[900] διήκει δὲ καὶ πόλιν στόνος,	
 στένουσι πύργοι,
 στένει πέδον φίλανδρον· μένει
 κτέανα δ᾽ ἐπιγόνοις,
 δι᾽ ὧν αἰνομόροις,
 905 δι᾽ ὧν νεῖκος ἔβα	
 {καὶ} θανάτου τέλος.
 ἐμοιράσαντο δ᾽ ὀξυκάρδιοι
 κτήμαθ᾽, ὥστ᾽ ἴσον λαχεῖν.
 διαλλακτῆρι δ᾽ οὐκ
 ἀμεμφεία φίλοις,
 910 οὐδ᾽ ἐπίχαρις Ἄρης.	
 σιδαρόπλακτοι μὲν ὧδ᾽ ἔχουσιν,
 σιδαρόπλακτοι δὲ τοὺς μένουσι,
 τάχ᾽ ἄν τις εἴποι, τίνες;
 τάφων πατρῴων λαχαί.
 915 ὅδ᾽ ἁμῶν μάλ᾽ ἀχέτας τοὺς	
 προπέμπει δαϊκτὴρ γόος αὐτόστονος, 
 αὐτοπήμων,
 δαϊόφρων δ᾽·, οὐ φιλογαθής, ἐτύμως
 δακρυχέων ἐκ φρενός, ἃ
 920 κλαιομένας μου μινύθει	
 τοῖνδε δυοῖν ἀνάκτοιν.
 πάρεστι δ᾽ εἰπεῖν ἐπ᾽ ἀθλίοισιν
 ὡς ἐρξάτην πολλὰ μὲν πολίτας,
 ξένων τε πάντων στίχας
 925 πολυφθόρους ἐν δαΐ.	
 δυσδαίμων σφιν ἁ τεκοῦσα
 πρὸ πασᾶν γυναικῶν ὁπόσαι
 τεκνογόνοι κέκληνται.
 παῖδα τὸν αὑτᾶς πόσιν αὑτᾷ θεμένα
 930 τούσδ᾽ ἔτεχ᾽, οἱ δ᾽ ὧδ᾽ ἐτελεύτασαν 
 ὑπ᾽ ἀλλαλοφόνοις
 χερσὶν ὁμοσπόροισιν.
 (Ἰσμήνη)
 ὁμόσποροι δῆτα καὶ πανώλεθροι,
 διατομαῖς οὐ φίλοις,
 935 ἔριδι μαινομένᾳ,	
 νείκεος ἐν τελευτᾷ.
 πέπαυται δ᾽ ἔχθος, ἐν δὲ γαίᾳ
 ζόα φονορύτῳ
 μέμεικται· κάρτα δ᾽ εἴσ᾽ ὅμαιμοι.
 (Χορός)
 940 πικρὸς λυτὴρ νεικέων ὁ πόντιος	
 ξεῖνος ἐκ πυρὸς συθεὶς
 θακτὸς σίδαρος· πικρὸς δὲ χρημάτων
 κακὸς δατητὰς Ἄρης ἀρὰν πατρῴαν 
 τιθεὶς ἀλαθῆ.
 (Ἀντιγόνη)
 945 ἔχουσι μοῖραν λαχόντες οἱ μέλεοι	
 διοδότων ἀχθέων·
 ὑπὸ δὲ σώματι γᾶς
 πλοῦτος ἄβυσσος ἔσται.
 (Ἰσμήνη)
 ἰὼ πολλοῖς ἐπανθίσαντες
 | [900] (PREMIER DEMI-CHOEUR) 
Tout gémit ici sur leur sort : cette ville, ce rempart,  
cette terre qui les regrette. 
D'autres hériteront de leurs biens, de ces biens ,  
hélas ! qui causèrent la querelle de ces infortunés,  
qui causèrent, enfin, leur mort. 
Ils ont partagé leurs possessions dans leur fureur;  
leur part est égale ; mais, leur conciliateur Mars n'est  
point sans reproche, et plonge leurs amis dans le deuil. 
(SECOND DEMI-CHOEUR) 
Les voilà percés d'un fer meurtrier ! 
(PREMIER DEMI-CHŒUR) 
Percés d'un fer meurtrier, ils jouiront désormais,  
eh ! de quoi ?... 
(SECOND DEMI-CHŒUR) 
Du tombeau de leurs ancêtres. 
(PREMIER DEMI-CHŒUR) 
L'écho de ce palais répète les cris aigus qui accompagnent  
leurs funérailles. Je gémis sur moi-même; ces 
maux me sont propres. Mon âme est déchirée; plus de  
joie pour moi, mais des larmes éternelles et sincères,  
un coeur flétri, gémissant sur ces deux princes ! Les  
malheureux ! on peut bien dire : ils ont fait mille maux  
à leur patrie. Ils ont fait périr par le fer une armée  
entière d'étrangers. 
(SECOND DEMI-CHOEUR) 
Malheureuse, parmi toutes les femmes qui ont  
jamais été mères, celle qui les a mis au jour! Épouse  
de son propre fils, elle lui a donné ces enfants, qui se sont  
immolés ainsi réciproquement de leurs mains fraternelles. 
(ISMÈNE) 
Oui, de leurs mains fraternelles et exterminatrices,  
d'un coup ennemi, dans une guerre furieuse, pour  
vider leurs débats. Enfin leur haine cesse. C'est sur  
un champ humide de carnage, que ces deux êtres se  
sont réunis. Certes, ils sont bien, aujourd'hui, du même sang. 
(LE CHOEUR) 
Le triste arbitre de cette querelle, est l'hôte du  
Pont, est le fer aigu, trempé dans le feu. Sévère et  
funeste distributeur de leurs richesses, Mars accomplit  
les imprécations de leur père. 
(ANTIGONE) 
Infortunés ! dans ce partage chacun de vous a sa  
portion des maux envoyés du ciel. Vos biens, vos  
trésors, seront un tombeau. 
(ISMÈNE) 
O maison, où se reproduisent des malheurs sans nombre!  
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