HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

EURIPIDE, Les Suppliantes (tragédie complète)

Vers 200-249

  Vers 200-249

[200] εἰ μὴ γὰρ ἦν τόδ´, οὐκ ἂν ἦμεν ἐν φάει.
201 αἰνῶ δ´ ὃς ἡμῖν βίοτον ἐκ πεφυρμένου
202 καὶ θηριώδους θεῶν διεσταθμήσατο,
203 πρῶτον μὲν ἐνθεὶς σύνεσιν, εἶτα δ´ ἄγγελον
204 γλῶσσαν λόγων δούς, ὥστε γιγνώσκειν ὄπα,
205 τροφήν τε καρποῦ τῆι τροφῆι τ´ ἀπ´ οὐρανοῦ
206 σταγόνας ὑδρηλὰς ὡς τά τ´ ἐκ γαίας τρέφηι
207 ἄρδηι τε νηδύν· πρὸς δὲ τοῖσι χείματος
208 προβλήματ´ αἶθόν τ´ ἐξαμύνασθαι θεοῦ,
209 πόντου τε ναυστολήμαθ´ ὡς διαλλαγὰς
210 ἔχοιμεν ἀλλήλοισιν ὧν πένοιτο γῆ.
211 δ´ ἔστ´ ἄσημα κοὐ σαφῶς γιγνώσκομεν,
212 ἐς πῦρ βλέποντες καὶ κατὰ σπλάγχνων πτυχὰς
213 μάντεις προσημαίνουσιν οἰωνῶν τ´ ἄπο.
214 ἆρ´ οὐ τρυφῶμεν, θεοῦ κατασκευὴν βίωι
215 δόντος τοιαύτην, οἷσιν οὐκ ἀρκεῖ τάδε;
216 ἀλλ´ φρόνησις τοῦ θεοῦ μεῖζον σθένειν
217 ζητεῖ, τὸ γαῦρον δ´ ἐν φρεσὶν κεκτημένοι
218 δοκοῦμεν εἶναι δαιμόνων σοφώτεροι.
219 ἧς καὶ σὺ φαίνηι δεκάδος, οὐ σοφὸς γεγώς,
220 ὅστις κόρας μὲν θεσφάτοις Φοίβου ζυγεὶς
221 ξένοισιν ὧδ´ ἔδωκας ὡς δόντων θεῶν,
222 λαμπρὸν δὲ θολερῶι δῶμα συμμείξας τὸ σὸν
223 ἥλκωσας οἴκους· χρὴ γὰρ οὔτε σώματα
224 ἄδικα δικαίοις τὸν σοφὸν συμμειγνύναι
225 εὐδαιμονοῦντάς τ´ ἐς δόμους κτᾶσθαι φίλους.
226 κοινὰς γὰρ θεὸς τὰς τύχας ἡγούμενος
227 τοῖς τοῦ νοσοῦντος πήμασιν διώλεσεν
228 τὸν οὐ νοσοῦντα κοὐδὲν ἠδικηκότα.
229 ἐς δὲ στρατείαν πάντας Ἀργείους ἄγων,
230 μάντεων λεγόντων θέσφατ´ εἶτ´ ἀτιμάσας,
231 βίαι παρελθὼν θεοὺς ἀπώλεσας πόλιν,
232 νέοις παραχθεὶς οἵτινες τιμώμενοι
233 χαίρουσι πολέμους τ´ αὐξάνους´ ἄνευ δίκης,
234 φθείροντες ἀστούς, μὲν ὅπως στρατηλατῆι,
235 δ´ ὡς ὑβρίζηι δύναμιν ἐς χεῖρας λαβών,
236 ἄλλος δὲ κέρδους οὕνεκ´, οὐκ ἀποσκοπῶν
237 τὸ πλῆθος εἴ τι βλάπτεται πάσχον τάδε.
238 τρεῖς γὰρ πολιτῶν μερίδες· οἱ μὲν ὄλβιοι
239 ἀνωφελεῖς τε πλειόνων τ´ ἐρῶς´ ἀεί·
240 οἱ δ´ οὐκ ἔχοντες καὶ σπανίζοντες βίου
241 δεινοί, νέμοντες τῶι φθόνωι πλέον μέρος,
242 ἐς τούς τ´ ἔχοντας κέντρ´ ἀφιᾶσιν κακά,
243 γλώσσαις πονηρῶν προστατῶν φηλούμενοι·
244 τριῶν δὲ μοιρῶν ´ν μέσωι σώιζει πόλεις,
245 κόσμον φυλάσσους´ ὅντιν´ ἂν τάξηι πόλις.
246 κἄπειτ´ ἐγώ σοι σύμμαχος γενήσομαι;
247 τί πρὸς πολίτας τοὺς ἐμοὺς λέγων καλόν;
248 χαίρων ἴθ´· εἰ γὰρ μὴ βεβούλευσαι καλῶς
249 αὐτὸς πιέζειν τὴν τύχην ἡμᾶς λίαν.
[200] S'il n'en était ainsi, nous ne serions pas au monde. Je rends hommage au dieu qui fit succéder à la vie grossière et sauvage des brutes une vie régulière, d'abord en nous dotant d'intelligence, et en nous donnant la langue, messagère des paroles et interprète de la pensée, des fruits pour nous nourrir, et la rosée céleste pour alimenter les fruits de la terre et féconder son sein; et en outre, des abris contre les rigueurs de l'hiver et contre les ardeurs du soleil, l'art de naviguer sur les mers, pour nous procurer par des échanges les productions qui manquent à chaque contrée. Enfin, ce qui nous est obscur, ce qui se dérobe à notre connaissance, les devins nous le prédisent par l'inspection du feu, des entrailles des victimes, et du vol des oiseaux. N'est-ce pas une prétention excessive de notre part, quand Dieu répand sur notre vie une telle abondance de biens, de ne pas nous en contenter? Mais notre orgueil veut être plus fort que Dieu, et, dans l'arrogance de notre esprit, nous nous croyons plus sages que lui. Toi-même tu parais être de ce nombre, et fort peu sage ; toi qui, enchaîné par l'oracle d'Apollon, as donné ainsi tes filles à des étrangers, comme ne doutant pas de l'existence des dieux, et n'as pas craint de ternir l'éclat de ton illustre maison par une alliance impure. Le sage ne doit pas mêler un sang criminel au sang innocent, mais acquérir des amis dont la prospérité soit appui de sa maison ; car Dieu, confondant ensemble les destinées de ceux qui sont unis, fait retomber les malheurs du coupable sur l'innocent, qui n'a point fait de mal. Et cependant lorsque tu as emmené l'armée des Argiens dans ton expédition, quand les devins ont parlé, tu as dédaigné leurs oracles, tu as passé outre, malgré la défense des dieux ; et tu as ruiné ta patrie, pour complaire à des jeunes gens avides d'honneurs, qui poussent à la guerre contre toute justice, et corrompent les citoyens, l'un pour devenir général, l'autre pour s'emparer du pouvoir et l'exercer avec insolence, celui-ci pour satisfaire sa cupidité, sans songer au peuple et aux maux qui retombent sur lui. Car trois partis divisent les états : les riches, gens inutiles et toujours avides d'amasser; les pauvres, à qui manque le nécessaire, gens violents, livrés pour la plupart à l'envie, qui lancent contre les riches mille traits injurieux, abusés par les calomnies de leurs chefs pervers. De ces trois partis, c'est la classe moyenne qui fait le salut des états, qui maintient le bon ordre et la constitution établie. Et tu veux que je combatte pour toi? Quelle raison honorable pourrais-je alléguer à mes concitoyens? Adieu, laisse-nous : si tu t'es engagé toi-même dans une mauvaise voie, il n'est pas juste de nous entraîner dans ta mauvaise fortune.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 1/10/2009