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[3,10] Περὶ τῶν ἐν Λακεδαίμονι ἐφόρων πολλὰ μὲν καὶ
ἄλλα εἰπεῖν καλὰ ἔχω, ἃ δ´ οὖν προῄρημαι, ταῦτα
νῦν ἐρῶ. ὅτε τις τῶν παρ´ αὐτοῖς καλῶν πλούσιον
ἐραστὴν προείλετο χρηστοῦ πένητος, ἐπέβαλον αὐτῷ
χρήματα, κολάζοντες ὡς ἔοικε τὴν φιλοχρηματίαν τῇ
τῶν χρημάτων ζημίᾳ. ἄλλον δέ τινα ἄνδρα καλὸν
κἀγαθὸν οὐδενὸς ἐρῶντα τῶν καλῶς πεφυκότων καὶ
τοῦτον ἐζημίωσαν, ὅτι χρηστὸς ὢν οὐδενὸς ἤρα· δῆλον
γὰρ ὡς ὅμοιον ἂν ἑαυτῷ κἀκεῖνον ἀπέφηνεν,
ἴσως δ´ ἂν καὶ ἄλλον. δεινὴ γὰρ ἡ τῶν ἐραστῶν
πρὸς τὰ παιδικὰ εὔνοια ἀρετὰς ἐνεργάσασθαι, ὅταν
αὐτοὶ σεμνοὶ ὦσιν· ἐπεί τοι Λακωνικὸς καὶ οὗτος
νόμος, ὅταν ἁμάρτῃ μειράκιον, τῇ μὲν ἀφελείᾳ τοῦ τρόπου
καὶ τῷ νεαρῷ τῆς ἡλικίας συγγινώσκουσι, τὸν δὲ
ἐραστὴν ὑπὲρ αὐτοῦ κολάζουσιν, ἐπιγνώμονας αὐτοὺς
καὶ ἐξεταστὰς ὧν ἐκεῖνοι πράττουσι κελεύοντες εἶναι.
| [3,10] Du choix des amis chez les Lacédémoniens.
JE pourrais. citer plusieurs beaux traits, concernant les éphores de Lacédémone :
j'en ai choisi quelques-uns, que je vais rapporter. Si un jeune Lacédémonien,
beau et bien fait, préférait pour ami un homme riche à un pauvre vertueux, les
éphores le condamnaient à une amende; sans doute, afin qu'il fût puni de son
amour pour les richesses par la perte d'une partie des siennes. Ils punissaient
de même tout citoyen honnête homme, qui ne s'attachait, par l'amitié, aucun des
jeunes gens que l'on connaissait pour être bien nés : ils pensaient que
l'honnête homme aurait rendu son ami, et peut-être encore quelque autre,
semblables à lui. En effet, la bienveillance de celui qui aime, s'il mérite
d'ailleurs d'être respecté, est un puissant aiguillon pour exciter l'objet aimé
à la vertu. Une loi lacédémonienne ordonnait même qu'on pardonnât à un jeune
homme, en faveur de sa jeunesse ou de son inexpérience, les fautes qu'il
commettait, et qu'on punît en sa place le citoyen qui l'aimait, pour lui
apprendre à être le surveillant et le juge des actions de son ami.
| [3,11] Οἱ περιπατητικοί φασι μεθ´ ἡμέραν θητεύουσαν
τὴν ψυχὴν τῷ σώματι περιπλέκεσθαι καὶ μὴ δύνασθαι
καθαρῶς τὴν ἀλήθειαν θεωρεῖν· νύκτωρ δὲ διαλυθεῖσαν
τῆς περὶ τοῦτο λειτουργίας καὶ σφαιρωθεῖσαν
ἐν τῷ περὶ τὸν θώρακα τόπῳ μαντικωτέραν γίνεσθαι,
ἐξ ὧν τὰ ἐνύπνια.
| [3,11] De l'âme.
SUIVANT les péripatéticiens, l'âme étant pendant le jour asservie au corps, et
enveloppée dans la matière, ne peut voir clairement la vérité; mais durant le
sommeil, délivrée de cette servitude, et repliée sur elle-même dans la
région de la poitrine, elle acquiert la faculté de prévoir l'avenir. De là,
disent-ils, naissent les songes.
| [3,12] Οὔκ εἰσι θρυπτικοὶ πρὸς τοὺς ἐραστὰς οἱ ἐν Λακεδαίμονι
καλοὶ οὐδὲ ἀλαζόνες, ἐπεὶ τοὐναντίον ἢ
παρὰ τοῖς ἄλλοις ὡραίοις τὰ ἐκ τούτων καταμαθεῖν
ἐστιν. αὐτοὶ γοῦν δέονται τῶν ἐραστῶν εἰσπνεῖν αὐτοῖς·
Λακεδαιμονίων δέ ἐστιν αὕτη ἡ φωνή, ἐρᾶν
δεῖν λέγουσα. Σπαρτιάτης δὲ ἔρως αἰσχρὸν οὐκ οἶδεν·
εἴτε γὰρ μειράκιον ἐτόλμησεν ὕβριν ὑπομεῖναι
εἴτε ἐραστὴς ὑβρίσαι, ἀλλ´ οὐδετέροις ἐλυσιτέλησε
τῇ Σπάρτῃ ἐγκαταμεῖναι· ἢ γὰρ τῆς πατρίδος ἀπηλλάγησαν
ἢ καὶ τὸ ἔτι θερμότερον τοῦ βίου αὐτοῦ.
| [3,12] De l'amour chez les Lacédémoniens.
A Lacédémone, les jeunes gens ne se montrent ni dédaigneux ni fiers à l'égard de
leurs amants et ce qui prouve qu'ils différent en cela de ceux qui chez les
autres peuples se distinguent par leur beauté, c'est qu'ils prient leurs amants
de respirer en eux : expression lacédémonienne; par laquelle ils les prient de
les aimer. L'amour spartiate ne connaît rien de honteux. Ceux qui seraient assez
lâches pour souffrir un affront, ou assez audacieux pour outrager un concitoyen,
ne sauraient demeurer à Sparte : il ne leur reste plus que l'exil, ou la mort même.
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