| [5,2] ΚΕΦΑΛΑΘΙΟΝ Β'.
Τίς ὁ τρόπος τῆς δαιμονικῆς ἐνεργείας.
Οἵδε γοῦν περίγειοί τινες ὄντες καὶ καταχθόνιοι τόν τε ἐπὶ γῆν βαρὺν  καὶ 
ζοφερὸν ἀέρα περιπολοῦντες καὶ τὸ σκότιον καὶ γεῶδες οἰκητήριον ἔχειν 
κατακεκριμένοι δι´ ἃς ὕστερον ἀποδώσομεν αἰτίας, τάφοις νεκρῶν καὶ μνήμασι 
 καὶ πάσῃ τῇ μυσαρᾷ καὶ ἀκαθάρτῳ ὕλῃ ἐμφιλοχωροῦντες αἵμασί τε καὶ λύθροις 
καὶ παντοίων ζῴων σώμασιν τῇ τε ἐκ τῶν ἀναθυμιωμένων καὶ ἀπὸ γῆς 
ἐξατμιζομένων ἀναδόσει χαίροντες οἵ τε τούτων ἄρχοντες ἀέριοί τινες 
ὑπάρχοντες ἢ καὶ καταχθόνιοι δυνάμεις, ἐπεὶ κατέμαθον τὸ ἀνθρώπειον γένος 
κάτω που περὶ νεκρῶν ἀνδρῶν θεοποιίαν ἰλυσπώμενον θυσίαις τε καὶ κνίσαις 
ταῖς δὴ μάλιστα αὐτοῖς κεχαρισμέναις διὰ πάσης σπουδῆς ἐκπονούμενον, 
ἐγγύθεν ἔφεδροι καὶ συνεργοὶ τῆς πλάνης παρῆσαν, τοῖς τῶν ἀνθρώπων κακοῖς 
ἐπεντρυφῶντες καὶ τοὺς ἠλιθίους τὰς ψυχὰς εὐχερῶς ἀπατῶντες κινήσεσί τισι 
τῶν ξοάνων, ἃ δὴ ἐπὶ τιμῇ τῶν κατοιχομένων ἀνδρῶν πρὸς τῶν παλαιῶν 
ἀφιέρωτο, καὶ ταῖς διὰ χρησμῶν φαντασίαις θεραπείαις τε σωμάτων, ἃ διὰ τῆς 
οἰκείας αὐτῶν ἐνεργείας ἀφανῶς αὐτοὶ λυμαινόμενοι πάλιν οἱ αὐτοὶ διὰ τῆς 
ἐξ αὐτῶν ἀνέσεως ἐλευθέρους παθῶν ἠφίεσαν. Δι´ ὧν ἐπὶ μᾶλλον κατὰ κρημνῶν 
ἔφερον τοὺς δεισιδαίμονας, ὡς αὐτοὺς εἶναι νομίζειν τοτὲ μὲν οὐρανίους 
δυνάμεις καί τινας ἀληθῶς θεούς, τοτὲ δὲ τὰς τῶν τεθεοποιημένων ἡρώων 
ψυχάς. Ἐντεῦθεν γοῦν ἤδη μείζων τις εἶναι καὶ σεμνοτέρα τοῖς πολλοῖς 
ἐνομίζετο ἡ τῆς πολυθέου πλάνης ὑπόληψις, μεταβαινούσης τῆς διανοίας ἀπὸ 
τῶν ὁρωμένων ἐπὶ τὸ ἀφανὲς τῶν ἐγκρυπτομένων τοῖς ξοάνοις καὶ τὴν πλάνην 
κραταιότερον ἐπικυρούσης. Οὕτω δῆτα λοιπὸν οἱ περίγειοι δαίμονες οἵ τε 
ἀμφὶ τὸν ἀέρα "κοσμοκράτορες" καὶ "τὰ πνευματικὰ τῆς πονηρίας" ὅ τε ἐπὶ 
πᾶσιν αὐτοῖς τῆς κακίας ἐξάρχων θεῶν οἱ μέγιστοι παρὰ τοῖς πᾶσιν 
ἐνομίζοντο ἥ τε τῶν πάλαι νεκρῶν μνήμη τῆς μείζονος ἠξιοῦτο θεραπείας. Ὧν 
τὰς μὲν τῶν σωμάτων ἰδέας οἱ τῶν κατὰ πόλεις ἀφιερωμένων εἰκόνων φέρειν 
ἐδόκουν τύποι, τὰς δὲ ψυχὰς καὶ τὰς ἐνθέους καὶ ἀσωμάτους δυνάμεις οἱ 
φαῦλοι δαίμονες καθυπεκρίνοντο διὰ πολλῆς τῆς τερατοποιίας, καὶ αὐτῶν ἤδη 
τῶν θεραπευόντων καὶ ἱερωμένων αὐτοῖς ἐπὶ τὸ μεῖζον αἰεὶ τὸν ἐκ τῆς 
φαντασίας τῦφον ἐπαγόντων καὶ δὴ καὶ γοητικαῖς κακοτεχνίαις τὰ πολλὰ 
συσκευαζόντων, τῆς καὶ τούτων διδασκαλίας αὐτῶν πάλιν τῶν φαύλων δαιμόνων 
τοῖς θεραπεύουσι προκαταρξάντων. Οἵδε γοῦν καὶ τῆς ἀρχεκάκου γοητείας 
παντὶ τῷ τῶν ἀνθρώπων βίῳ κατέστησαν αἴτιοι, ὡσπεροῦν ὁ πρὸ τούτου 
διήλεγξεν λόγος.
 | [5,2] CHAPITRE II 
Comment s'exerçait l'action des démons. 
Il ne faut pas oublier que parmi les démons il en est qui habitent les 
régions voisines de la terre ou les régions souterraines, et qui se 
meuvent dans cette atmosphère épaisse et ténébreuse qui environne la 
terre, condamnés, pour des raisons que nous dirons plus tard, à habiter ce 
terrestre et obscur séjour; ils ne cherchent que les tombeaux et les 
cadavres, ils n'aiment que cette corruption fétide et impure, le sang, la 
putréfaction, les chairs corrompues des animaux, l'odeur des victimes, les 
exhalaisons de la terre. Ils ont pour chefs certaines puissances aériennes 
ou terrestres. Or ceux-ci voyant le genre humain abruti jusqu'à diviniser 
des morts, et livré tout entier à offrir des sacrifices, à brûler des 
victimes dont l'odeur faisait les délices de ces esprits immondes, se 
hâtèrent de profiter de cette disposition des hommes et de favoriser cette 
erreur. Dans le cruel plaisir qu'ils trouvaient aux misères humaines, ils 
ne négligèrent rien pour en imposer aux âmes simples et crédules : c'était 
quelquefois en agitant les statues que les anciens avaient élevées en 
l'honneur des morts; d'autres fois c'était par le prestige des oracles ou 
bien par la guérison de certaines maladies, où il leur était facile de 
réussir. Car, comme c'était leur propre puissance qui tourmentait 
invisiblement ces malades, ils n'avaient, pour guérir, qu'à se retirer de 
leurs corps. Ou encore, ils transportaient les hommes voués à la 
superstition au travers des précipices, et leur faisaient croire ainsi 
qu'ils étaient ou des puissances célestes ou même des dieux véritables ou 
bien les âmes des héros qui avaient été placés au rang des dieux. C'est là 
ce qui accrédita et rendit vénérables aux yeux des peuples les erreurs du 
polythéisme: la vue des choses sensibles fit soupçonner une puissance 
invisible et inconnue, résidant dans les idoles, erreur qui acquit bientôt 
une force insurmontable. De là il résulta que les démons terrestres, ces 
princes du monde, qui peuplent l'atmosphère, ces esprits de malice, ceux 
surtout qui se distinguèrent au-dessus de tous les autres par leur 
méchanceté, devinrent aux yeux des peuples les dieux du premier ordre. Une 
autre suite de cette erreur, c'est que le culte qu'on rendait à la mémoire 
des morts acquit une bien autre importance, parce que leurs images 
consacrées dans les villes semblaient reproduire leurs formes corporelles; 
puis les démons, par une sorte de prestiges, les faisaient paraître 
animées d'une puissance incorporelle et divine. Si vous ajoutez à cela que 
les ministres et les prêtres des démons ne manquèrent pas d'augmenter 
encore par leurs prestiges cette fantasmagorie, qu'il n'y eut pas 
d'artifice qu'ils ne missent en œuvre, fidèles en cela aux inspirations 
que leur suggéraient les démons eux-mêmes, vous vous convaincrez aisément 
que toute cette déplorable fascination à laquelle fut soumis le genre 
humain était l'ouvrage de ces malins esprits, comme nous l'avons prouvé au 
livre précédent. 
 |