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[8,15] Ἐν Χαιρωνείᾳ τοὺς Ἀθηναίους ἡνίκα ἐνίκησεν ὁ
Φίλιππος, ἐπαρθεὶς τῇ εὐπραγίᾳ, ὅμως λογισμοῦ
ἐκράτησε καὶ οὐχ ὕβρισε· καὶ διὰ ταῦτα ᾤετο δεῖν
αὐτὸν ὑπομιμνήσκεσθαι ὑπό τινος τῶν παίδων ἕωθεν
ὅτι ἄνθρωπός ἐστι, καὶ προσέταξε τῷ παιδὶ τοῦτο ἔχειν
ἔργον. καὶ οὐ πρότερόν φασιν οὔτε αὐτὸς προῄει,
οὔτε τις τῶν δεομένων αὐτοῦ παρ´ αὐτὸν ἐσῄει, πρὶν
τοῦτο αὐτῷ τὸν παῖδα ἐκβοῆσαι τρίς.
| [8,15] Précaution de Philippe contre l'orgueil qu'inspire la victoire.
PHILIPPE, après sa victoire sur les Athéniens à Chéronée, quoique enflé de ses
succès, resta toujours maître de lui-même, et n'usa de son pouvoir qu'avec
modération. Il pensa que, pour se maintenir dans cette disposition, il
serait bon que, tous les matins quelqu'un lui rappelât qu'il était homme : il
chargea de cette fonction un de ses esclaves. Depuis ce temps, Philippe ne
paraissait jamais en public, et ne donnait audience à personne, avant que
l'esclave lui eût crié trois fois : Philippe, vous êtes homme.
| [8,16] Σόλων ὁ Ἐξηκεστίδου γέρων ἤδη ὢν ὑπώπτευε
Πεισίστρατον τυραννίδι ἐπιθήσεσθαι, ἡνίκα παρῆλθεν
ἐς τὴν ἐκκλησίαν τῶν Ἀθηναίων καὶ ᾔτει φρουρὰν
ὁ Πεισίστρατος. ὁρῶν δὲ τοὺς Ἀθηναίους τῶν μὲν
αὐτοῦ λόγων ῥᾳθύμως ἀκούοντας, προσέχοντας δὲ τῷ
Πεισιστράτῳ, ἔφη ὅτι τῶν μέν ἐστι σοφώτερος, τῶν
δὲ ἀνδρειότερος. ὁπόσοι μὲν μὴ γινώσκουσιν ὅτι
φυλακὴν λαβὼν περὶ τὸ σῶμα τύραννος ἔσται, ἀλλὰ
τούτων μέν ἐστι σοφώτερος· ὁπόσοι δὲ γινώσκοντες
ὑποσιωπῶσι, τούτων ἀνδρειότερός ἐστιν. ὃ δὲ λαβὼν
τὴν δύναμιν τύραννος ἦν. καθεζόμενος δὲ Σόλων
πρὸ τῆς οἰκίας, τὴν ἀσπίδα καὶ τὸ δόρυ παραθέμενος
ἔλεγεν ὅτι ἐξώπλισται καὶ βοηθεῖ τῇ πατρίδι ᾗ δύναται,
στρατηγὸς μὲν διὰ τὴν ἡλικίαν οὐκέτι ὤν, εὔνους
δὲ διὰ τὴν γνώμην. ὅμως οὖν Πεισίστρατος,
εἴτε αἰδοῖ τῇ πρὸς τὸν ἄνδρα καὶ τὴν σοφίαν αὐτοῦ,
εἴτε καὶ μνήμῃ τῶν ἐφ´ ἡλικίας (λέγεται γὰρ αὐτοῦ
παιδικὰ γενέσθαι), οὐδέν γε ἔδρασε κακὸν Σόλωνα.
ὁ δ´ οὖν Σόλων ὀλίγῳ ὕστερον ὑπέργηρως ὢν τὸν
βίον ἐτελεύτησεν, ἐπὶ σοφίᾳ καὶ ἀνδρείᾳ μεγάλην ἀπολιπὼν
δόξαν. καὶ ἀνέστησαν αὐτῷ χαλκῆν εἰκόνα
ἐν τῇ ἀγορᾷ· ἀλλὰ καὶ ἔθαψαν αὐτὸν δημοσίᾳ παρὰ
τὰς πύλας πρὸς τῷ τείχει ἐν δεξιᾷ ἐσιόντων, καὶ περιῳκοδόμητο
αὐτῷ ὁ τάφος.
| [8,16] De Solon et de Pisistrate.
LORSQUE Pisistrate, dans une assemblée des Athéniens, demanda qu'on lui donnât
une garde, Solon, fils d'Exécestide, déjà vieux, le soupçonna d'affecter la
tyrannie. Mais remarquant qu'on écoutait sans intérêt les conseils qu'il
donnait, et que la faveur du peuple était pour Pisistrate, il dit aux Athéniens :
"Parmi vous, les uns ne sentent pas qu'en accordant une garde à Pisistrate, on
en fera un tyran; et les autres, prévoyant les suites de sa demande, n'osent s'y
opposer : pour moi, je suis plus clairvoyant que les premiers, et plus courageux
que les seconds." Cependant Pisistrate obtint ce qu'il désirait, et parvint à la
tyrannie. Depuis ce temps, Solon, assis à la porte de sa maison, tenant sa lance
d'une main, et de l'autre son bouclier, ne cessait de dire: "J'ai pris mes armes
pour défendre la patrie autant que je le pourrai : mon grand âge ne me permet
plus de marcher à la tête de ses armées; mon coeur, du moins, combattra pour elle."
Quant à Pisistrate, soit respect pour la sagesse de ce grand homme, soit tendre
souvenir de l'amitié, un peu suspecte, ou du moins équivoque, que Solon avait
eue pour lui dans sa jeunesse, il ne lui fit point éprouver son ressentiment.
Peu de temps après, Solon mourut dans une extrême vieillesse, laissant
après lui la réputation de la plus haute sagesse, et du courage le plus
inébranlable. Les Athéniens lui érigèrent, dans la place publique, une statue de
bronze, et l'enterrèrent solennellement, aux portes de la ville, près des murs,
à droite en entrant, et firent une enceinte de pierres autour de son tombeau.
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