι καθ' ἑκάστην ὥραν τρεφόμενον, εἰ μὴ καὶ
πρὸς τὸν λιμὸν ἆραι τὰ ὅπλα καὶ μάχεσθαι δύνανται μόνοι τε καὶ παθῶν
ἐπικρατεῖν. <372> Προσετίθει δὲ ὡς καλὸν πρὸ ἀνηκέστου συμφορᾶς
μεταβαλέσθαι καὶ πρὸς τὸ σωτήριον ἕως ἔξεστι ῥέψαι· καὶ γὰρ οὐδὲ
μνησικακήσειν αὐτοῖς Ῥωμαίους τῶν γεγενημένων, εἰ μὴ μέχρι τέλους
ἀπαυθαδίσαιντο· φύσει τε γὰρ ἐν τῷ κρατεῖν ἡμέρους εἶναι καὶ πρὸ τῶν θυμῶν
θήσεσθαι τὸ συμφέρον. <373> Τοῦτο δ' εἶναι μήτε τὴν πόλιν ἀνδρῶν κενὴν
μήτε τὴν χώραν ἔρημον ἔχειν. Διὸ καὶ νῦν Καίσαρα βούλεσθαι δεξιὰν αὐτοῖς
παρασχεῖν· οὐ γὰρ ἂν σῶσαί τινα βίᾳ λαβόντα τὴν πόλιν, καὶ μάλιστα μηδ' ἐν
ἐσχάταις συμφοραῖς ὑπακουσάντων παρακαλοῦντι. <374> Τοῦ γε μὴν ταχέως τὸ
τρίτον τεῖχος ἁλώσεσθαι τὰ προεαλωκότα πίστιν εἶναι· κἂν ἄρρηκτον δὲ ᾖ τὸ
ἔρυμα, τὸν λιμὸν ὑπὲρ Ῥωμαίων αὐτοῖς μαχεῖσθαι.
| [5,9,3] <362> Celui-ci faisait le tour du rempart, cherchant à se tenir hors de
la portée des traits dans un endroit d'où il pût se faire entendre : il
les supplia maintes fois de s'épargner eux-mêmes, d'épargner le peuple, la
patrie, le Temple, et de ne pas se montrer moins sensibles à ces biens que
des étrangers. Les Romains, disait-il, sans participer au culte,
respectent ce qui est sacré pour leurs ennemis ; jusqu'à ce jour ils se
sont abstenus d'y porter les mains ; mais ceux qui ont été nourris parmi
ces choses, qui en jouiraient seuls si elles étaient épargnées, semblent
pleins d'ardeur pour les détruire ! Les Juifs voient que leurs murailles
les plus fortes sont abattues : ils savent que le rempart qui subsiste est
plus faible que ceux qui ont été pris. Ils savent que la puissance romaine
est irrésistible et qu'ils ont déjà fait l'expérience d'obéir aux Romains.
Assurément, il est beau de combattre pour la liberté, et c'est ce qu'il
fallait faire d'abord : mais quand une fois on a succombé, quand on a été
soumis un long temps, essayer de secouer ensuite le joug est le fait
d'hommes qui cherchent une mort affreuse, non de vrais amis de la
liberté. On doit certes dédaigner des maîtres trop faibles, mais non
ceux à qui le monde entier est soumis. Quelle région, en effet, a échappé
aux Romains, sinon celles que la chaleur ou la glace rendent inutilisables ?
Partout, la Fortune s'est prononcée pour eux, et Dieu qui fait passer
avec lui l'empire de nation en nation, séjourne maintenant en Italie.
C'est d'ailleurs une loi essentielle, aussi bien chez les hommes que chez
les animaux, de céder aux plus puissants et de reconnaître la supériorité
de ceux qui l'emportent par la force des armes. Aussi les ancêtres de ces
Juifs, qui leur étaient supérieurs par les qualités de l'esprit et du
corps ainsi que par d'autres avantages, ont-ils cédé aux Romains ; ce à
quoi ils ne se seraient pas résignés s'ils n'avaient su que Dieu était
avec les Romains. En quoi mettent-ils donc leur confiance, pour résister
de la sorte, quand la plus grande partie de la ville est prise et quand
ses défenseurs, leurs remparts fussent-ils encore intacts, seraient
exposés à un sort pire que celui qui accompagne la prise d'une cité ? Les
Romains n'ignorent pas la famine qui règne à Jérusalem : elle dévore
aujourd'hui le peuple, demain ce seront les combattants. Car si même les
Romains levaient le siège et n'attaquaient pas la ville le glaive en main,
les Juifs n'en seraient pas moins la proie, dans la ville même, d'un
ennemi invincible, que chaque heure renforce, à moins qu'ils ne pussent
tourner leurs armes contre la famine, et, seuls de tous, vaincre les
souffrances de la faim. Il ajoutait qu'il était bien de changer de
sentiment devant un irrémédiable malheur, et, tant que cela est encore
possible, de tendre vers le salut. Les Romains ne leur garderont pas
rancune de leur conduite passée, à moins qu'ils ne restent insolents
jusqu'à la fin, les Romains sont naturellement doux dans la victoire, et
ils mettront leur intérêt au-dessus de leur ressentiment ; car ils n'ont
pas d’intérêt à conquérir une ville dépeuplée et un désert. Aussi,
maintenant encore, César est-il prêt à leur tendre la main ; mais, s'il
prend la ville par la force, il n'épargnera personne, d'autant plus
impitoyable que les Juifs n'auront pas, même dans l'extrémité de
l'infortune, écouté ses propositions. Que le troisième mur sera bientôt
pris, cela ressort clairement de ceux qui viennent de l'être ; même si
cette fortification reste inébranlable, la famine combattra contre eux et
pour les Romains.
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