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| [8,11] Οὐδὲν ἔτι θαυμάσομεν εἰ ἡ τῶν ἀνθρώπων φύσις
 θνητὴ οὖσα καὶ ἐφήμερος φθείρεσθαι αὐτοὺς ἀναγκάζει, 
ὅπου καὶ τοὺς ποταμοὺς ὁρῶμεν ἐπιλείποντας,
 καὶ τῶν ὀρῶν δὲ τὰ ὑψηλότατα ἀκούομεν μειούμενα
 καὶ ἐκεῖνα. τὴν γοῦν Αἴτνην φασὶν οἱ πλέοντες ἐξ
 ἐλάττονος ὁρᾶν ἢ προτοῦ ἐβλέπετο· τὸ δὲ αὐτὸ τοῦτο
 καὶ τὸν Παρνασσὸν παθεῖν καὶ τὸν Ὄλυμπον τὸν
 Πιερικόν. οἱ δὲ ἔτι μᾶλλον δοκοῦντες τὴν τῶν ὅλων
 φύσιν κατεσκέφθαι λέγουσι καὶ κόσμον διαφθείρεσθαι αὐτόν.
 | [8,11] Du dépérissement successif de tous les êtres.
ON ne doit pas s'étonner si l'homme, qui ne naît que pour mourir après une vie 
de très courte durée, dépérit chaque jour, puisqu'on voit les fleuves se 
tarir, et les plus hautes montagnes s'abaisser sensiblement. Les navigateurs 
assurent qu'on n'aperçoit plus l'Etna d'aussi loin qu'autrefois : on en dit 
autant du mont Parnasse, et de l'Olympe de Piérie. Ceux qui observent plus 
attentivement la nature, pensent même que le monde tend à sa destruction.
 |  | [8,12] Παράδοξόν γε, οὐ γάρ; ἀλλ´ ἀληθές. ἐκπεσόντος
 Δημοσθένους ἐν Μακεδονίᾳ Αἰσχίνης ὁ Ἀτρομήτου
 ὁ Κοθωκίδης καὶ ἐνευδοκίμει τοῖς Μακεδόσι καὶ
 πάμπολυ περιῆν τῶν πρέσβεων τῷ φρονήματι. αἰτία
 δὲ ἦν ἄρα τούτου τῷ Αἰσχίνῃ ἥ τε πρὸς Φίλιππον
 φιλία καὶ τὰ ἐξ αὐτοῦ δῶρα καὶ ὅτι πράως καὶ ἡδέως
 ἤκουεν αὐτοῦ ὁ Φίλιππος, μειλιχίῳ τῷ βλέμματι
 προσβλέπων καὶ ὑποφαίνων τὴν ἐξ αὑτοῦ εὔνοιαν.
 ἅπερ οὖν πάντα ἐφολκὰ ἦν ἐς τὴν παρρησίαν τῷ
 Αἰσχίνῃ καὶ τὴν τῶν λόγων εὔροιαν. οὐ μόνος δὲ
 τοῦτο ἔπαθε Δημοσθένης ἐν Μακεδονίᾳ, καίτοι δεινότατος 
 ὢν εἰπεῖν, ἀλλὰ καὶ Θεόφραστος ὁ Ἐρέσιος.
 ἐξέπεσε γὰρ καὶ οὗτος ἐπὶ τῆς ἐξ Ἀρείου πάγου βουλῆς 
 λέγων, καὶ ταύτην ἀπολογίαν προεφέρετο, ὅτι
 κατεπλάγη τὸ ἀξίωμα τοῦ συνεδρίου. πικρότατα οὖν
 ἀπήντησε καὶ ἑτοιμότατα πρὸς τοῦτον αὐτοῦ τὸν λόγον
 ὁ Δημοχάρης εἰπὼν ’ὦ Θεόφραστε, Ἀθηναῖοι ἦσαν
 ἀλλ´ οὐχ οἱ δώδεκα θεοὶ οἱ δικάζοντες.‘
 | [8,12] De Démosthène et d'Eschine, de Théophraste et de Démocharès.
UNE chose extraordinaire, mais qui n'en est pas moins vraie, c'est que 
Démosthène, étant allé en ambassade vers Philippe, roi de Macédoine, manqua de 
mémoire en prononçant son discours, tandis qu'Eschine, fils d'Atromète de 
Cothoce, effaçant par sa hardiesse tous ses collègues dans l'ambassade, se 
faisait la plus glorieuse réputation chez les Macédoniens. Il faut convenir 
qu'Eschine était encouragé par la certitude d'être agréable à Philippe, qui 
l'avait comblé de présents. Ce prince, en effet, se plaisait à l'entendre, et 
ses regards mêmes annonçaient sa bienveillance pour l'orateur. Des dispositions 
si favorables étaient pour Eschine autant de motifs de constance, et de 
puissants ressorts pour délier sa langue. Au reste, l'éloquent Démosthène n'est 
pas le seul à qui un tel malheur soit arrivé. Théophraste d'Érèse éprouva la 
même chose dans l'aréopage; et comme il alléguait pour excuse le trouble où 
l'avait jeté le respect qu'inspire une si auguste assemblée, Démocharès lui 
repartit sur-le-champ avec amertume : "Théophraste, cette assemblée était 
composée d'Athéniens, non des douze grands dieux."
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