[1050] (ΟΡΕΣΤΗΣ) καὶ μὴν νεώς γε πίτυλος εὐήρης πάρα.
1052 ἑνὸς μόνου δεῖ, τάσδε συγκρύψαι τάδε·
1053 ἀλλ´ ἀντίαζε καὶ λόγους πειστηρίους
1054 εὕρισκ´· ἔχει τοι δύναμιν εἰς οἶκτον γυνή.
1055 τὰ δ´ ἄλλ´ ἴσως ἂν πάντα συμβαίη καλῶς.
1056 (ΙΦΙΓΕΝΕΙΑ) ὦ φίλταται γυναῖκες, εἰς ὑμᾶς βλέπω,
1057 καὶ τἄμ´ ἐν ὑμῖν ἐστιν ἢ καλῶς ἔχειν
1058 ἢ μηδὲν εἶναι καὶ στερηθῆναι πάτρας
1059 φίλου τ´ ἀδελφοῦ φιλτάτης τε συγγόνου.
1060 καὶ πρῶτα μέν μοι τοῦ λόγου τάδ´ ἀρχέτω·
1061 γυναῖκές ἐσμεν, φιλόφρον ἀλλήλαις γένος,
1062 σώιζειν τε κοινὰ πράγματ´ ἀσφαλέσταται.
1063 σιγήσαθ´ ἡμῖν καὶ συνεκπονήσατε
1064 φυγάς· καλόν τοι γλῶσς´ ὅτωι πιστὴ παρῆι.
1065 ὁρᾶτε δ´ ὡς τρεῖς μία τύχη τοὺς φιλτάτους
1066 ἢ γῆς πατρώιας νόστος ἢ θανεῖν ἔχει.
1067 σωθεῖσα δ´, ὡς ἂν καὶ σὺ κοινωνῆις τύχης,
1068 σώσω ς´ ἐς Ἑλλάδ´. ἀλλὰ πρός σε δεξιᾶς
1069 σὲ καὶ ς´ ἱκνοῦμαι, σὲ δὲ φίλης παρηίδος
1070 γονάτων τε καὶ τῶν ἐν δόμοισι φιλτάτων
1071 {μητρὸς πατρός τε καὶ τέκνων ὅτωι κυρεῖ}.
1072 τί φάτε; τίς ὑμῶν φησιν ἢ τίς οὐ θέλειν—
1073 φθέγξασθε—ταῦτα; μὴ γὰρ αἰνουσῶν λόγους
1074 ὄλωλα κἀγὼ καὶ κασίγνητος τάλας.
1075 (ΧΟΡΟΣ) θάρσει, φίλη δέσποινα, καὶ σώιζου μόνον·
1076 ὡς ἔκ γ´ ἐμοῦ σοι πάντα σιγηθήσεται
1077 (ἴστω μέγας Ζεύς) ὧν ἐπισκήπτεις πέρι.
1078 (ΙΦΙΓΕΝΕΙΑ) ὄναισθε μύθων καὶ γένοισθ´ εὐδαίμονες.
1079 σὸν ἔργον ἤδη καὶ σὸν ἐσβαίνειν δόμους·
1080 ὡς αὐτίχ´ ἥξει τῆσδε κοίρανος χθονός,
1081 θυσίαν ἐλέγξων εἰ κατείργασται ξένων.
1082 ὦ πότνι´, ἥπερ μ´ Αὐλίδος κατὰ πτυχὰς
1083 δεινῆς ἔσωσας ἐκ πατροκτόνου χερός,
1084 σῶσόν με καὶ νῦν τούσδε τ´· ἢ τὸ Λοξίου
1085 οὐκέτι βροτοῖσι διὰ ς´ ἐτήτυμον στόμα.
1086 ἀλλ´ εὐμενὴς ἔκβηθι βαρβάρου χθονὸς
1087 ἐς τὰς Ἀθήνας· καὶ γὰρ ἐνθάδ´ οὐ πρέπει
1088 ναίειν, πάρον σοι πόλιν ἔχειν εὐδαίμονα.
1089 (ΧΟΡΟΣ) ὄρνις ἃ παρὰ πετρίνας
1090 πόντου δειράδας ἀλκυὼν
1091 ἔλεγον οἶτον ἀείδεις,
1092 εὐξύνετον ξυνετοῖς βοάν,
1093 ὅτι πόσιν κελαδεῖς ἀεὶ μολπαῖς,
1094 ἐγώ σοι παραβάλλομαι
1095 θρήνους, ἄπτερος ὄρνις,
1096 ποθοῦς´ Ἑλλάνων ἀγόρους,
1097 ποθοῦς´ Ἄρτεμιν λοχίαν,
1098 ἃ παρὰ Κύνθιον ὄχθον οἰκεῖ
1099 φοίνικά θ´ ἁβροκόμαν
| [1050] ORESTE.
Et puis, nous avons de bons rameurs sur notre vaisseau.
IPHIGÉNIE.
Le reste te regarde, c'est à toi d'y pourvoir.
ORESTE.
(1052) Une seule chose encore est nécessaire, c'est que ces femmes gardent le secret. Conjure-les de se taire, trouve des paroles persuasives ; une femme est toujours habile à exciter la compassion. Tout le reste aura, j'espère, une heureuse issue.
IPHIGÉNIE au chœur.
(1056) Chères compagnes, j'ai recours à vous ; de vous dépend mon bonheur ou ma ruine, em me privant à jamais de ma patrie, d'un frère chéri et d'une sœur bien-aimée. Voici ce que je vous demande d'abord : nous sommes femmes, notre sexe se distingue par une bienveillance réciproque, et par la fidélité à nos intérêts communs. Gardez-nous le secret, et secondez notre fuite. C'est une chose précieuse qu'une langue dont la discrétion est sûre. Vous le voyez, une seule et même fortune, le retour dans la patrie, ou la mort, attend trois têtes bien chères. En assurant mon salut, j'assure le tien ; et pour que tu partages aussi notre fortune, je te ramènerai dans la Grèce. Oui, je t'en conjure par cette main que je presse; et toi, et toi aussi, reçois ma prière ; et toi, par ce visage que je touche, par ces genoux que j'embrasse, par tout ce qui t'est cher dans ta maison; au nom d'un père, d'une mère, au nom de tes enfants, s'il est des mères parmi vous. Chères compagnes, parlez. Qui de vous me donne ou me refuse son aveu ? faites-moi connaître vos sentiments. Si vous n'approuvez pas mes projets, c'est fait de moi et de mon frère.
1075 LE CHOEUR.
Rassure-toi, chère maîtresse, et songe seulement à ta délivrance. Pour ce qui est de moi, je conserverai fidèlement, j'en prends à témoin le grand Jupiter, tous les secrets que tu m'as confiés,
IPHIGÉNIE.
(1078) Je vous rends grâces pour ces paroles, et fais des vœux pour votre bonheur. Pour vous deux, Oreste et Pylade, il est temps d'entrer dans le temple. Le roi de cette contrée va venir, pour s'informer si le sacrifice est accompli.
(Oreste et Pylade quittent la scène.)
IPHIGÉNIE.
Vénérable déesse, qui jadis en Aulide me délivras des mains meurtrières d'un père, délivre-moi encore aujourd'hui, avec ces deux infortunés. Si tu ne nous prêtes ton secours, quel mortel désormais ajoutera foi aux oracles d'Apollon ? Seconde nos projets, et quitte cette terre barbare pour le séjour d'Athènes. Il ne te convient pas de rester en ces lieux, quand tu peux habiter une ville fortunée.
LE CHOEUR.
(1089) Oiseau qui, sur les rochers de la mer, chantes ta destinée lamentable; Alcyon, dont les doux accents, compris des sages mortels, pleurent sans cesse un époux chéri ; je mêle mes gémissements aux tiens ; oiseau plaintif comme toi, mais privée d'ailes pour revoir ma patrie, je regrette les doux entretiens des Grecs; je regrette Diane Lucine, qui habite sur le mont Cynthius, à l'ombre des palmiers à l'élégant feuillage,
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