[1400] (Θησεύς)
Ἔκμασσε, φείδου μηδέν· οὐκ ἀναίνομαι.
῾(Ηρακλῆς)
Παίδων στερηθεὶς παῖδ' ὅπως ἔχω σ' ἐμόν.
(Θησεύς)
Δίδου δέρῃ σὴν χεῖρ', ὁδηγήσω δ' ἐγώ.
῾(Ηρακλῆς)
Ζεῦγός γε φίλιον· ἅτερος δὲ δυστυχής.
Ὦ πρέσβυ, τοιόνδ' ἄνδρα χρὴ κτᾶσθαι φίλον.
(᾿Αμφιτρύων)
1405 Ἡ γὰρ τεκοῦσα τόνδε πατρὶς εὔτεκνος.
῾(Ηρακλῆς)
Θησεῦ, πάλιν με στρέψον, ὡς ἴδω τέκνα.
(Θησεύς)
Ὡς δὴ τί; φίλτρον τοῦτ' ἔχων ῥᾴων ἔσῃ;
῾(Ηρακλῆς)
Ποθῶ· πατρός τε στέρνα προσθέσθαι θέλω.
(᾿Αμφιτρύων)
Ἰδοὺ τάδ', ὦ παῖ· τἀμὰ γὰρ σπεύδεις φίλα.
(Θησεύς)
1410 Οὕτως πόνων σῶν οὐκέτι μνήμην ἔχεις;
῾(Ηρακλῆς)
Ἅπαντ' ἐλάσσω κεῖνα τῶνδ' ἔτλην κακά.
(Θησεύς)
Εἴ σ' ὄψεταί τις θῆλυν ὄντ', οὐκ αἰνέσει.
῾(Ηρακλῆς)
Ζῶ σοι ταπεινός; ἀλλὰ πρόσθεν οὐ δοκῶ.
(Θησεύς)
Ἄγαν γ'· ὁ κλεινὸς ῾Ηρακλῆς οὐκ εἶ νοσῶν.
῾(Ηρακλῆς)
1415 Σὺ ποῖος ἦσθα νέρθεν ἐν κακοῖσιν ὤν;
(Θησεύς)
Ὡς ἐς τὸ λῆμα παντὸς ἦν ἥσσων ἀνήρ.
῾(Ηρακλῆς)
Πῶς οὖν ἔμ' εἶπaς ὅτι συνέσταλμαι κακοῖς;
(Θησεύς)
Πρόβαινε.
῾(Ηρακλῆς)
Χαῖρ', ὦ πρέσβυ.
(᾿Αμφιτρύων)
Καὶ σύ μοι, τέκνον.
῾(Ηρακλῆς)
Θάφθ' ὥσπερ εἶπον παῖδας.
(᾿Αμφιτρύων)
Ἐμὲ δὲ τίς, τέκνον;
῾(Ηρακλῆς)
Ἐγώ.
(᾿Αμφιτρύων)
Πότ' ἐλθών;
῾(Ηρακλῆς)
1420 Ἡνίκ' ἂν θάψῃς τέκνα.
(᾿Αμφιτρύων)
Πῶς;
῾(Ηρακλῆς)
Εἰς ᾿Αθήνας πέμψομαι Θηβῶν ἄπο.
Ἀλλ' ἐσκόμιζε τέκνα δυσκόμιστα γῇ·
ἡμεῖς δ' ἀναλώσαντες αἰσχύναις δόμον,
Θησεῖ πανώλεις ἑψόμεσθ' ἐφολκίδες.
1425 Ὅστις δὲ πλοῦτον ἢ σθένος μᾶλλον φίλων
ἀγαθῶν πεπᾶσθαι βούλεται, κακῶς φρονεῖ.
(Χορός)
Στείχομεν οἰκτροὶ καὶ πολύκλαυτοι,
1428 τὰ μέγιστα φίλων ὀλέσαντες.
| [1400] THÈSÉE
Essuie-le sur moi sans aucune crainte, peu m'importe.
HÉRACLÈS.
Privé de mes fils, j'ai un fils en toi.
THÈSÉE
Mets ton bras à mon cou; je guiderai ta marche.
HÉRACLÈS.
Couple d'amis; mais l'un est frappé par le sort. — O vieillard, c'est un tel homme qu'il faut avoir pour ami.
AMPHITRYON.
La patrie qui lui a donné le jour a de nobles enfants.
HÉRACLÈS.
Thésée, laisse-moi me retourner, que je voie mes enfants.
THÈSÉE
A quoi bon ? Crois-tu ainsi charmer ta douleur et la soulager ?
HÉRACLÈS.
Je le désire. Je veux aussi presser mon père sur ma poitrine.
AMHITRYON.
Me voilà, mon fils; tu devances mon désir.
(Amphitryon et Héraclès s'embrassent).
THÉSÉE.
As-tu perdu à ce point le souvenir de tes épreuves ?
HÉRACLÈS.
Toutes le cèdent à mes derniers malheurs.
THÉSÉE.
A te voir pleurer comme une femme, on ne te louera pas.
HÉRACLÈS.
A tes yeux, je suis tombé bien bas ? J'augmente encore mes maux ?
THÉSÉE.
Oui, trop; cet illustre Héraclès, où est-il ?
HÉRACLÈS.
Qu'étais-tu, toi-même, aux Enfers, dans le malheur?
THÉSÉE.
Oui, pour le courage, j'étais le dernier des hommes.
HÉRACLÈS.
Pourquoi as-tu dit alors que je me laisse abattre par le malheur ?
THÉSÉE.
Avance.
HÉRACLÈS. Adieu, ô vieillard.
AMPHITRYON.
Adieu, mon enfant.
HÉRACLÈS.
Enterre, comme je te l'ai demandé, mes fils.
AMPHITRYON.
Et moi, qui m'enterrera, mon enfant ?
HÉRACLÈS.
Moi.
AMPHITRYON.
Quand viendras-tu ?
HÉRACLÈS.
Quand tu auras enseveli les enfants.
AMPHITRYON.
Comment ?
1421 HÉRACLÈS.
je t'amènerai de Thèbes à Athènes. Mais dépose pieusement mes enfants dans la terre. Funèbre dépôt! Moi qui ai ruiné honteusement ma maison, je suivrai Thésée comme une embarcation désemparée. — Celui qui préfère la richesse ou la puissance à des amis sûrs n'a pas son bon sens.
LE CORYPHÉE.
Nous partons pleins de pitié, les yeux baignés de larmes :
1428 nous avons perdu le plus grand de nos amis.
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