[3,10c] (10)<532> Οὐεσπασιανὸς δὲ μετὰ τὴν μάχην καθίζει
μὲν ἐπὶ βήματος ἐν Ταριχέαις, διακρίνων δ' ἀπὸ
τῶν ἐπιχωρίων τὸν ἔπηλυν λεώ, κατάρξαι γὰρ
οὗτος ἐδόκει πολέμου, μετὰ τῶν ἡγεμόνων εἰ χρὴ
καὶ τούτους σώζειν ἐσκέπτετο. <533> Φαμένων δὲ
τούτων βλαβερὰν ἔσεσθαι τὴν ἄφεσιν αὐτῶν, οὐ
γὰρ ἠρεμήσειν ἀπολυθέντας ἀνθρώπους
ἐστερημένους μὲν τῶν πατρίδων, βιάζεσθαι δὲ καὶ
πρὸς οὓς ἂν καταφύγωσιν πολεμεῖν δυναμένους,
<534> Οὐεσπασιανὸς ὡς μὲν οὔτ' ἄξιοι σωτηρίας
εἶεν καὶ διαφεύξονται κατὰ τῶν ἀφέντων ἐγίνωσκεν,
τὸν δὲ τρόπον αὐτῶν τῆς ἀναιρέσεως διενοεῖτο.
<535> Καὶ γὰρ αὐτόθι κτείνων ἐκπολεμώσειν
ὑφωρᾶτο τοὺς ἐπιχωρίους, οὐ γὰρ ἀνέξεσθαι
φονευομένων ἱκετῶν τοσούτων παρ' αὐτοῖς, καὶ
μετὰ πίστεις ἐπιθέσθαι προελθοῦσιν οὐχ ὑπέμενεν.
<536> Ἐξενίκων δ' οἱ φίλοι μηδὲν κατὰ Ἰουδαίων
ἀσεβὲς εἶναι λέγοντες καὶ χρῆναι τὸ συμφέρον
αἱρεῖσθαι πρὸ τοῦ πρέποντος, ὅταν ᾖ μὴ δυνατὸν
ἄμφω. <537> Κατανεύσας οὖν αὐτοῖς ἄδειαν
ἀμφίβολον ἐπέτρεψεν ἐξιέναι διὰ μόνης τῆς ἐπὶ
Τιβεριάδα φερούσης ὁδοῦ. <538> Τῶν δὲ ταχέως
πιστευσάντων οἷς ἤθελον καὶ μετὰ φανερῶν ἐν
ἀσφαλεῖ τῶν χρημάτων ᾗπερ ἐπετράπη
χωρούντων, διαλαμβάνουσιν μὲν οἱ Ῥωμαῖοι τὴν
μέχρι Τιβεριάδος πᾶσαν, ὡς μή τις ἀποκλίνειεν,
συγκλείουσι δ' αὐτοὺς εἰς τὴν πόλιν. <539> Καὶ
Οὐεσπασιανὸς ἐπελθὼν ἵστησι πάντας ἐν τῷ
σταδίῳ, καὶ γηραιοὺς μὲν ἅμα τοῖς ἀχρήστοις
διακοσίους ἐπὶ χιλίοις ὄντας ἀνελεῖν ἐκέλευσεν,
<540> τῶν δὲ νέων ἐπιλέξας τοὺς ἰσχυροτάτους
ἑξακισχιλίους ἔπεμψεν εἰς τὸν ἰσθμὸν Νέρωνι, καὶ
τὸ λοιπὸν πλῆθος εἰς τρισμυρίους καὶ τετρακοσίους
ὄντας πιπράσκει χωρὶς τῶν Ἀγρίππᾳ χαρισθέντων·
<541> τοὺς γὰρ ἐκ τῆς τούτου βασιλείας ἐπέτρεψεν
αὐτῷ ποιεῖν εἴ τι βούλοιτο· πιπράσκει δὲ καὶ
τούτους ὁ βασιλεύς. <542> Ὁ μέντοι γε ἄλλος ὄχλος
Τραχωνῖται καὶ Γαυλανῖται καὶ Ἱππηνοὶ καὶ ἐκ τῆς
Γαδαρίτιδος τὸ πλέον ὡς στασιασταὶ καὶ φυγάδες
καὶ οἷς τὰ τῆς εἰρήνης ὀνείδη τὸν πόλεμον
προυξένει ἑάΛωσαν δὲ Γορπιαίου μηνὸς ὀγδόῃ.
| [10c] 10. <532> Après le combat, Vespasien vint siéger
sur son tribunal à Tarichées, pour y faire le triage
des indigènes et de la tourbe venue du dehors,
car c'étaient ceux-là qui visiblement avaient donné
le signal de la guerre. Puis il se demanda, de
concert avec ses lieutenants, s'il fallait aussi faire
grâce à ces derniers. Tous furent unanimes à dire
que la mise en liberté de ces hommes sans patrie
serait funeste une fois graciés, ils ne se tiendraient
pas tranquilles ; ils étaient même capables de
forcer à la révolte ceux chez qui ils chercheraient
un refuge. Vespasien ne pouvait que reconnaître
qu'ils ne méritaient pas le pardon et qu'ils ne
feraient qu'abuser de leur liberté contre leurs
libérateurs <111> ; mais il se demandait par quel
moyen il pourrait s'en défaire : s'il les tuait sur
place, il risquait d'exaspérer la colère des
indigènes, qui ne supporteraient pas de voir
massacrer un si grand nombre de suppliants
auxquels ils avaient donné asile ; d'autre part, il lui
répugnait de les laisser partir sous la foi de sa
parole et de tomber ensuite sur eux. Toutefois ses
amis finirent par faire prévaloir leur avis, que,
vis-à-vis des Juifs, il n'y avait point d'impiété, et qu'il
fallait préférer l'utile à l'honnête quand on ne
pouvait les faire marcher ensemble. Vespasien
accorda donc la liberté à ces émigrés en termes
équivoques et leur permit de sortir de la ville par
une seule route, celle de Tibériade. Prompts à
croire ce qu'ils souhaitaient, les malheureux
s'éloignent en toute confiance dans la direction
prescrite, emportant ostensiblement leurs biens.
Cependant les Romains avaient occupé toute la
route jusqu'à Tibériade, afin que nul ne s'en
écartât. Arrivés dans cette ville, ils les y
enfermèrent. Vespasien, survenant à son tour, les
fit tous transporter dans le stade et donna l'ordre
de tuer les vieillards et les infirmes au nombre de
douze cents : parmi les jeunes gens, il en choisit
six mille des plus vigoureux et les expédia à
Néron, qui séjournait alors dans l'isthme de
Corinthe. Le reste de la multitude, au
nombre de trente mille quatre cents têtes, fut
vendu à l'encan, hors ceux dont Vespasien fit
présent à Agrippa, à savoir les Juifs originaires de
son royaume : le général lui permit d'agir avec eux
à discrétion et le roi les vendit à son tour. Le gros
de cette foule se composait de gens de la
Trachonitide, de la Gaulanitide, d'Hippos et de
Gadara pour la plupart : tourbe de séditieux et de
bannis, qui, méprisés pendant la paix, avaient
trouvé dans leur infamie de quoi les exciter à la
guerre. Leur capture eut lieu le huit du mois Gorpiéos.
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