[1,2b] Πῶς δ´ ἂν ἔμελλον τῷ Ἀβραὰμ ἐνευλογηθήσεσθαι « πάντα τὰ ἔθνη »
καὶ « πᾶσαι αἱ φυλαὶ τῆς γῆς », εἰ μηδέν τι προσήκοντες ὑπῆρχον αὐτῷ,
μήτε κατὰ ψυχῆς τρόπον μήτε κατὰ σώματος συγγένειαν; τῆς τε γὰρ κατὰ
σάρκα συγγενείας τίς ἦν πρὸς τὸν Ἀβραὰμ συγγένεια Σκύθαις, φέρε εἰπεῖν,
ἢ Αἰγυπτίοις ἢ Αἰθίοψιν ἢ Ἰνδοῖς ἢ Βρεττανοῖς ἢ Ἱσπανοῖς; ἢ πῶς ἂν ταῦτα
τὰ ἔθνη καὶ τὰ ἔτι τούτων ἀπῳκισμένα τῆς πρὸς τὸν Ἀβραὰμ κατὰ σάρκα
συγγενείας χάριν ἔμελλον εὐλογηθήσεσθαι; ἀλλ´ οὐδὲ τῆς κατὰ ψυχὴν
εὐλογίας εἰκὸς ἦν κοινωνήσειν τῷ Ἀβραὰμ πάντα τὰ ἔθνη. Πῶς γάρ, ὅτε τὰ
μὲν αὐτῶν ἐκθέσμοις μητρογαμίαις καὶ θυγατρομιξίας τὰ δ´ ἀκολάστοις
ὁμιλίαις ἀρρένων πρὸς ἄρρενας ἀνεφύρετο, τὰ δὲ τὴν εὐσέβειαν ἐν
ἀνθρωποθυσίαις καὶ ζῴων ἀλόγων θεοποιίαις ἀψύχου τε ὕλης ἱδρύμασι
καὶ πνευμάτων πολυπλανῶν δεισιδαιμονίαις ἀνετίθετο, τὰ δὲ ζῶντας
κατακαίειν τοὺς γεγηρακότας, τὰ δὲ πυρὶ τοὺς φιλτάτους παραδιδόναι, τὰ
δὲ καὶ νεκρῶν ἀπογεύεσθαι καλὸν εἶναι καὶ εὐσεβὲς ἡγεῖτο; πῶς οὖν τοὺς
ἐν τῷ τοιούτῳ θηριώδει βίῳ προηγμένους τῆς τοῦ θεοφιλοῦς μετασχεῖν
οἷόν τε ἦν εὐλογίας, εἰ μήποτ´ ἄρα τῆς θηριωδίας μεταβαλόντες τοῦ ὁμοίου
τρόπου τῆς τοῦ Ἀβραὰμ θεοσεβείας ἤμελλόν ποτε μεταλήψεσθαι; ἐπεὶ
κἀκεῖνος, ἀλλοεθνής τις ὢν καὶ ἀλλότριος ἧς ὕστερον μετῆλθεν εὐσεβείας,
λέγεται μετατεθεῖσθαι καὶ τῆς πατρικῆς δεισιδαιμονίας μεταβεβλῆσθαι,
οἶκόν τε καὶ συγγένειαν καὶ ἔθη πάτρια βίου τε ἀγωγήν, ἐν ᾗ γεγέννητό τε
καὶ τέθραπτο, καταλελοιπέναι, ἠκολουθηκέναι δὲ θεῷ τῷ καὶ τοὺς
χρησμοὺς αὐτῷ τοὺς ἀναγράπτους δεδωκότι. Εἰ μὲν οὖν Μωσῆς μετὰ τὸν
Ἀβραὰμ γενόμενος καὶ πολιτείαν τινὰ διὰ τῆς ἐκδοθείσης ὑπ´ αὐτοῦ
νομοθεσίας τῷ Ἰουδαίων ἔθνει καταβεβλημένος τοιαῦτα ἐνομοθέτησεν, οἷα
καὶ τοῖς πρὸ αὐτοῦ θεοφιλέσι κατώρθωτο, καὶ οἷα δυνατὸν ἦν πᾶσι τοῖς
ἔθνεσιν ἐφαρμόττειν, ὡς δύνασθαι κατὰ τὴν Μωσέως διαταγὴν « πάσας
τὰς φυλὰς τῆς γῆς » καὶ « πάντα τὰ ἔθνη » θεοσεβεῖν· ἦν εἰπεῖν, ὅτι διὰ τῆς
Μωσέως νομοθεσίας τοὺς ἐξ ἁπάντων τῶν ἐθνῶν θεοσεβήσοντας καὶ τὸν
ἰουδαϊσμὸν ζηλώσοντας πρὸς αὐτούς τε γενησομένους κατὰ τὸν νόμον
εὐλογηθήσεσθαι τῇ τοῦ Ἀβραὰμ εὐλογίᾳ προηγόρευε τὰ λόγια. Ἐχρῆν δὲ
καὶ ἡμᾶς τὰ παρὰ Μωσεῖ διατεταγμένα φυλάττειν. Ἐπεὶ δὲ οὐκ ἦν ἡ κατὰ
Μωσέα πολιτεία κατάλληλος τοῖς λοιποῖς ἔθνεσιν ἀλλ´ ἢ μόνοις Ἰουδαίοις,
καὶ τούτοις οὐχὶ τοῖς πᾶσιν ἀλλὰ τοῖς ἐπὶ τῆς Ἰουδαίας γῆς τὰς διατριβὰς
ποιουμένοις, ἕτερον ἐχρῆν ἐξ ἅπαντος ὑποστῆναι τρόπον παρὰ τὸν
Μωσέως νόμον, καθ´ ὃν ἤμελλον βιοῦντα ὁμοίως τῷ Ἀβραὰμ τὰ καθ´ ὅλης
οἰκουμένης ἔθνη τῆς ἴσης αὐτῷ κοινωνήσειν εὐλογίας.
| [1,2b] Comment toutes les nations et toutes les tribus de la terre devaient-elles
être bénies en Abraham, si elles ne lui appartenaient d'aucune
manière ni par l'âme ni par le corps ? Quant aux relations charnelles,
quelle consanguinité existait entre Abraham et les Scythes, les Egyptiens,
les Ethiopiens, les Indiens, les Bretons et les Espagnols ? Comment
toutes ces nations et celles encore plus éloignées d'Abraham, devaient-elles
être bénies à cause de leur parenté avec lui? Sous le rapport de
l'âme, il n'existait non plus aucune cause d'intimité entre ces peuples et le
patriarche. Comment aurait-elle pu se concilier avec leurs mariages
incestueux des mères avec les fils, des pères avec les filles, avec ces
rapprochements immoraux des mêmes sexes, avec les sacrifices
humains, avec les apothéoses d'animaux irraisonnables, avec les
consécrations de statues inanimées, avec le culte superstitieux des
esprits malfaisants et guides d'erreur? Elles considéraient comme des
actions louables et pieuses de brûler vivants les vieillards, de livrer au
bûcher les tendres fruits de leurs unions. Comment des êtres adonnés à
des mœurs aussi féroces auraient-ils été avancés au point d'entrer en
partage de bénédictions avec cet homme chéri de Dieu, sinon parce qu'en
renonçant à ces habitudes d'atrocité, ils devaient adopter en leur place un
jour un genre de vie pieux en harmonie avec celui d'Abraham? En effet,
lui-même était étranger de naissance et d'habitudes à la piété dans
laquelle plus tard il a vécu : il dut, pour l'acquérir, renoncer à la
superstition paternelle, abandonner sa maison, sa parenté, les façons de
penser et d'agir qu'il tenait de ses auteurs, le genre de vie dans lequel il
était né et avait été élevé, pour suivre Dieu qui lui rendait les oracles que
nous lisons à son sujet. Si Moïse, qui n'est venu au monde qu'après
Abraham, qui est l'auteur de la constitution politique qu'il a donnée aux
Juifs en vertu de ses lois, en eût fait de telles qu'elles eussent rendu plus
parfaits les hommes chers à Dieu, qui l'avaient précédé ; telles qu'elles
eussent pu convenir à toutes les nations, en sorte que toutes ces nations,
en se conformant aux lois de Moïse, eussent pratiqué la piété envers
Dieu, aurait-on pu dire que les hommes de toute nation qui, en se
conformant aux lois de Moïse et en suivant les rites judaïques,
remplissaient déjà toutes les règles les plus accomplies de la piété, aussi
bien que ceux qui naîtraient d'eux et qui les imiteraient, seraient
cependant bénis de la bénédiction réservée à Abraham par les divins
oracles? Il nous eût suffi d'exécuter à la lettre tout ce que Moïse avait
ordonné. Mais comme il est constant que la forme du gouvernement de
Moïse n'était pas applicable à toutes les autres nations, mais seulement
aux Juifs et non pas à tous, mais à ceux-là seuls qui habitaient en Judée,
il était donc nécessaire d'établir en dehors des lois de Moïse une autre
règle de conduite telle que celle d'Abraham, à laquelle toutes les nations
de la terre se conformant, elles deviendraient dignes de participer à la
bénédiction qui lui avait été donnée.
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