[1250] γένος γενέσθαι δεῖ τὸ σὸν κἀμόν, γέρον,
1251 Τροίας τε· καὶ γὰρ θεοῖσι κἀκείνης μέλει,
1252 καίπερ πεσούσης Παλλάδος προθυμίαι.
1253 σὲ δ´, ὡς ἂν εἰδῆις τῆς ἐμῆς εὐνῆς χάριν,
1255 κακῶν ἀπαλλάξασα τῶν βροτησίων
1256 ἀθάνατον ἄφθιτόν τε ποιήσω θεόν.
1257 κἄπειτα Νηρέως ἐν δόμοις ἐμοῦ μέτα
1258 τὸ λοιπὸν ἤδη θεὸς συνοικήσεις θεᾶι·
1259 ἔνθεν κομίζων ξηρὸν ἐκ πόντου πόδα
1260 τὸν φίλτατόν σοι παῖδ´ ἐμοί τ´ Ἀχιλλέα
1261 ὄψηι δόμους ναίοντα νησιωτικοὺς
1262 Λευκὴν κατ´ ἀκτὴν ἐντὸς ἀξένου πόρου.
1263 ἀλλ´ ἕρπε Δελφῶν ἐς θεόδμητον πόλιν
1264 νεκρὸν κομίζων τόνδε, καὶ κρύψας χθονὶ
1265 ἐλθὼν παλαιᾶς χοιράδος κοῖλον μυχὸν
1266 Σηπιάδος ἵζου· μίμνε δ´ ἔστ´ ἂν ἐξ ἁλὸς
1267 λαβοῦσα πεντήκοντα Νηρήιδων χορὸν
1268 ἔλθω κομιστήν σου· τὸ γὰρ πεπρωμένον
1269 δεῖ ς´ ἐκκομίζειν, Ζηνὶ γὰρ δοκεῖ τάδε.
1270 παῦσαι δὲ λύπης τῶν τεθνηκότων ὕπερ·
1271 πᾶσιν γὰρ ἀνθρώποισιν ἥδε πρὸς θεῶν
1272 ψῆφος κέκρανται κατθανεῖν τ´ ὀφείλεται.
1273 (ΠΗΛΕΥΣ) ὦ πότνι´, ὦ γενναῖα συγκοιμήματα,
1274 Νηρέως γένεθλον, χαῖρε· ταῦτα δ´ ἀξίως
1275 σαυτῆς τε ποιεῖς καὶ τέκνων τῶν ἐκ σέθεν.
1276 παύω δὲ λύπην σοῦ κελευούσης, θεά,
1277 καὶ τόνδε θάψας εἶμι Πηλίου πτυχάς,
1278 οὗπερ σὸν εἷλον χερσὶ κάλλιστον δέμας.
1279 {κἆιτ´ οὐ γαμεῖν δῆτ´ ἔκ τε γενναίων χρεὼν
1280 δοῦναί τ´ ἐς ἐσθλούς, ὅστις εὖ βουλεύεται,
1281 κακῶν δὲ λέκτρων μὴ ´πιθυμίαν ἔχειν,
1282 μηδ´ εἰ ζαπλούτους οἴσεται φερνὰς δόμοις;
1283 οὐ γάρ ποτ´ ἂν πράξειαν ἐκ θεῶν κακῶς.}
1284 (ΧΟΡΟΣ) πολλαὶ μορφαὶ τῶν δαιμονίων,
1285 πολλὰ δ´ ἀέλπτως κραίνουσι θεοί·
1286 καὶ τὰ δοκηθέντ´ οὐκ ἐτελέσθη,
1287 τῶν δ´ ἀδοκήτων πόρον ηὗρε θεός.
1288 τοιόνδ´ ἀπέβη τόδε πρᾶγμα.
| [1250] Car, vieillard, ta race et la mienne ne doit pas périr ainsi, ni celle de Troie; elle aussi est l'objet de la sollicitude des dieux, quoique le ressentiment de Pallas l'ait renversée. Pour toi, pour que tu connaisses le prix de mon alliance, déesse et fille de dieu, je te délivrerai des maux de l'humanité ; je ferai de toi un dieu immortel et incorruptible. Désormais, devenu dieu, tu habiteras avec moi le palais de Nérée; de là, sortant à pied sec du sein des eaux, tu verras Achille, notre fils chéri, habiter l'île aux rives blanchissantes, dans le détroit de l'Euxin. Va donc dans la ville de Delphes, bâtie par la main des dieux; reportes-y ce cadavre, et, après lui avoir donné la sépulture, reviens dans la grotte profonde de l'antique Sépias. Attends là, jusqu'à ce que tu me voies sortir de la mer, suivie du chœur de cinquante Néréides, pour t'emmener au sein des eaux. Ce qui est arrêté par le Destin, tu dois le supporter : telle est la volonté de Jupiter. Cesse de pleurer les morts : c'est le sort que les dieux réservent aux humains ; tous doivent tribut à la mort.
1262 PÉLÉE.
Fille de Nérée, illustre et généreuse épouse, je te salue : ta conduite est digne de toi et digne de tes enfants. Tu l'ordonnes, ô déesse, je calmerai ma douleur. Après avoir enseveli mon fils, je reviendrai aux grottes du Pélion, où j'ai tenu entre mes bras ton corps divin. La sagesse ne commande-t-elle pas de s'allier à des épouses issues d'un sang généreux, de marier ses enfants dans de vertueuses familles, et de ne pas convoiter une méchante femme, dût-elle apporter une dot opulente? Jamais ainsi l'on n'aura à craindre la colère des dieux.
LE CHOEUR.
1273 Les destinées se manifestent sous bien des formes différentes; les dieux accomplissent beaucoup de choses contre notre attente, et celles que nous attendions n'arrivent pas; mais Dieu fraie la voie aux événements imprévus :
1288 ce qui vient de se passer en est une preuve éclatante.
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