[500] χρῆν αὐτὸν ἐπιθεῖναι μὲν αἵματος δίκην,
ὁσίαν διώκοντ', ἐκβαλεῖν τε δωμάτων
μητέρα· τὸ σῶφρόν τ' ἔλαβεν ἀντὶ συμφορᾶς
καὶ τοῦ νόμου τ' ἂν εἴχετ' εὐσεβής τ' ἂν ἦν.
Νῦν δ' ἐς τὸν αὐτὸν δαίμον' ἦλθε μητέρι.
(505) Κακὴν γὰρ αὐτὴν ἐνδίκως ἡγούμενος,
αὐτὸς κακίων μητέρ' ἐγένετο κτανών.
Ἐρήσομαι δέ, Μενέλεως, τοσόνδε σε·
εἰ τόνδ' ἀποκτείνειεν ὁμόλεκτρος γυνή,
χὡ τοῦδε παῖς αὖ μητέρ' ἀνταποκτενεῖ,
(510) κἄπειθ' ὁ κείνου γενόμενος φόνῳ φόνον
λύσει, πέρας δὴ ποῖ κακῶν προβήσεται;
Καλῶς ἔθεντο ταῦτα πατέρες οἱ πάλαι·
ἐς ὀμμάτων μὲν ὄψιν οὐκ εἴων περᾶν
οὐδ' εἰς ἀπάντημ', ὅστις αἷμ' ἔχων κυροῖ,
(515) φυγαῖσι δ' ὁσιοῦν, ἀνταποκτείνειν δὲ μή.
Αἰεὶ γὰρ εἷς ἔμελλ' ἐνέξεσθαι φόνῳ,
τὸ λοίσθιον μίασμα λαμβάνων χεροῖν.
Ἐγὼ δὲ μισῶ μὲν γυναῖκας ἀνοσίους,
πρώτην δὲ θυγατέρ', ἣ πόσιν κατέκτανεν·
(520) Ἑλένην τε, τὴν σὴν ἄλοχον, οὔποτ' αἰνέσω
οὐδ' ἂν προσείποιμ'· οὐδὲ σὲ ζηλῶ, κακῆς
γυναικὸς ἐλθόνθ' οὕνεκ' ἐς Τροίας πέδον.
Ἀμυνῶ δ', ὅσονπερ δυνατός εἰμι, τῷ νόμῳ,
τὸ θηριῶδες τοῦτο καὶ μιαιφόνον
(525) παύων, ὃ καὶ γῆν καὶ πόλεις ὄλλυσ' ἀεί.
Ἐπεὶ τίν' εἶχες, ὦ τάλας, ψυχὴν τότε,
ὅτ' ἐξέβαλλε μαστὸν ἱκετεύουσά σε
μήτηρ; Ἐγὼ μὲν οὐκ ἰδὼν τἀκεῖ κακά,
δακρύοις γέροντ' ὀφθαλμὸν ἐκτήκω τάλας.
(530) Ἓν <δ'> οὖν λόγοισι τοῖς ἐμοῖς ὁμορροθεῖ·
μισῇ γε πρὸς θεῶν καὶ τίνεις μητρὸς δίκας,
μανίαις ἀλαίνων καὶ φόβοις. Τί μαρτύρων
ἄλλων ἀκούειν δεῖ μ', ἅ γ' εἰσορᾶν πάρα;
Ὡς οὖν ἂν εἰδῇς, Μενέλεως, τοῖσιν θεοῖς
(535) μὴ πρᾶσσ' ἐναντί', ὠφελεῖν τοῦτον θέλων,
ἔα δ' ὑπ' ἀστῶν καταφονευθῆναι πέτροις,
ἢ μὴ 'πίβαινε Σπαρτιάτιδος χθονός.
Θυγάτηρ δ' ἐμὴ θανοῦσ' ἔπραξεν ἔνδικα·
ἀλλ' οὐχὶ πρὸς τοῦτ' εἰκὸς ἦν αὐτὴν θανεῖν.
(540) Ἐγὼ δὲ τἄλλα μακάριος πέφυκ' ἀνήρ,
πλὴν ἐς θυγατέρας· τοῦτο δ' οὐκ εὐδαιμονῶ.
(Χορός)
Ζηλωτὸς ὅστις εὐτύχησεν ἐς τέκνα
καὶ μὴ 'πισήμους συμφορὰς ἐκτήσατο.
(Ὀρέστης)
(544) Ὦ γέρον, ἐγώ τοι πρὸς σὲ δειμαίνω λέγειν,
(545) ὅπου σὲ μέλλω σήν τε λυπήσειν φρένα.
Ἐγᾦδ', ἀνόσιός εἰμι μητέρα κτανών,
ὅσιος δέ γ' ἕτερον ὄνομα, τιμωρῶν πατρί.
Ἀπελθέτω δὴ τοῖς λόγοισιν ἐκποδὼν
τὸ γῆρας ἡμῖν τὸ σόν, ὅ μ' ἐκπλήσσει λόγου,
| [500] Oreste devait poursuivre le meurtre, et, par une vengeance légitime, chasser sa
mère de la maison paternelle. Il aurait ainsi gardé la modération dans un tel malheur, il
eût respecté la loi, et observé les devoirs de la piété. Mais maintenant il est tombé dans le
même tort que sa mère ; car, tout en ayant droit de la juger coupable, il s'est rendu lui-
même plus coupable en immolant sa mère. Je te ferai seulement cette question,
Ménélas : Que la femme qui partagera la couche d'Oreste le tue, qu'à son tour le fils
tue sa mère, et qu'ensuite celui qui naîtra de lui venge le meurtre par le meurtre, où
s'arrêtera le terme de ces crimes ? Nos pères établirent de sages lois à cet égard : ils
ne permirent pas à l'homme souillé de sang de paraître en public ou de s'exposer à la
rencontre des citoyens ; ils lui imposèrent l'exil pour expiation, et défendirent de se
venger par sa mort : autrement il en resterait toujours un exposé au meurtre, pour
avoir, le dernier, souillé ses mains dans le sang. Pour moi, je hais les femmes
perfides, et ma fille la première, elle qui a égorgé son époux, Je ne justifierai jamais
Hélène, ton épouse ; je ne lui adresserai pas même la parole, et je ne t:envie pas
l'honneur d'avoir été à Troie reprendre une femme infidèle ; mais je défends la loi de
tout mon pouvoir, et je combats ces mœurs sauvages et sanguinaires qui sont la perte
des villes et des états. Dis-moi, malheureux, quels sentiments agitaient ton cœur,
lorsque ta mère te découvrit son sein, en te suppliant? Moi qui n'ai point vu ce cruel
spectacle, je sens fondre en larmes mes yeux desséchés par la vieillesse. Enfin, un
fait terrible appuie mes paroles : tu es haï des dieux, et ta mère est vengée par les
fureurs et l'épouvante auxquelles tu es en proie. Qu'ai-je besoin d'autres témoins, pour
les faits que je vois par moi-même? Sache-le donc, Ménélas : n'agis point contre les
dieux, en voulant secourir ce coupable ; laisse-le mourir lapidé par le peuple, ou
n'entre point sur la terre de Sparte. Ma fille en mourant a subi un châtiment mérité
; mais il ne convenait pas qu'elle reçût la mort de la main d'un fils. J'ai été heureux en
toutes choses, excepté dans mes filles ; de ce côté la fortune m'a abandonné.
(LE CHOEUR)
Celui-là est digne d'envie qui est heureux dans ses enfants, et qui n'a point
éprouvé par eux d'éclatantes calamités.
(ORESTE)
(544) Ô vieillard, je crains de te répondre, quand mes paroles doivent porter la
tristesse dans ton âme. Je suis souillé pour avoir tué ma mère ; mais je suis pur à un
autre titre pour avoir vengé mon père. L'aspect de ta vieillesse trouble mes paroles;
qu'elle laisse le champ libre à mes discours,
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