[950] (ΧΟΡΟΣ) μάτην ἄρ´ ἡμᾶς Θρήικιος τροχηλάτης
951 ἐδέννας´, Ἕκτορ, τῶιδε βουλεῦσαι φόνον.
952 (ΕΚΤΩΡ) ἤιδη τάδ´· οὐδὲν μάντεων ἔδει φράσαι
953 Ὀδυσσέως τέχναισι τόνδ´ ὀλωλότα.
954 ἐγὼ δὲ γῆς ἔφεδρον Ἑλλήνων στρατὸν
955 λεύσσων, τί μὴν ἔμελλον οὐ πέμψειν φίλοι
956 κήρυκας, ἐλθεῖν κἀπικουρῆσαι χθονί;
957 ἔπεμψ´· ὀφείλων δ´ ἦλθε συμπονεῖν ἐμοί.
958 οὐ μὴν θανόντι γ´ οὐδαμῶς συνήδομαι·
959 καὶ νῦν ἕτοιμος τῶιδε καὶ τεῦξαι τάφον
960 καὶ ξυμπυρῶσαι μυρίαν πέπλων χλιδήν·
961 φίλος γὰρ ἐλθὼν δυστυχῶς ἀπέρχεται.
962 (ΜΟΥΣΑ) οὐκ εἶσι γαίας ἐς μελάγχιμον πέδον·
963 τοσόνδε νύμφην τὴν ἔνερθ´ αἰτήσομαι,
964 τῆς καρποποιοῦ παῖδα Δήμητρος θεᾶς,
965 ψυχὴν ἀνεῖναι τοῦδ´· ὀφειλέτις δέ μοι
966 τοὺς Ὀρφέως τιμῶσα φαίνεσθαι φίλους.
967 κἀμοὶ μὲν ὡς θανών τε κοὐ λεύσσων φάος
968 ἔσται τὸ λοιπόν· οὐ γὰρ ἐς ταὐτόν ποτε
969 ἔτ´ εἶσιν οὐδὲ μητρὸς ὄψεται δέμας·
970 κρυπτὸς δ´ ἐν ἄντροις τῆς ὑπαργύρου χθονὸς
971 ἀνθρωποδαίμων κείσεται βλέπων φάος,
972 Βάκχου προφήτης, ὅς γε Παγγαίου πέτραν
973 ὤικησε, σεμνὸς τοῖσιν εἰδόσιν θεός.
974 ῥᾶιον δὲ πένθος τῆς θαλασσίας θεοῦ
975 οἴσω· θανεῖν γὰρ καὶ τὸν ἐκ κείνης χρεών.
976 θρήνοις δ´ ἀδελφαὶ πρῶτα μὲν ς´ ὑμνήσομεν,
977 ἔπειτ´ Ἀχιλλέα Θέτιδος ἐν πένθει ποτέ.
978 οὐ ῥύσεταί νιν Παλλάς, ἥ ς´ ἀπέκτανεν·
979 τοῖον φαρέτρα Λοξίου σώιζει βέλος.
980 ὦ παιδοποιοὶ συμφοραί, πόνοι βροτῶν·
981 ὡς ὅστις ὑμᾶς μὴ κακῶς λογίζεται
982 ἄπαις διοίσει κοὐ τεκὼν θάψει τέκνα.
983 (ΧΟΡΟΣ) οὗτος μὲν ἤδη μητρὶ κηδεύειν μέλει·
984 σὺ δ´, εἴ τι πράσσειν τῶν προκειμένων θέλεις,
985 Ἕκτορ, πάρεστι· φῶς γὰρ ἡμέρας τόδε.
986 (ΕΚΤΩΡ) χωρεῖτε, συμμάχους δ´ ὁπλίζεσθαι τάχος
987 ἄνωχθε πληροῦν τ´ αὐχένας ξυνωρίδων.
988 πανοὺς δ´ ἔχοντας χρὴ μένειν Τυρσηνικῆς
989 σάλπιγγος αὐδήν· ὡς ὑπερβαλὼν τάφρον
990 τείχη τ´ Ἀχαιῶν ναυσὶν αἶθον ἐμβαλεῖν
991 πέποιθα Τρωσί θ´ ἡμέραν ἐλευθέραν
992 ἀκτῖνα τὴν στείχουσαν ἡλίου φέρειν.
993 (ΧΟΡΟΣ) πείθου βασιλεῖ· στείχωμεν ὅπλοις
994 κοσμησάμενοι καὶ ξυμμαχίαι
995 τάδε φράζωμεν· τάχα δ´ ἂν νίκην
996 δοίη δαίμων ὁ μεθ´ ἡμῶν.
| [950] LE CHOEUR.
C'est donc bien injustement, Hector, que le guerrier thrace, dans ses outrages, nous accusait d'avoir tramé ce meurtre.
HECTOR.
Je le savais : il n'était pas besoin de devin pour dire que Rhésus avait péri par une machination d'Ulysse. Quant à moi, voyant l'armée grecque envahir ma patrie, pouvais-je me dispenser d'envoyer des messages à nos amis, pour invoquer leur secours? Je l'ai fait, et Rhésus est venu, comme il le devait, partager mes dangers. Certes, je ne me réjouis pas de sa mort ; je suis prêt à lui ériger un tombeau, et à brûler sur son bûcher de magnifiques vêtements, II est venu en ami, une mort funeste nous l'enlève.
962 LA MUSE.
Mon fils ne descendra point dans les sombres abîmes de la terre, tant je supplierai la déesse des enfers, la fille de Cérès, qui fait mûrir les fruits, de me rendre son âme. Elle doit vouloir honorer les amis d'Orphée. Pour moi, il n'en sera pas moins désormais mort et privé de la lumière; car jamais il ne pourra s'approcher de moi et jouir de la vue d'une mère. Caché dans les grottes de la contrée que sillonnent de riches mines d'argent, homme déifié, il y vivra comme prêtre de Bacchus et du dieu révéré des initiés, qui habite les roches du mont Pangée. Je chanterai bientôt la douleur de la déesse des mers, car la mort de son fils est dans l'ordre des destins. Mes sœurs et moi nous commencerons par te célébrer dans nos chants funèbres ; ensuite nous pleurerons sur Achille, fils de Thétis. Pallas, qui t'a fait périr, ne l'épargnera pas ; le carquois d'Apollon garde une de ses flèches pour lui. O tourments de la paternité, supplice des mortels, quiconque vous juge tels que vous êtes vivra sans enfants, et n'aura pas la douleur d'ensevelir ceux auxquels il donna la vie !
983 LE CHOEUR.
La mère de ce guerrier prendra soin de sa sépulture. Mais toi, Hector, si tu veux agir, voici le moment, le jour commence à paraître.
986 HECTOR.
Allez ; que nos guerriers revêtent promptement leurs armes, que les coursiers soumettent au joug leurs têtes obéissantes, et que nos soldats, armés de torches, attendent le signal de la trompette tyrrhénienne ; car je passerai sur l'armée des Grecs et sur leurs retranchements; j'embraserai leurs vaisseaux, et, je l'espère, les rayons du soleil qui s'avance feront luire un jour libre pour les Troyens.
LE CHOEUR.
Obéissons à notre roi ; allons, couverts de nos armes, porter ses ordres à nos guerriers :
996 peut-être le dieu qui nous protège nous donnera la victoire.
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