[1,6] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ϛʹ.
Ὅσα παρ' Ἕλλησι καὶ οἷα περὶ τῆς πρώτης κοσμογονίας ἀναγράφεται, καὶ ὡς
εὐλόγως αὐτῶν ἀνεχωρήσαμεν.
Φοίνικας τοιγαροῦν καὶ Αἰγυπτίους πρώτους ἁπάντων ἀνθρώπων κατέχει λόγος
ἥλιον καὶ σελήνην καὶ ἀστέρας θεοὺς ἀποφῆναι μόνους τε εἶναι τῆς τῶν ὅλων
γενέσεώς τε καὶ φθορᾶς αἰτίους, εἶτα δὲ τὰς παρὰ τοῖς πᾶσιν βοωμένας
θεοποιίας τε καὶ θεογονίας εἰσηγήσασθαι τῷ βίῳ· πρὸ δέ γε τούτων μηδένα
μηδὲν πλέον τῶν κατ' οὐρανὸν φαινομένων εἰδέναι, ὀλίγων ἐκτὸς ἀνδρῶν τῶν
παρ' Ἑβραίοις μνημονευομένων, οἳ διανοίας καθαρωτάτοις ὄμμασι πᾶν τὸ
ὁρώμενον ὑπερκύψαντες τὸν κοσμοποιὸν καὶ τῶν ὅλων δημιουργὸν ἐσεβάσθησαν,
ὑπερθαυμάσαντες τῆς τοσαύτης αὐτὸν σοφίας τε καὶ δυνάμεως, ἣν ἐκ τῶν ἔργων
ἐφαντάσθησαν, καὶ μόνον εἶναι θεὸν πεισθέντες μόνον εἰκότως ἐθεολόγησαν,
τὴν ἀληθῆ καὶ πρώτην καὶ μόνην ταύτην εὐσέβειαν παῖς παρὰ πατρὸς
διαδεξάμενοι καὶ φυλάξαντες. Οἵ γε μὴν λοιποὶ τῶν ἀνθρώπων τῆσδε τῆς μόνης
καὶ ἀληθοῦς ἀποπεσόντες εὐσεβείας τὰ φωσφόρα τῶν οὐρανίων σαρκὸς ὀφθαλμοῖς
οἷα νήπιοι τὰς ψυχὰς καταπλαγέντες θεούς τε ἀνεῖπον καὶ θυσίαις τε καὶ
προσκυνήσεσιν ἐγέραιρον, οὐ νεὼς δειμάμενοι οὐδ' ἀφιδρύμασι καὶ ξοάνοις
θνητῶν εἰκόνας πλασάμενοι, πρὸς αἰθέρα δὲ καὶ αὐτὸν οὐρανὸν ἀποβλέποντες
καὶ μέχρι τῶν τῇδε ὁρωμένων ταῖς ψυχαῖς ἐφικνούμενοι. Ἀλλ' οὐ τῇδε ἄρα καὶ
τοῖς μετέπειτα ἀνθρώποις τὰ τῆς πολυθέου πλάνης περιίστατο, ἐλαύνοντα δὲ
εἰς βυθὸν κακῶν μείζονα τῆς ἀθεότητος τὴν δυσσέβειαν ἀπειργάζετο,
Φοινίκων, εἶτα Αἰγυπτίων ἀπαρξαμένων τῆς πλάνης· παρ' ὧν φασι πρῶτον Ὀρφέα
τὸν Οἰάγρου μεταστησάμενον τὰ παρ' Αἰγυπτίοις Ἕλλησιν μεταδοῦναι μυστήρια,
ὥσπερ οὖν καὶ Κάδμον τὰ Φοινικικὰ τοῖς αὐτοῖς ἀγαγεῖν μετὰ καὶ τῆς τῶν
γραμμάτων μαθήσεως· οὔπω γὰρ εἰσέτι τοὺς Ἕλληνας τότε τὴν τῶν γραμμάτων
χρῆσιν εἰδέναι. Πρῶτα τοίνυν σκεψώμεθα τὰ τῆς κοσμογονίας τῆς πρώτης, ὅπως
οἱ δηλούμενοι διειλήφασιν· ἔπειτα τὰ περὶ τῆς πρώτης καὶ παλαιοτάτης τοῦ
τῶν ἀνθρώπων βίου δεισιδαιμονίας· καὶ τρίτον τὰ Φοινίκων, τέταρτον τὰ
Αἰγυπτίων, μεθ' ἃ πέμπτον τὰ Ἑλλήνων διελόντες πρότερον μὲν τὴν καὶ
τούτων παλαιὰν καὶ μυθικωτέραν πλάνην ἐποπτεύσωμεν, εἶτα δὲ τὴν σεμνοτέραν
καὶ φυσικωτέραν δὴ περὶ θεῶν φιλοσοφίαν, καὶ μετὰ ταῦτα τὸν περὶ τῶν
θαυμαστῶν χρηστηρίων ἐφοδεύσωμεν λόγον· ἐφ' οἷς καὶ τὰ σεμνὰ τῆς γενναίας
Ἑλλήνων φιλοσοφίας ἐπισκεψώμεθα. Τούτων δ' ἡμῖν διευκρινηθέντων ἐπὶ τὰ
Ἑβραίων μεταβησόμεθα, τῶν δὴ πρώτων καὶ ἀληθῶς Ἑβραίων καὶ τῶν μετὰ ταῦτα
τὴν Ἰουδαίων λαχόντων προσηγορίαν. Ἐπὶ πᾶσι δὲ τούτοις ὥσπερ ἐπισφράγισμα
τῶν ὅλων ἐποίσομεν τὰ ἡμέτερα. Ἀναγκαίως δὲ τῆς τούτων ἁπάντων
μνημονεύσομεν ἱστορίας, ὡς ἂν διὰ τῆς τῶν ἑκασταχοῦ τεθαυμασμένων
παραθέσεως ὁ τῆς ἀληθείας ἔλεγχος ἀποδειχθείη ὁποίων τε ἡμεῖς ἀποστάντες
τὴν ὁποίαν εἱλόμεθα φανερὸν τοῖς ἐντυγχάνουσι γένοιτο. Ἀλλὰ γὰρ ἀπίωμεν
ἐπὶ τὸ πρῶτον. Πόθεν δῆτα πιστωσόμεθα τὰς ἀποδείξεις; Οὐ μὲν δὴ ἐκ τῶν
παρ' ἡμῖν γραμμάτων, ὡς ἂν μὴ δοκοίημεν κεχαρισμένα πράττειν τῷ λόγῳ·
μάρτυρες δὲ παρέστωσαν ἡμῖν Ἑλλήνων αὐτῶν οἵ τε τὴν φιλοσοφίαν αὐχοῦντες
καὶ τὴν ἄλλην τῶν ἐθνῶν ἱστορίαν διηρευνηκότες. Γράφει τοίνυν ἄνωθεν τὴν
παλαιὰν Αἰγυπτίων ὑφηγούμενος θεολογίαν ὁ Σικελιώτης Διόδωρος,
γνωριμώτατος ἀνὴρ τοῖς Ἑλλήνων λογιωτάτοις, ὡς ἂν ὑπὸ μίαν συναγηοχὼς
πραγματείαν ἅπασαν τὴν ἱστορικὴν βιβλιοθήκην. Ἐξ οὗ πρῶτα παραθήσομαι ἃ
περὶ τῆς τοῦ παντὸς κοσμογονίας ἀρχόμενος τοῦ λόγου διείληφεν, τὰς τῶν
παλαιῶν ἱστορῶν δόξας τοῦτον τὸν τρόπον·
| [1,6] CHAPITRE VI
De la théologie primitive des Phéniciens et des Égyptiens.
On a publié que les Phéniciens et les Égyptiens furent les premiers de
tous les hommes qui regardèrent comme des dieux le soleil, la lune et les
étoiles, qu'ils prétendaient être les causes uniques de la génération et
de la destruction de tous les êtres, et que telle fut l'origine de ces
générations de dieux, de ces théogonies publiées chez tous les peuples.
Toujours est-il qu'avant eux personne ne connaissait rien au-delà des
phénomènes célestes, à l'exception d'un petit nombre d'individus dont les
Hébreux ont fait mention, et qui s'élevant, par les yeux les plus
clairvoyants de l'intelligence, au-dessus de tout ce qui est visible, ont
rendu hommage à l'auteur du monde et au formateur de l'univers, admirant
sa sagesse et sa puissance, dont ils se faisaient une idée d'après les
ouvrages qui frappaient leurs regards. Ils crurent et annoncèrent
également qu'il n'y avait qu'un seul Dieu; les enfants gardèrent
précieusement cette religion, seule pure el la seule vraie qu'ils avaient
reçue de leurs pères. Mais, quant au reste des hommes, s'écartant de
l'unique et véritable religion, étonnés comme des enfants à l'aspect des
flambeaux des cieux qui brillaient à leurs yeux de chair, ils prononcèrent
que c'étaient des dieux, et ils les honorèrent par des sacrifices et des
adorations, sans toutefois leur construire des temples, ni représenter
leurs statues et leurs images sous la forme des mortels ; ils se bornaient
à fixer leurs regards sur l'air et le ciel, et leurs âmes ne
franchissaient pas les bornes des objets visibles. Mais ce polythéisme
erroné ne s'en tint pas là : poussant les hommes d'un âge postérieur vers
un abîme sans fond, cette funeste doctrine enfanta une impiété plus
affreuse encore que l'athéisme. Elle prit naissance chez les Phéniciens,
elle passa ensuite chez les Égyptiens ; Orphée, fils d'Hyagre, fut,
dit-on, le premier d'entre eux qui, ayant transporté avec lui les mystères
des Égyptiens, les communiqua aux Grecs, de même que Cadmus leur apporta
les mystères des Phéniciens, avec la science des lettres; car les Grecs, à
cette époque, ne connaissaient pas encore l'écriture. C'est pourquoi nous
considérerons d'abord tout ce qui concerne la création primitive du monde,
selon l'ordre dans lequel les auteurs célèbres en ont traité; nous
aborderons ensuite la vie superstitieuse que menaient les hommes dans le
principe, et depuis un temps immémorial; en troisième lieu, nous
examinerons les doctrines des Phéniciens, ensuite celles des Égyptiens ;
après quoi, et en cinquième lieu, nous exposerons celles des Grecs que,
nous diviserons en deux parties : dans la première, nous examinerons leur
ancienne doctrine remplie d'erreurs et de fables ; ensuite nous passerons
à l'époque où leur théologie devenue plus grave, se montra aussi plus
rapprochée de la nature, puis nous traiterons de leurs merveilleux
oracles, et nous terminerons notre examen par celui des monuments les plus
importants de leur philosophie si vantée. Quand nous aurons discuté ces
sujets avec soin, nous aborderons la doctrine des Hébreux, nom primitif et
véritable de la nation qui, depuis, a reçu le nom de Juifs. Enfin nous
terminerons cet examen par l'exposition de nos propres doctrines. C'est
pour nous une nécessité de faire l'histoire de tous ces systèmes, afin que
l'exposé de ce qu'il y a de plus remarquable dans chacun d'eux fasse
ressortir davantage la force de la vérité, et afin que chacun de nos
lecteurs voie clairement quelles sont les doctrines que nous avons
abandonnées, et quelle est celle que nous avons embrassée. Arrivons
d'abord au premier point. D'où tirerons-nous les bases de nos
démonstrations ? ce ne sera certainement pas de nos livres, afin que nous
ne paraissions pas rapporter seulement les choses qui pourraient cadrer
avec notre sujet. Produisons donc pour témoins ceux des Grecs qui ont fait
parade de leur philosophie, et qui ont encore porté leur attention sur
l'histoire des autres nations. La théologie des Hébreux nous est décrite
dès son principe par Diodore de Sicile, le plus érudit des historiens
grecs, qui acquit une grande célébrité pour avoir rassemblé en un seul
corps tous les documents historiques. J'en citerai seulement les premiers
traits qui ont rapport à la création de l'univers: on les trouve au
commencement de son ouvrage, où il rapporte en ces termes les opinions des
anciens à ce sujet.
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