[16,9,4] (4) <293> Ἡρώδης δὲ ταῦτα πάντα φέρων ἠνείχετο μεταβεβληκυίας αὐτῷ τῆς
παρρησίας, ἣν εἶχε διὰ Καίσαρα, καὶ τὸ μεῖζον ἀφῄρητο τοῦ φρονήματος. Οὐδὲ
γὰρ πέμψαντος αὐτοῦ πρεσβείαν ἀπολογησομένην ὁ Καῖσαρ ἠνέσχετο, πάλιν δὲ
τοὺς συνελθόντας ἀπράκτους ἀνέπεμψεν. <294> Ἦν δ' οὖν ἐπὶ τούτοις ἀθυμία
καὶ δέος, ὅ τε Σύλλαιος οὐ μετρίως ἐλύπει πιστευθείς τε καὶ παρὼν ἐν τῇ
Ῥώμῃ, τότε δὲ καὶ μειζόνων ἁπτόμενος. Ὁ μὲν γὰρ Ὀβόδας ἐτεθνήκει,
παραλαμβάνει δὲ τὴν τῶν Ἀράβων ἀρχὴν Αἰνείας ὁ μετονομασθεὶς αὖθις Ἀρέτας.
<295> Τοῦτον γὰρ ἐπεχείρει διαβολαῖς παρωσάμενος αὐτὸς ἀναλαμβάνειν τὴν
ἀρχήν, χρήματα μὲν πολλὰ διδοὺς τοῖς περὶ τὴν αὐλήν, πολλὰ δὲ Καίσαρι
δώσειν ὑπισχνούμενος. Ὁ δὲ τῷ μὴ τὸν Ἀρέταν ἐπιστείλαντα πρότερον αὐτῷ
βασιλεύειν ὠργίζετο. <296> Πέμπει δὲ κἀκεῖνος ἐπιστολὴν καὶ δῶρα τῷ
Καίσαρι στέφανόν τε χρυσοῦν ἀπὸ πολλῶν ταλάντων. Ἡ δὲ ἐπιστολὴ κατηγόρει
Σύλλαιον ὄντα πονηρὸν δοῦλον Ὀβόδαν τε φαρμάκοις διαφθεῖραι καὶ ζῶντος ἔτι
κρατεῖν αὐτὸν τάς τε τῶν Ἀράβων μοιχεύοντα καὶ χρήματα δανειζόμενον, ὥστ'
ἐξιδιώσασθαι τὴν ἀρχήν. <297> Προσέσχεν δὲ οὐδὲ τούτοις ὁ Καῖσαρ, ἀλλ'
ἀποπέμπει μηδὲν τῶν δώρων λαβών. Τὰ δὲ περὶ τὴν Ἰουδαίαν καὶ Ἀραβίαν ἀεὶ
καὶ μᾶλλον ἐπεδίδου τὰ μὲν εἰς ἀταξίαν τὰ δ' ὡς καταφθειρομένων μηδένα
προεστάναι. <298> Τῶν γὰρ βασιλέων ὁ μὲν οὐδέπω τὴν ἀρχὴν βεβαίαν ἔχων οὐχ
ἱκανὸς ἦν κωλύειν τοὺς ἀδικοῦντας, Ἡρώδης δὲ ἐφ' οἷς ἠμύνατο τάχιον
ὀργισθέντος αὐτῷ Καίσαρος ἁπάσας τὰς εἰς αὐτὸν παρανομίας φέρειν
ἠναγκάζετο. <299> Πέρας δ' οὐδὲν ὁρῶν τῶν περιεστώτων κακῶν ἔγνω πάλιν εἰς
Ῥώμην ἀποστέλλειν, εἴ τι δύναιτο μετριώτερον εὑρεῖν διά τε τῶν φίλων καὶ
πρὸς αὐτὸν Καίσαρα τὴν ἐντυχίαν ποιησάμενος. Κἀκεῖ μὲν ὁ Δαμασκηνὸς ἀπῄει
Νικόλαος.
| [16,9,4] <293> 4. Hérode endurait tout cela parce qu’il avait perdu le crédit dont
il jouissait auprès de l’empereur et avait dépouillé presque tout son
orgueil. L’empereur n’avait pas même admis qu’il lui envoyât une ambassade
pour s’excuser et avait renvoyé ceux qui étaient venus sans leur laisser
remplir leur mission. <294> Ces procédés remplissaient Hérode de
découragement et de crainte, et il était très chagriné de voir Syllaios
inspirer confiance et être présent à Rome avec de plus grandes
perspectives devant lui. En effet, Obodas était mort et Énée, qui prit
ensuite le nom d’Arétas, avait hérité du pouvoir en Arabie. <295> Syllaios
tentait de l’écarter par des calomnies pour s’emparer lui-même du trône,
distribuait beaucoup d’argent aux courtisans et en promettait beaucoup à
l’empereur. Celui-ci était irrité contre Arétas qui régnait sans lui en
avoir demandé la permission au préalable. <296> Mais Arétas aussi envoya
une lettre à l’empereur et des présents, avec une couronne d’or valant
beaucoup de talents. La lettre accusait Syllaios d’être un esclave
malfaisant qui avait fait empoisonner Obodas et qui, du vivant même de ce
prince, gouvernait déjà lui-même en corrompant les femmes des Arabes et
empruntait pour usurper le pouvoir. <297> Mais l’empereur ne prêta aucune
attention à ces accusations et renvoya le tout sans accepter aucun des
présents. Les royaumes de Judée et d’Arabie se trouvaient donc progresser
de jour en jour, le premier vers le désordre, le second vers une décadence
que rien ne pouvait conjurer : <298> en effet, des deux rois, l’un,
n’ayant pas encore un pouvoir certain, était incapable de châtier les
séditieux ; l’autre, Hérode, était forcé de supporter toutes les
injustices, puisque sa vengeance trop prompte avait irrité l’empereur
contre lui. <299> Enfin, ne voyant aucun terme à ses maux, il décida
d’envoyer une nouvelle ambassade à Rome pour voir s’il pourrait obtenir un
accueil plus clément grâce à ses amis et en faisant parvenir ses plaintes
à l’empereur lui-même.
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