[5,8,2] (2)<342> Ῥωμαῖοι μὲν οὕτως κρατήσαντες τοῦ δευτέρου τείχους ἐξεώσθησαν,
τῶν δ' ἀνὰ τὸ ἄστυ μαχίμων ἐπήρθη τὰ φρονήματα, καὶ μετέωροι πρὸς τὴν
εὐπραγίαν ἦσαν, οὔτ' ἂν Ῥωμαίους εἰς τὴν πόλιν τολμήσειν ἔτι παρελθεῖν
οὔτ' αὐτοὶ παρελθόντων ἡττηθήσεσθαι δοκοῦντες. <343> Ἐπεσκότει γὰρ αὐτῶν
ταῖς γνώμαις διὰ τὰς παρανομίας ὁ θεός, καὶ οὔτε τὴν Ῥωμαίων ἰσχὺν ὅσῳ
πλείων κατελείπετο τῆς ἐξελαθείσης ἔβλεπον οὔτε τὸν ὑφέρποντα λιμὸν
αὐτοῖς· <344> ἔτι γὰρ παρῆν ἐσθίειν ἐκ τῶν δημοσίων κακῶν καὶ τὸ τῆς
πόλεως αἷμα πίνειν· ἔνδεια δὲ τοὺς ἀγαθοὺς ἐπεῖχε πάλαι, καὶ σπάνει τῶν
ἐπιτηδείων διελύοντο πολλοί. <345> Τὴν δὲ τοῦ λαοῦ φθορὰν ἑαυτῶν οἱ
στασιασταὶ κουφισμὸν ὑπελάμβανον· μόνους γὰρ ἠξίουν σώζεσθαι τοὺς μὴ
ζητοῦντας εἰρήνην καὶ κατὰ Ῥωμαίων ζῆν προῃρημένους, τὸ δ' ἐναντίον πλῆθος
ὥσπερ βάρβαρον ἥδοντο δαπανώμενον. <346> Τοιοῦτοι μὲν δὴ πρὸς τοὺς ἔνδον
ἦσαν· Ῥωμαίους δὲ πάλιν τῆς εἰσόδου πειρωμένους ἐκώλυον φραξάμενοι καὶ τὸ
καταρριφθὲν ἀντιτειχίσαντες τοῖς σώμασι τρισὶ μὲν ἀντέσχον ἡμέραις
καρτερῶς ἀμυνόμενοι, τῇ τετάρτῃ δὲ προσβαλόντα γενναίως Τίτον οὐκ ἤνεγκαν,
ἀλλὰ βιασθέντες ᾗ καὶ πρότερον ἀναφεύγουσιν. <347> Ὁ δὲ πάλιν τοῦ τείχους
κρατήσας τὸ προσάρκτιον μὲν εὐθέως κατέρριψε πᾶν, ἐπὶ δὲ τοῦ κατὰ
μεσημβρίαν φρουρὰς τοῖς πύργοις ἐγκαταστήσας τῷ τρίτῳ προσβάλλειν ἐπενόει.
| [5,8,2] <342> C'est ainsi que les Romains, après s'être emparés du deuxième
mur, en furent chassés. Dans la ville, l'orgueil des combattants s'exalta
: fiers de leur succès, ils croyaient que les Romains n'oseraient plus
entrer dans la ville et que, s'ils le faisaient, les Juifs se montreraient
invincibles. C'est qu'en effet Dieu, à cause de leurs iniquités, aveuglait
leurs esprits ; ils ne considéraient ni les forces des Romains, tant de
fois supérieures à celles qu'ils avaient repoussées, ni la famine qui les
menaçait. Il leur était encore loisible de se repaître des malheurs
publics et de boire le sang des citoyens ; mais depuis longtemps les gens
de bien étaient en proie à la disette, et, manquant des vivres
nécessaires, beaucoup mouraient. Cependant les factieux considéraient la
destruction du peuple comme un allègement de leurs propres maux ; car ils
estimaient que ceux-là seuls devaient subsister qui ne cherchaient pas la
paix, qui désiraient vivre par haine des Romains ; quant à la multitude
hostile, ils se réjouissaient de la voir dépérir comme un fardeau.
Tels étaient leurs sentiments à l'égard de ceux qui se trouvaient dans la
ville. Ils arrêtèrent encore une nouvelle tentative des Romains, en
garnissant le rempart et en bouchant la brèche avec des cadavres : ils
résistèrent trois jours et se battirent énergiquement ; mais, le quatrième
jour, ils ne purent supporter la valeureuse attaque de Titus. Forcés dans
leurs lignes, ils s'enfuirent vers l'endroit d'où ils étaient partis.
Titus, s'étant donc une seconde fois emparé du rempart, le fit aussitôt
abattre dans toute sa longueur du côté du nord au sud, il plaça des postes
sur les tours et médita d'attaquer le troisième rempart.
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