[0] (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ)
1 Ἀσιάτιδος γῆς σχῆμα, Θηβαία πόλις,
2 ὅθεν ποθ´ ἕδνων σὺν πολυχρύσωι χλιδῆι
3 Πριάμου τύραννον ἑστίαν ἀφικόμην
4 δάμαρ δοθεῖσα παιδοποιὸς Ἕκτορι,
5 ζηλωτὸς ἔν γε τῶι πρὶν Ἀνδρομάχη χρόνωι,
6 νῦν δ´, εἴ τις ἄλλη, δυστυχεστάτη γυνή
7 {ἐμοῦ πέφυκεν ἢ γενήσεταί ποτε}·
8 ἥτις πόσιν μὲν Ἕκτορ´ ἐξ Ἀχιλλέως
9 θανόντ´ ἐσεῖδον, παῖδά θ´ ὃν τίκτω πόσει
10 ῥιφθέντα πύργων Ἀστυάνακτ´ ἀπ´ ὀρθίων,
11 ἐπεὶ τὸ Τροίας εἷλον Ἕλληνες πέδον·
12 αὐτὴ δὲ δούλη τῶν ἐλευθερωτάτων
13 οἴκων νομισθεῖς´ Ἑλλάδ´ εἰσαφικόμην
14 τῶι νησιώτηι Νεοπτολέμωι δορὸς γέρας
15 δοθεῖσα λείας Τρωϊκῆς ἐξαίρετον.
16 Φθίας δὲ τῆσδε καὶ πόλεως Φαρσαλίας
17 σύγχορτα ναίω πεδί´, ἵν´ ἡ θαλασσία
18 Πηλεῖ ξυνώικει χωρὶς ἀνθρώπων Θέτις
19 φεύγους´ ὅμιλον· Θεσσαλὸς δέ νιν λεὼς
20 Θετίδειον αὐδᾶι θεᾶς χάριν νυμφευμάτων.
21 ἔνθ´ οἶκον ἔσχε τόνδε παῖς Ἀχιλλέως,
22 Πηλέα δ´ ἀνάσσειν γῆς ἐᾶι Φαρσαλίας,
23 ζῶντος γέροντος σκῆπτρον οὐ θέλων λαβεῖν.
24 κἀγὼ δόμοις τοῖσδ´ ἄρσεν´ ἐντίκτω κόρον,
25 πλαθεῖς´ Ἀχιλλέως παιδί, δεσπότηι δ´ ἐμῶι.
26 καὶ πρὶν μὲν ἐν κακοῖσι κειμένην ὅμως
27 ἐλπίς μ´ ἀεὶ προῆγε σωθέντος τέκνου
28 ἀλκήν τιν´ εὑρεῖν κἀπικούρησιν κακῶν·
29 ἐπεὶ δὲ τὴν Λάκαιναν Ἑρμιόνην γαμεῖ
30 τοὐμὸν παρώσας δεσπότης δοῦλον λέχος,
31 κακοῖς πρὸς αὐτῆς σχετλίοις ἐλαύνομαι.
32 λέγει γὰρ ὥς νιν φαρμάκοις κεκρυμμένοις
33 τίθημ´ ἄπαιδα καὶ πόσει μισουμένην,
34 αὐτὴ δὲ ναίειν οἶκον ἀντ´ αὐτῆς θέλω
35 τόνδ´, ἐκβαλοῦσα λέκτρα τἀκείνης βίαι·
36 ἁγὼ τὸ πρῶτον οὐχ ἑκοῦς´ ἐδεξάμην,
37 νῦν δ´ ἐκλέλοιπα· Ζεὺς τάδ´ εἰδείη μέγας,
38 ὡς οὐχ ἑκοῦσα τῶιδ´ ἐκοινώθην λέχει.
39 ἀλλ´ οὔ σφε πείθω, βούλεται δέ με κτανεῖν,
40 πατήρ τε θυγατρὶ Μενέλεως συνδρᾶι τάδε.
41 καὶ νῦν κατ´ οἴκους ἔστ´, ἀπὸ Σπάρτης μολὼν
42 ἐπ´ αὐτὸ τοῦτο· δειματουμένη δ´ ἐγὼ
43 δόμων πάροικον Θέτιδος εἰς ἀνάκτορον
44 θάσσω τόδ´ ἐλθοῦς´, ἤν με κωλύσηι θανεῖν.
45 Πηλεύς τε γάρ νιν ἔκγονοί τε Πηλέως
46 σέβουσιν, ἑρμήνευμα Νηρῆιδος γάμων.
47 ὃς δ´ ἔστι παῖς μοι μόνος, ὑπεκπέμπω λάθραι
48 ἄλλους ἐς οἴκους, μὴ θάνηι φοβουμένη.
49 ὁ γὰρ φυτεύσας αὐτὸν οὔτ´ ἐμοὶ πάρα
| [0] ANDROMAQUE.
La scène est à Phthie, a rentrée du temple de Thétis et du palais de Néoptolème.
ANDROMAQUE.
Ornement de l'Asie, ville de Thèbes, d'où je partis jadis avec une dot opulente, pour venir au foyer du roi Priam, donnée en épouse à Hector, moi, Andromaque, autrefois objet d'envie ; et maintenant il n'est point de femme plus malheureuse que moi, et il n'y en aura jamais. J'ai vu mourir Hector mon époux, par la main d'Achille; j'ai vu le fils que je lui avais enfanté, Astyanax, précipité du haut d'une tour, quand les Grecs se furent rendus maîtres du sol de Troie. Et moi, issue d'une noble famille, j'ai été envoyée esclave en Grèce, donnée à l'insulaire Néoptolème comme prix de la guerre, et comme sa part des dépouilles de Troie. J'habite les champs qui séparent cet état de Phthie, de la ville, de Pharsale ; c'est là que Thétis, divinité marine, vécut avec Pelée, loin du commerce des hommes : en mémoire de son hymen, le peuple thessalien appelle ce lieu Thétidée. Le fils d'Achille possède ce palais ; mais il laisse Pelée régner sur la terre de Pharsale, ne voulant pas reprendre le sceptre à ce vieillard tant qu'il vit. Unie au fils d'Achille mon maître, je lui ai donné dans ce palais un enfant mâle. Et d'abord, malgré mon malheur, je me flattais de l'espoir que, tant que mon fils vivrait, je trouverais en lui un appui et une consolation : mais depuis que mon maître, dédaignant ma couche d'esclave, a épousé la Lacédémonienne Hermione, je suis accablée par elle de mauvais traitements. Elle dit que par de secrets maléfices je la rends stérile, et odieuse à son époux ; que je veux être maîtresse à sa place dans cette maison, et la chasser violemment de son lit, moi qui n'y pris place qu'à regret, et qui en suis sortie pour toujours. Le grand Jupiter le sait, c'est malgré moi que je suis entrée dans cette couche. Mais je ne puis la persuader; elle veut me faire mourir, et Ménélas, son père, seconde ses projets. Il arrive de Sparte en ces lieux, dans cette intention même. Saisie de crainte, je suis venue chercher un asile contre la mort dans ce sanctuaire consacré à Thétis, et qui touche aux murs du palais. Pelée et sa famille le révèrent comme un monument de son alliance avec la déesse. J'ai envoyé en secret mon fils, mon unique espérance, dans une maison étrangère, de peur qu'on n'attente à sa vie ; car son père n'est pas là pour me défendre,
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