[450] δουλείας ἐμέθεν
451 δειλαίας παυσίπονος·
452 κἀν γὰρ ὀνείροισι συνείην
453 δόμοις πόλει τε πατρώιαι,
454 τερπνῶν ὕπνων ἀπόλαυσιν,
455 κοινὰν χάριν ὄλβα.
456 ἀλλ´ οἵδε χέρας δεσμοῖς δίδυμοι
457 συνερεισθέντες χωροῦσι, νέον
458 πρόσφαγμα θεᾶς. σιγᾶτε, φίλαι·
459 τὰ γὰρ Ἑλλήνων ἀκροθίνια δὴ
460 ναοῖσι πέλας τάδε βαίνει,
461 οὐδ´ ἀγγελίας ψευδεῖς ἔλακεν
462 βουφορβὸς ἀνήρ.
463 ὦ πότνι´, εἴ σοι τάδ´ ἀρεσκόντως
464 πόλις ἥδε τελεῖ, δέξαι θυσίας,
465 ἃς ὁ παρ´ ἡμῖν νόμος οὐχ ὁσίας
466 Ἕλλησι διδοὺς ἀναφαίνει.
(ΙΦΙΓΕΝΕΙΑ)
467 τὰ τῆς θεοῦ μὲν πρῶτον ὡς καλῶς ἔχηι
468 φροντιστέον μοι. μέθετε τῶν ξένων χέρας,
469 ὡς ὄντες ἱεροὶ μηκέτ´ ὦσι δέσμιοι.
470 ναοῦ δ´ ἔσω στείχοντες εὐτρεπίζετε
471 ἃ χρὴ ´πὶ τοῖς παροῦσι καὶ νομίζεται.
472 φεῦ·
472 τίς ἆρα μήτηρ ἡ τεκοῦς´ ὑμᾶς ποτε
473 πατήρ τ´ ἀδελφή τ´, εἰ γεγῶσα τυγχάνει;
474 οἵων στερεῖσα διπτύχων νεανιῶν
475 ἀνάδελφος ἔσται. τὰς τύχας τίς οἶδ´ ὅτωι
476 τοιαίδ´ ἔσονται; πάντα γὰρ τὰ τῶν θεῶν
477 ἐς ἀφανὲς ἕρπει κοὐδὲν οἶδ´ οὐδεὶς κακόν·
478 ἡ γὰρ τύχη παρήγαγ´ ἐς τὸ δυσμαθές.
479 πόθεν ποθ´ ἥκετ´, ὦ ταλαίπωροι ξένοι;
480 ὡς διὰ μακροῦ μὲν τήνδ´ ἐπλεύσατε χθόνα,
481 μακρὸν δ´ ἀπ´ οἴκων χρόνον ἔσεσθε δὴ κάτω.
482 (ΟΡΕΣΤΗΣ) τί ταῦτ´ ὀδύρηι κἀπὶ τοῖς μέλουσι νῶιν
483 κακοῖς σὲ λυπεῖς, ἥτις εἶ ποτ´, ὦ γύναι;
484 οὔτοι νομίζω σοφόν, ὃς ἂν μέλλων κτανεῖν
485 οἴκτωι τὸ δεῖμα τοὐλέθρου νικᾶν θέληι,
486 οὐδ´ ὅστις Ἅιδην ἐγγὺς ὄντ´ οἰκτίζεται
487 σωτηρίας ἄνελπις· ὡς δύ´ ἐξ ἑνὸς
488 κακὼ συνάπτει, μωρίαν τ´ ὀφλισκάνει
489 θνήισκει θ´ ὁμοίως· τὴν τύχην δ´ ἐᾶν χρεών.
490 ἡμᾶς δὲ μὴ θρήνει σύ· τὰς γὰρ ἐνθάδε
491 θυσίας ἐπιστάμεσθα καὶ γιγνώσκομεν.
492 (ΙΦΙΓΕΝΕΙΑ) πότερος ἄρ´ ὑμῶν ἐνθάδ´ ὠνομασμένος
493 Πυλάδης κέκληται; τόδε μαθεῖν πρῶτον θέλω.
494 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ὅδ´, εἴ τι δή σοι τοῦτ´ ἐν ἡδονῆι μαθεῖν.
495 (ΙΦΙΓΕΝΕΙΑ) ποίας πολίτης πατρίδος Ἕλληνος γεγώς;
496 (ΟΡΕΣΤΗΣ) τί δ´ ἂν μαθοῦσα τόδε πλέον λάβοις, γύναι;
497 (ΙΦΙΓΕΝΕΙΑ) πότερον ἀδελφὼ μητρός ἐστον ἐκ μιᾶς;
498 (ΟΡΕΣΤΗΣ) φιλότητί γ´· ἐσμὲν δ´ οὐ κασιγνήτω, γύναι.
499 (ΙΦΙΓΕΝΕΙΑ) σοὶ δ´ ὄνομα ποῖον ἔθεθ´ ὁ γεννήσας πατήρ;
| [450] pour mettre un terme aux maux de ma triste servitude ! Puissé-je, même en songe, jouir, au sein de ma patrie et de la maison paternelle, des chants d'allégresse qui sont le partage des heureux !
Mais voici les deux victimes qui s'avancent, les mains chargées de chaînes. Faites silence, chères amies. Les deux Grecs destinés au sacrifice s'approchent du temple, et le berger ne nous a point fait un faux rapport. Vénérable déesse, si le culte que ce peuple te rend t'est agréable, reçois ce sacrifice que la loi du pays te présente, mais que les mœurs des Grecs déclarent impie.
IPHIGÉNIE.
(467) C'est bien. Mes premiers soins doivent être pour le culte de la déesse. Déliez d'abord la main de ces étrangers ; dès qu'ils sont consacrés, ils ne doivent plus porter de chaînes. Entrez dans le temple, préparez tout ce qu'il faut pour la cérémonie, et tout ce que la loi exige. Hélas ! quelle est la mère qui vous a donné le jour? quel est votre père, quelle est votre sœur, si vous en avez ? de quels frères elle va être privée ! Car qui connaît les événements et qui sait à qui ils sont réservés ? Les volontés des dieux sont enveloppées de ténèbres, et nul ne prévoit les malheurs qui le menacent : c'est par de secrets détours que la fortune nous conduit dans l'adversité. D'où venez-vous, malheureux étrangers ? quel long chemin vous avez parcouru pour aborder en cette contrée ! Mais que votre absence de votre patrie sera longue, une fois descendus aux Enfers !
ORESTE.
(482) Pourquoi gémir ainsi ? pourquoi nous attrister par les malheurs qui nous attendent, ô femme, qui que tu sois ? Je n'appelle pas sage celui qui au moment de mourir veut vaincre la crainte de la mort par l'attendrissement, ni celui qui, en présence du moment fatal, se livre aux lamentations sans espoir de salut. Il redouble en effet son malheur ; il encourt le reproche de démence, et il n'en meurt pas moins. Il faut laisser aller la fortune. Cessez de plaindre notre sort : nous connaissons trop les sacrifices en usage dans ce pays.
IPHIGÉNIE.
(492) Lequel de vous se nomme Pylade ? voilà ce que je veux savoir d'abord.
ORESTE.
C'est lui, s'il peut t'être agréable de l'apprendre.
IPHIGÉNIE.
De quelle ville grecque est-il citoyen?
ORESTE.
Quand tu le sauras, que t'en reviendra-t-il, ô femme ?
IPHIGÉNIE.
Êtes-vous frères nés de la même mère ?
ORESTE.
Nous sommes frères par l'amitié, non par la naissance.
IPHIGÉNIE.
Mais toi, quel nom as-tu reçu de l'auteur de tes jours?
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