[750] ἴσους ἴσοισι πολεμίοισιν ἀντιθείς.
751 ὄνομα δ´ ἑκάστου διατριβὴ πολλὴ λέγειν,
752 ἐχθρῶν ὑπ´ αὐτοῖς τείχεσιν καθημένων.
753 ἀλλ´ εἶμ´, ὅπως ἂν μὴ καταργῶμεν χέρα.
754 {καί μοι γένοιτ´ ἀδελφὸν ἀντήρη λαβεῖν
755 καὶ ξυσταθέντα διὰ μάχης ἑλεῖν δορὶ
756 κτανεῖν θ´, ὃς ἦλθε πατρίδα πορθήσων ἐμήν.
757 γάμους δ´ ἀδελφῆς Ἀντιγόνης παιδός τε σοῦ
758 Αἵμονος, ἐάν τι τῆς τύχης ἐγὼ σφαλῶ,
759 σοὶ χρὴ μέλεσθαι· τὴν δόσιν δ´ ἐχέγγυον
760 τὴν πρόσθε ποιῶ νῦν ἐπ´ ἐξόδοις ἐμαῖς.
761 μητρὸς δ´ ἀδελφὸς εἶ· τί δεῖ μακρηγορεῖν;
762 τρέφ´ ἀξίως νιν σοῦ τε τήν τ´ ἐμὴν χάριν.
763 πατὴρ δ´ ἐς αὑτὸν ἀμαθίαν ὀφλισκάνει,
764 ὄψιν τυφλώσας· οὐκ ἄγαν σφ´ ἐπήινεσα·
765 ἡμᾶς δ´ ἀραῖσιν, ἢν τύχηι, κατακτενεῖ.}
766 ἓν δ´ ἐστὶν ἡμῖν ἀργόν, εἴ τι θέσφατον
767 οἰωνόμαντις Τειρεσίας ἔχει φράσαι,
768 τοῦδ´ ἐκπυθέσθαι ταῦτ´· ἐγὼ δὲ παῖδα σὸν
769 Μενοικέα, σοῦ πατρὸς αὐτεπώνυμον,
770 λαβόντα πέμψω δεῦρο Τειρεσίαν, Κρέον·
771 σοὶ μὲν γὰρ ἡδὺς ἐς λόγους ἀφίξεται,
772 ἐγὼ δὲ τέχνην μαντικὴν ἐμεμψάμην
773 ἤδη πρὸς αὐτόν, ὥστε μοι μομφὰς ἔχειν.
774 {πόλει δὲ καὶ σοὶ ταῦτ´ ἐπισκήπτω, Κρέον·
775 ἤνπερ κρατήσηι τἀμά, Πολυνείκους νέκυν
776 μήποτε ταφῆναι τῆιδε Θηβαίαι χθονί,
777 θνήισκειν δὲ τὸν θάψαντα, κἂν φίλων τις ἦι.
778 σοὶ μὲν τάδ´ εἶπον· προσπόλοις δ´ ἐμοῖς λέγω·}
779 ἐκφέρετε τεύχη πάνοπλά τ´ ἀμφιβλήματα
780 ὡς εἰς ἀγῶνα τὸν προκείμενον δορός
781 {ὁρμώμεθ´ ἤδη ξὺν δίκηι νικηφόρωι}.
782 τῆι δ´ Εὐλαβείαι, χρησιμωτάτηι θεῶν,
783 προσευχόμεσθα τήνδε διασῶσαι πόλιν.
784 (ΧΟΡΟΣ) ὦ πολύμοχθος Ἄρης, τί ποθ´ αἵματι
785 καὶ θανάτωι κατέχηι Βρομίου παράμουσος ἑορταῖς;
786 οὐκ ἐπὶ καλλιχόροις στεφάνοισι νεάνιδος ὥρας
787 βόστρυχον ἀμπετάσας λωτοῦ κατὰ πνεύματα μέλπηι
788 μοῦσαν ἐν ἇι Χάριτες χοροποιοί,
789 ἀλλὰ σὺν ὁπλοφόροις στρατὸν Ἀργείων ἐπιπνεύσας
790a αἵματι Θήβας
791 κῶμον ἀναυλότατον προχορεύεις·
791 οὐδ´ ὑπὸ θυρσομανεῖ νεβρίδων μέτα δινεύεις
792 ἅρμασι καὶ ψαλίων τετραβάμοσι μώνυχα πώλων
793 Ἱσμηνοῦ τ´ ἐπὶ χεύμασι βαίνων
794a ἱππείαισι θοάζεις,
795 Ἀργείοις ἐπιπνεύσας
795 Σπαρτῶν γένναι
796 ἀσπιδοφέρμονα θίασον ἔνοπλον
797a ἀντίπαλον κατὰ λάϊνα τείχεα
798 χαλκῶι κοσμήσας.
798 ἦ δεινά τις Ἔρις θεός, ἃ τάδε
799 μήσατο πήματα γᾶς βασιλεῦσιν
| [750] en nombre égal aux chefs argiens. J'ai mieux à faire que de les
nommer l'un après l'autre, lorsque l'ennemi campe au pied même de
nos remparts. Je pars donc, pour que mon bras ne reste
pas oisif. Puissé-je me trouver en face de mon frère, en
venir aux mains avec lui, l'abattre de ma lance {et tuer
l'homme qui est venu ruiner ce pays}. Si la fortune me
trahit, tu marieras ma soeur Antigone avec ton fils Hoemon : je
confirme, avant de partir, le consentement que j'ai donné à
cette union. Tu es le frère de ma mère : à quoi bon de longs
discours? Pour toi comme pour moi entoure-la des soins
qui lui sont dus. Quant à mon père, il a tourné contre lui-même
son furieux délire, il s'est crevé les yeux; j'ai été loin
d'approuver cet égarement : et maintenant peut-être ses
malédictions vont-elles causer notre perte. Il ne nous reste
plus qu'une chose à faire : si le devin Tirésias a quelque
oracle à révéler, je veux le connaître. J'enverrai donc ton
fils Ménoecée, qui porte le nom de ton père, pour qu'il
nous l'amène ici, Créon. Avec toi il s'entretiendra volontiers :
tandis que moi j'ai naguère attaqué en sa présence l'art
des devins, et il m'en garde rancune. Écoute ce que je te
recommande, à toi, Créon, ainsi qu'à tous les citoyens. Si
je suis vainqueur, que personne ne donne la sépulture à
Polynice en cette terre thébaine : périsse quiconque l'aura
enseveli, fût-ce un ami! Voilà ce que j'avais à te dire. Vous,
serviteurs, apportez-moi mes armes, mon armure, pour que
je m'élance à ce combat où j'aurai pour moi la justice, qui
donne la victoire. Nous supplierions la Prudence, de toutes les
déesses la plus secourable, pour qu'elle sauve cette cité.
(LE CHOEUR) Dieu qui sèmes partout le deuil, Arès, pourquoi
te complaire dans le sang et la mort, au milieu de clameurs
qui ne ressemblent pas à celles des fêtes de Bromios? Au
lieu de te mêler, en dénouant ta chevelure, aux rondes gracieuses
des choeurs de la jeunesse, et de chanter au son du
lotos les airs charmants qui accompagnent les danses, tu
entonnes le chant de guerre pour enflammer contre Thèbes
l'armée des Argiens; et ce n'est pas la flûte joyeuse qui
anime le choeur que tu mènes. Ce n'est pas non plus pour
te livrer au tourbillon bachique, vêtu de la nébride et brandissant
le thyrse, que tu montes tes chars et soumets au
frein tes attelages de coursiers solipèdes : sur les bords de
l'Ismènos tu lances tes escadrons, tu souffles la fureur des
combats aux Argiens et au peuple issu des dents du dragon;
tu armes d'airain et conduis contre ces murs de pierre, à
l'abri de ses boucliers, le thiase guerrier de nos ennemis.
Ah! quelle redoutable déesse est la Discorde, qui déchaîne
ces maux contre les rois du pays,
|