[850] τλήμων Ὀρέστης· ἀλλὰ μή με καίνετε,
851 πατρὸς παλαιοὶ δμῶες. οἱ δ´, ἐπεὶ λόγων
852 ἤκουσαν, ἔσχον κάμακας· ἐγνώσθη δ´ ὑπὸ
853 γέροντος ἐν δόμοισιν ἀρχαίου τινός.
854 στέφουσι δ´ εὐθὺς σοῦ κασιγνήτου κάρα
855 χαίροντες ἀλαλάζοντες. ἔρχεται δὲ σοὶ
856 κάρα ´πιδείξων, οὐχὶ Γοργόνος φέρων
857 ἀλλ´ ὃν στυγεῖς Αἴγισθον. αἷμα δ´ αἵματος
858 πικρὸς δανεισμὸς ἦλθε τῶι θανόντι νῦν.
859 (ΧΟΡΟΣ) θὲς ἐς χορόν, ὦ φίλα, ἴχνος, ὡς νεβρὸς οὐράνιον
861 πήδημα κουφίζουσα σὺν ἀγλαΐαι.
862 νικᾶι στεφαναφόρα κρείσσω τῶν παρ´ Ἀλφειοῦ
863 ῥεέθροις τελέσας
864 κασίγνητος σέθεν· ἀλλ´ ὑπάειδε
865 καλλίνικον ὠιδὰν ἐμῶι χορῶι.
866 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ὦ φέγγος, ὦ τέθριππον ἡλίου σέλας,
867 ὦ γαῖα καὶ νὺξ ἣν ἐδερκόμην πάρος,
868 νῦν ὄμμα τοὐμὸν ἀμπτυχαί τ´ ἐλεύθεροι,
869 ἐπεὶ πατρὸς πέπτωκεν Αἴγισθος φονεύς.
870 φέρ´, οἷα δὴ ´χω καὶ δόμοι κεύθουσί μου
871 κόμης ἀγάλματ´ ἐξενέγκωμεν, φίλαι,
872 στέψω τ´ ἀδελφοῦ κρᾶτα τοῦ νικηφόρου.
873 (ΧΟΡΟΣ) σὺ μέν νυν ἀγάλματ´ ἄειρε κρατί· τὸ δ´ ἁμέτερον
875 χωρήσεται Μούσαισι χόρευμα φίλον.
876 νῦν οἱ πάρος ἁμετέρας γαίας τυραννεύσουσι φίλοι βασιλῆς
878 δικαίως, τοὺς ἀδίκους καθελόντες.
879 ἀλλ´ ἴτω ξύναυλος βοὰ χαρᾶι.
880 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ὦ καλλίνικε, πατρὸς ἐκ νικηφόρου
881 γεγώς, Ὀρέστα, τῆς ὑπ´ Ἰλίωι μάχης,
882 δέξαι κόμης σῆς βοστρύχων ἀνδήματα.
883 ἥκεις γὰρ οὐκ ἀχρεῖον ἕκπλεθρον δραμὼν
884 ἀγῶν´ ἐς οἴκους ἀλλὰ πολέμιον κτανὼν
885 Αἴγισθον, ὃς σὸν πατέρα κἀμὸν ὤλεσεν.
886 σύ τ´, ὦ παρασπίστ´, ἀνδρὸς εὐσεβεστάτου
887 παίδευμα, Πυλάδη, στέφανον ἐξ ἐμῆς χερὸς
888 δέχου· φέρηι γὰρ καὶ σὺ τῶιδ´ ἴσον μέρος
889 ἀγῶνος. αἰεὶ δ´ εὐτυχεῖς φαίνοισθέ μοι.
890 (ΟΡΕΣΤΗΣ) θεοὺς μὲν ἡγοῦ πρῶτον, Ἠλέκτρα, τύχης
891 ἀρχηγέτας τῆσδ´, εἶτα κἄμ´ ἐπαίνεσον
892 τὸν τῶν θεῶν τε τῆς τύχης θ´ ὑπηρέτην.
893 ἥκω γὰρ οὐ λόγοισιν ἀλλ´ ἔργοις κτανὼν
894 Αἴγισθον· ὡς δὲ τῶι σάφ´ εἰδέναι τάδε
895 προσθῶμεν, αὐτὸν τὸν θανόντα σοι φέρω,
896 ὃν εἴτε χρήιζεις θηρσὶν ἁρπαγὴν πρόθες,
897 ἢ σκῦλον οἰωνοῖσιν, αἰθέρος τέκνοις,
898 πήξας´ ἔρεισον σκόλοπι· σὸς γάρ ἐστι νῦν
899 δοῦλος, πάροιθε δεσπότης κεκλημένος.
| [850] Je suis le malheureux Oreste. Ne me tuez pas, vieux serviteurs de mon père. » En entendant ces mots, ils retiennent leurs lances. Oreste est reconnu par un vieillard depuis longtemps dans le palais. Ils couronnent aussitôt la tête de ton frère, transportés, poussant des cris de joie. Oreste vient te montrer la tête, non pas de la Gorgone, mais d'Égisthe que tu hais. Meurtre pour meurtre : Égisthe a payé aujourd'hui, avec usure, sa dette au mort.
859 LE CHŒUR.
Strophe. — Mêle tes pas à ma danse, ô amie ; comme le faon, dans les airs bondis, légère, rayonnant de joie. Pour sa victoire, une couronne plus glorieuse que celles remportées sur les rives de l'Alphée est décernée à ton frère. Allons, accompagne ma danse de ton chant de triomphe.
866 ÉLECTRE.
O lumière! ô quadrige éclatant du soleil! ô terre! ô nuit! que seule, hier, voyaient mes regards! Aujourd'hui, mes yeux se dessillent à la liberté, aujourd'hui qu'Égisthe est tombé, le meurtrier de mon père. Allons ! tous les bijoux que je garde enfermés dans ma maison pour en parer ma chevelure, je vais les chercher, amies, pour couronner la tête de mon frère, car il apporte la victoire.
873 LE CHOEUR.
Antistrophe. — Oui, lève tes bijoux pour orner sa tête ; et mon chœur, cher aux Muses, dansera sa danse. Aujourd'hui nos anciens rois vont régner à nouveau sur le pays, les rois qui nous sont chers. La justice a renversé nos injustes tyrans. Mais allons ! que le son de la flûte accompagne mon allégresse !
(Arrive Oreste, suivi de Pylade et des serviteurs, qui portent le corps d'Égisthe).
880 ÉLECTRE.
O glorieux vainqueur, né d'un père qui remporta la victoire dans le combat livré sous Ilion, Oreste, reçois ces bandeaux pour les boucles de ta chevelure. Car te voilà revenu chez nous non pas après avoir gagné, vaine épreuve, la course des six plèthres, mais tu as tué un ennemi, Égisthe, qui a fait périr ton père et le mien. Et toi, ô son compagnon d'armes, enfant élevé par le plus pieux des hommes, Pylade, reçois cette couronne de ma main; car tu as une part égale à la sienne dans cet exploit. Puissé-je vous voir toujours heureux, tous les deux!
890 ORESTE.
Ce sont les dieux d'abord, crois-le bien, Électre, qui sont les instigateurs de notre bonheur. Loue-moi ensuite; mais je n'ai été que le serviteur des dieux et de la Fortune. Oui je reviens — ce ne sont pas des phrases, mais la réalité — après avoir tué Égisthe; et pour permettre à quiconque de le constater nettement, je t'apporte le mort lui-même. Si tu le désires, expose-le en pâture aux bêtes fauves, ou livre-le aux oiseaux de proie, enfants de l'éther, en le fichant sur un pal. Il est maintenant ton esclave, lui qu'on appelait hier ton maître.
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