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[11,9] Οἱ τῶν Ἑλλήνων ἄριστοι πενίᾳ διέζων παρὰ
πάντα τὸν βίον. ἐπαινείτωσαν οὖν πλοῦτόν τινες ἔτι
μετὰ τοὺς τῶν Ἑλλήνων ἀρίστους, οἷς ἡ πενία παρὰ
πάντα τὸν βίον συνεκληρώθη. εἰσὶ δὲ οὗτοι, οἷον
Ἀριστείδης ὁ Λυσιμάχου, ἀνὴρ πολλὰ μὲν ἐν πολέμῳ
κατορθώσας, καὶ τοὺς φόρους δὲ τοῖς Ἕλλησι τάξας.
ἀλλ´ οὗτός γε ὁ τοιοῦτος οὐδὲ ἐντάφια ἑαυτῷ κατέλιπεν
ἱκανά.
Καὶ Φωκίων δὲ πένης ἦν. Ἀλεξάνδρου δὲ πέμψαντος
αὐτῷ τάλαντα ἑκατὸν ἠρώτα ’διὰ τίνα αἰτίαν
μοι δίδωσιν;‘ ὡς δ´ εἶπον ὅτι μόνον αὐτὸν Ἀθηναίων
ἡγεῖται καλὸν καὶ ἀγαθόν, ’οὐκοῦν‘ ἔφη ’ἐασάτω με
τοιοῦτον εἶναι.‘
Καὶ Ἐπαμεινώνδας δὲ ὁ Πολύμνιδος πένης ἦν.
Ἰάσονος δὲ αὐτῷ πέμψαντος πεντήκοντα χρυσοῦς, ὃ
δὲ ’ἀδίκων‘ ἔφη ’ἄρχεις χειρῶν.‘ δανεισάμενος δὲ
παρά τινος τῶν πολιτῶν πεντήκοντα δραχμὰς ἐφόδιον
ἐς Πελοπόννησον ἐνέβαλε. πυθόμενος δὲ τὸν ὑπασπιστὴν
αὐτοῦ χρήματα εἰληφέναι παρά τινος τῶν αἰχμαλώτων
’ἐμοὶ μὲν‘ εἶπεν ’ἀπόδος τὴν ἀσπίδα, σεαυτῷ
δὲ πρίω καπηλεῖον, ἐν ᾧ καταζήσεις· οὐ γὰρ ἔτι κινδυνεύειν
ἐθελήσεις, πλούσιος γενόμενος.‘
Πελοπίδας δὲ ἐπιτιμώντων αὐτῷ τῶν φίλων ὅτι
χρημάτων ἀμελεῖ πράγματος ἐς τὸν βίον λυσιτελοῦς,
’νὴ τὸν Δία‘ εἶπε ’λυσιτελές, ἀλλὰ Νικομήδει τούτῳ,‘
δείξας χωλόν τινα καὶ ἀνάπηρον.
Ὅτι Σκηπίων τέτταρα καὶ πεντήκονται ἔτη βιώσας
οὐδὲν οὔτε ἐπρίατο οὔτε ἀπέδοτο· οὕτως ἄρα
ὀλίγων ἐδεῖτο. ἀσπίδα δὲ αὐτῷ τινος ἐπιδείξαντος εὖ
κεκοσμημένην εἶπεν ’ἀλλὰ τόν γε Ῥωμαῖον ἄνδρα
προσήκει ἐν τῇ δεξιᾷ τὰς ἐλπίδας ἔχειν, ἀλλ´ οὐκ ἐν
τῇ ἀριστερᾷ.‘
Ὅτι Ἐφιάλτης ὁ Σοφωνίδου πενέστατος ἦν. δέκα
δὲ τάλαντα διδόντων αὐτῷ τῶν ἑταίρων, ὃ δὲ οὐ
προσήκατο εἰπὼν ’ταῦτά με ἀναγκάσει αἰδούμενον
ὑμᾶς καταχαρίσασθαί τι τῶν δικαίων, μὴ αἰδούμενον
δὲ μηδὲ χαριζόμενον ὑμῖν ἀχάριστον δόξαι.‘
| [11,9] Exemples illustres de désintéressement.
LES plus illustres personnages d'entre les Grecs ont vécu pauvres. Qui
oserait donc faire l'éloge des richesses, tandis que la pauvreté fut toujours le
partage des plus grands hommes de la Grèce ? Un Aristide, par exemple, qui,
après s'être couvert de gloire à la guerre, et avoir réglé le tribut que chaque
ville devait payer pour l'entretien des troupes et des vaisseaux, ne laissa
pas, en mourant, de quoi fournir aux frais de ses funérailles.
Alexandre envoya un jour cent talents à Phocion, qui n'était pas moins pauvre
qu'Aristide : "Pourquoi, dit Phocion, à ceux qui les lui apportaient, le roi de
Macédoine me fait-il ce présent ?" - "C'est, répondirent-ils, parce qu'il vous
regarde comme le seul homme juste et vertueux qui soit dans Athènes." - " Qu'il
permette donc, repartit Phocion, que je ne cesse pas de l'être."
Épaminondas, fils de Polymnis, aussi pauvre que les deux grands hommes dont je
viens de parler, répondit à Jason, qui lui avait envoyé cinquante pièces
d'or en présent : "Votre don est une insulte." En même temps, il emprunta d'un
particulier cinquante drachmes, pour se mettre en état de passer dans le
Péloponnèse. Ayant appris, dans une autre occasion, que celui qui portait
ordinairement son bouclier, avait reçu une somme d'argent d'un de ses
prisonniers : "Rendez moi, mon bouclier, lui dit-il; achetez une taverne, et
passez-y vos jours. Vous êtes devenu trop riche pour vouloir désormais courir
les dangers de la guerre."
Les amis de Pélopidas lui reprochaient le peu de cas qu'il faisait de l'argent,
la chose, sans contredit, la plus utile aux hommes. "Par Jupiter, répondit
Pélopidas, j'en conviens que l'argent est utile, mais c'est pour Nicomède, que
voilà; " il leur montrait un malheureux, qui avait perdu les bras et la vue.
Les besoins de Scipion étaient si bornés, que pendant cinquante-quatre ans qu'il
vécut, il n'eut rien à vendre et n'acheta rien. Quelqu'un lui montrant un
bouclier très orné : "C'est dans son bras droit, dit-il, qu'un citoyen romain
doit mettre sa confiance, non dans son bras gauche."
Éphialte, fils de Sophonide, refusa dix talents, que ses amis voulaient lui
donner pour soulager sa misère : "Si je les acceptais, leur dit-il, je
m'exposerais à ne pouvoir vous témoigner ma reconnaissance, qu'en faisant
quelque chose d'injuste par égard pour vous, ou bien à passer pour ingrat,
si je ne faisais pas ce que vous auriez désiré."
| [11,10] Ζωίλος ὁ Ἀμφιπολίτης ὁ καὶ ἐς Ὅμηρον γράψας
καὶ ἐς Πλάτωνα καὶ ἐς ἄλλους, Πολυκράτους μὲν
ἀκουστὴς ἐγένετο· οὗτος δὲ ὁ Πολυκράτης καὶ τὴν
κατηγορίαν ἔγραψε τὴν κατὰ Σωκράτους. ἐκαλεῖτο δ´
ὁ Ζωίλος οὗτος Κύων ῥητορικός. ἦν δὲ τοιοῦτος. τὸ
μὲν γένειον αὐτῷ καθεῖτο, κέκαρτο δὲ ἐν χρῷ τὴν κεφαλήν,
καὶ θοιμάτιον ὑπὲρ τὸ γόνυ ἦν. ἤρα δὲ ἀγορεύειν
κακῶς, καὶ ἀπεχθάνεσθαι πολλοῖς σχολὴν
εἶχε, καὶ ψογερὸς ἦν ὁ κακοδαίμων. ἤρετο οὖν αὐτόν
τις τῶν πεπαιδευμένων διὰ τί κακῶς λέγει πάντας·
ὃ δὲ ’ποιῆσαι γὰρ κακῶς βουλόμενος οὐ δύναμαι.‘
| [11,10] De Zoïle.
ZOÏLE d'Amphipolis qui attaqua dans ses ouvrages Homère, Platon, et
plusieurs autres écrivains, avait été disciple de Polycrate, qui lui-même
avait composé une harangue pleine d'imputations contre Socrate. Ce Zoïle fut
surnommé le Chien rhéteur. Or, voici son portrait. Il avait la barbe longue et
la tête rasée jusqu'à la peau; son manteau ne descendait que jusqu'au genou.
Tout son plaisir était de médire, et son unique occupation, de chercher les
moyens de se faire haïr. Détracteur universel, il ne savait que blâmer et
outrager. Un homme sensé lui demandait un jour pourquoi il s'obstinait à dire du
mal de tout le monde : "Parce que je ne puis en faire, malgré l'envie que j'en
ai," répondit Zoïle.
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