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[3,7] Δημοχάρης ὁ τοῦ Δημοσθένους ἀδελφιδοῦς ἐπιδεῖξαι
βουλόμενος ὅτι τῆς ἐκ τῶν πολλῶν κακοφημίας
ὑπερφρονεῖ, θεασάμενός τινας καθεζομένους ἐν ἰατρείῳ
ψογεροὺς καὶ κακῶς ἀγορεύειν ἐκ παντὸς τρόπου
διψῶντας ’τί φατε ὑμεῖς‘ εἶπε ’Δυσμενίδαι;‘ τὸ
ἦθος αὐτῶν ἅμα ἐκκαλύψας διὰ τούτου τοῦ ὀνόματος.
| [3,7] De la calomnie.
DÉMOCHARÈS, neveu de Démosthène par sa soeur, voulut montrer un jour
combien il méprisait les propos malins du peuple. Apercevant, dans la boutique d'un
chirurgien, quelques-uns de ces méchants de profession, empressés à saisir
toutes les occasions de médire. "De quoi parlez-vous là, leur dit-il, vrais
dysménides ?" Il peignait par ce seul mot tous les vices de leur caractère.
| [3,8] Φρύνιχον Ἀθηναῖοι στρατηγὸν εἵλοντο οὔτε κατὰ
σπουδὰς οὔτε κατὰ τὴν τοῦ γένους ἀξίαν οὔτε μὴν
ὅτι ἦν πλούσιος· πολλάκις γὰρ καὶ ἐκ τούτων ἐθαυμάζοντο
ἐν ταῖς Ἀθήναις, καὶ τῶν ἄλλων προῃροῦντο.
ἀλλ´ ἐπεὶ τοῖς πυρριχισταῖς ἔν τινι τραγῳδίᾳ ἐπιτήδεια
μέλη καὶ πολεμικὰ ἐξεπόνησεν, οὕτως ἄρα κατεκτήσατο
τὸ θέατρον καὶ ἐκράτησε τῶν παρόντων, ὥστε
παραχρῆμα αὐτὸν εἵλοντο στρατηγεῖν, πιστεύσαντες
ὅτι τῶν πολεμικῶν ἔργων ἡγήσεται καλῶς καὶ ἐς δέον,
ὅπου μὴ ἀπᾴδοντα τοῖς ἐνόπλοις ἀνδράσιν εἰργάσατο
τὰ ἐν τῷ δράματι μέλη τε καὶ ποιήματα.
| [3,8] Un poème valut à Phrynichus le commandement de l'armée athénienne.
LORSQUE les Athéniens choisirent Phrynichus pour général de leur armée, il ne
dut cet honneur, ni à la brigue, ni à la noblesse de sa naissance, ni à ses
richesses. Ce n'est pas que toutes ces choses ne fussent capables de remuer les
Athéniens, et qu'elles n'aient même déterminé souvent leur choix : mais
Phrynichus avait inséré dans une de ses tragédies quelques vers, dont le rythme
militaire convenait aux mouvements de la danse pyrrhique. Toute l'assemblée en
fut frappée; et les spectateurs enchantés l'élurent sur-le-champ pour général,
ne doutant pas qu'un homme capable de faire des vers si parfaitement assortis au
génie guerrier, ne fût également propre à conduire des opérations guerrières
avec succès.
| [3,9] Ἐρῶντι ἀνδρί τις οὐκ ἐρῶν ἐπειγούσης τῆς μάχης
καὶ συνάγοντος τοῦ πολέμου οὐκ ἂν συμμίξειεν.
ὁ γὰρ ἀνέραστος φεύγει καὶ ἀποδιδράσκει τὸν ἐρωτικόν,
ἅτε βέβηλος καὶ ἀτέλεστος τῷ θεῷ καὶ
τοσοῦτον ἀνδρεῖος, ὅσον αὐτῷ καὶ ἡ ψυχὴ χωρεῖ
καὶ τὸ σῶμα ῥώμης ἔχει· δέδοικε δὲ τὸν ἕτερον, ἅτε
ἐκ θεοῦ κατόχως ἐνθουσιῶντα, καὶ οὐ μὰ Δία τοῦτο
τὸ κοινὸν ἐξ Ἄρεος ἀλλ´ ἐξ Ἔρωτος μανέντα. οἱ μὲν
γὰρ ἐκ τοῦ ἑτέρου τῶν θεῶν κατειλημμένοι, ὧν ἕνα
φησὶν Ὅμηρος ὅμοια τῷ Ἄρει μαίνεσθαι, ἀλλ´ ἐκεῖνοί
γε ἐξ ἑνὸς περιειλημμένοι δαίμονος εὖ καὶ καλῶς
ἀγωνίζονται τοσοῦτον, ὅσον ἐνθουσιᾶν αὐτοὺς ἅπαξ·
οἱ δὲ Ἔρωτος βάκχοι πολεμοῦντες καὶ ὑπὸ τῆς Ἄρεος
ὁρμῆς καὶ ὑπὸ τῆς Ἔρωτος ἐκκαύσεως διπλῆν τὴν
λατρείαν ὑπομένοντες εἰκότως κατὰ τὴν Κρητῶν
ἔννοιαν κατορθοῦσι διπλᾶ. οὔκουν τῷ ἐξ Ἄρεος καὶ
Ἔρωτος φονῶντι αἰτιάσαιτο ἄν τις εἰ μὴ ὑπομένοι
ὁπλίτης ἀνταγωνίσασθαι ὑφ´ ἑνὶ τεταγμένος θεῷ,
ἀλλ´ οὐχ ὑπὸ τοῖς δύο.
| [3,9] De la puissance de l'amour.
QUEL est celui qui n'aimant point, voudrait, dans un combat et dans la mêlée,
avoir affaire à un homme amoureux ? Le premier fuit la rencontre de l'autre; il
l'évite par le sentiment de sa faiblesse : c'est un profane qui n'est point
initié aux mystères de l'amour. N'ayant pour lui que sa propre valeur et la
force de son corps, il redoute un guerrier qu'un dieu remplit d'une fureur
surnaturelle : et ce dieu n'est point Mars (cet avantage leur serait commun );
c'est l'amour. Ceux qui ne sont animés que par le premier, portent au combat le
courage que peut inspirer une seule divinité; tel fut Hector, qu'Homère n'a
pas craint de mettre à côté de Mars. Mais les guerriers amants, pénétrés à la
fois de la fureur de Mars, et embrassés des feux de l'amour, réunissant
l'influence des deux divinités, objets de leur culte, doivent, disent les
Crétois, être doublement braves, doublement redoutables. Il n'y aurait donc
point de reproche à faire à un guerrier qui, n'ayant pour lui qu'une seule
divinité, n'oserait se mesurer avec celui qui en aurait deux.
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