HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

EURIPIDE, Les Troyennes (tragédie complète)

Vers 450-499

  Vers 450-499

[450] θηρσὶ δώσουσιν δάσασθαι, τὴν Ἀπόλλωνος λάτριν.
451 στέφη τοῦ φιλτάτου μοι θεῶν, ἀγάλματ´ εὔια,
452 χαίρετ´· ἐκλέλοιφ´ ἑορτὰς αἷς πάροιθ´ ἠγαλλόμην.
453 ἴτ´ ἀπ´ ἐμοῦ χρωτὸς σπαραγμοῖς, ὡς ἔτ´ οὖς´ ἁγνὴ χρόα
454 δῶ θοαῖς αὔραις φέρεσθαι σοὶ τάδ´, μαντεῖ´ ἄναξ.
455 ποῦ σκάφος τὸ τοῦ στρατηγοῦ; ποῖ πόδ´ ἐμβαίνειν
455 με χρή;
456 οὐκέτ´ ἂν φθάνοις ἂν αὔραν ἱστίοις καραδοκῶν,
457 ὡς μίαν τριῶν Ἐρινὺν τῆσδέ μ´ ἐξάξων χθονός.
458 χαῖρέ μοι, μῆτερ· δακρύσηις μηδέν· φίλη πατρίς,
459 οἵ τε γῆς ἔνερθ´ ἀδελφοὶ χὠ τεκὼν ἡμᾶς πατήρ,
460 οὐ μακρὰν δέξεσθέ μ´· ἥξω δ´ ἐς νεκροὺς νικηφόρος
461 καὶ δόμους πέρσας´ Ἀτρειδῶν, ὧν ἀπωλόμεσθ´ ὕπο.
462 (ΧΟΡΟΣ) Ἑκάβης γεραιᾶς φύλακες, οὐ δεδόρκατε
463 δέσποιναν ὡς ἄναυδος ἐκτάδην πίτνει;
464 οὐκ ἀντιλήψεσθ´; μεθήσετ´, κακαί,
465 γραῖαν πεσοῦσαν; αἴρετ´ εἰς ὀρθὸν δέμας.
466 (ΕΚΑΒΗ) ἐᾶτέ μ´ (οὔτοι φίλα τὰ μὴ φίλ´, κόραι)
467 κεῖσθαι πεσοῦσαν· πτωμάτων γὰρ ἄξια
468 πάσχω τε καὶ πέπονθα κἄτι πείσομαι.
469 θεοί· κακοὺς μὲν ἀνακαλῶ τοὺς συμμάχους,
470 ὅμως δ´ ἔχει τι σχῆμα κικλήσκειν θεούς,
471 ὅταν τις ἡμῶν δυστυχῆ λάβηι τύχην.
472 πρῶτον μὲν οὖν μοι τἀγάθ´ ἐξᾶισαι φίλον·
473 τοῖς γὰρ κακοῖσι πλείον´ οἶκτον ἐμβαλῶ.
474 μὲν τύραννος κἀς τύρανν´ ἐγημάμην,
475 κἀνταῦθ´ ἀριστεύοντ´ ἐγεινάμην τέκνα,
476 οὐκ ἀριθμὸν ἄλλως ἀλλ´ ὑπερτάτους Φρυγῶν·
477 οὓς Τρωιὰς οὐδ´ Ἑλληνὶς οὐδὲ βάρβαρος
478 γυνὴ τεκοῦσα κομπάσειεν ἄν ποτε.
479 κἀκεῖνά τ´ εἶδον δορὶ πεσόνθ´ Ἑλληνικῶι
480 τρίχας τ´ ἐτμήθην τάσδε πρὸς τύμβοις νεκρῶν,
481 καὶ τὸν φυτουργὸν Πρίαμον οὐκ ἄλλων πάρα
482 κλύους´ ἔκλαυσα, τοῖσδε δ´ εἶδον ὄμμασιν
483 αὐτὴ κατασφαγέντ´ ἐφ´ ἑρκείωι πυρᾶι,
484 πόλιν θ´ ἁλοῦσαν. ἃς δ´ ἔθρεψα παρθένους
485 ἐς ἀξίωμα νυμφίων ἐξαίρετον,
486 ἄλλοισι θρέψας´ ἐκ χερῶν ἀφηιρέθην·
487 κοὔτ´ ἐξ ἐκείνων ἐλπὶς ὡς ὀφθήσομαι
488 αὐτή τ´ ἐκείνας οὐκέτ´ ὄψομαί ποτε.
489 τὸ λοίσθιον δέ, θριγκὸς ἀθλίων κακῶν,
490 δούλη γυνὴ γραῦς Ἑλλάδ´ εἰσαφίξομαι.
491 δ´ ἐστὶ γήραι τῶιδ´ ἀσυμφορώτατα,
492 τούτοις με προσθήσουσιν, θυρῶν λάτριν
493 κλῆιδας φυλάσσειν, τὴν τεκοῦσαν Ἕκτορα,
494 σιτοποιεῖν κἀν πέδωι κοίτας ἔχειν
495 ῥυσοῖσι νώτοις, βασιλικῶν ἐκ δεμνίων,
496 τρυχηρὰ περὶ τρυχηρὸν εἱμένην χρόα
497 πέπλων λακίσματ´, ἀδόκιμ´ ὀλβίοις ἔχειν.
498 οἲ ´γὼ τάλαινα, διὰ γάμον μιᾶς ἕνα
499 γυναικὸς οἵων ἔτυχον ὧν τε τεύξομαι.
[450] et la prêtresse d'Apollon servira de pâture aux animaux sauvages. Adieu, ô couronnes du dieu que j'ai chéri entre tous ; ornements prophétiques, adieu! J'abandonne les fêtes qui faisaient mes plaisirs. Loin de mon corps pur et sans tache ces ornements inutiles; arrachés par mes mains, j'en livre les lambeaux aux vents rapides, pour qu'ils te les portent, ô dieu prophète. Où est le vaisseau des Atrides? Sur lequel dois-je monter? Empressé d'ouvrir tes voiles aux vents favorables, emporte-moi au plus tôt loin de cette terre commune des trois Furies. Adieu, ma mère, arrête tes larmes. O chère patrie, et vous mes frères, habitants des enfers, et toi mon père, je vous rejoindrai bientôt. Je viendrai victorieuse parmi les morts, après avoir détruit la maison des Atrides, auteurs de notre ruine. (Elle part avec Talthybius.) LE CHOEUR. (462) Gardiennes de la vieille Hécube, ne voyez-vous pas votre maîtresse sans voix, étendue sur la terre? Allez donc à son secours. Ah! malheureuses, l'abandonnez-vous dans sa détresse? Relevez son corps abattu. HÉCUBE. (466) Laissez-moi, jeunes Troyennes, vos soins me sont a charge ; laissez-moi prosternée sur la terre ; c'est l'état qui convient aux maux que j'éprouve, à ceux que j'ai soufferts et que je dois souffrir encore. O dieux ! C'est en vain que j'invoque ces dieux lents à nous secourir; cependant il sied aux mortels de les appeler, lorsque l'on tombe dans l'infortune. D'abord il m'est doux de retracer le souvenir de mes prospérités; j'inspirerai ainsi plus de pitié pour mes souffrances. J'étais reine, je devins l'épouse d'un roi, et je donnai le jour à de nobles enfants, non pas seulement d'un mérite vulgaire, mais les premiers des Phrygiens, et tels qu'aucune femme troyenne, grecque ou barbare, ne peut se glorifier d'en posséder de pareils. Je les ai vus périr sous la lance des Grecs, et j'ai coupé ma chevelure sur leur tombeau. Et Priam, leur père, ce n'est pas sur un récit étranger que je l'ai pleuré, je l'ai vu de mes yeux égorgé au pied de l'autel de Jupiter Hercéen, et avec lui j'ai vu tomber son empire; et mes filles, que j'élevai pour d'illustres hyménées, c'est à d'autres qu'elles sont échues en partage ; on les arrache d'entre mes bras, et il ne me reste plus d'espoir d'être jamais revue par elles, et moi-même je ne les reverrai jamais. Enfin, pour mettre je comble à mon malheur, je deviens dans ma vieillesse, esclave des Grecs, ils m'imposeront les services les plus humiliants pour mon grand âge ; moi, la mère d'Hector, on me chargera de veiller aux portes et de garder les clefs, ou de faire le pain ; réduite à coucher sur la terre mon corps épuisé, qui fut habitué à la couche royale, et à revêtir mes membres déchirés des lambeaux déchirés de la misère. Ah ! malheureuse ! que de calamités l'amour d'une seule femme a-t-il attisées sur ma tête !


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Dernière mise à jour : 8/10/2009