[4,20] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Κ'.
Ὡς ὁ Ἀπόλλων τῷ πονηρῷ δαίμονι προστάττει θύειν.
« Σπεύδοντος γοῦν τοῦ προφήτου αὐτοπτῆσαι τὸ θεῖον καὶ ἐπειγομένου ὁ
Ἀπόλλων ἀδύνατον ἔφη τὸ τοιοῦτο πρὶν λύτρα τῷ πονηρῷ δαίμονι δοῦναι. Λέγει
δὲ οὕτως·
Λύτρα δίδου γαίης πατρίης οἰκήτορι σεμνῷ,
πρῶτα χοάς, μετέπειτα πυρὴν ἠδ´ αἷμα κελαινὸν
οἴνου παμμέλανός 〈τ´〉 ὀΐων θ´ ἅμα λευκὰ ῥέεθρα.
Καὶ σαφέστερον εἶπεν περὶ τῶν αὐτῶν·
οἶνον καὶ γάλα βάλλε καὶ ὕδατος ἀγλαὸν εἶδος
καὶ ξύλα καρπὸν ἔχοντα διογνήτων ἀκυλαίων·
σπλάγχνα δὲ κατθέμενος λιπαροῖς ἅμα νάμασι σπένδε.
Μετὰ ποίας δὲ εὐχῆς, ἐρωτηθεὶς ἤρξατο μέν, οὐ μὴν ἐπλήρωσεν, οὕτως εἰπών·
δαῖμον ἀλιτρονόων ψυχῶν διάδημα λελογχώς, ἠερίων ὑπένερθε μυχῶν χθονίων τ´
ἐφύπερθεν. »
Ταῦτα μὲν ὁ θαυμάσιος θεός, μᾶλλον δὲ τὸ πολυπλανὲς δαιμόνιον. Τὰ δὲ τοῦ
κατὰ φύσιν λογισμοῦ τἀναντία, καθαίρειν τὴν ψυχήν, ἀλλὰ μὴ θυσίαις
ἐπισπᾶσθαι τοὺς πονηροὺς δαίμονας παρακελευόμενα· καθαρᾷ γὰρ ψυχῇ μὴ
ἐπιτίθεσθαι διὰ τὸ αὐτοῖς ἀνόμοιον. Εἰ δὲ δὴ συνετὸς εἶναι καὶ σώφρων ἀνὴρ
ὀρθῶς ἐκρίθη ὁ εὐλαβὴς καὶ μὴ θύων δαίμοσιν, ὁ τοῖς πονηροῖς θύειν διὰ τοῦ
χρησμοῦ παραινῶν τίς ἂν εὐλόγως καὶ ποταπὸς νομισθείη σοὶ καταλείπω
σκοπεῖν. Ἐντεῦθεν δὲ ἀναδραμόντι προφανὲς ἔσται ποῖοί τινες ὑπῆρχον τὴν
τοῦ τρόπου φύσιν οἱ ταῖς ἀνθρωποθυσίαις χαίροντες, ἢ οἱ τούτοις πᾶν τὸ
ἀνθρώπινον γένος πάλαι πρότερον καταδεδουλωμένοι. Εἰ δὲ λέγοι τις μὴ
φαῦλον εἶναι τὸν τῆς ἀνθρωποθυσίας τρόπον, ὀρθότατα δ´ ὑπὸ τῶν παλαιῶν
τελεῖσθαι, ὥρα τοῖς νῦν καταμέμφεσθαι πᾶσιν, ὅτι μηδεὶς ὁμοίως τοῖς
πατράσιν εὐσεβεῖ.
| [4,20] CHAPITRE XX
Apollon ordonnant d'offrir des sacrifices aux méchants démons.
« Dans les efforts et les instances que faisait le devin pour que le dieu
se manifestât à lui, Apollon lui fil connaître qu'il fallait auparavant
offrir un sacrifice expiatoire au mauvais démon : voici les propres
expressions du dieu :
Offre un sacrifice expiatoire au génie qui habite la terre de tes pères;
d'abord des libations, puis un bûcher, puis une victime au sang noir,
ensuite un vin noir, enfin des flots de lait de brebis.
Et ailleurs encore il s'exprime d'une manière plus claire sur le même sujet:
Fais des libations de vin, de lait et d'eau limpide : offre le fruit de l'arbre
consacré à Jupiter, arrose de liqueurs grasses les entrailles des victimes.
Interrogé ensuite sur les prières dont il convenait d'accompagner ces
sacrifices, il commença ainsi, mais n'acheva point sa réponse : Démon,
dont l'empire s'étend sur les âmes errantes, dans les régions aériennes,
en haut et dans les cavernes de la terre, en bas....»
Voilà les paroles de cet admirable dieu ou plutôt de ce démon imposteur.
La raison naturelle au contraire ordonne de purifier son âme, sans
chercher à se rendre propices les méchants démons par de semblables
offrandes, parce qu'ils ne peuvent rien sur l'âme pure, à cause de la
distance qui la sépare d'eux. Or si l'homme sage, celui qu'on doit appeler
vraiment pieux, ne sacrifie point aux démons, que faut-il penser de celui
dont l'oracle recommande d'offrir des sacrifices à ces mêmes démons ? Quel
nom faudra-t-il donner à l'auteur d'un pareil oracle? je vous le laisse à
juger. Puis en remontant plus haut, on peut reconnaître facilement quelle
idée il faut se faire de tous ces dieux qui savouraient avec délices le
sang des victimes humaines, et qui ont retenu pendant tant de siècles le
genre humain sous le joug de cette affreuse tyrannie. Et s'il est un homme
qui ose soutenir qu'il n'y avait rien de répréhensible dans la coutume
d'offrir des victimes humaines, et prétendre qu'en cela les anciens ne
violaient point la justice et la sainteté, qu'il fasse donc un crime à
leurs descendants de ce que pas un d'eux aujourd'hui n'observe cette
antique coutume.
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