[10] Ἰδοῦσα δὲ ἡ γυνὴ τοῦ νεανίου τὴν πολλὴν ἐξέτασιν τῶν ῥημάτων τῶν πρὸς
αὐτὴν γενομένων, ἐθαύμασε μεγάλως περὶ τῆς σπουδῆς τοῦ ἀνδρός, πῶς οὕτω
(p. 101) μετὰ πόθου ἠκριβεύσατο μαθεῖν· καὶ λοιπὸν ἀπεκρίνατο· ὥς γε οἶμαι οὐδένα
λανθάνει ἐν τῇ πόλει ὅσα ἐγὼ ἔπραξα, μιαίνουσα καθ´ ὥραν ἐμαυτὴν ἐν πορνείαις καὶ
ἄλλους θηρεύουσα εἰς αὐτὸν τὸν μιασμόν. Εἶδον δὲ αἰφνίδιον τὸν ἅγιον ἐκεῖνον τὸν
φανέντα ἐπὶ γῆς ἰατρὸν καὶ σωτῆρα, καὶ ἡ ψυχή μου αὐτίκα αἰχμάλωτος γέγονεν
ὀπίσω τῆς ἀχράντου ὡραιότητος αὐτοῦ· εἶδον γὰρ ἐν ὀφθαλμοῖς μου ἰάματα φοβερὰ
καὶ σημεῖα ἀνείκαστα καὶ πολλὴν συμπάθειαν ἐν αὐτῷ. Ἁμαρτωλοὺς δέχεται,
τελώναις προσεγγίζει, λεπροὺς οὐκ ἀποβάλλει, ἀσεβεῖς οὐ διώκει, ἀλλὰ πάντας
ὁμοῦ ἐν οἰκτιρμοῖς δέχεται, μὴ ὀργιζόμενος τοῖς αὐτῷ προσιοῦσι· καὶ τὸ ὅλον νεκροὺς
ἐγείρων, καὶ πᾶσαν δαιμονικὴν φύσιν ἀπελαύνων, ῥήματι μόνῳ πάντα ποιῶν.
Ἰδοῦσα δὲ ἐξέστην καὶ εἶπα ἐν ἐμαυτῇ· τί ζῶ ἐγὼ ἡ ἀθλία, εἰ μὴ αὐτῷ ἐγγίσω; Ἡ
ἁμαρτία μου πολλή, ὡσαύτως ἡ ἀσέλγεια· σηπεδὼν δὲ μεγάλη. Χάριν τίνος ἀμελῶ
ἑαυτῆς; Ἄλλον καιρὸν τοιοῦτον οὐκ ἔχω ποτὲ εὑρεῖν, οὔτε ἄλλον ἰατρὸν τοιοῦτον
φιλάνθρωπον. Ἐγὼ δὲ οὕτω πέπεισμαι ὅτι Θεὸς ὑπάρχει οὗτος ὁ φαινόμενος μέγας
ἐξουσιαστής. Λόγῳ πάντα κελεύει, λόγῳ πάντας ἰᾶται· ἁμαρτίας συγχωρεῖ ἐν πάσῃ
(p. 102) ἐξουσίᾳ. Τοιοῦτον καιρὸν εὑροῦσα, καὶ τοιοῦτον ἰατρόν, οὐκ ὤφειλον ῥᾳθυμεῖν. Οὐ
χρῆν με ἀμελῆσαι τῆς ἐμῆς ἰάσεως. Τούτου ἕνεκα σπεύδω τῶν ἐμῶν ὀφλημάτων
δοῦναι τὸ γραμματεῖον τῷ ἀγαθῷ συγχωρητῇ. Οἶδα ὅτι ἥμαρτον ὑπέρμετρον, καὶ
οὐκ ἔστιν εἰκάσαι τὴν ἐμὴν ἀσέλγειαν· ἀλλὰ πρὸς τὸ πλῆθος τῆς αὐτοῦ εὐσπλαγχνίας σταγόνες εἰσὶ πᾶσαι αἱ ἁμαρτίαι μου. Καὶ οἶδα τοῦτο σαφῶς, ὅτι μόνον ἐγγίσω
αὐτῷ, εὐθὺς ἁγιάζει με ἐκ πασῶν τῶν ἁμαρτιῶν, φυγαδεύσας ἀπ´ ἐμοῦ πᾶν
ἔργον ἀτοπίας, διότι οὐράνιος καὶ ἄχραντος ὑπάρχει. Ἰδού, νεανία, εἶπόν σοι πάντα
τὰ κρυπτὰ τῆς ἐμῆς καρδίας. Δός μοι λοιπὸν τὸ μύρον· ἱκανὴ ὥρα ἐστίν, ἀφ´ οὗ
ἐμποδίζεις με καὶ βιάζεις μαθεῖν, τίνι τὸ μύρον ἀπάγω.
| [10] La pécheresse, voyant quelle foule de questions lui adressait le marchand, ne put s'empêcher
d'admirer avec quel empressement il manifestait le désir violent de connaître Celui dont elle avait
parlé, et elle lui répondit en ces termes: "Personne, je pense, n'ignore dans la ville l'indignité de
ma vie passée, les désordres honteux dans lesquels je me suis jetée, en y entraînant les autres par
l'appât du plaisir. Mais dès que j'ai pu voir le Saint qui est apparu sur la terre, ce Médecin, ce
Sauveur, mon âme a été touchée de sa Beauté si pure. J'ai vu de mes propres yeux ses moyens
extraordinaires de guérison, ses miracles incomparables, sa Miséricorde et son Indulgence
extrême. Il accueille les pécheurs, ne craint pas l'approche des publicains, ne repousse ni les
lépreux, ni même les impies; tous ont un droit égal à sa Commisération, et Il ne S'irrite contre
aucun de ceux qui L'approchent Ce touchant spectacle m'a émue, et je me suis dit: Malheureuse
que je suis, comment pourrai-je vivre, si je n'ose m'en approcher! l'oserai-je toutefois, du sein de
la corruption qui me dévore? Mais pourquoi négliger le soin de ma propre vie? trouverai-je jamais
un médecin plus habile et une plus heureuse occasion? Je suis persuadée que c'est un Dieu qui est
apparu environné d'un grand pouvoir et d'une grande autorité. Il commande à tout par sa Parole;
par sa Parole, Il guérit les malades, et, toujours libre et indépendant dans sa Volonté puissante, Il
remet les péchés aux coupables. Puisque enfin, j'ai trouvé une si belle occasion et un si grand
Médecin, je ne dois pas m'endormir dans un repos funeste, ni négliger ma propre guérison.
Courons donc présenter au souverain Juge la liste de mes fautes; je sais que j'ai péché au-delà de
toute mesure, et je ne puis dire tout ce qu'il y a en moi d'impureté et de débauche. Cependant,
comparés à l'abondance de sa Miséricorde, aux trésors de sa Pitié, mes péchés, quelque nombreux
qu'ils soient, ne sont qu'une goutte d'eau, et j'ai la conviction que, si j'ai seulement le bonheur de
m'approcher de Lui, je serai purifiée de toutes mes fautes et de toutes mes iniquités, parce qu'Il
fera sortir de moi tout ce qu'il y a de dérèglements et d'injustices, tant sont grandes sa Divinité, sa
Sainteté et son Innocence. Voilà tous les secrets de mon coeur: maintenant donnez-moi le parfum,
car depuis longtemps déjà vous me retardez pour apprendre de moi à qui je veux l'offrir."
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