[5,2,5] (5)<85> Ἰουδαίοις δὲ τοῦτ' ἐδόκει φυγή, καὶ τοῦ σκοποῦ κατασείσαντος
θοιμάτιον, ὃς αὐτοῖς ἐπὶ τοῦ τείχους καθῆστο, προπηδῶσι πλῆθος
ἀκραιφνέστερον μετὰ τοσαύτης ὁρμῆς, ὡς τὸν δρόμον αὐτῶν τοῖς ἀγριωτάτοις
εἰκάζειν θηρίοις. <86> Ἀμέλει τῶν ἀντιπαραταχθέντων οὐδεὶς ἔμεινεν τὴν
συμβολήν, ἀλλ' ὥσπερ ἐξ ὀργάνου παιόμενοι διέρρηξαν τὴν τάξιν καὶ πρὸς τὸ
ὄρος τραπέντες ἀνέφευγον. <87> Λείπεται δ' ἐν μέσῳ τῷ προσάντει Τίτος μετ'
ὀλίγων, καὶ πολλὰ τῶν φίλων παραινούντων, ὅσοι δι' αἰδῶ τὴν πρὸς τὸν
ἡγεμόνα τοῦ κινδύνου καταφρονήσαντες ἔστησαν, <88> εἶξαι θανατῶσιν
Ἰουδαίοις καὶ μὴ προκινδυνεύειν τούτων, οὓς ἐχρῆν πρὸ αὐτοῦ μένειν,
λαμβάνειν δὲ ἔννοιαν τῆς καθ' αὑτὸν τύχης καὶ μὴ στρατιώτου τάξιν
ἀποπληροῦν ὄντα καὶ τοῦ πολέμου καὶ τῆς οἰκουμένης δεσπότην, μηδ' ὀξεῖαν
οὕτως ὑφίστασθαι ῥοπὴν ἐν ᾧ σαλεύει τὰ πάντα, <89> τούτων οὐδ' ἀκούειν
ἔδοξε, τοῖς δὲ καθ' αὑτὸν ἀνατρέχουσιν ἀνθίσταται καὶ κατὰ στόμα παίων
βιαζομένους ἀνῄρει κατά τε τοῦ πρανοῦς ἀθρόοις ἐμπίπτων ἀνεώθει τὸ πλῆθος.
<90> Οἱ δὲ πρός τε τὸ παράστημα καὶ τὴν ἰσχὺν καταπλαγέντες οὐδ' οὕτως μὲν
ἀνέφευγον εἰς τὴν πόλιν, καθ' ἕτερον δ' ἐκκλίνοντες ἀπ' αὐτοῦ τοῖς ἀνωτέρω
φεύγουσι προσέκειντο. Καὶ τούτοις δὲ κατὰ πλευρὰν προσβάλλων τὰς ὁρμὰς
ὑπετέμνετο. <91> Κἀν τούτῳ καὶ τοῖς ἄνω τειχίζουσι τὸ στρατόπεδον, ὡς
ἐθεάσαντο τοὺς κάτω φεύγοντας, <92> πάλιν ἐμπίπτει ταραχὴ καὶ δέος, καὶ
διασκίδναται πᾶν τὸ τάγμα, δοκούντων ἀνυπόστατον μὲν εἶναι τὴν τῶν
Ἰουδαίων ἐκδρομήν, τετράφθαι δ' αὐτὸν Τίτον· οὐ γὰρ ἄν ποτε τοὺς ἄλλους
φεύγειν ἐκείνου μένοντος. <93> Καὶ καθάπερ πανικῷ δείματι κυκλωθέντες
ἄλλος ἀλλαχῆ διεφέροντο, μέχρι τινὲς κατιδόντες ἐν μέσῳ τοῦ πολέμου τὸν
ἡγεμόνα στρεφόμενον καὶ μέγα δείσαντες ἀμφ' αὐτῷ διαβοῶσι τὸν κίνδυνον ὅλῳ
τῷ τάγματι. <94> Τοὺς δ' αἰδὼς ἐπέστρεφε, καὶ πλεῖόν τι φυγῆς κακίζοντες
ἀλλήλους ἐπὶ τῷ καταλιπεῖν Καίσαρα πάσῃ βίᾳ κατὰ τῶν Ἰουδαίων ἐχρῶντο καὶ
κλίναντες ἅπαξ ἀπὸ τοῦ κατάντους συνώθουν αὐτοὺς εἰς τὸ κοῖλον. <95> Οἱ δ'
ὑπὸ πόδα χωροῦντες ἐμάχοντο, καὶ πλεονεκτοῦντες οἱ Ῥωμαῖοι τῷ καθύπερθεν
εἶναι συνελαύνουσι πάντας εἰς τὴν φάραγγα. <96> Προσέκειτο δὲ τοῖς καθ'
αὑτὸν ὁ Τίτος καὶ τὸ μὲν τάγμα πάλιν ἐπὶ τὴν τειχοποιίαν ἔπεμψεν, αὐτὸς δὲ
σὺν οἷς πρότερον ἀντιστὰς εἶργε τοὺς πολεμίους· <97> ὥστ', εἰ χρὴ μήτε
θεραπείᾳ τι προστιθέντα μήθ' ὑφελόντα φθόνῳ τἀληθὲς εἰπεῖν, αὐτὸς Καῖσαρ
δὶς μὲν ἐρρύσατο κινδυνεῦσαν ὅλον τὸ τάγμα καὶ τοῦ περιβαλέσθαι τὸ
στρατόπεδον αὐτοῖς ἄδειαν παρέσχε.
| [5,2,5] <85> Les Juifs prirent ce mouvement pour une fuite, et comme le gardien
qui veillait sur leurs remparts avait agité son vêtement, une foule encore
intacte s'élança avec une telle impétuosité que l'on eût dit une course
des bêtes les plus sauvages. A vrai dire, aucun des soldats dont les rangs
leur étaient opposés ne soutint le choc, mais, comme sous les coups d'une
machine de guerre, ils sortirent des rangs et, tournant le dos,
s'enfuirent vers la montagne, laissant au milieu de l'escarpement Titus
avec un petit nombre d'hommes. Ses amis qui, par respect pour le prince,
méprisaient le péril et tenaient ferme, l'exhortèrent tous vivement à
reculer devant les Juifs qui cherchaient la mort, à ne pas s'exposer pour
des hommes qui auraient dû résister et le défendre, à considérer sa propre
fortune et à ne pas faire le métier d'un simple soldat quand il était le
maître de la guerre et du monde, à ne pas courir des risques si graves
alors que tout dépendait de lui. Titus ne parut pas même entendre ces
discours ; il fit face aux ennemis qui montaient en courant contre lui et,
les frappant au visage, tua ceux qui l'attaquaient ; chargeant sur la
pente leurs rangs serrés, il dissipa cette multitude. Mais les Juifs,
quoique étonnés de ce sang-froid et de cette vigueur, ne s'enfuirent pas,
même alors, vers la ville : s'écartant de lui dans les deux sens, ils
pressaient ceux qui fuyaient vers la hauteur. Alors Titus, les prenant de
flanc, arrêta leur élan. Sur ces entrefaites, les soldats qui, sur la
hauteur, fortifiaient le camp, dès qu'ils virent au-dessous d'eux les
fuyards, furent de nouveau en proie au trouble et à la peur : toute la
légion se dispersa, jugeant irrésistible l'attaque des Juifs et voyant
Titus lui-même en fuite ; car ils pensaient que, si le prince résistait,
les autres ne fuiraient pas. Comme saisis d'une terreur panique, ils se
répandirent de côté et d'autre, jusqu'au moment où quelques-uns,
apercevant leur général en plein dans la mêlée et alarmés de son sort,
annoncèrent à grands cris à la légion entière le péril où il se trouvait.
Le sentiment de l'honneur les ramena : ils se reprochèrent les uns aux
autres un crime pire que la fuite, celui d'avoir abandonné César, firent
appel à toute leur énergie contre les Juifs, et, les ayant une fois
repoussés de la pente, les refoulèrent dans la vallée. Ceux-ci reculaient
pied à pied en combattant mais les Romains, qui avaient l'avantage
d'une position élevée, les rejetaient dans le ravin. Titus, continuant à
presser ceux qui l'entouraient, renvoya la légion construire le
retranchement ; pour lui, aidé de ceux avec qui d'abord il avait résisté,
il tint à distance les ennemis. Ainsi, s'il faut dire la vérité, sans rien
ajouter par flatterie ni rien supprimer par envie, ce fut César lui-même
qui, à deux reprises, sauva toute la légion en péril, et lui permit de
fortifier le camp en sûreté.
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