[250] πατέρα τε μητρὸς τῆς ἐμῆς, πολὺν γέλων,
251 νάρθηκι βακχεύοντ´· ἀναίνομαι, πάτερ,
252 τὸ γῆρας ὑμῶν εἰσορῶν νοῦν οὐκ ἔχον.
253 οὐκ ἀποτινάξεις κισσόν; οὐκ ἐλευθέραν
254 θύρσου μεθήσεις χεῖρ´, ἐμῆς μητρὸς πάτερ;
255 σὺ ταῦτ´ ἔπεισας, Τειρεσία· τόνδ´ αὖ θέλεις
256 τὸν δαίμον´ ἀνθρώποισιν ἐσφέρων νέον
257 σκοπεῖν πτερωτὰ κἀμπύρων μισθοὺς φέρειν.
258 εἰ μή σε γῆρας πολιὸν ἐξερρύετο,
259 καθῆς´ ἂν ἐν βάκχαισι δέσμιος μέσαις,
260 τελετὰς πονηρὰς εἰσάγων· γυναιξὶ γὰρ
261 ὅπου βότρυος ἐν δαιτὶ γίγνεται γάνος,
262 οὐχ ὑγιὲς οὐδὲν ἔτι λέγω τῶν ὀργίων.
263 (ΧΟΡΟΣ) τῆς δυσσεβείας. ὦ ξέν´, οὐκ αἰδῆι θεοὺς
264 Κάδμον τε τὸν σπείραντα γηγενῆ στάχυν,
265 Ἐχίονος δ´ ὢν παῖς καταισχυνεῖς γένος;
266 (ΤΕΙΡΕΣΙΑΣ) ὅταν λάβηι τις τῶν λόγων ἀνὴρ σοφὸς
267 καλὰς ἀφορμάς, οὐ μέγ´ ἔργον εὖ λέγειν·
268 σὺ δ´ εὔτροχον μὲν γλῶσσαν ὡς φρονῶν ἔχεις,
269 ἐν τοῖς λόγοισι δ´ οὐκ ἔνεισί σοι φρένες.
270 θράσει δὲ δυνατὸς καὶ λέγειν οἷός τ´ ἀνὴρ
271 κακὸς πολίτης γίγνεται νοῦν οὐκ ἔχων.
272 οὗτος δ´ ὁ δαίμων ὁ νέος, ὃν σὺ διαγελᾶις,
273 οὐκ ἂν δυναίμην μέγεθος ἐξειπεῖν ὅσος
274 καθ´ Ἑλλάδ´ ἔσται. δύο γάρ, ὦ νεανία,
275 τὰ πρῶτ´ ἐν ἀνθρώποισι· Δημήτηρ θεά—
276 Γῆ δ´ ἐστίν, ὄνομα δ´ ὁπότερον βούληι κάλει·
277 αὕτη μὲν ἐν ξηροῖσιν ἐκτρέφει βροτούς·
278 ὃς δ´ ἦλθ´ ἔπειτ´, ἀντίπαλον ὁ Σεμέλης γόνος
279 βότρυος ὑγρὸν πῶμ´ ηὗρε κἀσηνέγκατο
280 θνητοῖς, ὃ παύει τοὺς ταλαιπώρους βροτοὺς
281 λύπης, ὅταν πλησθῶσιν ἀμπέλου ῥοῆς,
282 ὕπνον τε λήθην τῶν καθ´ ἡμέραν κακῶν
283 δίδωσιν, οὐδ´ ἔστ´ ἄλλο φάρμακον πόνων.
284 οὗτος θεοῖσι σπένδεται θεὸς γεγώς,
285 ὥστε διὰ τοῦτον τἀγάθ´ ἀνθρώπους ἔχειν.
286 καὶ διαγελᾶις νιν ὡς ἐνερράφη Διὸς
287 μηρῶι; διδάξω ς´ ὡς καλῶς ἔχει τόδε.
288 ἐπεί νιν ἥρπας´ ἐκ πυρὸς κεραυνίου
289 Ζεύς, ἐς δ´ Ὄλυμπον βρέφος ἀνήγαγεν νέον,
290 Ἥρα νιν ἤθελ´ ἐκβαλεῖν ἀπ´ οὐρανοῦ,
291 Ζεὺς δ´ ἀντεμηχανήσαθ´ οἷα δὴ θεός·
292 ῥήξας μέρος τι τοῦ χθόν´ ἐγκυκλουμένου
293 αἰθέρος, ἔδωκε τόνδ´ ὅμηρον, ἐκτιθεὶς
294 Διόνυσον Ἥρας νεικέων· χρόνωι δέ νιν
295 βροτοὶ ῥαφῆναί φασιν ἐν μηρῶι Διός,
296 ὄνομα μεταστήσαντες, ὅτι θεᾶι θεὸς
297 Ἥραι ποθ´ ὡμήρευσε, συνθέντες λόγον.
298 μάντις δ´ ὁ δαίμων ὅδε· τὸ γὰρ βακχεύσιμον
299 καὶ τὸ μανιῶδες μαντικὴν πολλὴν ἔχει·
| [250] et le père de ma mère! Quelle dérision! Avec une férule, il célèbre Bacchos! (A Cadmos) Je rougis de honte, père, de voir votre vieillesse à tous les deux perdre ainsi la raison. Ne
vas-tu pas jeter ce lierre ? Débarrasse ta main de ce thyrse, père de ma mère. (A Tirésias.) C'est toi qui l'as entraîné, Tirésias. Tu veux évidemment, en introduisant cette nouvelle divinité chez les hommes, te procurer de nouveaux bénéfices à observer le vol des oiseaux et les entrailles des victimes. Si ta vieillesse chenue ne te défendait pas, tu serais étendu, chargé de chaînes, au milieu des Bacchantes, pour introduire des mystères infâmes. Quand les femmes assistent à un festin où rit le jus de la vigne, je dis qu'il n'y a plus rien de sain dans ces orgies.
263 LA CORYPHÉE.
Quelle impiété! Étranger, tu ne révères pas les dieux et Cadmos qui a semé la moisson des fils de la Terre? C'est toi, le fils d'Échion, qui déshonores ta race ?
266 TIRÉSIAS.
Quand un homme sage a trouvé de belles matières à discourir, ce ne lui est pas une tâche difficile que de bien parler. Toi, tu as la langue agile et tu parais raisonnable; mais dans tes paroles il n'y a pas ombre de bon sens. L'homme audacieux, à la fois puissant et habile à parler, est un citoyen dangereux s'il n'a pas de bon sens. Ce dieu nouveau, que tu tournes en ridicule, toi, je ne saurais dire avec quelle grandeur il régnera sur la Grèce.
Il y a deux divinités, ô jeune homme, qui tiennent le premier rang chez les hommes. L'une est la déesse Déméter, ou la Terre, donne-lui le nom que tu voudras; c'est elle qui d'aliments solides nourrit les mortels. L'autre s'est placée de pair avec elle : c'est le fils de Sémélé; il a trouvé un breuvage, le jus de la grappe, et l'a introduit parmi les mortels pour délivrer les malheureux hommes de leurs chagrins en les abreuvant de la liqueur de la vigne. Le sommeil, l'oubli de leurs maux quotidiens, voilà son présent; il n'y a pas d'autre remède à leurs peines.
Lui, qui est un dieu, s'offre en libations aux dieux : c'est donc à lui que les hommes doivent leurs biens. Tu le railles d'avoir été cousu dans la cuisse de Zeus ? Je t'apprendrai que c'est pourtant la stricte vérité. Quand Zeus l'eut arraché au feu de la foudre et eut emporté sur les hauteurs de l'Olympe l'Enfant nouveau-né, l'Enfant-Dieu, Héra voulut le précipiter du ciel. Mais Zeus répondit par un artifice que seul peut imaginer un dieu :
292 il déchira une partie de l'éther qui enferme dans son cercle la terre, en fit un être ressemblant à Dionysos, et le livra en otage à la jalousie d'Héra. Par la suite, les mortels ont dit qu'il avait été formé dans la cuisse de Zeus. Ils ont confondu les mots : le dieu en effet avait jadis donné son double en otage à la déesse Héra et ils ont substitué au mot otage (homéros) le mot cuisse (méros) : voilà l'origine de cette fable. Or ce dieu est prophète : ses transports bachiques, comme son délire, ont une grande vertu prophétique ;
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