[4,10] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ι'.
Ὅτι οὐκ ἂν εἶεν θεοὶ οἱ ταῖς διὰ ζῴων θυσίαις χαίροντες.
Φέρε δὲ τοῦ αὐτοῦ τὰς ἐναντίας τούτοις φωνὰς συγκρίνωμεν, ἃς τέθειται ἐν
οἷς ἐπέγραψεν « Περὶ τῆς τῶν ἐμψύχων ἀποχῆς ». Ἔνθα δὴ ὀρθῷ λογισμῷ
κινούμενος πρῶτον ἁπάντων ὁμολογεῖ μὴ δεῖν τὸ καθόλου μηδὲν μήτε θυμιᾶν
μήτε θύειν τῷ ἐπὶ πᾶσιν θεῷ, ἀλλὰ μηδὲ ταῖς μετ´ αὐτὸν θείαις καὶ
οὐρανίαις δυνάμεσιν. Εἶτα δὲ ἐπεξιὼν τὰς τῶν πολλῶν ὑπολήψεις ἀνασκευάζει,
μὴ χρῆναι φάσκων θεοὺς ὑπολαμβάνειν τοὺς ταῖς διὰ ζῴων θυσίαις χαίροντας.
Εἶναι γάρ φησι πάντων ἀδικώτατον τὸ ζῳοθυτεῖν καὶ ἀνόσιον καὶ μυσαρὸν καὶ
βλαβερὸν καὶ διὰ τοῦτο μηδὲ θεοῖς προσφιλές. Ταῦτα δὲ λέγων δῆλος ἂν εἴη
τὸν ἑαυτοῦ θεὸν ἀπελέγχων· προστάττειν γὰρ ἀρτίως ἔφησεν τὸν χρησμὸν μὴ
μόνον τοῖς ὑποχθονίοις καὶ ἐπιχθονίοις θεοῖς, ἀλλὰ καὶ τοῖς ἀερίοις
οὐρανίοις τε καὶ αἰθερίοις ζῳοθυτεῖν. Καὶ ὁ μὲν Ἀπόλλων τοιαῦτα. Ὁ δὲ τὸν
Θεόφραστον μαρτυρόμενος θεοῖς μὲν οὔ φησιν ἁρμόζειν τὴν διὰ ζῴων θυσίαν,
δαίμοσιν δὲ μόνοις, ὥστε κατὰ τὸν αὐτοῦ καὶ Θεοφράστου λόγον δαίμονα
εἶναι, ἀλλ´ οὐ θεὸν τὸν Ἀπόλλωνα, οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ πάντας τοὺς παρὰ πᾶσι
τοῖς ἔθνεσιν νενομισμένους θεούς, οἷς τὰς διὰ ζῴων θυσίας πανδημεὶ πάντες
ἄρχοντές τε καὶ ἀρχόμενοι κατά τε πόλεις καὶ χώρας ἐκτελοῦσιν· τούτους γὰρ
οὐκ ἄλλο τι τυγχάνειν ἡγεῖσθαι χρὴ κατὰ τοὺς εἰρημένους ἢ δαίμονας. Εἰ δὲ
ἀγαθοὺς εἶναί φασιν αὐτούς, καὶ πῶς, εἴπερ ἀνόσιος ἦν καὶ μυσαρὰ καὶ
ἐπιβλαβὴς ἡ δι´ αἱμάτων θυσία, ἀγαθοὶ ἂν εἶεν οἱ τοῖς τοιοῖσδε χαίροντες;
Εἰ δὲ καὶ μὴ μόναις ταῖς τοιαύταις δὴ θυσίαις, καθ´ ὑπερβολὴν δὲ ὠμότητος
καὶ ἀπανθρωπίας φανεῖεν ἀνδροκτασίαις καὶ ἀνθρωποθυσίαις ἡδόμενοι, πῶς οὐκ
ἄντικρυς εἶεν ἂν μιαιφόνοι καὶ πάσης ὠμότητος καὶ ἀπανθρωπίας οἰκεῖοι καὶ
οὐδὲν ἄλλο ἢ πονηροὶ δαίμονες; Τούτων δὲ ἡμῖν τὴν ἀπόδειξιν εἰληφότων
οἶμαι τῆς ἡμετέρας ἐκ τῶν δηλουμένων ἀναχωρήσεως τὸ εὔλογον ἀποδεδόσθαι·
μὴ γὰρ εἶναι ὅσιον μηδ´ εὐσεβές, μὴ ὅτι τὴν τοῦ θεοῦ σεβάσμιον προσηγορίαν
καὶ τὴν ἀνωτάτω τιμὴν ἐπὶ τὰ πονηρὰ πνεύματα καταβάλλειν, ἀλλὰ μηδὲ τοῦ
παρ´ ἀνθρώποις τὴν βασίλειον ἐπιειμένου ἀξίαν λῃσταῖς καὶ τοιχωρύχοις
περιτιθέναι. Ὅθεν ἡμεῖς μόνον τὸν ἐπὶ πάντων σέβειν δεδιδαγμένοι θεὸν
τιμᾶν τε κατὰ τὸ προσῆκον καὶ τὰς ἀμφ´ αὐτὸν θεοφιλεῖς τε καὶ μακαρίας
δυνάμεις, οὐδὲν μὲν γεῶδες καὶ νεκρὸν οὐδὲ λύθρους καὶ αἵματα οὐδέ τι τῆς
φθαρτῆς καὶ ὑλικῆς οὐσίας ἐπαγόμεθα· νῷ δὲ πάσης κεκαθαρμένῳ κακίας καὶ
σώματι τὸν ἐξ ἁγνείας καὶ σωφροσύνης κόσμον πάσης λαμπρότερον ὄντα στολῆς
περιβεβλημένῳ δόγμασί τε ὀρθοῖς καὶ θεοπρεπέσι καὶ ἐπὶ πᾶσι τούτοις
διαθέσει γνησίᾳ τὴν ὑπὸ τοῦ σωτῆρος ἡμῶν παραδοθεῖσαν εὐσέβειαν μέχρι καὶ
θανάτου φυλάττειν εὐχόμεθα. Ἀλλὰ γὰρ τούτων ἡμῖν προδιηρθρωμένων ὥρα καὶ
ἐπὶ τὰς ἀποδείξεις τῶν εἰρημένων χωρεῖν. Πρῶτα δὲ πάντων διελθεῖν εὔλογον
δι´ ὧν ὁ προειρημένος συγγραφεὺς ἐν οἷς ἐπέγραψεν « Περὶ τῆς τῶν ἐμψύχων
ἀποχῆς » μὴ χρῆναί φησι μήτε τῷ ἐπὶ πάντων θεῷ μήτε ταῖς μετ´ αὐτὸν θείαις
δυνάμεσιν γεῶδες μηδὲν μήτε θυμιᾶν μήτε θύειν· ἀλλότρια γὰρ τὰ τοιαῦτα ἢ
κατὰ τὴν ἐμπρέπουσαν εὐσέβειαν.
| [4,10] CHAPITRE X
Qu'il ne faut point regarder comme des dieux véritables, ceux auxquels on
offre des animaux en sacrifice.
Maintenant veuillez comparer ces doctrines de notre admirable philosophe,
avec celles que l'on trouve dans son ouvrage sur l'abstinence des êtres
animés. D'abord il reconnaît et établit par les raisonnements les plus
solides, que le Dieu suprême, aussi bien que les puissances divines et
célestes qui lui sont immédiatement inférieures, ne doivent être honorés
par aucune espèce d'holocauste ou de sacrifice. Puis il rejette les
croyances populaires, en disant qu'il ne faut point prendre pour des dieux
ceux auxquels on offre des sacrifies d'animaux. Car comme il est de la
dernière injustice d'ôter la vie à des animaux, de tels sacrifices sont
trop impies, trop abominables, trop cruels, pour être agréables aux dieux.
Pouvait-il plus clairement faire le procès à sa propre divinité? ne
vient-il pas, en effet, de nous citer son oracle qui veut qu'on immole des
animaux, non pas seulement aux divinités infernales, mais aussi aux dieux
qui habitent l'air, l'éther et le ciel. Apollon le veut ainsi, il est
vrai: mais notre philosophe n'en prononce pas moins sur l'autorité de
Théophraste, que l'immolation des animaux ne saurait honorer les dieux,
qu'elle ne convient qu'aux démons : d'où il suit que d'après son
raisonnement et celui de Théophraste, Apollon n'est point un dieu, mais un
démon, et non pas Apollon seulement; mais il en faut dire autant de tous
les dieux reconnus chez les divers peuples; car le culte que leur rendent
partout rois et sujets, dans les villes et les campagnes, consiste dans
l'immolation des animaux. Selon nos deux philosophes, il ne faut donc voir
dans tous ces dieux autre chose que des démons. Diront-ils que ce sont de
bons démons ? Mais quand ils ont déclaré impie, abominable, cruel, tout
sacrifice sanglant, comment oseraient-ils appeler bons, des génies qui
acceptent de tels sacrifices? Que sera-ce maintenant, si nous faisons voir
que non seulement ces sortes de sacrifices, mais même les sacrifices
humains leur étaient d'une agréable odeur, ce qui est le comble de
l'inhumanité et de la cruauté? Ne sera-ce pas mettre dans la dernière
évidence leur amour pour le meurtre, leur goût pour le sang, leur penchant
à la cruauté, en un mot ne sera-ce pas avoir prouvé qu'ils ne sont que de
mauvais démons? Quand nous en serons venus là, ne restera-t-il pas
clairement démontré que nous nous sommes laissé conduire par la droite
raison, lorsque nous avons abandonné cet horrible culte. N'est-il pas en
effet contre toute religion et toute piété de prostituer le nom auguste de
Dieu avec l'honneur suprême qui lui est dû, à de méchants génies ?
d'accorder à des brigands, à des profanateurs de tombeaux, les honneurs
dus à la dignité royale parmi les hommes? Aussi nous avons appris à
révérer Dieu d'une autre manière dans les honneurs dignes de lui que nous
lui rendons, à lui et aux puissances bienheureuses qui l'environnent et
auxquelles il prodigue sa bienveillance : rien de terrestre et de mortel,
rien de sanglant et de souillé, rien de matériel et de corruptible
n'existe dans notre culte : mais nous lui offrons l'hommage d'un esprit
pur de toute pensée mauvaise, d'un corps réglé par la chasteté et la
tempérance, parure mille fois plus brillante que tous les ornements de
luxe, voilà le culte que nous avons à cœur et si nos formons des vœux aux
pieds de notre Dieu, c'est celui de conserver intactes jusqu'à notre
dernier soupir les doctrines pures et dignes de Dieu, et surtout les
divers enseignements qui nous ont été laissés par notre Sauveur. Ce sont
là des observations que nous voulions mettre en avant : maintenant il est
temps que nous venions à la preuve de ce que nous avons avancé. Suivons
d'abord notre auteur dans l'endroit de son titre sur l'abstinence des
êtres animés, où il défend de brûler ou d'immoler rien de terrestre en
l'honneur du Dieu suprême, ni des puissances divines qui lui sont
immédiatement inférieures, parce que ce culte répugne à la véritable piété.
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