[15,19] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΘʹ.
Ὅπως δοξάζουσιν οἱ Στωϊκοὶ περὶ τῆς παλιγγενεσίας τῶν ὅλων.
« Ἐπὶ τοσοῦτον δὲ προελθὼν ὁ κοινὸς λόγος καὶ κοινὴ φύσις μείζων καὶ
πλείων γενομένη τέλος ἀναξηράνασα πάντα καὶ εἰς ἑαυτὴν ἀναλαβοῦσα ἐν τῇ
πάσῃ οὐσίᾳ γίνεται, ἐπανελθοῦσα εἰς τὸν πρῶτον ῥηθέντα λόγον καὶ εἰς τὴν
ἀνάστασιν ἐκείνην τὴν ποιοῦσαν ἐνιαυτὸν τὸν μέγιστον, καθ´ ὃν ἀπ´ αὐτῆς
μόνης εἰς αὐτὴν πάλιν γίνεται ἡ ἀποκατάστασις. Ἐπανελθοῦσα δὲ διὰ τάξιν,
ἀφ´ οἵας διακοσμεῖν ὡσαύτως ἤρξατο, κατὰ λόγον πάλιν τὴν αὐτὴν διεξαγωγὴν
ποιεῖται, τῶν τοιούτων περιόδων ἐξ ἀϊδίου γινομένων ἀκαταπαύστως. Οὔτε γὰρ
τῆς αἰτίας ἀρχὴν κἀπόπαυσιν οἷόν τε γίνεσθαι οὔτε τοῦ διοικοῦντος αὐτά.
Οὐσίαν τε γὰρ τοῖς γινομένοις ὑφεστάναι δεῖ, πεφυκυῖαν ἀναδέχεσθαι τὰς
μεταβολὰς πάσας, καὶ τὸ δημιουργῆσον ἐξ αὐτῆς, οἵα γὰρ ἐφ´ ἡμῶν τίς ἐστι
φύσις δημιουργοῦσα, τοιούτου τινὸς κατ´ ἀνάγκην ὄντος καὶ ἐν τῷ κόσμῳ
ἀγενήτου. Γενέσεως γὰρ ἀρχὴν οὐχ οἷόν τε εἶναι ἐπὶ τῆς φύσεως ταύτης· ὃν
τρόπον δ´ ἀγένητός ἐστι καὶ ἀναιρεθῆναι ἀδύνατον αὐτήν ἐστιν, οὔτε αὐτῆς
ἐξ αὑτῆς οὔτε ἔξωθέν τινος ἀναιρήσοντος αὐτήν.»
| [15,19] CHAPITRE XIX.
DE L'OPINION DES STOÏCIENS SUR LA PALINGÉNÉSIE UNIVERSELLE.
« La raison ou nature commune, s'augmentant et grandissant graduellement,
finira par dessécher toutes choses ; car, après s'être résumée en
elle-même, elle s'étendra à toute la matière; étant revenue au premier
lieu dont nous avons parlé, et se portant jusqu'à sa plus grande
extension, qui clôt la révolution de la grande année : par l'action
d'elle-même sur elle-même, elle produira l'apocatastase, ou réintégration
de l'univers. Étant revenue, dis-je, par la même marche qu'elle avait
suivie en établissant l'ordre premier, dans le monde, elle fait sa
retraite suivant la même règle : les mêmes révolutions se répétant sans
relâche depuis l'éternité (principe ancien du monde). Car une même cause
d'existence originelle ne peut pas appartenir également à tout, et à celui
qui a tout organisé: savoir, à la matière qui est la base de toutes les
créations successives, et qui tient de la nature d'admettre dans son sein
tous les changements, et à celui qui a su la modifier pour en former
toutes choses. Telle est, parmi nous, la nature active qui met en œuvre:
telle a dû être nécessairement, dans le principe, la nature incréée qui a
fondé l'univers. Le commencement d'existence n'a jamais pu convenir à une
semblable nature. De même qu'elle est éternelle, à priori, de même elle ne
pourra jamais s'anéantir dans l'avenir; ni parce qu'elle tirerait
d'elle-même le principe de sa destruction, ni parce qu'elle trouverait en
dehors d'elle une force capable de l'accomplir. »
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