Texte grec :
[13,2] Μυτιληναῖος ἀνήρ, Μακαρεὺς ὄνομα, ἱερεὺς τοῦ Διονύσου, ὅσα μὲν οὕτως
ἰδεῖν πρᾶος ἦν καὶ ἐπιεικής, ἀνοσιώτατος δὲ ἀνθρώπων τὰ μάλιστα. ξένου δὲ
ἥκοντος παρ´ αὐτὸν καὶ δόντος αὐτῷ παρακαταθήκην χρυσίου πλῆθος, ἐν τῷ
μυχῷ τοῦ ἀνακτόρου τὴν γῆν διασκάψας ὁ Μακαρεὺς κατώρυξε τὸ χρυσίον.
χρόνῳ δὲ ἀφικόμενος ὁ ξένος τὸ χρυσίον ἀπῄτει. ὃ δὲ ἐσαγαγὼν ἔνδον, ὡς
ἀποδώσων, κατέσφαξε, καὶ τὸ χρυσίον ἀνώρυξεν, ἀντ´ αὐτοῦ δὲ τὸν ξένον
κατέθετο· καὶ ᾤετο, ὥσπερ τοὺς ἀνθρώπους, λανθάνειν οὕτω καὶ τὸν θεόν. πλὴν
οὐκ ἀπήντησε ταῦτα ταύτῃ· πόθεν; χρόνου δὲ ὀλίγου διεληλυθότος, αἱ μὲν τοῦ
θεοῦ τριετηρίδες ἀφίκοντο, ὃ δὲ ἔθυε μεγαλοπρεπῶς. καὶ ὃ μὲν περὶ τὴν
βακχείαν εἶχεν, οἱ δὲ παῖδες αὐτοῦ, δύο ὄντες, ἔνδον ἀπελείφθησαν ἐν τῇ οἰκίᾳ,
καὶ μιμούμενοι τὴν τοῦ πατρὸς ἱερουργίαν τῷ βωμῷ τῷ πατρῴῳ προσῆλθον ἔτι
καομένων τῶν ἐμπύρων· καὶ ὁ μὲν νεώτερος παρέσχε τὸν τράχηλον, ὁ δὲ
πρεσβύτερος ἠμελημένην εὑρὼν σφαγίδα τὸν ἀδελφὸν ἀπέκτεινεν ὡς ἱερεῖον· οἱ
δὲ κατὰ τὴν οἰκίαν ἰδόντες ἀνεβόησαν. ἀκούσασα δὲ ἡ μήτηρ τῆς βοῆς
ἐξεπήδησε, καὶ θεασαμένη τὸν μὲν νεκρόν, τὸν δὲ κατέχοντα ἔτι τὴν σφαγίδα
ᾑμαγμένην, σχίζαν ἁρπάσασα τῶν ἐκ τοῦ βωμοῦ ἡμίκαυτον, ταύτῃ τὸν παῖδα
ἀπέκτεινεν. ἧκε δὲ ἀγγελία πρὸς τὸν Μακαρέα, καὶ ἀπολιπὼν τὴν τελετήν, ὡς
εἶχε σὺν ὀργῇ καὶ θυμῷ ἐσεπήδησεν ἐς τὴν οἰκίαν, καὶ τῷ θύρσῳ ᾧ κατεῖχε τὴν
ἑαυτοῦ γυναῖκα ἔκτεινεν. ἔκπυστα οὖν ἐγένετο τὰ τολμηθέντα ἐς πάντας, καὶ
συλληφθεὶς ὁ Μακαρεὺς καὶ στρεβλούμενος ὡμολόγησεν ὅσα ἐν τῷ ἀνακτόρῳ
ἔδρασεν· ἐν αὐταῖς δὲ ταῖς κολάσεσι τὴν ψυχὴν ἀπέρρηξεν. ὁ δὲ παρανόμως
σφαγεὶς διὰ τιμῆς ἦλθε δημοσίᾳ, καὶ ἐτάφη τοῦ θεοῦ προστάξαντος. ἔτισεν οὖν ὁ
Μακαρεὺς οὐ μεμπτὴν τὴν δίκην τοῦτο δὴ τὸ ποιητικὸν σὺν τῇ ἑαυτοῦ κεφαλῇ
καὶ τῇ τῆς γυναικὸς καὶ οὖν καὶ τῇ τῶν παίδων προσέτι.
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Traduction française :
[13,2] Punition de Macarée.
UN Mitylénien nommé Macarée, prêtre de Bacchus, avait la douceur et la bonté
peintes sur le visage; et c'était dans le fond le plus méchant des hommes. Un
étranger vint un jour le trouver, et lui donna en dépôt une grosse somme d'or,
que Macarée enfouit dans un lieu secret du temple. L'étranger étant revenu,
quelque temps après, demander son dépôt, Macarée, comme prêt à le lui rendre, le
conduisit dans le temple, l'assassina, et après avoir déterré l'or, mit son
corps à la place. Il croyait que son crime, qui était ignoré des hommes,
échapperait de même aux dieux; mais il éprouva le contraire. Dans ce temps, à
peu près, arriva la fête de Bacchus, connue sous le nom de Triétérique;
Macarée la célébra par de pompeux sacrifices. Pendant qu'il se livrait aux
réjouissances d'usage, ses deux fils encore enfants, qui ne l'avaient pas suivi,
voulant imiter leur père en immolant comme lui des victimes, s'approchèrent de
l'autel où il venait de sacrifier, et sur lequel brûlait encore le feu sacré. Le
plus jeune présenta son cou : l'aîné, trouvant sous sa main le couteau qu'on
avait laissé par mégarde, le saisit, et en frappa son frère qu'il immola comme
une victime. A la vue de cette action, ceux qui étaient dans la maison
poussèrent de grands cris; la mère les entendit : elle accourut; et voyant un de
ses fils mort, l'autre ayant à la main le couteau teint du sang qu'il venait de
répandre, elle prit sur l'autel un tison à moitié brûlé, et en tua le fils qui
lui restait. Dès que Macarée eut appris ces affreuses nouvelles, il abandonna
les mystères, courut précipitamment chez lui, transporté de colère et de rage,
et tua sa femme d'un coup du thyrse qu'il portait. Le bruit de ces horreurs
devint bientôt général; Macarée fut arrêté et mis à la torture : il avoua le
meurtre qu'il avait commis dans le temple, et il expira dans les tourments.
Quant à l'étranger qui avait été massacré, on lui rendit des honneurs publics;
et par l'ordre du dieu, on lui éleva un monument. Ainsi Macarée, subissant la
peine qu'il avait justement méritée, paya ses crimes, suivant l'expression
d'Homère, non seulement de sa propre vie, mais de celle de sa femme et de
ses enfants.
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