[14,10] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ιʹ.
Ὅτι στοχασμοὶ καὶ λογομαχίαι καὶ πολλὴ πλάνη τυγχάνει παρὰ τοῖς Ἑλλήνων
φιλοσόφοις. Ἀπὸ τῆς πρὸς Νεκτανεβὼ Πορφυρίου ἐπιστολῆς καὶ λοιπῶν
« Ἄρξομαι δὲ τῆς πρὸς σὲ φιλίας ἀπὸ θεῶν καὶ δαιμόνων ἀγαθῶν τῶν τε
τούτοις συγγενῶν φιλοσοφημάτων, περὶ ὧν εἴρηται μὲν πλεῖστα καὶ παρὰ τοῖς
Ἑλλήνων φιλοσόφοις, εἴρηται δὲ ἐκ στοχασμοῦ τὸ πλέον τὰς ἀρχὰς ἔχοντα τῆς
πίστεως. »
Καὶ ὑποβὰς ἑξῆς ἐπιφέρει λέγων·
« Παρὰ μὲν γὰρ ἡμῖν λογομαχία τίς ἐστι πολλή, ἅτε ἐξ ἀνθρωπίνων λογισμῶν
τοῦ ἀγαθοῦ εἰκαζομένου· οἷς δὲ μεμηχάνηται ἡ πρὸς τὸ κρεῖττον συνουσία, εἰ
παρεῖται τὸ μέρος τοῦτο εἰς ἐξέτασιν, μάτην αὐτοῖς ἡ σοφία ἐξήσκηται. »
Ἀλλὰ καὶ ἐν οἷς ἀντέγραψε Βοήθῳ Περὶ ψυχῆς ὁ αὐτὸς ὧδε γράφων ὁμολογεῖ
πρὸς λέξιν·
« --- Ὡς τὰ μὲν τῶν ἐννοιῶν καὶ τὰ τῆς ἱστορίας ἀναμφιλέκτως συνίστησι
τὴν ψυχὴν εἶναι ἀθάνατον· οἱ δὲ εἰς ἀπόδειξιν παρὰ τῶν φιλοσόφων
κομισθέντες λόγοι δοκοῦσιν εἶναι εὐανάτρεπτοι διὰ τὴν ἐν πᾶσιν
εὑρησιλογίαν τῶν ἐριστικῶν. Τίς γὰρ λόγος τῶν ἐν φιλοσοφίᾳ οὐκ
ἀμφισβητήσιμος τοῖς ἑτεροδόξοις, ὅπου καὶ περὶ τῶν δοκούντων ἐναργῶν
ἐπέχειν αὐτῶν τισιν ἐδόκει; »
Καὶ ἐν οἷς δὲ ἐπέγραψε Περὶ τῆς ἐκ λογίων φιλοσοφίας διαρρήδην ὁμολογεῖ
τοὺς Ἕλληνας πεπλανῆσθαι, ἐπιμαρτυρόμενος τὸν ἑαυτοῦ θεόν, ὡς τοῦτο καὶ
τοῦ Ἀπόλλωνος διὰ χρησμῶν ἐξειπόντος καὶ βαρβάροις μᾶλλον ἢ Ἕλλησι τὴν
εὕρεσιν τῆς ἀληθείας ἐπιμαρτυρήσαντος καὶ δὴ καὶ Ἑβραίων μνημονεύσαντος ἐν
τοῖς μαρτυρηθεῖσι. Μετὰ γοῦν τὴν τοῦ χρησμοῦ παράθεσιν ἑξῆς τούτοις
κέχρηται τοῖς ἐπιλόγοις·
« Ἀκήκοας πόσος πόνος, ἵν´ ὑπὲρ σώματός τις τὰ καθάρσια θύσῃ, οὐχ ὅτι τῆς
ψυχῆς τὴν σωτηρίαν ἐξεύροι; Χαλκόδετος γὰρ ἡ πρὸς θεοὺς ὁδὸς αἰπεινή τε
καὶ τραχεῖα, ἧς πολλὰς ἀτραποὺς βάρβαροι μὲν ἐξεῦρον, Ἕλληνες δὲ
ἐπλανήθησαν, οἱ δὲ κρατοῦντες ἤδη καὶ διέφθειραν· τὴν δὲ εὕρεσιν
Αἰγυπτίοις ὁ θεὸς ἐμαρτύρησε Φοίνιξί τε καὶ Χαλδαίοις (Ἀσσύριοι γὰρ οὗτοι)
Λυδοῖς τε καὶ Ἑβραίοις. »
Ταῦτα ὁ φιλόσοφος, μᾶλλον δὲ ὁ αὐτοῦ θεός. Ἆρ´ οὖν ἄξιον μετὰ ταῦθ´ ἡμῖν
ἐπιμέμψασθαι, ὅτι δὴ τοὺς πεπλανημένους Ἕλληνας καταλείψαντες τὰ Ἑβραίων
εἱλόμεθα τῶν ἐπ´ ἀληθείας καταλήψει μεμαρτυρημένων; Τί δὲ χρὴ παρὰ
φιλοσόφων μαθήσεσθαι προσδοκᾶν; Ἢ ποία ἐλπὶς τῆς ἐξ αὐτῶν ὠφελείας, εἰ δὴ
τὰ λεγόμενα παρ´ αὐτοῖς « ἐκ στοχασμῶν καὶ εἰκασμῶν τὸ πλέον τὰς ἀρχὰς
ἔχοντα τῆς πίστεως » τυγχάνει; Λογομαχίας δὲ τίς ὁ καρπός, εἰ δὴ πάντες οἱ
τῶν φιλοσόφων λόγοι « εὐανάτρεπτοι » καθεστήκασι « διὰ τὴν ἐν πᾶσιν
εὑρησιλογίαν; » Ταῦτα γὰρ οὐ παρ´ ἡμῶν ἀρτίως, ἀλλὰ παρ´ αὐτῶν εἰρημένα
ἠκούετο. Διόπερ εὖ μοι δοκοῦμεν καὶ μετὰ κρίσεως ἐξητασμένης, οὐχὶ δὲ
ἀλόγως, ὡς ἂν τοιούτων καταπεφρονηκέναι, τὰ δὲ παρ´ Ἑβραίοις ἠγαπηκέναι,
οὐχ ὅτι πρὸς τοῦ δαίμονος μεμαρτύρηται, ἀλλ´ ὅτι τῆς ἐνθέου ἀρετῆς τε καὶ
δυνάμεως μέτοχα ὄντα ἀποδείκνυται. Ἵνα δ´ οὖν καὶ αὐτοῖς ἔργοις τὰς τῶν
θαυμαστῶν φιλοσόφων λογομαχίας μάθοις τάς τε περὶ ἀρχῶν καὶ περὶ θεῶν καὶ
τῆς τοῦ παντὸς συστάσεως διαφωνίας, μικρὸν μὲν ὕστερον ἐκθήσομαί σοι τὰς
αὐτῶν φωνάς. Πρῶτον δ´ ἐπειδὴ περιφέρουσιν ἄνω καὶ κάτω θρυλοῦντες τὰ
μαθήματα, δεῖν ἐξ ἅπαντος φάσκοντες τοὺς μέλλοντας ἐν πείρᾳ τῆς τοῦ
ἀληθοῦς καταλήψεως γίγνεσθαι μετελθεῖν ἀστρονομίαν, ἀριθμητικήν,
γεωμετρίαν, μουσικήν, αὐτὰ δὴ τὰ παρὰ βαρβάρων εἰς αὐτοὺς ἥκειν
ἀποδειχθέντα (τούτων γὰρ ἄνευ μὴ δύνασθαι λόγιον ἄνδρα καὶ φιλόσοφον
ἀποτελεσθῆναι, ἀλλ´ οὐδὲ τῆς τῶν ὄντων ἀληθείας ψαῦσαι, μὴ τούτων ἐν ψυχῇ
τῆς γνώσεως προτυπωθείσης), εἶτ´ ἐπανατεινάμενοι τῇ μαθήσει τῶν εἰρημένων
ἐπ´ αὐτοῦ μονονουχὶ τοῦ αἰθέρος βαίνειν μετέωροι ἀρθέντες οἴονται, ὡς δὴ
τὸν θεὸν αὐτὸν ἐν τοῖς ἀριθμοῖς περιφέροντες, ἡμᾶς τε, ὅτι μὴ τὰ ὅμοια
ζηλοῦμεν, βοσκημάτων κατ´ οὐδὲν διαφέρειν ἡγοῦνται, ταύτη δέ φασι μηδὲ
θεὸν μηδέ τι τῶν σεμνῶν ἡμᾶς δύνασθαι εἰδέναι· φέρε τοῦτο πρῶτον οὐκ ὀρθῶς
ἔχον ἀπευθύνωμεν, τὸν ἀληθῆ λόγον ἀντὶ φωτὸς αὐτοῖς παραβαλόντες. Ὁ δὲ
μυρίους μὲν Πανέλληνας, μυρία δὲ καὶ βαρβάρων γένη, τοὺς μὲν σὺν τοῖς
εἰρημένοις μαθήμασιν οὔτε θεὸν οὔτε σώφρονα βίον οὔθ´ ὅλως τι τῶν
βελτίστων καὶ συμφερόντων ἐπιγνόντας ἀποδείξει, τοὺς δὲ τῶν μαθημάτων
ἐκτὸς πάντων εὐσεβεστάτους καὶ φιλοσοφωτάτους γεγονέναι. ὁ Γοῦν παρὰ πᾶσιν
αὐτοῖς ᾀδόμενος Σωκράτης ὅπως ποτὲ ἐδόξαζε περὶ τῶνδε, μάθοις ἂν Ξενοφῶντι
πιστεύσας ἐν Ἀπομνημονεύμασιν ὧδέ πη ἱστοροῦντι·
| [14,10] CHAPITRE X.
QU'IL Y A DANS LES PHILOSOPHES GRECS QUE CONJECTURES, DISPUTES DE MOTS ET INCERTITUDE INFINIE. TIRÉ DE LA LETTRE DE PORPHYRE A ANEBON, DE SA RÉPONSE AU TRAITÉ DE L'ÂME DE BOETHUS ; ET TIRÉ AUSSI DE SON LIVRE DE LA PHILOSOPHIE PAR LES ORACLES.
«Pour vous marquer toute mon affection, je commencerai par traiter des
Dieux et des bons génies, et des doctrines philosophiques qui s'y
rapportent, sur lesquelles il a déjà été dit bien des choses par les
philosophes Grecs, mais qui, pour la plupart, fondent toute leur
crédibilité sur des conjectures. »
Plus bas il dit encore :
«On a beaucoup et follement disputé sur ces questions parmi nous, attendu
que ce n'est qu'à l'aide d'analogies que nous pouvons nous former une
image du Bon. Mais ceux qui ont pu se procurer une intimité réelle avec
l'être parfait, s'ils mettent de coté, dans leurs recherches, cette
portion de leur science, se donneront une peine inutile pour acquérir la sagesse. »
Dans son écrit pour combattre les doctrines de Boéthus sur l'âme, voici
l'aveu textuel qu'il a fait à ce sujet :
«Quant à reconnaître que notre âme est immortelle, les secrets de la
pensée le confirment incontestablement, aussi bien que les recherches dues
à l'histoire. Au lieu que les preuves, sous forme de démonstrations,
employées par les philosophes, paraissent faciles à renverser, parce
qu'elles participent toutes à cette subtilité propre aux disputes de
l'école. Quel est en philosophie le raisonnement qui ne puisse pas être
contesté par des philosophes d'une autre école ; puisque même les axiomes
les plus évidents ont paru à certains philosophes soumis à l'g-epocheh (la suspension d'assentiment) ? »
Dans son traité qui porte pour titre : "De la philosophie, d'après les
oracles", il avoue ouvertement que tous les Grecs sont dans l'erreur; il en
donne pour garant son propre Dieu, Apollon, qui l'a, en effet, déclaré par
des oracles, en ayant rendu ce témoignage, que les Barbares l'emportent
sur les Grecs pour la découverte de la vérité : dans lesquels oracles, le
nom des Hébreux se trouve proféré. Après avoir donc allégué l'oracle
lui-même, voici les observations dort il le fait suivre :
«Avez-vous entendu dire toute la peine qu'on doit s'imposer pour offrir
un sacrifice de purification dans l'intérêt du corps et non pas même pour
trouver ce qui peut procurer le salut de l'âme? c'est que la voie qui mène
à Dieu est d'airain, élevée et escarpée: les Barbares en ont découvert
quelques sentiers, tandis que les Grecs, ou s'y sont fourvoyés, ou après
l'avoir prise, l'ont perdue. Le Dieu a rendu témoignage que son invention
appartenait aux Égyptiens, aux Phéniciens et aux Chaldéens (j'entends par
ce mot les Assyriens), aux Lydiens et aux Hébreux. »
Voilà ce qu'a dit ce philosophe ou plutôt son Dieu (Apollon).
Peut-on après cela nous faire reproche, que désertant les Grecs qui ont
méconnu la route qui mène à Dieu, nous ayons adopté les sentiments des
Hébreux, auxquels ce témoignage, d'avoir compris la vérité, a été rendu?
Que pouvons-nous espérer apprendre des philosophes, et quelle utile
assistance en attendrons-nous; si tout ce qu'ils ont enseigné ne nous
donne que des conjectures ou des analogies, pour des principes de foi? Quel
fruit peut-on recueillir de leurs disputes de mots; si tous les
raisonnements des philosophes sont faciles à détruire, à raison de la
subtilité et de la manie d'inventions qui y règne? ce n'est pas nous qui
avons les premiers et nouvellement porté cette plainte contre eux; mais
qu'on veuille bien l'entendre de leur propre bouche. D'après ce, ne
passerons-nous pas pour avoir agi avec un discernement sain, et non comme
des insensés, en méprisant les traditions des Grecs, en chérissant, en
préférant celles des Hébreux : non parce qu'elles ont en leur faveur les
témoignages d'un démon; mais parce que, ainsi que nous l'avons démontré,
elles sont émanées de la vertu et de la puissance divine?
Cependant, pour que vous puissiez vous convaincre, par les faits, de la
logomachie qui règne dans les écrits de ces fameux philosophes, de leurs
dissensions sur les principes, sur les Dieux, sur l'harmonie de l'univers,
je vais bientôt vous alléguer leurs propres paroles, mais auparavant, et
attendu qu'ils portent jusqu'aux nues les sciences mathématiques, disant
qu'il faut absolument que ceux qui se destinent à la connaissance de la
vérité, soient instruits en astronomie, en arithmétique, en géométrie et
en musique; car sans cela, nul homme, disent-ils, ne peut revendiquer le
titre d'homme instruit, ni de philosophe ; nul ne saurait atteindre à la
vérité des choses, si son âme n'était imbue de ces sciences; puisque
ensuite s'étant guindés sur ces études, il se croient, en quelque sorte,
élevés dans les airs, et marcher dans les nuages, à ce point qu'ils ont
rangé Dieu lui-même parmi les nombres; tandis qu'ils nous considèrent à
l'égal des troupeaux, parce que nous n'avons pas montré le même
empressement qu'eux pour ces études ; comme, d'après eux, nous ne pouvons
connaître Dieu ni aucune des choses qui méritent d'être vénérées; trouvez
bon qu'avant tout, nous rectifiions ce qu'il y a d'erroné dans cette
prétention, et qu'au lieu de leur lumière, nous leur opposions
l'expression de la vérité, en leur démontrant que d'innombrables races de
Grecs et de Barbares, en y comprenant même ceux qui sont versés dans les
sciences que nous venons de nommer, ne connaissent réellement ni Dieu ni
la sainteté de la vie, ni quoi que ce soit des choses honnêtes et utiles;
tandis qu'en dehors de ces sciences, on trouvera les hommes les plus pieux
et les plus éminents comme philosophes. En conséquence, si vous accordez
votre confiance à Xénophon, vous apprendrez ce que Socrate, si
universellement célébré par tout le monde, pensait de ces connaissances.
Voici ses paroles tirées du livre (Des dits mémorables de Socrate).
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