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[3,19] Λέγεται τὴν διαφορὰν Ἀριστοτέλους πρὸς Πλάτωνα
τὴν πρώτην ἐκ τούτων γενέσθαι. οὐκ ἠρέσκετο
τῷ βίῳ αὐτοῦ ὁ Πλάτων οὐδὲ τῇ κατασκευῇ τῇ περὶ
τὸ σῶμα. καὶ γὰρ ἐσθῆτι ἐχρῆτο περιέργῳ ὁ Ἀριστοτέλης
καὶ ὑποδέσει, καὶ κουρὰν δὲ ἐκείρετο καὶ ταύτην
ἀήθη Πλάτωνι, καὶ δακτυλίους δὲ πολλοὺς φορῶν
ἐκαλλύνετο ἐπὶ τούτῳ· καὶ μωκία δέ τις ἦν αὐτοῦ
περὶ τὸ πρόσωπον, καὶ ἄκαιρος στωμυλία λαλοῦντος
κατηγόρει καὶ αὕτη τὸν τρόπον αὐτοῦ. πάντα δὲ ταῦτα
ὡς ἔστιν ἀλλότρια φιλοσόφου, δῆλον. ἅπερ οὖν ὁρῶν
ὁ Πλάτων οὐ προσίετο τὸν ἄνδρα, προετίμα δὲ αὐτοῦ
Ξενοκράτην καὶ Σπεύσιππον καὶ Ἀμύκλαν καὶ ἄλλους,
τῇ τε λοιπῇ δεξιούμενος αὐτοὺς τιμῇ καὶ οὖν καὶ τῇ
κοινωνίᾳ τῶν λόγων. ἀποδημίας δὲ γενομένης ποτὲ
τῷ Ξενοκράτει ἐς τὴν πατρίδα, ἐπέθετο τῷ Πλάτωνι
ὁ Ἀριστοτέλης, χορόν τινα τῶν ὁμιλητῶν τῶν ἑαυτοῦ
περιστησάμενος, ὧν ἦν Μνάσων τε ὁ Φωκεὺς καὶ
ἄλλοι τοιοῦτοι. ἐνόσει δὲ τότε ὁ Σπεύσιππος, καὶ
διὰ ταῦτα ἀδύνατος ἦν συμβαδίζειν τῷ Πλάτωνι. ὁ
δὲ Πλάτων ὀγδοήκοντα ἔτη ἐγεγόνει, καὶ ὁμοῦ τι
διὰ τὴν ἡλικίαν ἐπελελοίπει τὰ τῆς μνήμης αὐτόν.
ἐπιθέμενος οὖν αὐτῷ καὶ ἐπιβουλεύων ὁ Ἀριστοτέλης,
καὶ φιλοτίμως πάνυ τὰς ἐρωτήσεις ποιούμενος καὶ
τρόπον τινὰ καὶ ἐλεγκτικῶς, ἀδικῶν ἅμα καὶ ἀγνωμονῶν
ἦν δῆλος· καὶ διὰ ταῦτα ἀποστὰς ὁ Πλάτων
τοῦ ἔξω περιπάτου, ἔνδον ἐβάδιζε σὺν τοῖς ἑταίροις.
τριῶν δὲ μηνῶν διαγενομένων ὁ Ξενοκράτης ἀφίκετο
ἐκ τῆς ἀποδημίας, καὶ καταλαμβάνει τὸν Ἀριστοτέλη
βαδίζοντα οὗ κατέλιπε τὸν Πλάτωνα. ὁρῶν δὲ αὐτὸν
μετὰ τῶν γνωρίμων οὐ πρὸς Πλάτωνα ἀναχωροῦντα
ἐκ τοῦ περιπάτου, ἀλλὰ καθ´ ἑαυτὸν ἀπιόντα ἐς τὴν
πόλιν, ἤρετό τινα τῶν ἐν τῇ περιπάτῳ ὅπου ποτὲ εἴη
ὁ Πλάτων· ὑπώπτευε γὰρ αὐτὸν μαλακίζεσθαι. ὃ
δὲ ἀπεκρίνατο ’ἐκεῖνος μὲν οὐ νοσεῖ, ἐνοχλῶν δὲ αὐτὸν
Ἀριστοτέλης παραχωρῆσαι πεποίηκε τοῦ περιπάτου,
καὶ ἀναχωρήσας ἐν τῷ κήπῳ τῷ ἑαυτοῦ φιλοσοφεῖ.‘
ὁ δὲ Ξενοκράτης ἀκούσας παραχρῆμα ἧκε πρὸς
Πλάτωνα, καὶ κατέλαβε διαλεγόμενον τοῖς σὺν ἑαυτῷ·
ἦσαν δὲ μάλα συχνοὶ καὶ ἄξιοι λόγου καὶ οἱ μάλιστα
δοκοῦντες τῶν νέων ἐπιφανεῖς. ἐπεὶ δὲ ἐπαύσατο
τῆς ὁμιλίας, ἠσπάσατό τε ὡς τὸ εἰκὸς τὸν Ξενοκράτην
φιλανθρώπως καὶ αὖ πάλιν ὁ Ξενοκράτης ἐκεῖνον
ὁμοίως. διαλυθείσης δὲ τῆς συνουσίας οὐδὲν οὔτε
εἰπὼν πρὸς τὸν Πλάτωνα ὁ Ξενοκράτης οὔτε ἀκούσας,
συναγαγὼν τοὺς ἑταίρους τῷ Σπευσίππῳ πάνυ
ἰσχυρῶς ἐπέπληξε παραχωρήσαντι τοῦ περιπάτου
Ἀριστοτέλει, αὐτός τε ἐπέθετο τῷ Σταγειρίτῃ κατὰ
τὸ καρτερόν, καὶ ἐς τοσοῦτον προῆλθε φιλοτιμίας,
ὡς ἐξελάσαι αὐτὸν καὶ ἀποδοῦναι τὸ σύνηθες χωρίον
τῷ Πλάτωνι.
| [3,19] De la querelle d'Aristote avec Platon.
VOICI, dit-on, quelle fut l'origine du différend qui s'éleva entre Platon et
Aristote. Platon n'approuvait ni la manière de vivre d'Aristote, ni le soin
qu'il prenait de se parer. Ce philosophe était, en effet, très recherché dans
ses habits et dans sa chaussure. Il se coupait les cheveux, pratique étrangère à
Platon; il étalait avec complaisance les bagues dont ses doigts étaient chargés.
On voyait de plus sur son visage un certain air moqueur, qui, joint à la
démangeaison de parler hors de propos, décelait le fond de son caractère. Il est
certain que toutes ces choses sont peu dignes d'un philosophe. Aussi Platon, qui
remarquait ces ridicules, en conçut de l'éloignement pour Aristote : il lui
préférait Xénocrate, Speusippe, Amyclas, quelques autres encore,
qu'il traitait avec toutes sortes d'égards, et avec qui il s'entretenait
familièrement. Pendant un voyage que Xénocrate était allé faire dans sa patrie,
Aristote, accompagné d'une troupe de ses disciples, entre lesquels étaient
Mnason le Phocéen et plusieurs autres de la même trempe, vint un jour attaquer
Platon, dans le dessein de le surprendre. Le philosophe avait quatre-vingts ans.
Par une suite de ce grand âge, la mémoire commençait à lui manquer; et
Speusippe, alors malade, n'était point auprès de lui. Aristote, profitant de la
circonstance, tomba comme d'une embuscade sur ce vieillard : il affecta de
l'embarrasser par des questions captieuses, qui pouvaient en quelque sorte être
prises pour de vraies objections; en quoi Aristote se montrait à la fois injuste
et ingrat. Depuis ce jour, Platon s'abstint de toute promenade hors de chez lui :
il ne se promena plus que dans l'intérieur de sa maison avec ses amis.
Xénocrate, de retour de son voyage après trois mois d'absence, rencontra par
hasard Aristote se promenant dans le lieu où il avait laissé Platon. Il vit
qu'Aristote, au lieu d'aller avec ses disciples chez Platon, au sortir de la
promenade, prenait dans la ville le chemin de son logis. "Où est Platon, dit-il
à quelqu'un de ceux qui se promenaient ?" soupçonnant que ce philosophe pouvait
être malade. "Platon se porte bien, lui répondit-on; mais Aristote, en venant
ici le chagriner, lui a fait abandonner sa promenade ordinaire : Platon s'est
retiré chez lui, et ne traite plus de la philosophie que dans son jardin." Sur
cette réponse, Xénocrate vole chez Platon : il le trouva discourant dans un
cercle nombreux, Platon ayant cessé de parler, Xénocrate et lui s'embrassèrent
tendrement, comme on peut le penser : mais dès que la conversation fut finie,
Xénocrate, sans rien dire à Platon, sans rien écouter, assembla ses camarades;
et après avoir fait à Speusippe les reproches les plus vifs, de ce qu'il avait
cédé la promenade au philosophe de Stagire, il alla lui-même attaquer Aristote
de toutes ses forces; il le poussa si vivement, qu'il l'obligea d'abandonner le
terrain, et qu'il rétablit Platon dans la possession de sa promenade ordinaire.
| [3,20] Λυσάνδρῳ τῷ Σπαρτιάτῃ ἐς Ἰωνίαν ἀφικομένῳ
οἱ κατὰ τὴν Ἰωνίαν ξένοι πολλὰ μὲν καὶ ἄλλα ἀπέπεμψαν
ἀτὰρ οὖν καὶ βοῦν καὶ πλακοῦντα. ὃ δὲ
ἀπιδὼν ἐς τὸν πλακοῦντα ἤρετο ’τί βούλεται τὸ
πέμμα ἐκεῖνο εἶναι;‘ ὁ δὲ κομίζων ἀπεκρίνατο ὅτι ἐκ
μέλιτος καὶ τυροῦ καὶ ἄλλων τινῶν ἐσκεύασται. ὁ
δὲ Λύσανδρος ’ἀλλὰ τοῦτο μὲν‘ εἶπε ’τοῖς Εἵλωσι
δότε· ἐλευθέρου γὰρ οὐκ ἔστι βρῶμα.‘ τὸν δὲ βοῦν
προσέταξε κατὰ τὰ πάτρια σκευασθῆναι, καὶ ἐδείπνησεν ἡδέως.
| [3,20] Présents qu'on offrit à Lysandre.
LE Lacédémonien Lysandre étant allé en Ionie, ceux du pays avec qui il avait des
liaisons d'hospitalité, lui, envoyèrent, entre autres présents, un boeuf et un
gâteau. Dès qu'il eut jeté les yeux sur le gâteau, il demanda ce que c'était que
cette pâte cuite. "C'est, répondit celui qui l'avait apporté, un composé de
miel, de fromage, et d'autres ingrédients.".- « Allez, repartit Lysandre, le
porter aux ilotes ; ce mets n'est pas fait pour un homme libre. » Quant au boeuf,
il ordonna qu'on l'apprêtât à la façon de son pays; et il en mangea avec plaisir.
| [3,21] Ἐπανῄει ποτὲ ἐκ διδασκαλείου παῖς ἔτι ὢν Θεμιστοκλῆς.
εἶτα προσιόντος Πεισιστράτου ὁ παιδαγωγὸς
ἔφη τῷ Θεμιστοκλεῖ μικρὸν ἐκχωρῆσαι τῆς ὁδοῦ
προσάγοντος τοῦ τυράννου. ὃ δὲ καὶ πάνυ ἐλευθερίως
ἀπεκρίνατο ’αὕτη γὰρ‘ εἶπεν ’αὐτῷ οὐχ ἱκανὴ
ὁδός;‘ οὕτως ἄρα εὐγενές τι καὶ μεγαλόφρον ἐνεφαίνετο
τῷ Θεμιστοκλεῖ καὶ ἐξ ἐκείνου.
| [3,21] De la grandeur d'âme de Thémistocle.
THÉMISTOCLE encore enfant, revenant un jour de l'école, se trouva par hasard à
la rencontre de Pisistrate, qui venait à lui par le même chemin. Le
conducteur de l'enfant lui dit de s'écarter un peu, pour laisser passer le tyran.
"Eh quoi, répondit fièrement Thémistocle, la rue n'est-elle pas assez large ?"
Réponse, qui déjà faisait entrevoir la noblesse et l'élévation de l'âme de Thémistocle.
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