[0] ΗΡΑΚΛΕΙΔΑΙ.
1 (ΙΟΛΑΟΣ)
1 Πάλαι ποτ´ ἐστὶ τοῦτ´ ἐμοὶ δεδογμένον·
2 ὁ μὲν δίκαιος τοῖς πέλας πέφυκ´ ἀνήρ,
3 ὁ δ´ ἐς τὸ κέρδος λῆμ´ ἔχων ἀνειμένον
4 πόλει τ´ ἄχρηστος καὶ συναλλάσσειν βαρύς,
5 αὑτῶι δ´ ἄριστος· οἶδα δ´ οὐ λόγωι μαθών.
6 ἐγὼ γὰρ αἰδοῖ καὶ τὸ συγγενὲς σέβων,
7 ἐξὸν κατ´ Ἄργος ἡσύχως ναίειν, πόνων
8 πλείστων μετέσχον εἷς ἀνὴρ Ἡρακλέει,
9 ὅτ´ ἦν μεθ´ ἡμῶν· νῦν δ´, ἐπεὶ κατ´ οὐρανὸν
10 ναίει, τὰ κείνου τέκν´ ἔχων ὑπὸ πτεροῖς
11 σώιζω τάδ´ αὐτὸς δεόμενος σωτηρίας.
12 ἐπεὶ γὰρ αὐτῶν γῆς ἀπηλλάχθη πατήρ,
13 πρῶτον μὲν ἡμᾶς ἤθελ´ Εὐρυσθεὺς κτανεῖν·
14 ἀλλ´ ἐξέδραμεν, καὶ πόλις μὲν οἴχεται,
15 ψυχὴ δ´ ἐσώθη. φεύγομεν δ´ ἀλώμενοι
16 ἄλλην ἀπ´ ἄλλης ἐξοριζόντων πόλιν.
17 πρὸς τοῖς γὰρ ἄλλοις καὶ τόδ´ Εὐρυσθεὺς κακοῖς
18 ὕβρισμ´ ἐς ἡμᾶς ἠξίωσεν ὑβρίσαι·
19 πέμπων ὅπου γῆς πυνθάνοιθ´ ἱδρυμένους
20 κήρυκας ἐξαιτεῖ τε κἀξείργει χθονός,
21 πόλιν προτείνων Ἄργος οὐ σμικρὸν φίλην
22 ἐχθράν τε θέσθαι, χαὐτὸν εὐτυχοῦνθ´ ἅμα.
23 οἱ δ´ ἀσθενῆ μὲν τἀπ´ ἐμοῦ δεδορκότες,
24 σμικροὺς δὲ τούσδε καὶ πατρὸς τητωμένους,
25 τοὺς κρείσσονας σέβοντες ἐξείργουσι γῆς.
26 ἐγὼ δὲ σὺν φεύγουσι συμφεύγω τέκνοις
27 καὶ σὺν κακῶς πράσσουσι συμπράσσω κακῶς,
28 ὀκνῶν προδοῦναι, μή τις ὧδ´ εἴπηι βροτῶν·
29 Ἴδεσθ´, ἐπειδὴ παισὶν οὐκ ἔστιν πατήρ,
30 Ἰόλαος οὐκ ἤμυνε συγγενὴς γεγώς.
31 πάσης δὲ χώρας Ἑλλάδος τητώμενοι
32 Μαραθῶνα καὶ σύγκληρον ἐλθόντες χθόνα
33 ἱκέται καθεζόμεσθα βώμιοι θεῶν
34 προσωφελῆσαι· πεδία γὰρ τῆσδε χθονὸς
35 δισσοὺς κατοικεῖν Θησέως παῖδας λόγος
36 κλήρωι λαχόντας ἐκ γένους Πανδίονος,
37 τοῖσδ´ ἐγγὺς ὄντας· ὦν ἕκατι τέρμονας
38 κλεινῶν Ἀθηνῶν τήνδ´ ἀφικόμεσθ´ ὁδόν.
39 δυοῖν γερόντοιν δὲ στρατηγεῖται φυγή·
40 ἐγὼ μὲν ἀμφὶ τοῖσδε καλχαίνων τέκνοις,
41 ἡ δ´ αὖ τὸ θῆλυ παιδὸς Ἀλκμήνη γένος
42 ἔσωθε ναοῦ τοῦδ´ ὑπηγκαλισμένη
43 σώιζει· νέας γὰρ παρθένους αἰδούμεθα
44 ὄχλωι πελάζειν κἀπιβωμιοστατεῖν.
45 Ὕλλος δ´ ἀδελφοί θ´ οἷσι πρεσβεύει γένος
46 ζητοῦς´ ὅπου γῆς πύργον οἰκιούμεθα,
47 ἢν τῆσδ´ ἀπωθώμεσθα πρὸς βίαν χθονός.
48 ὦ τέκνα τέκνα, δεῦρο, λαμβάνεσθ´ ἐμῶν
49 πέπλων· ὁρῶ κήρυκα τόνδ´ Εὐρυσθέως
| [0] LES HÉRACLIDES.
La scène est à l'entrée d'un temple, à Marathon, près d'Athènes.
IOLAS, avec lui sont les fils d'Hercule qui embrassent l'autel.
C'est depuis longtemps une opinion arrêtée dans mon esprit, que l'homme juste est né pour le bien de ses semblables; l'homme passionné pour son intérêt personnel, inutile à l'État, et à charge dans le commerce de la vie, n'est bon que pour lui seul. Et ce n'est pas là pour moi une simple maxime sans réalité : fidèle à l'honneur et aux devoirs de la parenté, quand je pouvais vivre tranquille à Argos, j'ai partagé seul la plupart des travaux d'Hercule, tant qu'il fut parmi nous. Et à présent qu'il habite les cieux, j'ai pris ses enfants sous mes ailes pour les protéger, tout en ayant besoin moi-même de protection : car aussitôt que leur père a eu quitté la terre, Eurysthée a voulu nous donner la mort. Mais nous nous sommes échappés; et nous avons perdu notre patrie en sauvant notre vie. Errants et proscrits, sans cesse nous passons d'une ville dans une autre ; à tous nos autres maux la haine d'Eurysthée ajoute sa persécution; partout où il apprend que nous avons trouvé une retraite, il envoie des hérauts nous réclamer, et nous proscrire de nouveau, faisant valoir avec hauteur la puissance d'Argos, le danger de sa haine, l'éclat de ses prospérités. 23 Et quand on voit l'impuissance de mon secours, et la faiblesse de ces orphelins, on cède à la force, et l'on nous chasse de notre asile. Pour moi, je partage l'exil de ces enfants, je partage leur infortune, jamais je ne les trahirai, et je ne souffrirai pas qu'on dise : « Voyez, depuis que ces enfants n'ont plus de père, Iolas n'a pas osé les défendre, quoiqu'il soit du même sang qu'eux. »
31 Repoussés de toute la Grèce, nous sommes venus à Marathon, et dans la contrée de sa dépendance, nous asseoir en suppliants aux autels des dieux, pour implorer leur secours : car ce pays est, dit-on, habité par les deux fils de Thésée, qui ont tiré l'empire au sort ; issus de la race de Pandion, ils sont les proches des fils d'Hercule. C'est pour ces raisons que nous avons dirigé nos pas vers l'illustre Athènes. Deux vieillards guident cette troupe d'exilés; moi, je veille ici sur les fils; et dans l'intérieur de ce temple Alcmène garde les filles, et leur prodigue ses tendres soins : car il serait contre la bienséance de voir de jeunes vierges se mêler à la foule, et paraître en suppliantes au pied des autels. 45 Hyllus, et ceux de ses frères, plus avancés en âge, cherchent un asile où nous puissions nous réfugier, si nous sommes expulsés de cette terre. O mes enfants, mes enfants, approchez, attachez-vous à mes vêtements; je vois venir à nous le héraut d'Eurysthée,
|