[3,1] I.
(1)<1> Νέρωνι δ' ὡς ἠγγέλη τὰ κατὰ τὴν Ἰουδαίαν
πταίσματα, λεληθυῖα μὲν ὡς εἰκὸς ἔκπληξις
ἐμπίπτει καὶ δέος, φανερῶς δὲ ὑπερηφάνει καὶ
προσωργίζετο, <2> στρατηγῶν μὲν ῥᾳστώνῃ
μᾶλλον ἢ ταῖς τῶν πολεμίων ἀρεταῖς γεγονέναι τὰ
συμβάντα λέγων, πρέπειν δ' ἡγούμενος ἑαυτῷ διὰ
τὸν ὄγκον τῆς ἡγεμονίας κατασοβαρεύεσθαι τῶν
σκυθρωπῶν καὶ δοκεῖν δεινοῦ παντὸς ἐπάνω τὴν
ψυχὴν ἔχειν.
(2)<3> Διηλέγχετό γε μὴν ὁ τῆς ψυχῆς θόρυβος ὑπὸ
τῶν φροντίδων σκεπτομένου τίνι πιστεύσει
κινουμένην τὴν ἀνατολήν, ὃς τιμωρήσεται μὲν τὴν
τῶν Ἰουδαίων ἐπανάστασιν, προκαταλήψεται δ'
αὐτοῖς ἤδη καὶ τὰ πέριξ ἔθνη συννοσοῦντα. <4>
Μόνον εὑρίσκει Οὐεσπασιανὸν ταῖς χρείαις
ἀναλογοῦντα καὶ τηλικούτου πολέμου μέγεθος
ἀναδέξασθαι δυνάμενον, ἄνδρα ταῖς ἀπὸ νεότητος
στρατείαις ἐγγεγηρακότα καὶ προειρηνεύσαντα μὲν
πάλαι Ῥωμαίοις τὴν ἑσπέραν ὑπὸ Γερμανῶν
ταρασσομένην, προσκτησάμενον δὲ τοῖς ὅπλοις
Βρεττανίαν τέως λανθάνουσαν, <5> ὅθεν αὐτοῦ καὶ
τῷ πατρὶ Κλαυδίῳ παρέσχε χωρὶς ἱδρῶτος ἰδίου
θρίαμβον καταγαγεῖν.
(3)<6> Ταῦτά τε δὴ προκλῃδονιζόμενος καὶ
σταθερὰν μετ' ἐμπειρίας τὴν ἡλικίαν ὁρῶν, μέγα δὲ
πίστεως αὐτοῦ τοὺς υἱοὺς ὅμηρον καὶ τὰς τούτων
ἀκμὰς χεῖρα τῆς πατρῴας συνέσεως, τάχα τι καὶ
περὶ τῶν ὅλων ἤδη τοῦ θεοῦ προοικονομουμένου,
<7> πέμπει τὸν ἄνδρα ληψόμενον τὴν ἡγεμονίαν
τῶν ἐπὶ Συρίας στρατευμάτων, πολλὰ πρὸς τὸ
ἐπεῖγον οἷα κελεύουσιν αἱ ἀνάγκαι μειλιξάμενός τε
καὶ προθεραπεύσας. <8> Ὁ δ' ἀπὸ τῆς Ἀχαίας, ἔνθα
συνῆν τῷ Νέρωνι, τὸν μὲν υἱὸν Τίτον ἀπέστειλεν
ἐπ' Ἀλεξανδρείας τὸ πέμπτον καὶ δέκατον ἐκεῖθεν
ἀναστήσοντα τάγμα, περάσας δ' αὐτὸς τὸν
Ἑλλήσποντον πεζὸς εἰς Συρίαν ἀφικνεῖται κἀκεῖ τάς
τε Ῥωμαικὰς δυνάμεις συνήγαγε καὶ συχνοὺς παρὰ
τῶν γειτνιώντων βασιλέων συμμάχους.
| [3,1] I.
1. <1> Quand Néron apprit les revers survenus en
Judée, il fut saisi, comme de juste, d'un secret
sentiment de stupeur et d'alarme, mais au dehors
il ne fit voir qu'arrogance et colère. « Ces
malheurs, disait-il, étaient dus à la négligence des
généraux plutôt qu'à la valeur des ennemis ». La
majesté de l'empire lui faisait un devoir d'affecter
le dédain pour les épreuves les plus fâcheuses et
de paraître élever au-dessus de tous les accidents
une âme dont ses préoccupations trahissaient
cependant le désordre.
2. <3> Il se demandait, en effet, à quelles mains il
confierait l'Orient soulevé, le soin de châtier la
révolte des Juifs et de prémunir les nations
voisines déjà atteintes par la contagion du mal. Il
ne trouva que le seul Vespasien qui fût à hauteur
de la situation et capable de supporter le poids
d'une si lourde guerre. C'était un capitaine qui
avait bataillé dès sa jeunesse et vieilli sous le
harnais ; longtemps auparavant il avait pacifié et
ramené sous l'obéissance de Rome l'Occident
ébranlé par les Germains ; ensuite il avait par son
talent militaire ajouté à l'empire la Bretagne
jusque-là presque inconnue et fourni ainsi à
Claude, père de Néron, les honneurs d'un
triomphe qui ne lui avait guère coûté de sueur.
3. <6> Tirant de ce passé un heureux présage,
voyant d'ailleurs en Vespasien un homme d'un
âge rassis, fortifié par l'expérience, avec des
fils qui serviraient d'otage à sa fidélité et dont la
jeunesse épanouie serait comme le bras du
cerveau paternel, poussé peut-être aussi par Dieu,
qui dès lors préparait le destin de l'empire, il
envoie ce général prendre le commandement en
chef des armées de Syrie, sans omettre de lui
prodiguer toutes les cajoleries, les marques
d'affection, les encouragements à bien faire que
réclamait. la nécessité présente. D'Achaïe, où il se
trouvait auprès de Néron, Vespasien dépêcha son
fils Titus à Alexandrie pour en ramener la
quinzième légion <2> ; lui-même, après avoir
passé l'Hellespont, se rendit par terre en Syrie où
il concentra les forces romaines et de nombreux
contingents auxiliaires, fournis par les rois du voisinage.
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