[1,1d] Ἁρμόσειε δ´ ἂν καὶ παισὶν Ἑλλήνων, εἰ εὐγνωμονοῖεν, διὰ τῆς
παραδόξου τῶν μελλόντων προγνώσεως τῆς τε τῶν πραγμάτων κατὰ τὰς
προρρήσεις ἐκβάσεως, ὁμοῦ μὲν τὸ ἔνθεον καὶ ἀψευδὲς τῆς καθ´ ἡμᾶς
ἀληθείας ἐπιδεικνυμένη, ὁμοῦ δὲ καὶ τὰς τῶν ψευδηγόρων γλώττας
ἐπιστομίζουσα διὰ τῆς λογικωτέρας ἀποδείξεως, ἧς οὐδαμῶς ἡμῖν οἱ
συκοφάνται μετεῖναι διατείνονται, εὖ μάλα ὁσημέραι ταῖς καθ´ ἡμῶν
διαβολαῖς κατὰ κράτος ἐπεντριβόμενοι. Οὐδὲν γοῦν ἡμᾶς δύνασθαί φασι
δι´ ἀποδείξεως παρέχειν, πίστει δὲ μόνῃ προσέχειν ἀξιοῦν τοὺς ἡμῖν
προσιόντας. Πρὸς οὖν τὴν τοιαύτην διαβολὴν οὐκ ἂν γένοιτο ἡμῖν ἄλογος
ἡ παροῦσα πραγματεία, ναὶ μὴν καὶ τῶν ἀθέων αἱρέσεων τὰς κατὰ τῶν
θείων προφητῶν ψευδοδοξίας τε καὶ βλασφημίας ἀπελέγξει διὰ τῆς πρὸς
τὰ νέα τῶν παλαιῶν συμφωνίας. Τὴν μὲν οὖν μακροτέραν καὶ διεξοδικὴν
τῶν προφητικῶν φωνῶν ἑρμηνείαν τὰ νῦν ὁ λόγος ὑπερθήσεται, τοῖς
βουλομένοις τὰ τούτων ἐξετάζειν καταλιπών, ὃν οἷοί τ´ ἂν εἶεν εἰπεῖν »τὸν«
τρόπον, διδασκάλῳ δὲ χρώμενος παραγγέλματι θείῳ φάσκοντι «
κεφαλαίωσον ἐν ὀλίγοις πολλά », τοῦτο ζηλῶσαι φιλοτιμήσεται, αὐτὸ
μόνον ἀφορμὰς τῆς εἰς τοὺς τόπους θεωρίας καὶ τῶν εἰς τὸ προκείμενον
κατεπειγόντων τὴν εἰς τὸ σαφὲς ἑρμηνείαν παραθησόμενος. Ἅλις μὲν δὴ
προοιμίων· ἤδη δὲ καὶ τῶν ἀποδείξεων ἄρξομαι. Ἐπειδὴ πολὺς ἦν
ἐπιρρέων καθ´ ἡμῶν ὁ τῶν συκοφαντῶν ὄχλος, μηδὲν δύνασθαι φάσκων
δι´ ἀποδείξεων ἐναργὲς ἀληθείας παρέχειν δεῖγμα, πίστει δὲ μόνῃ
προσέχειν ἀξιοῦν τοὺς ἡμῖν προσιόντας, τούτους δὲ καὶ πείθειν οὐδὲν
πλέον ἢ σφᾶς αὐτούς, θρεμμάτων ἀλόγων δίκην, μύσαντας εὖ καὶ
ἀνδρείως ἕπεσθαι δεῖν ἀνεξετάστως ἅπασι τοῖς παρ´ ἡμῶν λεγομένοις,
παρ´ ὃ καὶ πιστοὺς χρηματίζειν, τῆς ἀλόγου χάριν πίστεως· εἰκότως διελὼν
τὰς καθ´ ἡμῶν διαβολάς, ἐν τῇ Προπαρασκευῇ τοῦ παντὸς λόγου πρώτην
μὲν τὴν τῶν πολυθέων ἐξεθέμην ἐθνῶν, ἐπεγκαλούντων ἡμῖν ὅτι δὴ τῶν
πατρίων θεῶν ἀποστάται κατέστημεν, ἐπὶ μέγα φαμένων τε ὅτι τὰ βάρβαρα
τῶν Ἑλλήνων προτετιμήκαμεν, τὰ παρ´ Ἑβραίοις ἀσπασάμενοι λόγια·
δευτέραν δὲ τὴν αὐτῶν Ἰουδαίων κατηγορίαν, δι´ ἧς καὶ αὐτοὶ δόξαιεν ἂν
ἡμῖν ἐνδίκως ἐπιμέμφεσθαι, ὅτι δὴ ταῖς αὐτῶν γραφαῖς καταχρώμενοι οὐ
τὸν ὅμοιον αὐτοῖς μέτιμεν τοῦ βίου τρόπον. Τούτων δ´ οὕτως ἡμῖν
διευκρινημένων, πρὸς μὲν τὴν πρώτην, ὡς οἷόν τε ἦν, διὰ τῆς Εὐαγγελικῆς
Προπαρασκευῆς ἀπηντήσαμεν, Ἕλληνες μὲν εἶναι τὸ πρὶν ὁμολογήσαντες
καὶ ἐξ ἑτέρων ἐθνῶν τὰ Ἑλλήνων πεφρονηκότες, ἐκ πατέρων τε τῇ
πολυθέῳ πλάνῃ δεδουλωμένοι, οὐ μὴν μέντοι ἀλόγῳ καὶ ἀνεξετάστῳ ὁρμῇ
κρίσει δὲ καὶ σώφρονι λογισμῷ μεταθέμενοι, τήν τε περὶ τὰ Ἑβραίων λόγια
σπουδὴν κεκριμένως ἡμῖν καὶ εὐλόγως γεγενημένην παραστήσαντες. Πρὸς
δὲ τὴν δευτέραν ὥρα νῦν φράξασθαι καὶ τὸ λεῖπον ἐπελθεῖν σκέμμα· τοῦτο
δ´ ἦν πρὸς τοὺς ἐκ περιτομῆς, οὔπω καὶ νῦν ἐξητασμένον, ἐνταῦθα δέ που
κατὰ καιρὸν ἐν τοῖς σπουδαζομένοις τῆς Εὐαγγελικῆς Ἀποδείξεως
ἀναπληρωθησόμενον. Φέρε οὖν τὸν τῶν ἁπάντων Ἰουδαίων τε καὶ
Ἑλλήνων θεὸν δι´ αὐτοῦ τοῦ σωτῆρος ἡμῶν ἐπικαλεσάμενοι, πρῶτον
ἐκεῖνο διασκεψώμεθα, τίς ὁ τρόπος τυγχάνει τῆς καθ´ ἡμᾶς αὐτοὺς
θεοσεβείας· ἐν ταὐτῷ δὲ καὶ τῶν ἐπιζητουμένων ἁπάντων ἐπιθήσομεν τὰς
λύσεις
| [1,1d] Les enfants des Grecs eux-mêmes pourraient en tirer avantage, si
leur esprit s'éclairait ; car par la coïncidence de cette merveilleuse
prescience de l'avenir et de l'accomplissement, suivant les prophéties,
des faits prédits, ne montrons-nous pas la divinité, l'évidence, la vérité de
notre foi ? et, par cette démonstration plus logique qu'aucune autre, ne
fermons-nous pas la bouche à nos calomniateurs, qui ne cessent de nous
objecter jusqu'à satiété, dans les diatribes que ces vils sycophantes
vomissent chaque jour contre nous, que nous ne pouvons rien prouver
par des démonstrations exactes, et que nous exigeons de nos néophytes
qu'ils se bornent à une foi aveugle? Or, cet ouvrage lui-même ne sera pas
sans force pour rétorquer cette fausse imputation, de même qu'il réfutera
les blasphèmes et les opinions erronées des hérétiques ennemis de Dieu
(les Manichéens) contre les prophètes, en montrant l'accord de
l'ancienne et de la nouvelle loi, tout en laissant le soin d'expliquer les
expressions de ces prophètes par de vastes et savants commentaires à
ceux qui, voulant entreprendre cette tâche, seront capables de l'amener à
bien. Pour nous, nous mettrons à profit la leçon de cet auteur inspiré
(Jésus, fils de Sirach, XXXII, 9) qui nous recommande de rassembler
beaucoup de pensées dans peu de paroles. Voilà le modèle que nous
nous sommes proposé de suivre, n'alléguant de textes qu'autant qu'ils
intéressent le sujet de cet écrit, et ne les interprétant, pour les rendre
clairs, qu'autant que la matière nous en fera une loi. Mais voilà assez
d'introduction. Je vais commencer enfin à démontrer ce que j'avance,
puisque la tourbe des accusateurs qui nous obsède, dit que nous ne
pouvons administrer aucune preuve évidente de vérité par le moyen des
démonstrations, et que nous ne permettons à ceux qui viennent nous
trouver d'admettre d'autre motif de crédibilité que la foi ; que nous ne leur
persuadons rien de plus que de nous suivre bouche close, sans examen
aucun, mais avec une détermination stupide, à la manière des brutes,
dans tout ce que nous leur disons. Voilà, disent-ils, pourquoi les chrétiens
se donnent le nom de fidèles (g-pistoi), c'est qu'ils n'ont qu'une foi (g-pistis)
sans raison. Déjà dans la préparation à cet ouvrage nous avons divisé,
comme il était convenable de le faire, les accusations dirigées contre
nous, nous avons placé en tête celle des nations adonnées à l'idolâtrie,
qui nous reprochent d'être déserteurs des dieux de la patrie, et qui
soutiennent que c'est une énormité de notre part d'avoir donné la
préférence aux doctrines des Barbares sur celles des Grecs, en ce que
nous adoptons les oracles des Hébreux. La seconde est celle des
Hébreux eux-mêmes, qui se croient fondés dans la plainte qu'ils nous
adressent de faire usage de leurs Ecritures, sans nous conformer à leur
genre de vie. Les choses ayant été distinguées de la sorte, nous avons
répondu de notre mieux à la première accusation dans la préparation
évangélique, en avouant qu'en effet nous sommes originaires grecs, ou
que, si nous sommes sortis des nations étrangères, nous avons pris les
sentiments et les opinions de la Grèce. Nous ne nierons pas non plus que
nous sommes issus de parents asservis à l'erreur du polythéisme. Ce
n'est pas cependant par une impulsion irréfléchie et dépourvue d'examen,
que nous avons changé, mais par un jugement sain et un raisonnement
approfondi, qui nous ont fait admettre comme judicieuse et parfaitement
convenable l'étude à faire des prophéties des Hébreux. Il est maintenant à
propos de nous prémunir contre la seconde agression, et de compléter
ainsi ce qui pouvait manquer à notre ouvrage : je veux dire celle des
disciples de la circoncision, que nous n'avons pas encore examinée: c'est
dans les livres de la démonstration évangélique en effet que se trouve la
vraie place de ce complément. Permettez donc qu'après avoir invoqué le
Dieu commun des Juifs et des païens, par l'entremise de notre Sauveur,
nous discutions d'abord cette question : Quel est le mode de culte
religieux en honneur parmi nous ? Nous y entremêlerons les solutions à
toutes les objections qui nous sont opposées.
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