[250] γένος θυγατέρων δυσκλεές τ' ἀν' Ἑλλάδα.
(Ὀρέστης)
Σύ νυν διάφερε τῶν κακῶν· ἔξεστι γάρ·
καὶ μὴ μόνον λέγ', ἀλλὰ καὶ φρόνει τάδε.
(Ἠλέκτρα)
Οἴμοι, κασίγνητ', ὄμμα σὸν ταράσσεται,
ταχὺς δὲ μετέθου λύσσαν, ἄρτι σωφρονῶν.
(Ὀρέστης)
(255) Ὦ μῆτερ, ἱκετεύω σε, μὴ 'πίσειέ μοι
τὰς αἱματωποὺς καὶ δρακοντώδεις κόρας.
Αὗται γὰρ αὗται πλησίον θρῴσκουσί μου.
(Ἠλέκτρα)
Μέν', ὦ ταλαίπωρ', ἀτρέμα σοῖς ἐν δεμνίοις·
Ὁρᾷς γὰρ οὐδὲν ὧν δοκεῖς σάφ' εἰδέναι.
(Ὀρέστης)
(260) Ὦ Φοῖβ', ἀποκτενοῦσί μ' αἱ κυνώπιδες
γοργῶπες, ἐνέρων ἱέρεαι, δειναὶ θεαί.
(Ἠλέκτρα)
Οὔτοι μεθήσω· χεῖρα δ' ἐμπλέξασ' ἐμὴν
σχήσω σε πηδᾶν δυστυχῆ πηδήματα.
(Ὀρέστης)
Μέθες· μί' οὖσα τῶν ἐμῶν Ἐρινύων
(265) μέσον μ' ὀχμάζεις, ὡς βάλῃς ἐς Τάρταρον.
(Ἠλέκτρα)
Οἲ 'γὼ τάλαινα, τίν' ἐπικουρίαν λάβω,
ἐπεὶ τὸ θεῖον δυσμενὲς κεκτήμεθα;
(Ὀρέστης)
(268) Δὸς τόξα μοι κερουλκά, δῶρα Λοξίου,
Οἷς μ' εἶπ' Ἀπόλλων ἐξαμύνασθαι θεάς,
(270) εἴ μ' ἐκφοβοῖεν μανιάσιν λυσσήμασιν.
Βεβλήσεταί τις θεῶν βροτησίᾳ χερί,
εἰ μὴ 'ξαμείψει χωρὶς ὀμμάτων ἐμῶν.
Οὐκ εἰσακούετ'; Οὐχ ὁρᾶθ' ἑκηβόλων
τόξων πτερωτὰς γλυφίδας ἐξορμωμένας;
(274β) Ἆ ἆ·
(275) τί δῆτα μέλλετ'; Ἐξακρίζετ' αἰθέρα
πτεροῖς· τὰ Φοίβου δ' αἰτιᾶσθε θέσφατα.
(276β) Ἔα·
τί χρῆμ' ἀλύω, πνεῦμ' ἀνεὶς ἐκ πλευμόνων;
Ποῖ ποῖ ποθ' ἡλάμεσθα δεμνίων ἄπο;
Ἐκ κυμάτων γὰρ αὖθις αὖ γαλήν' ὁρῶ.
(280) Σύγγονε, τί κλαίεις κρᾶτα θεῖσ' ἔσω πέπλων;
Αἰσχύνομαί σε, μεταδιδοὺς πόνων ἐμῶν
ὄχλον τε παρέχων παρθένῳ νόσοις ἐμαῖς.
Μὴ τῶν ἐμῶν ἕκατι συντήκου κακῶν·
σὺ μὲν γὰρ ἐπένευσας τάδ', εἴργασται δ' ἐμοὶ
(285) μητρῷον αἷμα· Λοξίᾳ δὲ μέμφομαι,
ὅστις μ' ἐπάρας ἔργον ἀνοσιώτατον,
τοῖς μὲν λόγοις ηὔφρανε, τοῖς δ' ἔργοισιν οὔ.
Οἶμαι δὲ πατέρα τὸν ἐμόν, εἰ κατ' ὄμματα
ἐξιστόρουν νιν, μητέρ' εἰ κτεῖναι χρεών,
(290) πολλὰς γενείου τοῦδ' ἂν ἐκτεῖναι λιτὰς
μήποτε τεκούσης ἐς σφαγὰς ὦσαι ξίφος,
εἰ μήτ' ἐκεῖνος ἀναλαβεῖν ἔμελλε φῶς,
ἐγώ θ' ὁ τλήμων τοιάδ' ἐκπλήσειν κακά.
(294) Καὶ νῦν ἀνακάλυπτ', ὦ κασιγνήτη, κάρα,
(295) ἐκ δακρύων τ' ἄπελθε, κεἰ μάλ' ἀθλίως
ἔχομεν. Ὅταν δὲ τἄμ' ἀθυμήσαντ' ἴδῃς,
σύ μου τὸ δεινὸν καὶ διαφθαρὲν φρενῶν
ἴσχναινε παραμυθοῦ θ'· ὅταν δὲ σὺ στένῃς,
ἡμᾶς παρόντας χρή σε νουθετεῖν φίλα·
| [250] et déshonorées dans toute la Grèce.
(ORESTE)
Toi donc, fuis l'exemple de ces femmes coupables ; tu le peux : et reste pure, non
seulement en paroles, mais aussi par tes sentiments.
(ÉLECTRE)
Ô mon frère, ton œil se trouble; tout à coup te voilà rendu à tes fureurs, toi qui tout
à l'heure étais dans ton bon sens.
(ORESTE)
(255) Ô ma mère, je t'en conjure, n'excite pas contre moi ces filles sanglantes, à la
tête hérissée de serpents. Les voilà, les voilà qui fondent sur moi!
(ÉLECTRE)
Infortuné, demeure tranquille sur ta couche ; tu ne vois rien de ce que tu crois voir.
(ORESTE)
Ô Phébus ! elles vont m'immoler, ces prêtresses des enfers, ces déesses
redoutables, aux visages de chien et aux regards terribles.
(ÉLECTRE)
Non, je ne te lâcherai point, je te serrerai dans mes bras, je contiendrai tes élans
furieux.
(ORESTE)
Lâche-moi, Furie impitoyable qui me saisis par le milieu du corps pour me
précipiter dans le Tartare !
(ÉLECTRE)
Ah ! malheureuse ! quel secours espérer quand nous avons les dieux contre
nous?
(ORESTE)
(268) Donne-moi cet arc de corne, présent d'Apollon, avec lequel il m'a dit de
repousser les déesses, si elles m'épouvantaient par leurs transports frénétiques.
(ÉLECTRE)
Une divinité peut-elle être atteinte par une main mortelle?
(ORESTE)
Oui, si elle ne se dérobe à ma vue N'entendez-vous pas, ne voyez-vous pas la
flèche ailée qui s'échappe de l'arc inévitable?.... Eh bien! qu'attendez-vous donc?
élancez-vous dans les airs sur vos ailes, et accusez les oracles de Phébus.
Hélas! d'où vient le trouble qui m'agite? pourquoi suis-je hors d'haleine? où me
suis-je élancé hors de mon lit? — Mais enfin après la tempête je vois renaître le calme.
— Pourquoi pleures-tu, ma sœur? pourquoi caches-tu ta tête sous ton voile ? J'ai
honte de te faire
partager mes maux, et de l'embarras que mes souffrances causent à une jeune fille.
Ah ! que mes douleurs ne flétrissent point ta vie ! Tu n'as fait qu'approuver l'action ;
mais c'est moi qui ai versé le sang d'une mère. Mais c'est Apollon que j'accuse, lui qui,
après m'avoir poussé à cette action impie, m'a abusé par des promesses qui ne se
réalisent pas. Je pense que mon père, si j'avais pu l'interroger en face et lui demander
si je devais immoler ma mère, m'aurait conjuré, les mains étendues vers moi (10), de
ne point plonger le fer dans le sein de celle qui m'a donné le jour, puisqu'il n'en
recouvrerait pas plus la lumière, et que moi-même j'en devais recueillir tant de maux.
(294) Maintenant, ma sœur, découvre ton visage et retiens tes larmes, malgré la
douleur qui nous presse. Quand tu me vois abattu par le découragement, c'est toi qui
soutiens et consoles mon âme désespérée ; et lorsque tu gémis, c'est à mon amitié à
calmer tes douleurs.
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