[1050] μιαίνει δὲ πτόλιν,
1051 δι´ αἱμάτων δ´ ἀμείβει
1052 μυσαρὸν εἰς ἀγῶνα,
1053 καταβαλὼν ἀραῖσι
1054 τέκεα μέλεος. ἀγάμεθ´ ἀγάμεθ´,
1055 ὃς ἐπὶ θάνατον οἴχεται
1056 γᾶς ὑπὲρ πατρώιας,
1057 Κρέοντι μὲν λιπὼν γόους,
1058 τὰ δ´ ἑπτάπυργα κλῆιθρα γᾶς
1059 καλλίνικα θήσων.
1060 γενοίμεθ´ ὧδε ματέρες
1061 γενοίμεθ´ εὔτεκνοι, φίλα
1062 Παλλάς, ἃ δράκοντος αἷμα
1063 λιθόβολον κατηργάσω,
1063 Καδμείαν μέριμναν
1064 ὁρμάσας´ ἐπ´ ἔργον,
1065 ὅθεν ἐπέσυτο τάνδε γαῖαν
1066 ἁρπαγαῖσι δαιμόνων τις ἄτα.
1067 (ΑΓΓΕΛΟΣ)
1067 ὠή, τίς ἐν πύλαισι δωμάτων κυρεῖ;
1068 ἀνοίγετ´, ἐκπορεύετ´ Ἰοκάστην δόμων.
1069 ὠὴ μάλ´ αὖθις. διὰ μακροῦ μέν, ἀλλ´ ὅμως.
1070 {ἔξελθ´, ἄκουσον, Οἰδίπου κλεινὴ δάμαρ,
1071 λήξας´ ὀδυρμῶν πενθίμων τε δακρύων.}
1072 (ΙΟΚΑΣΤΗ) ὦ φίλτατ´, οὔ που ξυμφορὰν ἥκεις φέρων
1073 Ἐτεοκλέους θανόντος, οὗ παρ´ ἀσπίδα
1074 βέβηκας αἰεὶ πολεμίων εἴργων βέλη;
1075 {τί μοί ποθ´ ἥκεις καινὸν ἀγγελῶν ἔπος;}
1076 τέθνηκεν ἢ ζῆι παῖς ἐμός; σήμαινέ μοι.
1077 (ΑΓΓΕΛΟΣ) ζῆι, μὴ τρέσηις, τοῦδ´ ὥς ς´ ἀπαλλάξω φόβου.
1078 (ΙΟΚΑΣΤΗ) τί δ´ ἑπτάπυργοι—πῶς ἔχουσι; —περιβολαί;
1079 (ΑΓΓΕΛΟΣ) ἑστᾶς´ ἄθραυστοι κοὐκ ἀνήρπασται πόλις.
1080 (ΙΟΚΑΣΤΗ) ἦλθον δὲ πρὸς κίνδυνον Ἀργείου δορός;
1081 (ΑΓΓΕΛΟΣ) ἀκμήν γ´ ἐπ´ αὐτήν· ἀλλ´ ὁ Καδμείων Ἄρης
1082 κρείσσων κατέστη τοῦ Μυκηναίου δορός.
1083 (ΙΟΚΑΣΤΗ) ἓν εἰπὲ πρὸς θεῶν, εἴ τι Πολυνείκους πέρι
1084 οἶσθ´· ὡς μέλει μοι καὶ τόδ´, εἰ λεύσσει φάος.
1085 (ΑΓΓΕΛΟΣ) ζῆι σοι ξυνωρὶς ἐς τόδ´ ἡμέρας τέκνων.
1086 (ΙΟΚΑΣΤΗ) εὐδαιμονοίης. πῶς γὰρ Ἀργεῖον δόρυ
1087 πυλῶν ἀπεστήσασθε πυργηρούμενοι;
1088 λέξον, γέροντα τυφλὸν ὡς κατὰ στέγας
1089 ἐλθοῦσα τέρψω, τῆσδε γῆς σεσωμένης.
1090 (ΑΓΓΕΛΟΣ) ἐπεὶ Κρέοντος παῖς ὁ γῆς ὑπερθανὼν
1091 πύργων ἐπ´ ἄκρων στὰς μελάνδετον ξίφος
1092 λαιμῶν διῆκε, τῆιδε γῆι σωτηρίαν,
1093 λόχους ἔνειμεν ἑπτὰ καὶ λοχαγέτας
1094 πύλας ἐφ´ ἑπτά, φύλακας Ἀργείου δορός,
1095 σὸς παῖς, ἐφέδρους δ´ ἱππότας μὲν ἱππόταις
1096 ἔταξ´, ὁπλίτας δ´ ἀσπιδηφόροις ἔπι,
1097 ὡς τῶι νοσοῦντι τειχέων εἴη δορὸς
1098 ἀλκὴ δι´ ὀλίγου. περγάμων δ´ ἀπ´ ὀρθίων
1099 λεύκασπιν εἰσορῶμεν Ἀργείων στρατὸν
| [1050] et par cet hymen sacrilège il souille la ville. Aujourd'hui
il y fait couler le sang : car il a allumé par ses impré-
cations une lutte impie entre ses deux fils, le malheureux!
Nous admirons, oui, nous admirons ce jeune homme qui
s'en est allé mourir pour sa patrie. Il laisse à Créon un sujet
de larmes, mais il assure à la ville aux sept tours une glo-
rieuse victoire. Puissions-nous être mères de tels héros! Puis-
sions-nous avoir d'aussi nobles enfants, Ô chère Pallas, qui,
armant d'un rocher le bras de Cadmos et stimulant son
ardeur, as écrasé le dragon dont la mort a fait tomber sur
ce pays le fléau dévastateur envoyé par les dieux!
(UN MESSAGER) Holà! y a-t-il quelqu'un à cette porte? Ouvrez!
appelez Jocaste hors du palais. Holà! encore une fois. Tu
tardes bien : sors pourtant, et écoute, illustre épouse d'OEdipe ;
cesse tes gémissements et tes larmes de douleur.
(JOCASTE) Ami, est-ce quelque malheur, est-ce la mort
d'Etéocle que tu viens m'annoncer, toi qui l'as toujours
accompagné au combat pour écarter de lui les traits de
l'ennemi? {Quelle nouvelle m'apportes-tu?} Mon fils est-il
mort ou vivant? parle.
(LE MESSAGER) Il vit, rassure-toi : je veux d'abord te délivrer
de cette crainte.
(JOCASTE) Et les remparts qui forment l'enceinte de la ville
aux sept tours, en quel état sont-ils?
(LE MESSAGER) Ils tiennent bon, sans brèche, et Thèbes n'est
pas au pillage.
(JOCASTE) Ont-ils reçu le choc des lances argiennes?
(LE MESSAGER) La lutte a été vive mais l'Arès thébain a
triomphé des armes mycéniennes.
(JOCASTE) Un seul mot, au nom des dieux! sais-tu quelque
chose de Polynice? est-il vivant? c'est aussi ce qui m'inquiète.
(LE MESSAGER) Jusqu'à cette heure tes deux fils vivent encore.
(JOCASTE) Sois béni! Mais comment, en combattant du haut
des tours, avez-vous repoussé de nos portes l'armée argienne?
Dis-le-moi, pour que j'aille dans le palais réjouir le vieillard
aveugle par la nouvelle de notre délivrance.
(LE MESSAGER) Debout sur le haut des remparts, le fils de
Créon, mourant pour sa patrie, venait de se plonger dans
la gorge le sombre glaive qui devait sauver Thèbes. Ton fils
place à chacune des sept portes sept bataillons avec
leurs chefs, pour repousser l'armée argienne : il oppose aux
cavaliers des cavaliers, aux fantassins des fantassins, prêts à se
porter en un instant au secours de la partie des murs qui
serait menacée. Du haut de la citadelle nous voyons s'avancer
sous ses boucliers blancs l'armée argienne
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