|
[3,22] Ὅτε ἑάλω τὸ Ἴλιον, οἰκτείραντες οἱ Ἀχαιοὶ τὰς
τῶν ἁλισκομένων τύχας καὶ πάνυ Ἑλληνικῶς τοῦτο
ἐκήρυξαν, ἕκαστον τῶν ἐλευθέρων ἓν ὅ τι καὶ βούλεται
τῶν οἰκείων ἀποφέρειν ἀράμενον. ὁ οὖν Αἰνείας
τοὺς πατρῴους θεοὺς βαστάσας ἔφερεν, ὑπεριδὼν
τῶν ἄλλων. ἡσθέντες οὖν ἐπὶ τῇ τοῦ ἀνδρὸς εὐσεβείᾳ
οἱ Ἕλληνες καὶ δεύτερον αὐτῷ κτῆμα συνεχώρησαν
λαβεῖν· ὃ δὲ τὸν πατέρα πάνυ σφόδρα γεγηρακότα
ἀναθέμενος τοῖς ὤμοις ἔφερεν. ὑπερεκλαγέντες
οὖν καὶ ἐπὶ τούτῳ οὐχ ἥκιστα, πάντων αὐτῷ τῶν
οἰκείων κτημάτων ἀπέστησαν, ὁμολογοῦντες ὅτι πρὸς
τοὺς εὐσεβεῖς τῶν ἀνθρώπων καὶ τοὺς θεοὺς καὶ τοὺς
γειναμένους δι´ αἰδοῦς ἄγοντας καὶ οἱ φύσει πολέμιοι
ἥμεροι γίνονται.
| [3,22] De la piété d'Énée, et de la commisération des Grecs pour les Troyens.
LES Grecs, après la prise de Troie, touchés de compassion pour les malheureux
habitants, leurs captifs (sentiment bien digne des Grecs), firent publier par un
héraut, que tout citoyen libre pouvait emporter avec lui tel effet qu'il
voudrait choisir. Énée choisit, par préférence, ses dieux domestiques. Il s'en
saisit, et déjà il se mettait en marche, lorsque les Grecs, admirant cet acte de
piété, lui permirent de faire un second choix. Énée prit son père, vieillard
accablé sous le poids des années, et le chargea sur ses épaules. Tel fut alors
l'excès de l'admiration des Grecs, qu'ils laissèrent à Énée l'entière
disposition de tout ce qui lui appartenait. Hommage éclatant rendu à la piété;
preuve sensible que le respect pour les dieux et pour ceux de qui on a reçu le
jour, est capable d'amollir le coeur des plus cruels ennemis.
| [3,23] Καλὰ μὲν οὖν Ἀλεξάνδρου τὰ ἐπὶ Γρανίκῳ καὶ
τὰ ἐπὶ Ἰσσῷ καὶ ἡ πρὸς Ἀρβήλοις μάχη καὶ Δαρεῖος
ἡττημένος καὶ Πέρσαι δουλεύοντες Μακεδόσι· καλὰ
δὲ καὶ τὰ τῆς ἄλλης ἁπάσης Ἀσίας νενικημένης, καὶ
Ἰνδοὶ δὲ καὶ οὗτοι Ἀλεξάνδρῳ πειθόμενοι· καλὸν δὲ
καὶ τὸ πρὸς τῇ Τύρῳ καὶ τὰ ἐν Ὀξυδράκαις καὶ τὰ
ἄλλα αὐτοῦ. τί γὰρ δεῖ νῦν στενοχωρίᾳ λόγου περιλαμβάνειν
τοσαύτην ἀνδρὸς ἐς ὅπλα ἀρετήν; ἔστω δὲ
καὶ τῆς Τύχης Ἀλέξανδρον ἀγαπώσης τὰ πλεῖστα, εἴ
τις εἴη δύσερις. καλὸς δ´ οὖν Ἀλέξανδρος μὴ ἡττώμενος
τῆς Τύχης, μηδὲ πρὸς τὴν ἐξ αὐτῆς ἐς αὐτὸν
προθυμίαν ἀπαγορεύων. ἐκεῖνα δὲ οὐκέτι καλὰ Ἀλεξάνδρου.
δίου μηνός φασι πέμπτῃ ἔπινε παρὰ Μηδίῳ,
εἶτα ἕκτῃ ἐκάθευδεν ἐκ τοῦ πότου, καὶ τοσοῦτον ἐκείνης
τῆς ἡμέρας ἔζησεν, ὅσον ἀναστὰς χρηματίσαι τοῖς
ἡγεμόσιν ὑπὲρ τῆς αὔριον πορείας, λέγων ὅτι ἔσται
πρωί. καὶ ἑβδόμῃ εἱστιᾶτο παρὰ Περδίκκᾳ, καὶ
ἔπινε πάλιν, καὶ ὀγδόῃ ἐκάθευδε. πέμπτῃ δὲ ἐπὶ
δέκα τοῦ αὐτοῦ μηνὸς καὶ ταύτῃ ἔπινε, καὶ τῇ ἑπομένῃ
τὰ εἰθισμένα ἔδρα τὰ ἐκ τοῦ πότου. παρὰ
Βαγώᾳ δὲ ἐδείπνησε τετράδι μετὰ εἰκάδα· ἀπεῖχε δὲ
τῶν βασιλείων ὁ Βαγώα οἶκος δέκα σταδίους· εἶτα
τῇ τρίτῃ ἐκάθευδε. δυοῖν οὖν θάτερον, ἢ Ἀλέξανδρος
κακῶς τοσαύτας τοῦ μηνὸς ἡμέρας ἑαυτὸν ζημιοῖ διὰ
τὸν οἶνον, ἢ οἱ ταῦτα ἀναγράψαντες ψεύδονται. ἔξεστι
δὲ ἐκ τούτων ἐννοεῖν καὶ τοῦ λοιποῦ χρόνου τὰ ὅμοια
αὐτοὺς λέγοντας, ὧν καὶ Εὐμένης ὁ Καρδιανὸς καὶ ἐκεῖνός ἐστι.
| [3,23] D'Alexandre.
LES batailles d'Arbèle et d'Issus, le passage du Granique, Darius vaincu, les
Perses réduits à l'esclavage par les Macédoniens, toute l'Asie conquise, les
Indiens soumis, ce sont là certainement des traits brillants de l'histoire
d'Alexandre. Les actions de ce prince à Tyr et chez les Oxydraques, sans
parler de plusieurs autres faits semblables, n'eurent pas moins d'éclat. Mais
pourquoi renfermer ici dans le cercle étroit d'un éloge, les prodiges de valeur
de ce conquérant ? Accordons plutôt à l'envie, si on le veut, qu'Alexandre dut
la plupart de ses victoires à la fortune, dont il fut le favori. On pourra
du moins dire à sa gloire, qu'il ne fut jamais au-dessous de sa fortune, et que
jamais il ne manqua aux occasions qu'elle lui offrit.
Ce que je vais rapporter ne fait pas autant d'honneur à Alexandre. On raconte
qu'après avoir passé le cinquième jour du mois dius à boire chez Eumée, il
dormit le six pour cuver son vin, et ne donna, dans toute cette journée,
d'autres signes de vie, que de se lever, et de communiquer à ses généraux le
projet qu'il avait de partir le lendemain dès la pointe du jour; qu'il dîna le
sept chez Perdiccas, où s'étant enivré, il dormit le huit; qu'il s'enivra de
nouveau le quinze, et passa le jour suivant à dormir, selon sa coutume; que le
vingt sept il soupa chez Bagoas, dont la maison était à dix stades du palais, et
dormit le vingt-huit. De deux choses l'une : il faut nécessairement, ou croire
qu'en effet Alexandre passa dans une crapule honteuse la plus grande partie du
mois dius, ou regarder comme des imposteurs les écrivains qui nous ont transmis
ces faits : mais ils s'accordent tous, même Eumène le Gardien, à faire la
même peinture du reste de la vie d'Alexandre.
| [3,24] Ξενοφῶντι ἔμελε τῶν τε ἄλλων σπουδαίων, καὶ
οὖν καὶ ὅπλα καλὰ ἔχειν. νικῶντι γὰρ ἔλεγε τοὺς
πολεμίους τὴν καλλίστην στολὴν ἁρμόττειν, καὶ ἀποθνήσκοντα
ἐν τῇ μάχῃ κεῖσθαι καλῶς ἐν καλῇ τῇ πανοπλίᾳ·
τῷ γὰρ ἀνδρὶ τῷ γενναίῳ ταῦτα εἶναι τὰ
ἐντάφια τὰ ὡς ἀληθῶς κοσμοῦντα αὐτόν. λέγεται οὖν
ὁ τοῦ Γρύλλου τὴν μὲν ἀσπίδα Ἀργολικὴν ἔχειν, τὸν
δὲ θώρακα Ἀττικόν, τὸ δὲ κράνος Βοιωτουργές, τὸν δὲ
ἵππον Ἐπιδαύριον. φιλοκάλου δὲ ἔγωγε ἂν φαίην εἶναι
ἀνδρὸς τὰ τοιαῦτα καὶ ἀξιοῦντος ἑαυτὸν τῶν καλῶν.
| [3,24] Goût de Xénophon pour le beau.
XÉNOPHON, naturellement curieux de toutes les choses qui méritent d'être
recherchées, était surtout jaloux d'avoir de belles armes. Si le succès de
la guerre, disait-il, est heureux, une parure magnifique sied bien à un
vainqueur; et le corps de celui qui périt dans le combat, revêtu d'une belle
armure, gît du moins avec dignité : c'est là le seul ornement funèbre qui
convienne à un homme valeureux; c'est le seul qui le pare véritablement. Aussi
assure-t-on que Xénophon avait un bouclier d'Argos, une cuirasse d'Athènes, un
casque travaillé en Béotie, et un cheval d'Épidaure. On reconnaît ici
l'homme passionné pour le beau, et qui se sent digne de n'avoir que du beau.
| | |