[1500] Πολύπονα δὲ πολύπονα πάθεα
Μενέλεως ἀνασχόμενος ἀνόνητον ἀπὸ
Τροίας ἔλαβε τὸν Ἑλένας γάμον.
(Χορός)
(1503) Καὶ μὴν ἀμείβει καινὸν ἐκ καινῶν τόδε·
ξιφηφόρον γὰρ εἰσορῶ πρὸ δωμάτων
(1505) βαίνοντ' Ὀρέστην ἐπτοημένῳ ποδί.
(Ὀρέστης)
Ποῦ 'στιν οὗτος ὃς πέφευγεν ἐκ δόμων τοὐμὸν ξίφος;
(Φρύξ)
Προσκυνῶ σ', ἄναξ, νόμοισι βαρβάροισι προσπίτνων.
(Ὀρέστης)
Οὐκ ἐν Ἰλίῳ τάδ' ἐστίν, ἀλλ' ἐν Ἀργείᾳ χθονί.
(Φρύξ)
Πανταχοῦ ζῆν ἡδὺ μᾶλλον ἢ θανεῖν τοῖς σώφροσιν.
(Ὀρέστης)
(1510) Οὔτι που κραυγὴν ἔθηκας Μενέλεῳ βοηδρομεῖν;
(Φρύξ)
Σοὶ μὲν οὖν ἔγωγ' ἀμύνειν· ἀξιώτερος γὰρ εἶ.
(Ὀρέστης)
Ἐνδίκως ἡ Τυνδάρειος ἆρα παῖς διώλετο;
(Φρύξ)
Ἐνδικώτατ', εἴ γε λαιμοὺς εἶχε τριπτύχους θανεῖν.
(Ὀρέστης)
Δειλίᾳ γλώσσῃ χαρίζῃ, τἄνδον οὐχ οὕτω φρονῶν.
(Φρύξ)
(1515) Οὐ γάρ, ἥτις Ἑλλάδ' αὐτοῖς Φρυξὶ διελυμήνατο;
(Ὀρέστης)
Ὄμοσον εἰ δὲ μή, κτενῶ σε μὴ λέγειν ἐμὴν χάριν.
(Φρύξ)
Τὴν ἐμὴν ψυχὴν κατώμοσ', ἣν ἂν εὐορκοῖμ' ἐγώ.
(Ὀρέστης)
Ὧδε κἀν Τροίᾳ σίδηρος πᾶσι Φρυξὶν ἦν φόβος;
(Φρύξ)
Ἄπεχε φάσγανον· πέλας γὰρ δεινὸν ἀνταυγεῖ φόνον.
(Ὀρέστης)
(1520) Μὴ πέτρος γένῃ δέδοικας ὥστε Γοργόν' εἰσιδών;
(Φρύξ)
Μὴ μὲν οὖν νεκρός· τὸ Γοργοῦς δ' οὐ κάτοιδ' ἐγὼ κάρα.
(Ὀρέστης)
Δοῦλος ὢν φοβῇ τὸν Ἅιδην, ὅς σ' ἀπαλλάξει κακῶν;
(Φρύξ)
Πᾶς ἀνήρ, κἂν δοῦλος ᾖ τις, ἥδεται τὸ φῶς ὁρῶν.
(Ὀρέστης)
Εὖ λέγεις· σῴζει σε σύνεσις. Ἀλλὰ βαῖν' ἔσω δόμων.
(Φρύξ)
(1525) Οὐκ ἄρα κτενεῖς με;
(Ὀρέστης)
Ἀφεῖσαι.
(Φρύξ)
Καλὸν ἔπος λέγεις τόδε.
(Ὀρέστης)
Ἀλλὰ μεταβουλευσόμεσθα.
(Φρύξ)
Τοῦτο δ' οὐ καλῶς λέγεις.
(Ὀρέστης)
(1527) Μῶρος, εἰ δοκεῖς με τλῆναι σὴν καθαιμάξαι δέρην·
οὔτε γὰρ γυνὴ πέφυκας οὔτ' ἐν ἀνδράσιν σύ γ' εἶ.
Τοῦ δὲ μὴ στῆσαί σε κραυγὴν οὕνεκ' ἐξῆλθον δόμων·
(1530) ὀξὺ γὰρ βοῆς ἀκοῦσαν Ἄργος ἐξεγείρεται.
Μενέλεων δ' οὐ τάρβος ἡμῖν ἀναλαβεῖν ἔσω ξίφους·
ἀλλ' ἴτω ξανθοῖς ἐπ' ὤμων βοστρύχοις γαυρούμενος·
εἰ γὰρ Ἀργείους ἐπάξει τοῖσδε δώμασιν λαβών,
τὸν(Ἑλένη)ς φόνον διώκων, κἀμὲ μὴ σῴζειν θέλει
(1535) σύγγονόν τ' ἐμὴν Πυλάδην τε τὸν τάδε ξυνδρῶντά μοι,
παρθένον τε καὶ δάμαρτα δύο νεκρὼ κατόψεται.
(Χορός)
(1537) Ἰὼ ἰὼ τύχα,
ἕτερον εἰς ἀγῶν', ἕτερον αὖ δόμος
φοβερὸν ἀμφὶ τοὺς Ἀτρείδας πίτνει.
Τί δρῶμεν; Ἀγγέλλωμεν ἐς πόλιν τάδε;
(1540) Ἢ σῖγ' ἔχωμεν; Ἀσφαλέστερον, φίλαι.
Ἴδε πρὸ δωμάτων ἴδε προκηρύσσει
θοάζων ὅδ' αἰθέρος ἄνω καπνός.
Ἅπτουσι πεύκας, ὡς πυρώσοντες δόμους
τοὺς Τανταλείους, οὐδ' ἀφίστανται φόνου.
(1545) Τέλος ἔχει δαίμων βροτοῖς,
(1545β) τέλος ὅπᾳ θέλῃ.
Μεγάλα δέ τις ἁ δύναμις δι' ἀλαστόρων
ἔπεσ' ἔπεσε μέλαθρα τάδε δι' αἱμάτων
διὰ τὸ Μυρτίλου πέσημ' ἐκ δίφρου.
(Χορός)
Ἀλλὰ μὴν καὶ τόνδε λεύσσω Μενέλεων δόμων πέλας
| [1500] mais c'est en vain que Ménélas a subi tant de fatigues et de souffrances,
pour aller à Troie reconquérir son épouse Hélène.
(LE CHOEUR)
(1503) A ces événements déjà succède un événement nouveau : car je vois aux
portes du palais Oreste, le glaive en main, accourir d'un pas empressé.
(ORESTE)
Où est-il cet esclave qui s'est dérobé à mon glaive, en fuyant du palais?
(LE PHRYGIEN)
Prince, je t'adore prosterné à tes pieds, à la manière des Barbares.
(ORESTE)
Nous ne sommes pas ici à Troie, mais sur la terre d'Argos.
(LE PHRYGIEN)
En tous lieux, le sage préfère la vie à la mort.
(ORESTE)
N'as-tu pas poussé des cris pour qu'on vînt au secours de Ménélas?
(LE PHRYGIEN)
C'était pour te défendre toi-même ; car tu le mérites mieux que lui.
(ORESTE)
C'est donc justement que la fille de Tyndare a reçu la mort?
(LE PHRYGIEN)
Très justement, eût-elle même pu la subir trois fois !
(ORESTE)
C'est par peur que ta langue me flatte ; mais en toi-même tu ne penses pas ainsi.
(LE PHRYGIEN)
(1515) Pourquoi non ? n'est-ce pas elle qui a fait périr également les Grecs et les
Phrygiens ?
(ORESTE)
Jure-moi donc, ou sinon je te tue, que tu ne parles pas ainsi pour me flatter.
(LE PHRYGIEN)
Je le jure sur ma vie, et je ne voudrais pas me parjurer.
(ORESTE)
C'est ainsi qu'à Troie le fer imprimait la terreur à tous les Phrygiens.
(LE PHRYGIEN)
Écarte cette épée, car de près elle lance de terribles éclairs de mort.
(ORESTE)
Crains-tu d'être pétrifié, comme si tu voyais la Gorgone ?
(LE PHRYGIEN)
Je crains plutôt de mourir ; je ne connais pas la tête de la Gorgone.
(ORESTE)
Tu es esclave, et tu crains la mort qui te délivrera de tes maux?
(LE PHRYGIEN)
Tout homme, fût-il esclave, aime à voir la lumière du jour.
(ORESTE)
Tu as raison ; ton bon sens te sauve. Mais rentre dans le palais.
(LE PHRYGIEN)
Tu ne me feras donc pas mourir ?
(ORESTE)
Je te fais grâce.
(LE PHRYGIEN)
Tu viens de dire une noble parole !
(ORESTE)
Mais je pourrai changer d'avis.
(LE PHRYGIEN)
Cette parole n'est plus si noble. (Il rentre.)
(ORESTE)
(1527) Insensé, si tu crois que je voulusse me souiller de ton sang, toi qui n'es ni
femme ni homme ! — Au Chœur. C'est pour vous empêcher de trop élever la voix, que
je suis sorti du palais ; car si la ville entend vos cris, elle sera aussitôt en émoi. Quant
à Ménélas, je ne le crains pas à la portée de l'épée ; qu'il vienne avec ses blonds
cheveux épars sur ses épaules, dont il est si vain. S'il amène avec lui une troupe
d'Argiens pour venger le meurtre d'Hélène, s'il refuse de me sauver, ainsi que ma
sœur et Pylade, qui a partagé mes périls, il verra sa fille et son épouse, toutes deux
privées de vie. (Il rentre dans le palais.)
(LE CHOEUR)
(1537) Ô fortune, une lutte nouvelle, un nouveau danger menace encore la
maison des Atrides !
(PREMIER DEMI-CHOEUR)
Que faire? Annoncerons-nous ces nouvelles dans la ville, ou garderons-nous le
silence ?
(DEUXIÈME DEMI-CHOEUR)
Ce dernier parti est le plus sûr.
(PREMIER DEMI-CHOEUR)
Tiens, vois devant le palais cette fumée qui s'élève dans les airs ; elle annonce
assez ce qui se passe.
(DEUXIÈME DEMI-CHOEUR)
Ils allument les torches, comme pour embraser le palais de Tantale, et ils ne
cessent pas le carnage.
(PREMIER DEMI-CHOEUR)
Le sort dirige la destinée des mortels, il la gouverne à son gré. C'est une
puissance redoutable. Un génie funeste à fait crouler ce palais dans des flots de sang,
pour venger la mort de Myrtile précipité de son char.
(LE CHOEUR)
Mais je vois Ménélas qui s'avance à grands pas vers le palais ;
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