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[9,0] LIVRE IX.
| [9,0] HISTOIRES DIVERSES, LIVRE NEUVIÈME.
| [9,1] Ἱέρωνά φασι τὸν Συρακόσιον φιλέλληνα γενέσθαι
καὶ τιμῆσαι παιδείαν ἀνδρειότατα. καὶ ὡς ἦν προχειρότατος
ἐς τὰς εὐεργεσίας λέγουσι· προθυμότερον
γὰρ αὐτόν φασι χαρίζεσθαι ἢ τοὺς αἰτοῦντας λαμβάνειν. ἦν
δὲ καὶ τὴν ψυχὴν ἀνδρειότατος. ἀβασανίστως δὲ καὶ τοῖς
ἀδελφοῖς συνεβίωσε τρισὶν οὖσι,
πάνυ σφόδρα ἀγαπήσας αὐτοὺς καὶ ὑπ´ αὐτῶν φιληθεὶς ἐν
τῷ μέρει. τούτῳ φασὶ καὶ Σιμωνίδης συνεβίωσε καὶ Πίνδαρος,
καὶ οὐκ ὤκνησέ γε Σιμωνίδης
βαρὺς ὢν ὑπὸ γήρως πρὸς αὐτὸν ἀφικέσθαι· ἦν μὲν
γὰρ καὶ φύσει φιλάργυρος ὁ Κεῖος, προύτρεπε δὲ
αὐτὸν καὶ πλέον ἡ τοῦ Ἱέρωνος φιλοδωρία φασίν.
| [9,1] Caractère d'Hiéron.
HIÉRON de Syracuse aimait singulièrement les Grecs, et faisait grand cas de la
science. Naturellement libéral, il était plus prompt à donner que ceux qui
demandaient n'étaient empressés à recevoir. Son âme était trop élevée pour
s'abaisser jusqu'à la défiance. Il vécut avec ses trois frères dans l'union la
plus intime; union réciproque, que les soupçons ne troublèrent jamais.
Simonide et Pindare passèrent avec Hiéron une partie de leur vie : le premier,
quoique déjà appesanti par les années, n'avait pas hésité à se rendre auprès de
lui; la réputation de générosité que le tyran de Syracuse avait si justement
acquise, était un attrait puissant pour le vieillard de Céos, qui, dit-on,
aimait passionnément l'argent.
| [9,2] Ὅτι ἐν Αἰγίνῃ ἐξ Ὀλυμπίας αὐθημερὸν διηγγέλη
ἡ νίκη τοῦ Ταυροσθένους τῷ πατρὶ αὐτοῦ ὑπὸ φάσματός
φασιν. ἄλλοι δέ φασι περιστερὰν τὸν Ταυροσθένην
ἐπαγαγέσθαι ἀπολιποῦσαν τοὺς ἑαυτῆς νεοττοὺς ὑγροὺς ἔτι
καὶ ἀπτῆνας, νικήσαντα δὲ ἀφεῖναι τὴν πελειάδα,
προσάψαντα πορφύραν αὐτῇ· τὴν δὲ ἐπειγομένην πρὸς
τοὺς νεοττοὺς ἀπαυθημερίσαι ἐκ Πίσης ἐς Αἴγιναν.
| [9,2] De la victoire de Taurosthène.
QUELQUES écrivains racontent que le jour même où Taurosthène remporta la
victoire aux jeux olympiques, son père en fut instruit par un spectre qui lui
apparut. D'autres disent que Taurosthène avait emporté avec lui un pigeon, dont
les petits à peine éclos n'avaient point encore de plumes, et que l'ayant lâché
dans le moment où il fut déclaré vainqueur, après lui avoir attaché au col un
morceau d'étoffe pourpre, le pigeon vola vers ses petits avec tant de vitesse,
qu'en un jour il arriva de Pise à Égine (03).
| [9,3] Ὅτι διέθρυπτε τοὺς ἑταίρους Ἀλέξανδρος, τρυφᾶν
ἐπιχωρῶν αὐτοῖς, εἴ γε καὶ Ἄγνων χρυσοῦς ἥλους ἐν
ταῖς κρηπῖσιν ἐφόρει. Κλεῖτος δὲ εἴποτε μέλλοι τισὶ
χρηματίζειν, ἐπὶ πορφυρῶν εἱμάτων βαδίζων τοὺς
δεομένους προσίετο. Περδίκκᾳ δὲ καὶ Κρατερῷ
φιλογυμναστοῦσιν ἠκολούθουν διφθέραι σταδιαῖαι τὸ
μέγεθος, ὑφ´ αἷς περιλαμβάνοντες τόπον εὐμεγέθη
ἐν ταῖς καταστρατοπεδείαις ἐγυμνάζοντο. εἵπετο δὲ
αὐτοῖς καὶ πολλὴ κόνις δι´ ὑποζυγίων ἐς τὰ γυμνάσια
λυσιτελὴς οὖσα. Λεοννάτῳ δὲ καὶ Μενελάῳ φιλοθηροῦσιν
αὐλαῖαι σταδίων ἑκατὸν ἠκολούθουν. αὐτῷ
δὲ Ἀλεξάνδρῳ ἡ μὲν σκηνὴ ἦν κλινῶν ἑκατόν, χρυσοῖ
δὲ κίονες πεντήκοντα διειλήφεσαν αὐτὴν καὶ τὸν ὄροφον
αὐτῆς ἀνεῖχον, αὐτὸς δὲ ὁ ὄροφος διάχρυσος ἦν
καὶ ἐκπεπόνητο ποικίλμασι πολυτελέσι. καὶ πρῶτοι
μὲν Πέρσαι πεντακόσιοι οἱ καλούμενοι μηλοφόροι
περὶ αὐτὴν ἐντὸς εἱστήκεσαν, πορφυρᾶς καὶ μηλίνας
ἠσθημένοι στολάς· ἐπ´ αὐτοῖς δὲ τοξόται χίλιοι, φλόγινα
ἐνδεδυκότες καὶ ὑσγινοβαφῆ· πρὸ δὲ τούτων οἱ
ἀργυράσπιδες πεντακόσιοι Μακεδόνες. ἐν μέσῃ δὲ
τῇ σκηνῇ χρυσοῦς ἐτίθετο δίφρος, καὶ ἐπ´ αὐτῷ
καθήμενος Ἀλέξανδρος ἐχρημάτιζε, περιεστώτων αὐτῷ
πανταχόθεν τῶν σωματοφυλάκων. περιῄει δὲ τὴν
σκηνὴν περίβολος, ἔνθα ἦσαν Μακεδόνες χίλιοι καὶ
Πέρσαι μύριοι. καὶ οὐδεὶς ἐτόλμα ῥᾳδίως προσελθεῖν
αὐτῷ· πολὺ γὰρ ἦν τὸ ἐξ αὐτοῦ δέος ἀρθέντος ὑπὸ
φρονήματος καὶ τύχης ἐς τυραννίδα.
| [9,3] Luxe d'Alexandre.
On peut dire que ce fut Alexandre lui-même qui amollit ses favoris, en souffrant
qu'ils s'abandonnassent au luxe. Agnon portait des souliers garnis de clous d'or.
Lorsque Clitus avait à parler de quelque affaire, il recevait, en se
promenant sur des tapis de pourpre (05), ceux avec qui il devait la traiter.
Perdiccas et Cratère, grands amateurs de la gymnastique, avaient toujours, parmi
leurs bagages, assez de peaux pour couvrir l'étendue d'un stade, dont ils
formaient dans le camp une vaste enceinte, pour s'y livrer aux différents
exercices : à leur suite marchaient des chevaux chargés de sacs de poussière,
pour le combat de la lutte (06). Léonnatos et Ménélas, qui aimaient la chasse,
faisaient porter avec eux une ample provision de toile : il y en avait de quoi
entourer un espace de cent stades.
La tente d'Alexandre pouvait contenir cent lits : cinquante colonnes dorées
soutenaient un plafond pareil, dont le travail était aussi varié que précieux.
Autour de la tente, en dedans, on trouvait d'abord cinq cents Perses, vêtus de
robes couleur pourpre et jaune, on les nommait Mélophores (07); après eux, un
corps de mille archers, vêtus de robes mi-parties couleur de feu et d'une autre
couleur tirant sur le rouge : ils étaient précédés de cinq cents Macédoniens,
portant des boucliers d'argent. Au milieu de la tente, s'élevait un trône d'or,
sur lequel le roi, environné de ses gardes, venait s'asseoir pour donner ses
audiences. En dehors, et dans toute la circonférence, on avait ménagé un espace
toujours garni de mille Macédoniens et dix mille Perses. Personne n'osait entrer
sans permission chez Alexandre : sa fierté naturelle, et l'orgueil tyrannique
que les succès y avaient ajouté, inspiraient la terreur.
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