[2,19] (240) ἀριθμῷ μὲν ὁπόσους ἂν αὐτοὶ θελήσωσιν ἀποφαινόμενοι ἐξ ἀλλήλων
δὲ γινομένους καὶ κατὰ παντοίους τρόπους γενέσεων, τούτους δὲ καὶ διαιροῦντες
τόποις καὶ διαίταις, ὥσπερ τῶν ζῴων τὰ γένη, τοὺς μὲν ὑπὸ γῆν, τοὺς δὲ ἐν θαλάττῃ,
τοὺς μέντοι πρεσβυτάτους αὐτῶν ἐν τῷ ταρτάρῳ δεδεμένους (241) ὅΣοις δὲ τὸν
οὐρανὸν ἀπένειμαν τούτοις πατέρα μὲν τῷ λόγῳ, τύραννον δὲ τοῖς ἔργοις καὶ
δεσπότην ἐφιστάντες, καὶ διὰ τοῦτο συνισταμένην ἐπιβουλὴν ἐπ' αὐτὸν ὑπὸ
γυναικὸς καὶ ἀδελφοῦ καὶ θυγατρός, ἣν ἐκ τῆς ἑαυτοῦ κεφαλῆς ἐγέννησεν, ἵνα
δὴ συλλαβόντες αὐτὸν καθείρξωσιν, ὥσπερ αὐτὸς ἐκεῖνος τὸν πατέρα τὸν ἑαυτοῦ.
(242) Ταῦτα δικαίως μέμψεως πολλῆς ἀξιοῦσιν οἱ φρονήσει διαφέροντες καὶ
πρὸς τούτοις καταγελῶσιν, εἰ τῶν θεῶν τοὺς μὲν ἀγενείους καὶ μειράκια,
τοὺς δὲ πρεσβυτέρους καὶ γενειῶντας εἶναι χρὴ δοκεῖν, ἄλλους δὲ τετάχθαι
πρὸς ταῖς τέχναις, χαλκεύοντά τινα, τὴν δὲ ὑφαίνουσαν, τὸν δὲ πολεμοῦντα
καὶ μετὰ ἀνθρώπων μαχόμενον, (243) τοὺς δὲ κιθαρίζοντας ἢ τοξικῇ
χαίροντας, εἶτ' αὐτοῖς ἐγγιγνομένας πρὸς ἀλλήλους στάσεις καὶ περὶ
ἀνθρώπων φιλονεικίας μέχρι τοῦ μὴ μόνον ἀλλήλοις τὰς χεῖρας προσφέρειν,
ἀλλὰ καὶ ὑπ' ἀνθρώπων (244) τραυματιζομένους ὀδύρεσθαι καὶ κακοπαθεῖν. Τὸ
δὲ δὴ πάντων ἀσελγέστερον, τὴν περὶ τὰς μίξεις ἀκρασίαν καὶ τοὺς ἔρωτας
πῶς οὐκ ἄτοπον μικροῦ δεῖν ἅπασι προσάψαι καὶ τοῖς ἄρρεσι (245) τῶν θεῶν
καὶ ταῖς θηλείαις; εἶθ' οἱ γενναιότατοι καὶ πρῶτος αὐτὸς ὁ πατὴρ τὰς
ἀπατηθείσας ὑπ' αὐτοῦ καὶ γενομένας ἐγκύους καθειργνυμένας ἢ
καταποντιζομένας περιορᾷ καὶ τοὺς ἐξ αὐτοῦ γεγονότας οὔτε σώζειν δύναται
κρατούμενος ὑπὸ τῆς εἱμαρμένης (246) οὔτ' ἀδακρυτὶ τοὺς θανάτους αὐτῶν
ὑπομένειν. Καλά γε ταῦτα καὶ τοῖς ἄλλοις ἑπόμενα, μοιχείας μὲν ἐν οὐρανῷ
βλεπομένης οὕτως ἀναισχύντως ὑπὸ τῶν θεῶν, ὥστε τινὰς καὶ ζηλοῦν ὁμολογεῖν
τοὺς ἐπ' αὐτῇ δεδεμένους· τί γὰρ οὐκ ἔμελλον, ὁπότε μηδ' ὁ πρεσβύτατος καὶ
βασιλεὺς ἠδυνήθη τῆς πρὸς τὴν γυναῖκα μίξεως ἐπισχεῖν (247) τὴν ὁρμὴν ὅσον
γοῦν εἰς τὸ δωμάτιον ἀπελθεῖν; οἱ δὲ δὴ δουλεύοντες τοῖς ἀνθρώποις θεοὶ
καὶ νῦν μὲν οἰκοδομοῦντες ἐπὶ μισθῷ νῦν δὲ ποιμαίνοντες, ἄλλοι δὲ τρόπον
κακούργων ἐν χαλκῷ δεσμωτηρίῳ δεδεμένοι, τίνα τῶν εὖ φρονούντων οὐκ ἂν
παροξύνειαν, ὡς τοῖς ταῦτα συνθεῖσιν ἐπιπλῆξαι καὶ πολλὴν εὐήθειαν
καταγνῶναι τῶν προσεμένων; (248) οἱ δὲ καὶ δεῖμόν τινα καὶ φόβον ἤδη δὲ
καὶ λύσσαν καὶ ἀπάτην καὶ τί γὰρ οὐχὶ τῶν κακίστων παθῶν εἰς θεοῦ φύσιν
καὶ μορφὴν ἀνέπλασαν· τοῖς δὲ εὐφημοτέροις τούτων καὶ (249) θύειν τὰς
πόλεις ἔπεισαν. Τοιγαροῦν εἰς πολλὴν ἀνάγκην καθίστανται τοὺς μέν τινας
τῶν θεῶν νομίζειν δοτῆρας ἀγαθῶν, τοὺς δὲ καλεῖν ἀποτροπαίους, εἶτα δὲ
τούτους ὥσπερ τοὺς πονηροτάτους τῶν ἀνθρώπων χάρισι καὶ δώροις
ἀποσείονται, μέγα τι λήψεσθαι κακὸν ὑπ' αὐτῶν προσδοκῶντες, εἰ μὴ μισθὸν
αὐτοῖς παράσχοιεν.
| [2,19] 240 Ils en grossissent le nombre à leur volonté, les font naître les uns des
autres et s'engendrer de diverses façons. Ils les distinguent par leur résidence
et leur manière de vivre, comme les espèces animales, ceux-ci sous terre,
ceux-là dans la mer, les plus âgés prisonniers dans le Tartare. 241
Tous ceux à qui ils ont donné le ciel en partage sont soumis par eux à un
prétendu père, qui est en réalité un tyran et un maître ; aussi voit-on,
d'après leurs imaginations, conspirer contre lui son épouse, son frère et
sa fille, qu'il engendra par la tête, pour le saisir et
l'emprisonner, comme lui-même fit son propre père.
242 C'est à juste titre que les esprits les plus distingués ne ménagent
point leurs critiques à ces histoires ; et ils trouvent ridicule aussi
d'être obligé de croire que parmi les dieux ceux-ci sont des jouvenceaux
imberbes, ceux-là des vieillards barbus; que les uns sont préposés aux
arts, que celui-ci travaille le fer, que celle-là tisse la
toile, qu'un troisième fait la guerre et se bat avec les hommes,
que d'autres encore jouent de la cithare ou se plaisent à lancer des
flèches ; 243 puis d'admettre qu'ils se révoltent les uns contre les
autres, et se querellent au sujet des hommes au point non seulement d'en
venir aux mains entre eux, mais encore de se lamenter, et de souffrir,
blessés par les mortels. 244 Et, pour comble de grossièreté, n'est-il pas
inconvenant d'attribuer des unions et des amours sans frein presque à tous
les dieux des deux sexes ? 245 Ensuite, le plus noble d'entre eux et le
premier, le père lui-même, après avoir séduit des femmes par la ruse et
les avoir rendues mères, les voit, d'un oeil tranquille, emprisonner ou
noyer ; et les enfants issus de lui, il ne peut ni les sauver, soumis
qu'il est au destin, ni supporter leur mort sans pleurer. 246 Voilà de
belles choses ; d'autres qui suivent ne le sont pas moins, comme
l'adultère auquel les dieux assistent au ciel avec tant d'impudence que
quelques-uns avouent même qu'ils envient le couple ainsi uni ; que ne
devaient-ils pas se permettre quand le plus vieux, le roi, n'a pas même pu
refréner son désir de posséder sa femme, ne fût-ce que le temps de gagner
sa chambre à coucher ? 247 Et les dieux en esclavage chez les hommes,
et salariés tantôt pour bâtir, tantôt pour paître les troupeaux ; d'autres
enchaînés dans une prison d'airain à la manière des criminels !
Est-il un homme sensé qui ne soit excité par ces contes à blâmer ceux qui
les ont imaginés et à condamner la grande sottise de ceux qui les
admettent ? 248 D'autres divinisent la crainte et la terreur, la rage et
la fourberie; quelle est celle des pires passions qu'ils n'aient
représentée avec la nature et sous la forme d'un dieu ? Ils ont même
persuadé aux cités de faire des sacrifices aux plus favorables d'entre
elles. 249 Aussi ils sont mis dans la nécessité absolue de croire que
certains dieux accordent les biens, et de donner aux autres le nom de «
dieux qui détournent les maux ». Alors, ils s'efforcent de les
fléchir comme les plus méchants des hommes par des bienfaits et des
présents, et s'attendraient à subir de leur part un grand mal s'ils ne les
payaient pas.
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