HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

EURIPIDE, Les Troyennes (tragédie complète)

Vers 1150-1199

  Vers 1150-1199

[1150] ἑνὸς μὲν οὖν μόχθου ς´ ἀπαλλάξας ἔχω·
1151 Σκαμανδρίους γὰρ τάσδε διαπερῶν ῥοὰς
1152 ἔλουσα νεκρὸν κἀπένιψα τραύματα.
1153 ἀλλ´ εἶμ´ ὀρυκτὸν τῶιδ´ ἀναρρήξων τάφον,
1154 ὡς σύντομ´ ἡμῖν τἀπ´ ἐμοῦ τε κἀπὸ σοῦ
1155 ἐς ἓν ξυνελθόντ´ οἴκαδ´ ὁρμήσηι πλάτην.
1156 (ΕΚΑΒΗ) θέσθ´ ἀμφίτορνον ἀσπίδ´ Ἕκτορος πέδωι,
1157 λυπρὸν θέαμα κοὐ φίλον λεύσσειν ἐμοί.
1158 μείζον´ ὄγκον δορὸς ἔχοντες φρενῶν,
1159 τί τόνδ´, Ἀχαιοί, παῖδα δείσαντες φόνον
1160 καινὸν διειργάσασθε; μὴ Τροίαν ποτὲ
1161 πεσοῦσαν ὀρθώσειεν; οὐδὲν ἦτ´ ἄρα,
1162 ὅθ´ Ἕκτορος μὲν εὐτυχοῦντος ἐς δόρυ
1163 διωλλύμεσθα μυρίας τ´ ἄλλης χερός,
1164 πόλεως δ´ ἁλούσης καὶ Φρυγῶν ἐφθαρμένων
1165 βρέφος τοσόνδ´ ἐδείσατ´· οὐκ αἰνῶ φόβον,
1166 ὅστις φοβεῖται μὴ διεξελθὼν λόγωι.
1167 φίλταθ´, ὥς σοι θάνατος ἦλθε δυστυχής.
1168 εἰ μὲν γὰρ ἔθανες πρὸ πόλεως ἥβης τυχὼν
1169 γάμων τε καὶ τῆς ἰσοθέου τυραννίδος,
1170 μακάριος ἦσθ´ ἄν, εἴ τι τῶνδε μακάριον·
1171 νῦν δ´ αὔτ´ ἰδὼν μὲν γνούς τε σῆι ψυχῆι, τέκνον,
1172 οὐκ οἶσθ´, ἐχρήσω δ´ οὐδὲν ἐν δόμοις ἔχων.
1173 δύστηνε, κρατὸς ὥς ς´ ἔκειρεν ἀθλίως
1174 τείχη πατρῶια, Λοξίου πυργώματα,
1175 ὃν πόλλ´ ἐκήπευς´ τεκοῦσα βόστρυχον
1176 φιλήμασίν τ´ ἔδωκεν, ἔνθεν ἐκγελᾶι
1177 ὀστέων ῥαγέντων φόνος, ἵν´ αἰσχρὰ μὴ στέγω.
1178 χεῖρες, ὡς εἰκοὺς μὲν ἡδείας πατρὸς
1179 κέκτησθ´, ἐν ἄρθροις δ´ ἔκλυτοι πρόκεισθέ μοι.
1180 πολλὰ κόμπους ἐκβαλών, φίλον στόμα,
1181 ὄλωλας, ἐψεύσω μ´, ὅτ´ ἐσπίπτων πέπλους,
1182 μῆτερ, ηὔδας, πολύν σοι βοστρύχων
1183 πλόκαμον κεροῦμαι πρὸς τάφον θ´ ὁμηλίκων
1184 κώμους ἐπάξω, φίλα διδοὺς προσφθέγματα.
1185 σὺ δ´ οὐκ ἔμ´, ἀλλ´ ἐγὼ σὲ τὸν νεώτερον,
1186 γραῦς ἄπολις ἄτεκνος, ἄθλιον θάπτω νεκρόν.
1187 οἴμοι, τὰ πόλλ´ ἀσπάσμαθ´ αἵ τ´ ἐμαὶ τροφαὶ
1188 ὕπνοι τ´ ἐκεῖνοι φροῦδά μοι. τί καί ποτε
1189 γράψειεν ἄν σοι μουσοποιὸς ἐν τάφωι;
1190 Τὸν παῖδα τόνδ´ ἔκτειναν Ἀργεῖοί ποτε
1191 δείσαντες; αἰσχρὸν τοὐπίγραμμά γ´ Ἑλλάδι.
1192 ἀλλ´ οὖν πατρώιων οὐ λαχὼν ἕξεις ὅμως
1193 ἐν ἧι ταφήσηι χαλκόνωτον ἰτέαν.
1194 καλλίπηχυν Ἕκτορος βραχίονα
1195 σώιζους´, ἄριστον φύλακ´ ἀπώλεσας σέθεν.
1196 ὡς ἡδὺς ἐν πόρπακι σῶι κεῖται τύπος
1197 ἴτυός τ´ ἐν εὐτόρνοισι περιδρόμοις ἱδρώς,
1198 ὃν ἐκ μετώπου πολλάκις πόνους ἔχων
1199 ἔσταζεν Ἕκτωρ προστιθεὶς γενειάδι.
[1150] Il est un soin sur lequel je t'ai déjà prévenue : en traversant les eaux du Scamandre, j'ai baigné le cadavre, et j'ai lavé ses plaies, mais je vais lui creuser un tombeau, afin que, par le concours de tes soins et des miens, nous soyons bientôt prêts à faire voile pour notre aptrie. (Talthylbius quitte la scène) HÉCUBE. (1156) Posez à terre le bouclier d'Hector; triste spectacle, bien cruel pour une mère. O vous, dont les armes ont plus de vigueur que l'âme, Grecs, pourquoi la peur d'un enfant vous a-t-elle fait commettre ce nouveau meurtre ? Avez-vous craint qu'un jour il ne relevât Troie de ses ruines ? Vous étiez donc bien peu de chose, si, après que nous avons succombé, malgré la vaillance d'Hector et les nombreux guerriers qui l'entouraient, maintenant que Troie est prise et l'empire phrygien détruit, vous craigniez un si faible enfant ! Je ne puis approuver celui qui ne soumet pas ses craintes à l'épreuve de la raison. Cher Astyanax, que ta mort est malheureuse ! Si du moins tu étais mort pour ta patrie, après avoir connu la jeunesse, l'hymen, et un pouvoir égal à celui des dieux ; tu aurais été heureux, s'il y a quelque chose d'heureux dans de tels biens : tu les as vus sans les connaître, mon enfant, et tu n'as pas joui de ceux que tu avais à ta portée. Infortuné ! combien les murs de notre ville, ouvrage d'Apollon, ont défiguré ta tête charmante, et cette chevelure qui reçut tant de fois les soins et les baisers d'une mère ! de ses os fracassés découle le sang, pour ne pas nommer un objet repoussant. Ô mains, dont les mouvements me retraçaient la douce image de son père, je vous vois brisées dans toutes les articulations ! Bouche chérie, qui me charmais par tes doux propos, qu'es-tu devenue? Tu m'abusais, lorsque attaché à ma robe tu t'écriais : « Ah ! ma mère, je couperai sur ta tombe toutes les boucles de ma chevelure, et j'y conduirai les jeunes gens de mon âge, pour t'adresser de tendres adieux. Hélas ! c'est moi qui te pleure dans un âge si tendre ; courbée sous le poids des ans, sans enfants, sans patrie, c'est moi qui dois te rendre ces tristes et derniers devoirs. Hélas ! tant de caresses, tant de soins, tant de nuits inquiètes sont perdus! Quelles paroles les poètes graveront-ils sur ton tombeau ? « L'enfant qui repose ici, a péri par la main des Grecs, qui le craignaient. » Inscription déshonorante pour la Grèce ! Jeune enfant, tu perds l'héritage de tes pères, mais du moins le bouclier d'Hector sera ta sépulture. Bouclier qui, dans les combats, couvrais le corps de ce héros, tu as perdu ton brave défenseur. Je vois autour de cet anneau l'empreinte de son bras chéri ; je vois les traces de la sueur qui ruisselait de son front généreux, lorsque dans ses glorieux travaux il t'approchait de son visage.


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Dernière mise à jour : 8/10/2009