[16,11,8] (8) <395> Ἴσως μὲν οὖν οὐκ ἄλογον ἐνίοις καταφαίνεται τρεφόμενον ἐκ πολλοῦ
τὸ μῖσος οὕτως αὐξηθῆναι καὶ περαιτέρω προελθὸν ἀπονικῆσαι τὴν φύσιν.
Ἐπίστασις δὲ γένοιτ' ἂν εἰκότως, εἴτε εἰς τοὺς νεανίσκους ἀνοιστέον τὴν
τοιαύτην αἰτίαν πρὸς αἰτίαν ἐνάγοντας τὸν πατέρα καὶ χρόνῳ παρασκευάσαντας
ὑπὸ χαλεπότητος ἀνήκεστον αὐτοῖς, <396> εἴτε καὶ πρὸς αὐτὸν ἐκεῖνον, ἀπαθῆ
καὶ περιττὸν ὄντα περὶ τὴν ἐπιθυμίαν τῆς ἀρχῆς καὶ τῆς ἄλλης εὐδοξίας, ὡς
μηδένα οἴεσθαι παραλειπτέον ἐφ' ᾧ πᾶν τὸ βουλόμενον ἀνίκητον ἔχειν, <397>
ἢ καὶ τὴν τύχην παντὸς εὐγνώμονος λογισμοῦ μείζω τὴν δύναμιν ἐσχηκυῖαν,
ὅθεν καὶ πειθόμεθα τὰς ἀνθρωπίνας πράξεις ὑπ' ἐκείνης προκαθωσιῶσθαι τῇ
τοῦ γενέσθαι πάντως ἀνάγκῃ καὶ καλοῦμεν αὐτὴν εἱμαρμένην, ὡς οὐδενὸς
ὄντος, ὃ μὴ δι' αὐτὴν γίνεται. <398> Τοῦτον μὲν οὖν τὸν λόγον ὡς μείζω
πρὸς ἐκεῖνον ἀρκέσει κινεῖν ἡμῖν τε αὐτοῖς ἀποδιδόντας τι καὶ τὰς διαφορὰς
τῶν ἐπιτηδευμάτων οὐκ ἀνυπευθύνους ποιοῦντας, ἃ πρὸ ἡμῶν ἤδη πεφιλοσόφηται
καὶ τῷ νόμῳ. <399> Τῶν δὲ ἄλλων δύο τὸν μὲν ἀπὸ τῶν παίδων μέμψαιτ' ἄν τις
αἰτίαν ὑπό τε αὐθαδείας νεωτερικῆς καὶ βασιλικῆς οἰήσεως, ὅτι καὶ διαβολῶν
ἠνείχοντο κατὰ τοῦ πατρὸς καὶ τῶν πραττομένων αὐτῷ περὶ τὸν βίον οὐκ
εὐμενεῖς ἦσαν ἐξετασταί, καὶ κακοήθεις μὲν ὑπονοεῖν, ἀκρατεῖς δὲ λέγειν,
εὐάλωται δὲ δι' ἀμφότερα τοῖς ἐπιτηροῦσιν αὐτοὺς καὶ πρὸς χάριν
καταμηνύουσιν. <400> Ὁ μέντοι πατὴρ οὐδ' ἐντροπῆς ἄξιος ἔοικεν φαίνεσθαι
τοῦ περὶ ἐκείνους ἀσεβήματος, ὃς οὔτε πίστιν ἐπιβουλῆς ἐναργῆ λαβὼν οὔτε
παρασκευὴν ἐπιχειρήσεως ἐλέγχειν ἔχων ἐτόλμησεν ἀποκτεῖναι τοὺς ἐξ αὐτοῦ
φύντας, ἀρίστους μὲν τὰ σώματα καὶ περιποθήτους πᾶσιν τοῖς ἀλλοτρίοις, οὐκ
ἀποδέοντας δὲ ἐν τοῖς ἐπιτηδεύμασιν, εἴ που θηρᾶν ἢ γυμνάζεσθαι τὰ πολέμων
ἢ λέγειν ὑπὲρ τῶν ἐμπεσόντων ἔδει. <401> Τούτων γὰρ ἁπάντων μετεῖχον,
Ἀλέξανδρος δὲ καὶ μᾶλλον ὁ πρεσβύτερος. Ἤρκει γάρ, εἰ καὶ κατέγνω, καὶ
ζῶντας ὅμως ἐν δεσμοῖς ἢ ξενιτεύοντας ἀπὸ τῆς ἀρχῆς ἔχειν μεγάλην
ἀσφάλειαν αὐτῷ περιβεβλημένῳ τὴν Ῥωμαίων δύναμιν, δι' ἣν οὐδὲν οὐδ' ἐξ
ἐφόδου καὶ βίας παθεῖν ἐδύνατο. <402> Τὸ δ' ἀποκτεῖναι ταχὺ καὶ πρὸς
ἡδονὴν τοῦ νικῶντος αὐτὸν πάθους ἀσεβείας τεκμήριον ἀνυποτιμήτου Καὶ τῆς
ἡλικίας οὔσης ἐν γήρᾳ τοσοῦτον ἐξήμαρτεν. <403> Ἥ γε μὴν παρολκὴ καὶ τὸ
χρονίζον οὐκ ἂν αὐτῷ συγγνώμην τινὰ φέροι. Ταχὺ μὲν γὰρ ἐκπλαγέντα καὶ
κεκινημένον χωρῆσαι πρός τι τῶν ἀτόπων, εἰ καὶ δυσχερές, ἀλλ' ἀεὶ
συμβαῖνον, ἐν ἐπιστάσει δὲ καὶ μήκει πολλάκις μὲν ὁρμηθέντα πολλάκις δὲ
μελλήσαντα τὸ τελευταῖον ὑποστῆναι καὶ διαπράξασθαι, φονώσης καὶ
δυσμετακινήτου ψυχῆς ἀπὸ τῶν χειρόνων. <404> Ἐδήλωσεν δὲ καὶ τοῖς αὖθις
οὐκ ἀποσχόμενος οὐδὲ τῶν περιλοίπων ὅσους ἐδόκει φιλτάτους, ἐφ' οἷς τὸ μὲν
δίκαιον ἔλαττον ἐποίει συμπαθεῖσθαι τοὺς ἀπολλυμένους, τὸ δ' ὠμὸν ὅμοιον
ἦν τὸ μηδὲ ἐκείνων φεισάμενον. Διέξιμεν δὲ ὑπὲρ αὐτῶν ἑξῆς ἀφηγούμενοι.
| [16,11,8] <395> 8. Peut-être semblera-t-il naturel à quelques lecteurs qu’une haine
invétérée se soit exaspérée à ce point et ait fini par vaincre la nature.
Mais on se demandera sans doute si l’on doit en rejeter la faute sur les
jeunes gens qui auraient fourni à leur père un motif de colère et dont
l’hostilité l’aurait avec le temps rendu implacable, ou bien sur le père
lui-même, insensible et excessif dans son appétit de pouvoir et de gloire,
<396> au point de ne rien épargner pour que ses volontés fussent
souveraines, ou enfin sur la fortune dont la puissance l’emporte sur tout
raisonnement sage, <397> ce qui nous persuade que les actions humaines
sont soumises d’avance par elle à la nécessité de se produire en tout cas
et nous la fait appeler fatalité, parce qu’il n’existe rien qui n’arrive
par elle. <398> Cette dernière hypothèse doit, je pense, être écartée dans
le cas d’Hérode, si nous nous accordons à nous-mêmes quelque
spontanéité et ne soustrayons pas à toute responsabilité la corruption de
notre humeur, question qui déjà avant nous a été discutée par notre loi.
<399> Passons aux deux autres explications. Du côté des enfants on
pourrait incriminer leur présomption juvénile et leur arrogance princière,
leur complaisance à écouter les insinuations contre leur père, leurs
enquêtes malveillantes sur les actes de sa vie, leur méfiance acerbe et
leur intempérance de langage, qui, toutes deux, en faisaient une proie
facile pour ceux qui les épiaient, et les dénonçaient, afin de se mettre
en faveur. <400> Quant au père, assurément, il ne semble mériter aucune
indulgence, en raison du crime impie qu’il a commis contre eux, lui qui,
sans preuve décisive du complot, sans pouvoir les convaincre d’avoir
préparé une entreprise contre lui, a osé tuer ceux qu’il avait engendrés,
deux princes bien faits, admirés de tous les étrangers, comblés de
talents, également habiles à la chasse, aux exercices militaires, à parler
à propos. Ils possédaient toutes les qualités, surtout l’aîné, Alexandre.
<401> Il aurait suffi au roi, même s’il les avait condamné, de les garder
dans les fers ou de les exiler loin de son royaume ; en effet, entouré de
la puissance des Romains, il jouissait de la plus grande sécurité, n’avait
à craindre ni violence, ni surprise. <402> Ce meurtre précipité et commis
uniquement pour assouvir la passion qui le dominait, est le témoignage
d’une inqualifiable impiété, et c’est au moment où il était arrivé à la
vieillesse qu’il put faillir ainsi ! <403> Même ses délais et ses
atermoiements ne peuvent lui valoir quelque excuse ; qu’un homme qui a été
épouvanté et bouleversé se porte instantanément, à quelque excès, c’est
chose grave, mais humaine : qu’au contraire, après réflexion et après
avoir passé souvent de la fureur à l’hésitation, il finisse par céder et
agir, c’est le fait d’une âme meurtrière et impossible à détourner du mal.
<404> C’est ce que confirma aussi la suite des événements, car Hérode
n’épargna pas même ceux des survivants qu’il se croyait les plus attachés
; si la justice de leur sort les faisait moins plaindre, la cruauté était
toujours celle qui n’avait pas même épargné ses fils. Mais ceci paraîtra
plus clairement dans la suite du récit.
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