[11,9] ΠΕΡΙ ΤΟΥ ΟΝΤΟΣ, ΜΩΣΕΩΣ ΚΑΙ ΠΛΑΤΩΝΟΣ
Μωσέως ἐν ταῖς ἱεροφαντίαις χρησμὸν ἐκ προσώπου τοῦ θεοῦ φήσαντος
"Ἐγώ εἰμι ὁ ὤν. Οὕτως ἐρεῖς τοῖς υἱοῖς Ἰσραήλ· Ὁ ὢν ἀπέσταλκέ με πρὸς ὑμᾶς"
παραθεμένου καὶ τὸν θεὸν ἄντικρυς μόνον ὄντα καὶ τῆσδε κυρίως καὶ ἁρμοδίως
ἠξιωμένον τῆς κλήσεως ἀποφηναμένου· πάλιν τε αὖ Σολομῶνος περὶ τῆς τῶν
αἰσθητῶν καὶ σωματικῶν γενέσεώς τε καὶ φθορᾶς ἀνειπόντος·
"Τί τὸ γεγονός; Αὐτὸ τὸ γενησόμενον· καὶ τί τὸ πεποιημένον; Αὐτὸ τὸ
ποιηθησόμενον. Καὶ οὐκ ἔστι πᾶν πρόσφατον ὑπὸ τὸν ἥλιον, ὃ λαλήσει καὶ
ἐρεῖ· Ἴδε τοῦτο καινόν ἐστιν· ἤδη γέγονεν ἐν τοῖς αἰῶσι τοῖς γενομένοις
ἀπὸ ἔμπροσθεν ἡμῶν·"
Τούτοις δὲ καὶ ἡμῶν ἀκολούθως εἰς δύο τὸ πᾶν διαιρούντων, εἴς τε νοητὸν
καὶ αἰσθητόν, καὶ τὸ μὲν νοητὸν ἀσώματον καὶ λογικὸν τὴν φύσιν ἄφθαρτόν τε
καὶ ἀθάνατον εἶναι ὁριζομένων, τὸ δ´ αἰσθητὸν ἐν ῥύσει καὶ φθορᾷ μεταβολῇ
τε καὶ τροπῇ τῆς οὐσίας ὑπάρχειν, πάντων δ´ ἐπὶ μίαν ἀρχὴν
ἀνακεφαλαιουμένων, ἕν τε εἶναι τὸ ἀγένητον καὶ τὸ κυρίως καὶ ἀληθῶς ὂν
δογματιζόντων, τὸ πάντων ἀσωμάτων τε καὶ σωμάτων αἴτιον· θέα τίνα τρόπον
οὐ μόνον τὴν διάνοιαν, ἀλλὰ καὶ τὰς λέξεις αὐτὰς καὶ τὰ ῥήματα τῆς Ἑβραίων
γραφῆς παραξέσας ὁ Πλάτων ἐξοικειοῦται τὸ δόγμα, πλατύτερον ὧδέ πη
διασαφῶν·
"Τί τὸ ὂν ἀεί, γένεσιν δὲ οὐκ ἔχον; Καὶ τί τὸ γινόμενον μὲν ἀεί, ὂν δὲ
οὐδέποτε; Τὸ μὲν δὴ νοήσει μετὰ λόγου περιληπτὸν ἀεὶ κατὰ τὰ αὐτὰ ὄν, τὸ
δὲ αἰσθήσει ἀλόγῳ δοξαστὸν γινόμενον καὶ ἀπολλύμενον, ὄντως δὲ οὐδέποτε ὄν."
Ἆρ´ οὐ σαφῶς πέφηνεν ὁ θαυμάσιος τὸ μὲν παρὰ Μωσεῖ φῆσαν λόγιον
"Ἐγώ εἰμι ὁ ὢν" μεταποιήσας διὰ τοῦ "τί τὸ ὂν ἀεί, γένεσιν δὲ οὐκ ἔχον;"
καὶ τοῦτό γε λευκότερον διασαφήσας ἐν τῷ φάναι μηδ´ ἄλλο εἶναι τὸ ὂν ἢ τὸ
οὐ σαρκὸς ὀφθαλμοῖς ὁρώμενον, νῷ δὲ καταλαμβανόμενον. Ἐρωτήσας γοῦν τί τὸ
ὄν, αὐτὸς ἑαυτῷ ἀποκρίνεται, λέγων·
"Τὸ μὲν δὴ νοήσει μετὰ λόγου περιληπτὸν ὄν."
τὸ δὲ Σολομώντειον φῆσαν·
"Τί τὸ γεγονός; Αὐτὸ τὸ γενησόμενον· καὶ τί τὸ πεποιημένον; Αὐτὸ τὸ
ποιηθησόμενον"
αὐτοῖς σχεδὸν ῥήμασι διερμηνεύσας δῆλος ἂν εἴη λέγων·
"Τὸ δ´ αἰσθήσει ἀλόγῳ δοξαστὸν γινόμενον καὶ ἀπολλύμενον, ὄντως δὲ
οὐδέποτε ὄν."
Οἷς καὶ ἐπιφέρει·
"Ταῦτα γὰρ πάντα μέρη χρόνου, τὸ ἦν καὶ ἔσται· ἃ δὴ φέροντες λανθάνομεν
ἐπὶ τὴν ἀΐδιον οὐσίαν, οὐκ ὀρθῶς. Λέγομεν γὰρ δὴ ὡς ἦν ἐστί τε καὶ ἔσται.
Τῇ δὲ τὸ ἔστι μόνον κατὰ τὸν ἀληθῆ λόγον προσήκει· τὸ δὲ ἦν καὶ τὸ ἔσται
περὶ τὴν ἐν χρόνῳ γένεσιν οὖσαν πρέπει λέγεσθαι· κινήσεις γάρ ἐστον. τὸ δὲ
ἀεὶ κατὰ τὰ αὐτὰ ἔχον ἀκινήτως οὔτε πρεσβύτερον οὔτε νεώτερον προσήκει
γίνεσθαι διὰ χρόνον οὐδὲ γενέσθαι ποτὲ οὐδὲ γεγονέναι νῦν οὐδ´ εἰσαῦθις
ἔσεσθαι τὸ παράπαν οὐδ´ ὅσα γένεσις τοῖς ἐν αἰσθήσει φερομένοις προσῆψεν,
ἀλλὰ χρόνου ταῦτα, αἰῶνα μιμουμένου καὶ κατ´ ἀριθμὸν κυκλουμένου, Γέγονεν
εἴδη. Καὶ πρὸς τούτοις ἔτι τὰ τοιάδε, τὸ γεγονὸς εἶναι γεγονὸς καὶ τὸ
γιγνόμενον εἶναι γιγνόμενον ἔτι τε τὸ γενησόμενον εἶναι γενησόμενον."
Καὶ ἵνα γε μή τις ἡμᾶς παρερμηνεύειν ἡγήσηται τὰς τοῦ φιλοσόφου φωνάς,
ὑπομνήμασι χρήσομαι τῶνδε τῶν λόγων τὴν διάνοιαν ἐκφαίνουσι. πλείους μὲν
οὖν εἰς τὴν τούτων ἐπιβεβλήκασι θεωρίαν, ἐμοὶ δ´ ἐξαρκεῖ τὰ νῦν ἀνδρὸς
ἐπιφανοῦς Νουμηνίου τοῦ Πυθαγορείου παραθέσθαι λέξεις, ἃς ἐν τῷ Περὶ
τἀγαθοῦ δευτέρῳ συγγράμματι ὧδέ πη διέξεισιν·
| [11,9] CHAPITRE IX.
DE L’ÊTRE PAR EXCELLENCE SUIVANT MOÏSE ET PLATON.
Moïse, dans son inspiration, ayant rendu cet oracle, comme proféré par la
bouche de Dieu: « Je suis celui qui est. Vous direz ainsi aux enfants
d'Israël : celui qui est, m'a envoyé vers vous. » Par ces expressions, il a
donné à comprendre hautement qu'il n'y avait qu'un Dieu, et que lui seul
méritait qu'on lui donnât ce nom, qui n'appartient qu'à lui et ne convient
qu'à lui. Salomon s'étant écrié, en enseignant comment tous les corps
sensibles naissent et périssent, « Qui a été autrefois? ce qui doit être
un jour, il n'y a rien de nouveau sous le soleil : qui est-ce qui dira
voici que cela est nouveau? cependant cela a eu lieu dans les siècles qui
nous ont précédé, et qui sont bien loin de nous (Eccl. 1. 9 et 10) » En
conformité de ces doctrines, nous dirons que toutes les substances se
divisent en deux : celles intellectuelles et celles qui tombent sous les
sens. Ce qui est intellectuel, est par sa nature incorporel, doué de
raison, impérissable et immortel. Ce qui est soumis aux sens, est dans un
écoulement perpétuel qui tend à la dissolution, et n'a d'existence que par
la mobilité et le changement. Toutes ces choses étant ramenées à un
principe unique, nous offrent une substance simple, ingénérée, le propre
et véritable être des dogmatistes, cause de tout ce qui existe, tant
corporel qu'incorporel. Maintenant, voyez de quelle manière Platon, ayant
calqué non seulement la pensée, mais les phrases, et jusqu'aux mots de
l'écriture des Hébreux, s'approprie cette doctrine, en la développant et
l'éclaircissant ainsi qu'il suit : « Qu'est-ce qui existe de tout
temps et qui n'a point été engendré ? qu'est-ce qui est toujours engendré,
sans avoir jamais une existence réelle ? Le premier n'est compréhensible
que par la pensée, à l'aide du raisonnement, étant toujours dans les mêmes
conditions d'existence. Le second n'étant imaginé qu'au moyen des sens
dépourvus d'intelligence, naissant et mourant, n'est jamais, à proprement
parler, et en réalité, existant. » Est-ce que ce grand philosophe n'a pas
clairement développé l'oracle que nous avons rappelé de Moïse : Je suis
celui qui est; en le transformant de lui-même dans ces termes:
« Qu'est-ce qui existe de tout temps, sans avoir été jamais engendré? et en
l'ayant encore plus clairement fait comprendre, lorsqu'il dit que l'être
n'est pas autre chose, que ce qui n'étant pas saisissable par les yeux de
la chair, ne se perçoit que par l'entendement. S'étant interrogé sur ce
qu'est l’être, il se répond à lui-même, en disant : « C'est ce qui n'est
compréhensible que par la pensée à l'aide du raisonnement. Le mot de
Salomon étant ainsi conçu : qu'est ce qui a été produit? ce qui doit
encore se produire. Qu'est-ce qui a été fait? ce qui doit encore se faire.
On verra que Platon l’a interprété à peu près dans les mêmes termes:
« Ce qui n'est concevable qu'au moyen de sens dépourvus d'intelligence ; qui
naît et qui meurt, n'est, à proprement parler, jamais existant. » A quoi
il ajoute : « Toutes les divisions pareilles du temps, il était, il
sera : C'est à tort et sans nous en apercevoir, que nous les incorporons
dans l'existence éternelle. Nous disons en effet, était, est, sera ; mais
il n'y a que est, qui convienne au langage vrai, était et sera, ne peuvent
être dits que de ce qui est engendré dans les temps; car ce sont des
motions. Ce qui est, est toujours et inébranlablement dans les mêmes
termes, il ne lui convient pas d'être ni plus vieux ni plus jeune, dans
l'ordre des temps, ni de naître dans le passé, ni d'être né dans le
présent, ni de devoir naître un jour absolument parlant, en un mot, rien
ne lui appartient de ce qui est engendreraient, dans les choses soumises
aux sens.
« Toutes ces expressions sont des manières d'être du temps, qui étant
renfermé dans les nombres veut cependant imiter l'éternité, en s'exprimant
de cette sorte : savoir, que le passé est passé que le présent, est
présent, quel avenir est l’avenir. » Toutefois, de peur que l'on ne
suppose que nous avons donné un sens erroné aux paroles du philosophe, je
vais citer des commentaires qui vous donneront la véritable acception dans
laquelle elles doivent être entendues: Un grand nombre d'interprètes se
sont en effet appliqués à découvrir la pensée qui les a dictées. Il me
suffira maintenant de transcrire les explications dues à Numénius le
Pythagoricien, qui est fort honorablement connu : elles sont tirées du
second tome de son livre du Bien.
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