[16,2,1] II.
(1) <12> Ταῦτα διοικήσας, ἐπειδὴ καὶ Μᾶρκον Ἀγρίππαν ἐπύθετο
καταπεπλευκέναι πάλιν ἐκ τῆς Ἰταλίας εἰς τὴν Ἀσίαν, ἐπειχθεὶς πρὸς αὐτὸν
ἠξίωσεν εἴς τε τὴν βασιλείαν αὐτοῦ παρελθεῖν καὶ τυχεῖν ὧν ἔδει παρὰ
ἀνδρὸς ξένου καὶ φίλου. <13> Κἀκεῖνος μὲν εἴξας λιπαρῶς ἐγκειμένου ἧκεν
εἰς τὴν Ἰουδαίαν, Ἡρώδης δὲ οὐδὲν ἀρεσκείας ἀπέλιπεν ἔν τε ταῖς
νεοκτίστοις πόλεσιν ὑποδεχόμενος αὐτὸν καὶ μετὰ τοῦ τὰς κατασκευὰς
ἐπιδεικνύναι πᾶσαν ἀπόλαυσιν διαίτης καὶ πολυτελείας ἐξαλλάττων αὐτῷ καὶ
τοῖς φίλοις ἔν τε τῇ Σεβαστῇ καὶ Καισαρείᾳ περὶ τὸν λιμένα τὸν ὑπ' αὐτοῦ
κατεσκευασμένον κἀν τοῖς ἐρύμασιν, ἃ πολλαῖς δαπάναις ἐξῳκοδόμησεν, τό τε
Ἀλεξάνδρειον καὶ Ἡρώδειον καὶ τὴν Ὑρκανίαν. <14> Ἦγεν δὲ καὶ εἰς τὴν πόλιν
τῶν Ἱεροσολυμιτῶν ὑπαντῶντός τε τοῦ δήμου παντὸς ἐν ἑορτώδει στολῇ καὶ
δεχομένου τὸν ἄνδρα σὺν εὐφημίαις. Ἀγρίππας δὲ τῷ θεῷ μὲν ἑκατόμβην
κατέθυσεν, ἑστιᾷ δὲ τὸν δῆμον οὐδενὸς τῶν μεγίστων πλήθει λειπόμενον. <15>
Αὐτὸς δὲ ὅσον ἐπὶ τῷ καθ' ἡδονὴν κἂν ἔτι πλείους ἐπιμείνας ἡμέρας διὰ τὸν
καιρὸν ἠπείγετο. Τὸν γὰρ πλοῦν ἐπιβαίνοντος τοῦ χειμῶνος οὐκ ἐνόμιζεν
ἀσφαλῆ κομιζομένῳ πάλιν ἐξ ἀνάγκης εἰς τὴν Ἰωνίαν.
(2) <16> Ἐκεῖνος μὲν οὖν ἀπέπλει πολλαῖς αὐτὸν δωρεαῖς τετιμηκότος Ἡρώδου
καὶ τῶν σὺν αὐτῷ τοὺς ἐπισημοτάτους. Ὁ δὲ βασιλεὺς χειμάσας ἐν τοῖς
οἰκείοις ἔαρος ἠπείγετο συντυχεῖν αὐτῷ τὴν εἰς Βόσπορον εἰδὼς στρατείαν
προηγούμενον. <17> Καὶ πλεύσας διὰ Ῥόδου καὶ Κῶ προσέσχεν, περὶ Λέσβον
οἰόμενος ἐπικαταλήψεσθαι τὸν Ἀγρίππαν. Ἐκεῖ δ' αὐτὸν ἀπολαμβάνει πνεῦμα
βόρειον εἶργον τὴν ἀναγωγὴν τῶν νεῶν. <18> Ὁ δ' ἐπιδιέτριβεν ἡμέρας
πλείους ἐν τῇ Χίῳ καὶ πολλοὺς μὲν τῶν προσιόντων αὐτῷ δεξιούμενος
ἀνελάμβανεν βασιλικαῖς δωρεαῖς, αὐτῆς δὲ τῆς πόλεως ἰδὼν πεπτωκυῖαν στοάν,
ἣν ἐν τῷ Μιθριδατικῷ πολέμῳ καθαιρεθεῖσαν οὐχ ὥσπερ τὰ ἄλλα διὰ μέγεθος
καὶ κάλλος ἀναστῆναι ῥᾴδιον ἦν, <19> χρήματα δοὺς ὅσα μὴ μόνον ἐπαρκεῖν,
ἀλλὰ καὶ περιττεύειν ἐδύνατο πρὸς τὴν συντέλειαν τοῦ κατασκευάσματος,
ἐνετέλλετο μὴ περιορᾶν, ἀλλὰ θᾶττον ἐγείρειν ἀποκαθιστάντας τῇ πόλει τὸν
ἴδιον κόσμον. <20> Αὐτὸς δὲ λήξαντος τοῦ πνεύματος εἰς Μιτυλήνην κἀκεῖθεν
εἰς Βυζάντιον παρακομισθείς, ὡς ἤκουσεν ἐντὸς Κυανέων ἤδη πεπλευκέναι τὸν
Ἀγρίππαν, μετέσπευδεν ὡς ἐνῆν. <21> Καὶ περὶ Σινώπην τὴν ἐν Πόντῳ
καταλαβὼν ἀπροσδόκητος μὲν ὤφθη ταῖς ναυσὶ προσπλέων, ἄσμενος δὲ ἐφάνη
πολλαί τε φιλοφρονήσεις ἦσαν, ἅτε καὶ μεγίστην πίστιν εἰληφέναι δοκοῦντος
εὐνοίας καὶ φιλοστοργίας τῆς εἰς αὐτὸν Ἀγρίππου, τοσοῦτον μὲν πλοῦν
ἀνύσαντος τοῦ βασιλέως, οὐκ ἀπολειφθέντος δὲ τῆς ἐκείνου χρείας, ἣν μετὰ
τοῦ καταλιπεῖν ἀρχὴν καὶ διοίκησιν οἰκείων πραγμάτων προυργιαιτέραν ἔθετο.
<22> Πᾶν γοῦν ἦν αὐτῷ κατὰ τὴν στρατείαν Ἡρώδης, ἔν τε τοῖς πραγματικοῖς
συναγωνιστὴς κἀν τοῖς κατὰ μέρος σύμβουλος, ἡδὺς δὲ κἀν ταῖς ἀνέσεσι καὶ
μόνος ἁπάντων κοινωνὸς ὀχληρῶν μὲν διὰ τὴν εὔνοιαν, ἡδέων δὲ διὰ τὴν
τιμήν. <23> Ὡς δ' αὐτοῖς κατείργαστο καὶ τὰ περὶ τὸν Πόντον, ὧν ἕνεκεν
Ἀγρίππας ἐστάλη, τὴν ἀνακομιδὴν οὐκέτ' ἐδόκει ποιεῖσθαι πλέουσιν, ἀλλὰ
διαμειψάμενοι τήν τε Παφλαγονίαν καὶ Καππαδοκίαν κἀκεῖθεν ἐπὶ τῆς μεγάλης
Φρυγίας ὁδεύσαντες εἰς Ἔφεσον ἀφίκοντο, πάλιν δὲ ἐξ Ἐφέσου διέπλευσαν εἰς
Σάμον. <24> Πολλαὶ μὲν οὖν καὶ κατὰ πόλιν ἑκάστην εὐεργεσίαι τῷ βασιλεῖ
κατὰ τὰς χρείας τῶν ἐντυγχανόντων ἐγένοντο. Καὶ γὰρ αὐτὸς ὅσα διὰ χρημάτων
ἦν ηπίξεως οὐ παρέλειπεν ἐξ αὐτοῦ τὰς δαπάνας ποιούμενος καὶ τῶν παρὰ
Ἀγρίππα τισὶν ἐπιζητουμένων μεσίτης ἦν καὶ διεπράττετο μηδενὸς ἀτυχῆσαι
τοὺς δεομένους. <25> ὄντος δὲ κἀκείνου χρηστοῦ καὶ μεγαλοψύχου πρὸς τὸ
παρέχειν ὅσα τοῖς ἠξιωκόσιν ὠφέλιμα ὄντα μηδένα τῶν ἄλλων ἐλύπει, πλεῖστον
ἡ τοῦ βασιλέως ἐποίει ῥοπὴ προτρέπουσα πρὸς τὰς εὐεργεσίας οὐ βραδύνοντα
τὸν Ἀγρίππαν. <26> Ἰλιεῦσι μέν γε αὐτὸν διήλλαξεν, διέλυσεν δὲ Χίοις τὰ
πρὸς τοὺς Καίσαρος ἐπιτρόπους χρήματα καὶ τῶν εἰσφορῶν ἀπήλλαξεν, τοῖς δὲ
ἄλλοις καθὸ δεηθεῖεν ἕκαστοι παρίστατο.
(3) <27> Τότε δὲ περὶ τὴν Ἰωνίαν αὐτῶν γενομένων πολὺ πλῆθος Ἰουδαίων, ὃ
τὰς πόλεις ᾤκει, προσῄει καιροῦ καὶ παρρησίας ἐπειλημμένοι, καὶ τὰς
ἐπηρείας ἔλεγον, ἃς ἐπηρεάζοντο μήτε νόμοις οἰκείοις ἐώμενοι χρῆσθαι δίκας
τε ἀναγκαζόμενοι διδόναι κατ' ἐπήρειαν τῶν εὐθυνόντων ἐν ἱεραῖς ἡμέραις,
<28> καὶ τῶν εἰς Ἱεροσόλυμα χρημάτων ἀνατιθεμένων ἀφαιροῖντο στρατειῶν καὶ
λειτουργιῶν ἀναγκαζόμενοι κοινωνεῖν καὶ πρὸς ταῦτα δαπανᾶν τῶν ἱερῶν
χρημάτων, ὧν ἀφείθησαν αἰεὶ Ῥωμαίων αὐτοῖς ἐπιτρεψάντων κατὰ τοὺς οἰκείους
ζῆν νόμους. <29> Τοιαῦτα καταβοώντων παρεστήσατο μὲν ὁ βασιλεὺς ἀκοῦσαι
τὸν Ἀγρίππαν αὐτῶν δικαιολογουμένων, Νικόλαον δέ τινα τῶν αὐτοῦ φίλων
ἔδωκεν εἰπεῖν ὑπὲρ αὐτῶν τὰ δίκαια. <30> Τοῦ δὲ Ἀγρίππου Ῥωμαίων τε τοὺς
ἐν τέλει καὶ βασιλέων καὶ δυναστῶν τοὺς παρόντας αὐτῷ συνέδρους
ποιησαμένου καταστὰς ὁ Νικόλαος ὑπὲρ τῶν Ἰουδαίων ἔλεξεν.
| [16,2,1] II.
<12> 1. Après avoir pris ces dispositions, lorsque Hérode apprit que
Marcus Agrippa était à nouveau passé d’Italie en Asie Mineure, il se
hâta d’aller à sa rencontre et l’invita à venir dans son royaume pour y
recevoir l’accueil dû à un hôte et à un ami. <13> Agrippa, cédant à ses
instances pressantes, vint en Judée. Hérode ne négligea rien pour gagner
ses bonnes grâces, le recevant dans les villes nouvellement fondées ; tout
en lui montrant ses bâtiments, il lui offrit ainsi qu’à ses amis les
jouissances de festins luxueux, aussi bien à Sébaste, à Césarée, autour du
port qu’il avait construit, que dans les forteresses qu’il avait édifiées
à grands frais, Alexandrion, Hérodion, Hyrcania. <14> Il l’emmena aussi
dans la ville de Jérusalem où tout le peuple vint à sa rencontre en
vêtements de fête et accueillit Agrippa par des acclamations. Celui-ci
offrit à Dieu une hécatombe et, un festin au peuple, qui ne le cédait pas
en nombre aux cités les plus populeuses. <15> Personnellement il serait
resté pour son plaisir encore plus longtemps, mais le temps le pressait,
car il ne croyait pas prudent d’entreprendre à l’approche de l’hiver le
voyage qu’il était obligé de faire pour retourner en Ionie.
<16> 2. Agrippa s’embarqua donc après qu’Hérode l’eut honoré de multiples
présents, ainsi que les plus distingués de ses amis. Quant au roi, ayant
hiverné dans ses propres États, il se hâta au printemps de rejoindre
Agrippa parce qu’il savait qu’il avait décidé une expédition au
Bosphore. <17> Et ayant navigué en passant, par Rhodes et Cos, il se
dirigea vers Lesbos dans l’espoir d’y rattraper Agrippa. Mais là il fut
arrêté par un vent du Nord qui empêcha ses navires de mettre à la voile.
<18> Alors il séjourna plusieurs jours à Chios, où il reçut avec
bienveillance beaucoup de visiteurs et leur offrit des présents royaux.
Comme il constata que le portique de la ville était en ruines — il avait
été détruit, au cours de la guerre de Mithridate et en raison de sa
grandeur et de sa beauté était plus difficile à restaurer que tout autre —
<19> il donna de l’argent non seulement en quantité suffisante, mais même
en excédant, pour achever la restauration de l’édifice et il recommanda
que, loin de différer l’ouvrage, on le menât vivement pour rendre à la
ville son ornement particulier. <20> Le vent tombé, il toucha à Mitylène,
puis de là à Byzance, et lorsqu’il apprit qu’Agrippa avait déjà doublé les
îles Cyanées, il se hâta à sa poursuite à force de voiles. <21> C’est
aux environs de Sinope du Pont qu’il rejoignit, Agrippa, qui, ne
s’attendant pas à le voir rencontrer ses navires, l’accueillit avec joie ;
ce fut un grand échange de caresses, parce qu’Agrippa voyait un suprême
témoignage de bonne volonté et d’affection de la part du roi qui avait
accompli une si longue traversée et n’avait pas négligé de lui apporter
son concours, le préférant à ses propres affaires dont il avait abandonné
l’administration en même temps que son royaume. <22> Et il est certain que
pendant toute l’expédition Hérode fut tout pour lui : son auxiliaire dans
les affaires publiques, son conseiller dans les affaires particulières,
agréable même dans les moments de repos, il était le seul à partager tout
avec lui, les peines par affection, les plaisirs par déférence. <23> Une
fois réglées les affaires du Pont qui étaient l’objet de la mission
d’Agrippa, ils décidèrent de ne pas rentrer par mer : ils traversèrent la
Paphlagonie et la Cappadoce, gagnèrent ensuite la Grande Phrygie et
arrivèrent à Ephèse, d’où ils se rembarquèrent pour Samos. <24> Nombreuses
furent les libéralités faites par le roi à chacune des villes, selon les
besoins de ceux à qui il donnait audience : en effet, personnellement, il
ne refusa ni argent ni accueil, fournissant lui-même aux dépenses, et
de plus il s’entremettait pour ceux qui espéraient quelque chose d’Agrippa
et obtenait pour tous les solliciteurs complète satisfaction. <25> Comme
Agrippa aussi était vertueux et libéral, comme il s’appliquait à obliger
les uns sans faire tort aux autres, le roi avait la plus grande influence
pour décider à des bienfaits un ami qui lui-même y était prompt. <26>
C’est ainsi qu’il réconcilia les habitants d’Ilion avec Agrippa irrité
contre eux, libéra les habitants de Chios de leurs dettes envers les
procurateurs de l’empereur et de leurs impôts, et ainsi de suite
pour les autres, qu’il aidait chacun dans sa demande.
<27> 3. Comme ils étaient alors en Ionie, une grande foule des Juifs qui
habitaient les villes du pays saisirent cette occasion de parler librement
et vinrent à lui. Ils lui dirent les injustices qu’ils subissaient,
n’ayant pas la permission de suivre leurs lois particulières, forcés
d’ester en justice les jours de fête par la tyrannie des gouvernants ;
<28> on confisquait les sommes d’argent qu’ils mettaient de côté pour
Jérusalem, on les obligeait de participer au service militaire et aux
charges publiques et de dépenser pour cela le trésor sacré, alors que les
Romains les en avaient toujours dispensés et leur avaient permis de
vivre ainsi conformément à leurs lois particulières. <29> Comme ces gens
clamaient ainsi, le roi pria Agrippa de les entendre plaider leur cause,
et, il confia même à un de ses amis, Nicolas, le soin de soutenir leurs
justes revendications. <30> Lorsque Agrippa eut convoqué à ses côtés comme
assesseurs les dignitaires, romains, les rois et les princes présents,
Nicolas, investi de cette mission, parla en ces termes pour les Juifs :
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