[6,13d] (7)<300> Δούλου δέ τινος τῶν τὰ ποίμνια φυλασσόντων τὰ τοῦ Ναβάλου πρὸς τὴν
δέσποιναν μὲν ἑαυτοῦ γυναῖκα δ' ἐκείνου κατειπόντος, ὅτι πέμψας ὁ Δαυίδης αὐτῆς
πρὸς τὸν ἄνδρα μηδενὸς τύχοι τῶν μετρίων, ἀλλὰ καὶ προσυβρισθείη βλασφημίαις
δειναῖς πάσῃ περὶ αὐτοὺς προνοίᾳ καὶ φυλακῇ τῶν ποιμνίων χρησάμενος, <301>
γέγονε δὲ τοῦτο ἐπὶ κακῷ τῷ τοῦ δεσπότου καὶ ταῦτ' ἐκείνου φήσαντος Ἀβιγαία,
προσηγορεύετο γὰρ οὕτως, ἐπισάξασα τοὺς ὄνους καὶ πληρώσασα παντοίων ξενίων καὶ
μηδὲν εἰποῦσα τἀνδρί, ὑπὸ γὰρ μέθης ἀναίσθητος ἦν, ἐπορεύετο πρὸς Δαυίδην:
καταβαινούσῃ δὲ τὰ στενὰ τοῦ ὄρους ἀπήντησε Δαυίδης μετὰ τῶν τετρακοσίων ἐπὶ
Νάβαλον ἐρχόμενος. <302> θεασαμένη δ' αὐτὸν ἡ γυνὴ κατεπήδησε καὶ πεσοῦσα ἐπὶ
πρόσωπον προσεκύνησε καὶ τῶν μὲν Ναβάλου λόγων ἐδεῖτο μὴ μνημονεύειν <οὐ γὰρ
ἀγνοεῖν> αὐτὸν ὅμοιον ὄντα τῷ ὀνόματι, Νάβαλος γὰρ κατὰ τὴν Ἑβραίων γλῶτταν
ἀφροσύνην δηλοῖ, αὐτὴ δ' ἀπελογεῖτο μὴ θεάσασθαι τοὺς πεμφθέντας ὑπ' αὐτοῦ:
<303> “διὸ συγγίνωσκέ μοι, φησί, καὶ τῷ θεῷ χάριν ἔχε κωλύοντί σε μιανθῆναι
ἀνθρωπίνῳ αἵματι: μένοντα γάρ σε καθαρὸν ἐκεῖνος αὐτὸς ἐκδικήσει παρὰ τῶν
πονηρῶν: ἃ γὰρ ἐκδέχεται κακὰ Νάβαλον ταῦτα καὶ ταῖς τῶν ἐχθρῶν σου κεφαλαῖς
ἐμπέσοι. <304> γενοῦ δὲ εὐμενής μοι κρίνας ἀξίαν τοῦ παρ' ἐμοῦ ταῦτα δέξασθαι,
καὶ τὸν θυμὸν καὶ τὴν ὀργὴν τὴν ἐπὶ τὸν ἄνδρα μου καὶ τὸν οἶκον αὐτοῦ εἰς τὴν
ἐμὴν τιμὴν ἄφες: πρέπει γὰρ ἡμέρῳ σοι καὶ φιλανθρώπῳ τυγχάνειν, <305> καὶ ταῦτα
μέλλοντι βασιλεύειν.” ὁ δὲ τὰ δῶρα δεξάμενος “ἀλλά σε, φησίν, ὦ γύναι, θεὸς
εὐμενὴς ἤγαγε πρὸς ἡμᾶς τήμερον: οὐ γὰρ ἂν τὴν ἐπερχομένην ἡμέραν εἶδες, ἐμοῦ
τὸν οἶκον τὸν Ναβάλου διὰ τῆσδε τῆς νυκτὸς ὀμόσαντος ἀπολέσαι καὶ μηδένα ὑμῶν
ἀπολείψειν ἀπὸ ἀνδρὸς <ἕως τετραπόδου> πονηροῦ καὶ ἀχαρίστου πρὸς ἐμὲ καὶ τοὺς
ἐμοὺς ἑταίρους γενομένου. νῦν δὲ φθάσασα προέλαβες καταμειλίξασθαί μου τὸν θυμὸν
κηδομένου σου θεοῦ. ἀλλὰ Νάβαλος μὲν κἂν ἀφεθῇ διὰ σὲ νῦν τῆς τιμωρίας οὐ
φεύξεται τὴν δίκην, ἀλλ' ὁ τρόπος αὐτὸν ἀπολεῖ λαβὼν αἰτίαν ἄλλην.”
(8)<306> Ταῦτ' εἰπὼν ἀπολύει τὴν γυναῖκα: ἡ δ' εἰς τὸν οἶκον ἐλθοῦσα καὶ
καταλαβοῦσα τὸν ἄνδρα μετὰ πολλῶν εὐωχούμενον καὶ κεκαρωμένον ἤδη τότε μὲν οὐδὲν
τῶν γεγενημένων διεσάφει, τῇ δὲ ἐπιούσῃ νήφοντι ἅπαντα δηλώσασα παρεθῆναι καὶ
πᾶν αὐτῷ νεκρωθῆναι τὸ σῶμα ὑπὸ τῶν λόγων καὶ τῆς ἐπ' αὐτοῖς λύπης ἐποίησε: καὶ
δέκα οὐ πλείους ἐπιζήσας ἡμέρας τὸν βίον κατέστρεψεν ὁ Νάβαλος. <307> ἀκούσας δ'
αὐτοῦ τὴν τελευτὴν ὁ Δαυίδης ἐκδικηθῆναι μὲν αὑτὸν ὑπὸ τοῦ θεοῦ καλῶς ἔλεγεν:
ἀποθανεῖν γὰρ Νάβαλον ὑπὸ τῆς ἰδίας πονηρίας καὶ δοῦναι δίκην αὐτῷ καθαρὰν
ἔχοντι τὴν δεξιάν: ἔγνω δὲ καὶ τότε τοὺς πονηροὺς ἐλαυνομένους ὑπὸ τοῦ θεοῦ
μηδενὸς τῶν ἐν ἀνθρώποις ὑπερορῶντος, διδόντος δὲ τοῖς μὲν ἀγαθοῖς τὰ ὅμοια,
τοῖς δὲ πονηροῖς ὀξεῖαν ἐπιφέροντος τὴν ποινήν. <308> πέμψας δ' αὐτοῦ πρὸς τὴν
γυναῖκα συνοικήσουσαν καὶ γαμηθησομένην ἐκάλει πρὸς αὑτόν: ἡ δὲ ἀναξία μὲν εἶναι
καὶ ποδῶν ἅψασθαι τῶν ἐκείνου πρὸς τοὺς παρόντας ἔλεγεν, ὅμως δὲ μετὰ πάσης τῆς
θεραπείας ἧκε. καὶ συνῴκησε μὲν αὐτῷ ταύτην λαβοῦσα τὴν τιμὴν καὶ διὰ τὸ τὸν
τρόπον σώφρονα εἶναι καὶ δίκαιον, τυχοῦσα δ' αὐτῆς καὶ διὰ τὸ κάλλος. <309> εἶχε
δὲ Δαυίδης γυναῖκα πρότερον, ἣν ἐξ Ἀβισάρου πόλεως ἔγημε: Μελχὰν δὲ τὴν Σαούλου
τοῦ βασιλέως θυγατέρα τὴν γενομένην τοῦ Δαυίδου γυναῖκα ὁ πατὴρ τῷ Φελτίῳ υἱῷ
Λίσου συνέζευξεν ἐκ πόλεως ὄντι Γεθλᾶς.
| [6,13d] 7. Cependant un des esclaves qui gardaient les troupeaux de
Nabal rapporte à sa maîtresse, la femme de Nabal, comment
David avait envoyé un message à son mari, mais, loin de
rencontrer de sa part un accueil courtois, n’en avait reçu que
de grossiers outrages, et cela malgré ses égards envers eux et
le soin qu’il avait pris de leurs troupeaux ; sûrement une telle
attitude portera malheur à son maître. Au récit de l’esclave,
Abigaïl (Abigaïa), — tel était son nom, — fait sur-le-champ
bâter des ânes et charger leurs bâts de toute sorte de
présents, puis, sans mot dire à son mari, que l’ivresse
empêchait de rien voir, elle va trouver David. Comme elle
descendait les défilés de la montagne, elle rencontre celui-ci
s’acheminant avec ses quatre cents hommes vers Nabal. Dès
qu’elle l’aperçoit, la femme saute à terre, et, tombant sur sa
face, le salue et le supplie de ne pas garder rancune des
paroles de son époux : il ne devait pas ignorer en effet, que cet
homme était ce qu’indiquait son nom ; — nabal dans la langue
des Hébreux signifie démence ; — quant à elle, elle
s’excusait de n’avoir pas vu les envoyés de David. « C’est
pourquoi, pardonne-moi, dit-elle, et rends grâce à Dieu qui
t’empêche de tremper tes mains dans le sang humain. Si tu
demeures pur, Dieu lui-même te vengera des méchants, et les
malheurs dont tu menaçais Nabal fondront sur la tête de tes
ennemis. Mais sois bon pour moi, en me faisant l’honneur de
recevoir ces présents de mes mains, et renonce en ma faveur
à l’indignation et à la colère que tu nourris contre mon mari et
contre sa maison. Il te sied, en effet, de faire paraître de la
mansuétude et de l’humanité, à toi qui dois régner un jour. »
David accepte les présents et lui répond : « En vérité, femme,
c’est Dieu, dans sa bonté, qui t’a menée vers nous aujourd’hui
; sans quoi tu n’eusses pas vu le jour de demain, car j’avais
juré de détruire, cette nuit mime, la maison de Nabal et de ne
laisser vivre personne d’entre vous, tant cet homme s’est
montré méchant et ingrat envers moi et mes compagnons.
Mais tu m’as devancé et tu es arrivée à temps pour apaiser ma
colère, puisque Dieu te protège. Quant a Nabal, il peut bien
aujourd’hui, grâce à toi, retarder son châtiment, mais il
n’évitera pas l’expiation ; sa perversité deviendra sa perte dans
quelque autre occasion. »
8<215>. Cela dit, il congédie la femme. En rentrant chez elle,
elle trouve son mari festoyant avec de nombreux convives et
déjà pris de boisson, sur le moment, elle ne révéla rien de ce
qui s’était passé, mais, le jour suivant, quand il était à jeun, elle
lui raconta tout et le vit aussitôt défaillir ; l’effet de ses paroles
et du dépit qu’il en ressentit lui rendit le corps tout perclus.
Après avoir vécu encore dix jours, pas un de plus, Nabal
mourut. Quand il fut instruit de sa fin, David déclara qu’il avait
été justement puni par Dieu ; « Nabal, dit-il, a péri victime de
sa propre dépravation, et je suis vengé de lui, sans m’être
souillé de son sang. Il apprit par cet exemple que les méchants
sont poursuivis par Dieu, à qui rien n’échappe de ce qui se
passe chez les hommes, qui paie les bons selon leur mérite, et
envoie aux méchants un prompt châtiment. Ensuite David
adressa un message à la femme, pour l’inviter à vivre
désormais comme épouse avec lui. Elle répondit aux
messagers qu’elle n’était pas digne de toucher ses pieds ;
mais elle vint cependant avec tout son équipage. Elle demeura
donc avec David, et cet honneur lui échut parce qu’elle était à
la fois de mœurs honnêtes et sages et parfaitement belle.
David avait déjà une autre épouse, qu’il avait prise dans la ville
d’Abisaros. Quant à Michal, la fille du roi Saül qui avait été
femme de David, son père l’avait unie ensuite à Pheltias, fils
de Lisos, de la ville de Gethla.
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