|
[5,19] Αἰσχύλος ὁ τραγῳδὸς ἐκρίνετο ἀσεβείας ἐπί τινι
δράματι. ἑτοίμων οὖν ὄντων Ἀθηναίων βάλλειν αὐτὸν
λίθοις, Ἀμεινίας ὁ νεώτερος ἀδελφὸς διακαλυψάμενος
τὸ ἱμάτιον ἔδειξε τὸν πῆχυν ἔρημον τῆς χειρός.
ἔτυχε δὲ ἀριστεύων ἐν Σαλαμῖνι ὁ Ἀμεινίας
ἀποβεβληκὼς τὴν χεῖρα, καὶ πρῶτος Ἀθηναίων τῶν
ἀριστείων ἔτυχεν. ἐπεὶ δὲ εἶδον οἱ δικασταὶ τοῦ ἀνδρὸς
τὸ πάθος, ὑπεμνήσθησαν τῶν ἔργων αὐτοῦ, καὶ
ἀφῆκαν τὸν Αἰσχύλον.
| [5,19] Comment Eschyle échappa au supplice.
ESCHYLE, poète tragique, allait être condamné pour l'impiété d'un de ses drames.
Déjà les Athéniens se préparaient à le lapider, lorsque son frère Aminias,
plus jeune que lui, relevant son manteau, fit voir un de ses bras qui se
terminait au coude et n'avait plus de main : il l'avait perdue en
combattant vaillamment à la journée de Salamine, après laquelle il fut le
premier des Athéniens qui obtint le prix de la valeur. A la vue de la blessure
d'Aminias, les juges, se rappelant ce qu'il avait fait pour la patrie, firent
grâce à Eschyle et le renvoyèrent absous.
| [5,20] Ταραντίνων πολιορκουμένων ὑπὸ Ἀθηναίων καὶ
μελλόντων ἁλῶναι λιμῷ οἱ Ῥηγῖνοι ἐψηφίσαντο μίαν
ἡμέραν ἐν ταῖς δέκα νηστεύειν καὶ ἐκείνης τὰς τροφὰς
ἐκχωρῆσαι Ταραντίνοις. ἀποστάντων οὖν αὐτῶν
ἐσώθησαν, καὶ μεμνημένοι τοῦ πάθους ἑορτὴν ἄγουσι
τὴν καλουμένην Νηστείαν οἱ Ταραντῖνοι.
| [5,20] Des Tarentins et des Rhéginiens.
Les Tarentins, durant un siège qu'ils soutenaient contre les Athéniens, auraient
été forcés de se rendre par famine, si les Rhéginiens n'avaient ordonné par
un décret qu'on jeunât dans leur ville chaque dixième jour, et que les aliments
qui seraient épargnés ce jour-là, fussent envoyés aux Tarentins. Ce secours les
sauva; les Athéniens se retirèrent. En mémoire de cet événement, les Tarentins
célèbrent une fête qu'ils appellent le Jeûne.
| [5,21] Λέγει τις λόγος τὴν φήμην τὴν κατὰ τῆς Μηδείας
ψευδῆ εἶναι· μὴ γὰρ αὐτὴν ἀποκτεῖναι τὰ τέκνα ἀλλὰ
Κορινθίους. τὸ δὲ μυθολόγημα τοῦτο ὑπὲρ τῆς Κολχίδος
καὶ τὸ δρᾶμα Εὐριπίδην φασὶ διαπλάσαι δεηθέντων
Κορινθίων, καὶ ἐπικρατῆσαι τοῦ ἀληθοῦς τὸ
ψεῦδος διὰ τὴν τοῦ ποιητοῦ ἀρετήν. ὑπὲρ δὲ τοῦ
τολμήματός φασι τῶν παίδων μέχρι τοῦ νῦν ἐναγίζουσι
τοῖς παισὶ Κορίνθιοι, οἱονεὶ δασμὸν τούτοις ἀποδιδόντες.
| [5,21] De Médée.
J'ai lu quelque part que tout ce qu'on a dit de Médée est faux; que ce n'est
point à elle, mais aux Corinthiens, qu'il faut imputer la mort de ses enfants;
qu'Euripide, à la prière des Corinthiens, inventa cette fable, dont il
plaça la scène dans la Colchide, et en fit le sujet de sa tragédie; enfin,
que l'art du poète a fait prévoir le mensonge sur la vérité. Les Corinthiens,
ajoute-t-on, pour expier le meurtre de ces enfants, et s'acquitter envers eux
par une espèce de tribut, offrent encore chaque année des sacrifices en leur
honneur.
| | |