[1250] Βρόμιος ἄναξ ἀπώλες´ οἰκεῖος γεγώς.
1251 (ΑΓΑΥΗ) ὡς δύσκολον τὸ γῆρας ἀνθρώποις ἔφυ
1252 ἔν τ´ ὄμμασι σκυθρωπόν. εἴθε παῖς ἐμὸς
1253 εὔθηρος εἴη, μητρὸς εἰκασθεὶς τρόποις,
1254 ὅτ´ ἐν νεανίαισι Θηβαίοις ἅμα
1255 θηρῶν ὀριγνῶιτ´· ἀλλὰ θεομαχεῖν μόνον
1256 οἷός τ´ ἐκεῖνος. νουθετητέος, πάτερ,
1257 σοὐστίν. τίς αὐτὸν δεῦρ´ ἂν ὄψιν εἰς ἐμὴν
1258 καλέσειεν, ὡς ἴδηι με τὴν εὐδαίμονα;
1259 (ΚΑΔΜΟΣ) φεῦ φεῦ· φρονήσασαι μὲν οἷ´ ἐδράσατε
1260 ἀλγήσετ´ ἄλγος δεινόν· εἰ δὲ διὰ τέλους
1261 ἐν τῶιδ´ ἀεὶ μενεῖτ´ ἐν ὧι καθέστατε,
1262 οὐκ εὐτυχοῦσαι δόξετ´ οὐχὶ δυστυχεῖν.
1263 (ΑΓΑΥΗ) τί δ´ οὐ καλῶς τῶνδ´ ἢ τί λυπηρῶς ἔχει;
1264 (ΚΑΔΜΟΣ) πρῶτον μὲν ἐς τόνδ´ αἰθέρ´ ὄμμα σὸν μέθες.
1265 (ΑΓΑΥΗ) ἰδού· τί μοι τόνδ´ ἐξυπεῖπας εἰσορᾶν;
1266 (ΚΑΔΜΟΣ) ἔθ´ αὑτὸς ἤ σοι μεταβολὰς ἔχειν δοκεῖ;
1267 (ΑΓΑΥΗ) λαμπρότερος ἢ πρὶν καὶ διειπετέστερος.
1268 (ΚΑΔΜΟΣ) τὸ δὲ πτοηθὲν τόδ´ ἔτι σῆι ψυχῆι πάρα;
1269 (ΑΓΑΥΗ) οὐκ οἶδα τοὔπος τοῦτο· γίγνομαι δέ πως
1270 ἔννους, μετασταθεῖσα τῶν πάρος φρενῶν.
1271 (ΚΑΔΜΟΣ) κλύοις ἂν οὖν τι κἀποκρίναι´ ἂν σαφῶς;
1272 (ΑΓΑΥΗ) ὡς ἐκλέλησμαί γ´ ἃ πάρος εἴπομεν, πάτερ.
1273 (ΚΑΔΜΟΣ) ἐς ποῖον ἦλθες οἶκον ὑμεναίων μέτα;
1274 (ΑΓΑΥΗ) Σπαρτῶι μ´ ἔδωκας, ὡς λέγους´, Ἐχίονι.
1275 (ΚΑΔΜΟΣ) τίς οὖν ἐν οἴκοις παῖς ἐγένετο σῶι πόσει;
1276 (ΑΓΑΥΗ) Πενθεύς, ἐμῆι τε καὶ πατρὸς κοινωνίαι.
1277 (ΚΑΔΜΟΣ) τίνος πρόσωπον δῆτ´ ἐν ἀγκάλαις ἔχεις;
1278 (ΑΓΑΥΗ) λέγοντος, ὥ γ´ ἔφασκον αἱ θηρώμεναι.
1279 (ΚΑΔΜΟΣ) σκέψαι νυν ὀρθῶς· βραχὺς ὁ μόχθος εἰσιδεῖν.
1280 (ΑΓΑΥΗ) ἔα, τί λεύσσω; τί φέρομαι τόδ´ ἐν χεροῖν;
1281 (ΚΑΔΜΟΣ) ἄθρησον αὐτὸ καὶ σαφέστερον μάθε.
1282 (ΑΓΑΥΗ) ὁρῶ μέγιστον ἄλγος ἡ τάλαιν´ ἐγώ.
1283 (ΚΑΔΜΟΣ) μῶν σοι λέοντι φαίνεται προσεικέναι;
1284 (ΑΓΑΥΗ) οὔκ, ἀλλὰ Πενθέως ἡ τάλαιν´ ἔχω κάρα.
1285 (ΚΑΔΜΟΣ) ὠιμωγμένον γε πρόσθεν ἢ σὲ γνωρίσαι.
1286 (ΑΓΑΥΗ) τίς ἔκτανέν νιν; πῶς ἐμὰς ἦλθ´ ἐς χέρας;
1287 (ΚΑΔΜΟΣ) δύστην´ ἀλήθει´, ὡς ἐν οὐ καιρῶι πάρει.
1288 (ΑΓΑΥΗ) λέγ´, ὡς τὸ μέλλον καρδία πήδημ´ ἔχει.
1289 (ΚΑΔΜΟΣ) σύ νιν κατέκτας καὶ κασίγνηται σέθεν.
1290 (ΑΓΑΥΗ) ποῦ δ´ ὤλετ´; ἦ κατ´ οἶκον, ἢ ποίοις τόποις;
1291 (ΚΑΔΜΟΣ) οὗπερ πρὶν Ἀκταίωνα διέλαχον κύνες.
1292 (ΑΓΑΥΗ) τί δ´ ἐς Κιθαιρῶν´ ἦλθε δυσδαίμων ὅδε;
1293 (ΚΑΔΜΟΣ) ἐκερτόμει θεὸν σάς τε βακχείας μολών.
1294 (ΑΓΑΥΗ) ἡμεῖς δ´ ἐκεῖσε τίνι τρόπωι κατήραμεν;
1295 (ΚΑΔΜΟΣ) ἐμάνητε, πᾶσά τ´ ἐξεβακχεύθη πόλις.
1296 (ΑΓΑΥΗ) Διόνυσος ἡμᾶς ὤλες´, ἄρτι μανθάνω.
1297 (ΚΑΔΜΟΣ) ὕβριν γ´ ὑβρισθείς· θεὸν γὰρ οὐχ ἡγεῖσθέ νιν.
1298 (ΑΓΑΥΗ) τὸ φίλτατον δὲ σῶμα ποῦ παιδός, πάτερ;
1299 (ΚΑΔΜΟΣ) ἐγὼ μόλις νιν ἐξερευνήσας φέρω.
| [1250] mais trop cruellement, Bromios Roi, nous son propre sang!
AGAVÉ.
Comme la vieillesse est chagrine d'ordinaire et d'un abord maussade! Plût au ciel que mon fils fût aussi heureux à la chasse et ressemblât en cela à sa mère, quand avec les jeunes Thébains il poursuit les bêtes sauvages! Mais il ne sait combattre que les dieux, lui. C'est à toi de l'avertir, père. Pourquoi ne l'amène-t-on pas ici en ma présence, pour qu'il voie ma chance ?
CADMOS.
Hélas ! hélas ! quand vous aurez conscience de ce que vous avez fait, combien votre douleur sera terrible! Si jusqu'au bout vous restez dans l'état où vous êtes, sans être heureuses, vous aurez du moins l'illusion de n'être pas malheureuses.
AGAVÉ. (sortant peu à peu du délire)
Qu'y a-t-il dans tout cela qui ne soit pas heureux ? ou qui soit triste ?
CADMOS.
D'abord lève les yeux vers le ciel.
AGAVÉ.
Voilà. Mais pourquoi me dis-tu de regarder le ciel ?
CADMOS.
Est-il le même, ou te semble-t-il avoir changé ?
AGAVÉ.
Il est plus brillant qu'il n'était, et plus lumineux.
CADMOS.
Le même délire égare toujours ton âme ?
AGAVÉ.
Je ne sais pas ce que tu veux dire. Mais il me semble que je reprends mes sens et qu'un changement se fait dans mon esprit.
CADMOS.
Voudrais-tu m'écouter et me répondre nettement ?
AGAVÉ.
Oui, car j'ai oublié complètement ce que j'ai pu te dire, père.
CADMOS.
Dans quelle maison l'hymen t'a-t-il fait entrer ?
AGAVÉ.
Tu m'as donnée, dit-on, au Sparte Échion.
CADMOS.
Quel enfant, dans sa maison, as-tu donné à ton mari ?
AGAVÉ.
Penthée, notre fils commun, à moi et à Échion.
CADMOS.
Quelle est donc la tête que tu portes dans tes bras ?
AGAVÉ.
La tête d'un lion, à ce que disaient les chasseresses.
CADMOS.
Regarde-la donc en face : il en coûte peu de jeter un coup d'oeil.
AGAVÉ.
Ah! que vois-je ? qu'est-ce que je porte là dans mes mains ?
CADMOS.
Regarde encore et reconnais-la plus nettement.
AGAVÉ.
Je vois la plus affreuse des douleurs, malheureuse que je suis!
CADMOS.
Te semble-t-il encore qu'il ressemble à un lion ?
AGAVÉ.
Non. C'est la tête de Penthée que je tiens dans mes mains, infortunée !
CADMOS.
Oui, objet de nos pleurs, avant que tu l'aies reconnue.
AGAVÉ.
Qui l'a tué ? Comment se trouve-t-elle dans mes mains ?
CADMOS.
Cruelle vérité ! que tu viens mal à propos !
AGAVÉ.
Parle : cette attente fait battre mon coeur d'angoisse.
CADMOS.
C'est toi qui l'as tué, avec tes soeurs.
AGAVÉ.
Où a-t-il péri ? Est-ce dans le palais ? En quels lieux ?
CADMOS.
A l'endroit même où jadis Actéon fut déchiré par ses chiens.
AGAVÉ.
Pourquoi est-il allé au Cithéron, l'infortuné ?
CADMOS.
Pour railler le dieu et tes Bacchanales.
AGAVÉ.
Mais nous, comment nous y sommes-nous rendues ?
CADMOS.
Vous étiez en délire et toute la ville s'abandonnait à la fureur bachique.
AGAVÉ.
C'est Dionysos qui nous a perdues, je le comprends enfin.
CADMOS.
Vous l'aviez offensé; vous refusiez de le reconnaître pour un dieu.
AGAVÉ.
Mais le corps de mon fils bien-aimé, où est-il, père ?
CADMOS.
Voici ce qu'à grand-peine j'en ai recueilli; je l'apporte.
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