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[7,19] Σόλων ἐς τὴν ὑπὲρ Σαλαμῖνος μάχην ἐστρατήγησε,
καὶ δύο νεῶν Μεγαρίδων κρατήσας μετεβίβασε
στρατηγοὺς Ἀττικοὺς ἐς αὐτάς, καὶ τὰ τῶν πολεμίων
ὅπλα τοῖς οἰκείοις περιθεὶς καὶ μεθορμισθεὶς δι´
ἀπάτης πολλοὺς τῶν Μεγαρέων κατέκοψεν ἀνόπλους.
ἐκράτησε δὲ καὶ τοῖς λόγοις αὐτῶν, οὐ λόγων δεινότητι
ἀλλὰ δι´ αὐτῶν τῶν ἐλέγχων τὸ πλέον ἐνεγκάμενος.
ἀρχαίας γὰρ θήκας ἀνοίξας ἀπέδειξε πάντας
Ἀθηναίους πρὸς δύσιν κειμένους κατὰ τὸ πάτριον
αὐτοῖς ἔθος, τοὺς δὲ Μεγαρεῖς εἰκῇ καὶ ὡς ἔτυχε τεθαμμένους.
ἔκριναν δὲ τὴν δίκην Λακεδαιμόνιοι.
| [7,19] Stratagème de Solon, commandant l'armée athénienne.
DANS une guerre que les Athéniens entreprirent au sujet
de Salamine, Solon, qui commandait leur armée, s'empara
de deux vaisseaux mégariens : aussitôt il y fit embarquer
des capitaines athéniens, avec ordre aux soldats de se
revêtir de l'armure des ennemis. À la faveur de cette ruse,
Solon entra dans leurs ports, et fit égorger un grand
nombre d'habitants qu'il trouva désarmés. Ce n'est pas le
seul avantage qu'il remporta sur les Mégariens : il triompha
d'eux en les convaincant, non par l'éloquence de ses
discours, mais par des preuves de fait, qu'ils n'avaient
aucun droit sur Salamine. Il fit ouvrir les anciens tombeaux
: alors on vit que tous les Athéniens avaient le visage
tourné vers le couchant, suivant la coutume de leur pays,
au lieu que les Mégariens étaient enterrés au hasard,
et sans précaution. Les Lacédémoniens furent pris pour
juges de ce différend.
| [7,20] Ἀνὴρ ἐς Λακεδαίμονα ἀφίκετο Χῖος, γέρων ἤδη
ὤν, τὰ μὲν ἄλλα ἀλαζών, ᾐδεῖτο δὲ ἐπὶ τῷ γήρᾳ, καὶ
τὴν τρίχα πολιὰν οὖσαν ἐπειρᾶτο βαφῇ ἀφανίζειν.
παρελθὼν οὖν εἶπεν ἐκεῖνα ὑπὲρ ὧν καὶ ἀφίκετο.
ἀναστὰς οὖν ὁ Ἀρχίδαμος ’τί ἂν‘ ἔφη ’οὗτος ὑγιὲς
εἴποι, ὃς οὐ μόνον ἐπὶ τῇ ψυχῇ τὸ ψεῦδος, ἀλλὰ
καὶ ἐπὶ τῇ κεφαλῇ περιφέρει;‘ καὶ ἐξέωσε τὰ ὑπ´
αὐτοῦ λεχθέντα, διαβάλλων τοῦ Χίου τὸν τρόπον ἐξ
ὧν ἑωρᾶτο.
| [7,20] Mot d'Archidamus, au sujet d'un vieillard de Céos.
ON vit un jour arriver à Sparte un habitant de l'île de Céos;
c'était un vieillard avantageux et vain, qui, pour
cacher son âge, comme s'il en eût été honteux, avait grand
soin de déguiser ses cheveux blancs par une teinture qu'il y
appliquait. S'étant présenté à l'assemblée du peuple pour
exposer le motif de son voyage, on remarqua la fausse
couleur qu'il avait donnée à sa chevelure. Alors
Archidamus, roi de Lacédémone, se levant : "Pourrait-on,
dit-il, se fier à ce que dit un homme qui annonce lui-même
la fausseté de son âme par celle de sa tête ?" Il détruisit
ainsi le discours du Céen, en faisant soupçonner la sincérité
de son coeur d'après son extérieur.
| [7,21] Οὐκ ἀπηξίου Καῖσαρ ἐπὶ τὰς Ἀρίστωνος θύρας
φοιτᾶν, Πομπήιος δὲ ἐπὶ τὰς Κρατίππου. οὐ γὰρ
ἐπεὶ μέγα ἐδύναντο ὑπερεφρόνουν τῶν τὰ μέγιστα
αὐτοὺς ὀνῆσαι δυναμένων, ἀλλ´ ἐδέοντο αὐτῶν, καίτοι
τοσοῦτοι ὄντες τὴν ἀξίωσιν. οὐ γὰρ ἄρχειν, ὡς
ἔοικεν, ἀλλὰ καλῶς ἄρχειν ἐβούλοντο.
| [7,21] Du désir que César et Pompée avaient de s'instruire.
CÉSAR et Pompée ne dédaignèrent point de fréquenter
l'école, l'un d'Ariston, l'autre de Cratippe. Dans
le degré de puissance où ils étaient montés, ils ne croyaient
pas déroger à leur grandeur en écoutant des hommes qui
pouvaient leur être utiles, en les sollicitant même de se
prêter au besoin qu'ils avaient de leurs lumières. C'est que
César et Pompée étaient moins touchés de l'autorité
souveraine que de la gloire d'en savoir bien user.
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